Merci à Oniris de respecter la liberté d'expression, merci aux lecteurs, et aux rares commentateurs de ma "Prière de pécheur". Ils ont opportunément fait la part de leurs convictions et de leur jugement esthétique, et je n'en attendais pas moins.
On peut voir dans les tourments de cette âme les méfaits de la religion, mais s'il n'y avait que les croyants pour vivre dans le mal-être, ce serait trop beau. La religion a apporté à beaucoup de gens l'espoir, la consolation, a inspiré de bonnes et saintes actions ; mais aux mains des méchants la meilleure chose du monde devient mauvaise à son tour ; on n'y peut rien c'est ainsi pour tout.
Quant aux esprits tourmentés, ils prendront prétexte de tout : l'athée de la perspective du néant, le croyant de la crainte du châtiment, l'indécis de l'une et de l'autre ...
Je suis croyant et pécheur, mais je ne suis pas le personnage de mon poème (saint Paul nous rappelle opportunément que ce n'est pas la vertu qui fait le chrétien, mais la foi ; laquelle foi, ajouterai-je pour ma part, est souvent faite de plus de questionnements que de certitudes ; voilà pourquoi on ne aurait l'imposer à quiconque).
Pour répondre à RB, mon poème ne signifie pas cyniquement que youpi, puisque quelqu'un a déjà payé l'addition on peut s'en donner à coeur joie (mon pécheur n'est pas joyeux), mais il rejoint le dogme selon lequel la contrition nous met en situation d'implorer la miséricorde divine.
Ce mal-être du pécheur peut n'être vu que comme la métaphore de celui que sa conscience tourmente (il y a aussi, j'imagine, des athées à qui cela arrive), et je pense à la strophe finale des "Larmes de saint Pierre", de Malherbe :

"Ainsi l'homme qui porte une âme belle et haute,
Quand seul en une part il a fait une faute,
S'il n'a de jugement son esprit dépourvu,
Il rougit de lui-même, et combien qu'il ne sente
Rien que le ciel présent et la terre présente,
Pense qu'en se voyant tout le monde l'a vu."

Merci Miguel,
Je me doutais bien-sûr de ce que pouvait être votre pensée et mon commentaire relevait un peu de la provoc sans agressivité.
En vous lisant, ici, je me sens loin et proche de vous et de votre foi qui vous rend chrétien. Même si elle est encore faite de questionnement.

Je n'ai pas la foi mais vis avec des valeurs chrétiennes comme vous. C'est notre monde, nos racines. Je les respecte autant que faire se peut.
Ce qui m'irrite toujours c'est cette fameuse notion de contrition et surtout ce terme que vous employez d'implorer la miséricorde divine avec en arrière-plan les perspectives de paradis, d'enfer ou de purgatoire. Cela c'est ce que j'appelle de l'escroqueire cléricale.

Je vous rejoins en revanche dans votre conclusion sur la conscience tourmentée et vous rassure, oui, cela arrive à l'athée que je suis. Merci de ce forum et de cette superbe strophe de Malherbe. Décidémment que de belles pensées ont déjà été écrites ! Bien cordialement. RB

Bonsoir RB,
ces perspectives de paradis, d'enfer, etc, seraient de l'escroquerie cléricale si les curés n'y croyaient pas eux-mêmes, mais ils y croient, du moins aujourd'hui : ce n'est plus un statut social bien avantageux que celui de prêtre ; quel intérêt y aurait-il en dehors de l'adhésion à une foi ? Je vais parfois passer quelques jours dans un monastère ; je vous assure que pour y rester il faut être motivé ; et pourtant, ils y restent ...
En tout cas je suis heureux de vous voir honorer les valeurs chrétiennes qui manquent à la société actuelle, dont on déplore la maladie tout en se moquant du remède.

Bonsoir Miguel,

En réalité, j'ai la chance d'avoir une compagne philosophe et croyante. Nos longues conversations nous ont convaincus d'une chose : de tous temps, en tous lieux, les valeurs fondamentales de l'humanité ont existé. Quelles que soient les religions ou les philosophies.
Il y a une transcendance de ces valeurs universelles.

Divine ou de pure intelligence humaine. Malgré tous les soubresauts.
Ce que l'on ne sait plus bien faire aujourd'hui, c'est faire appel à ces valeurs, c'est trouver le langage adéquat pour les éveiller.

Philosophe et croyante ... prenez bien soin de cette pépite, on n'en trouve pas partout !