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À propos de "Question d'échelle", remerciements et précisions
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Comme de coutume, je remercie le Comité Éditorial qui a bien voulu intégrer ce texte au catalogue d'Oniris, les correcteurs qui se sont penchés dessus et m'ont appris une règle de langue dont je n'étais pas consciente, ses lecteurs et commentateurs.

Ce texte est plutôt ancien, dans les cinq ans je pense. Je l'ai présenté ici parce que, depuis tout ce temps, il me revenait de temps en temps à l'esprit ; je continuais à me demander pourquoi, putain, Pietr Hoskøl était soulagé de voir détruite son œuvre maîtresse alors que lui-même allait bientôt disparaître.
Une lectrice m'a donné une indication : le sculpteur se réjouit d'avoir su exprimer l'impermanence de la chair. Il y a de ça, sans doute. En prolongeant, peut-être que c'est l'impermanence du marbre voulant exprimer la chair qui lui plaît.

En relisant cette histoire avec ses commentaires et en rêvassant dessus, je me dis que le titre apporte une indication : il me fait penser à l'échelle de Jacob de la Bible, ce lien entre l'homme et Dieu (si je me rappelle bien, je ne suis pas très ferrée en Bible).
Je pense que Pietr Hoskøl préfère que son œuvre ne lui survive pas ; tout près de sa propre disparition, il trouverait scandaleux que ce qui est lui prenne fin et que demeure du marbre certes mis en forme par ses soins, mais qui n'est finalement qu'imitation du vivant.
La crépine de marbre, verticale comme une échelle, symbolise cette échelle de Jacob qui finalement s'écroule : il n'y a pas de liaison entre l'homme et le divin, la chair prend fin et il n'y a rien d'autre. Le reste est vanité, sic transit gloria mundi. Voilà, je crois, une lecture possible du texte ; c'est en tout cas celle qui me satisfait pour l'instant.

Les commentateurs, dans l'ensemble (avec quelques réserves), trouvent l'écriture bonne, ce qui fait vachement plaisir. Grand merci à vous, donc, Robot, chVlu, MissNode, RB, Jano.

Plusieurs regrettent un flou dans la définition des enjeux du texte, et je ne saurais leur donner tort puisque j'ai eu besoin de leurs remarques pour enfin préciser dans ma tête de quoi je parlais. Grand merci à vous, donc, Robot, RB, Jano, pour m'avoir aidée à dégager une cohérence à cette histoire.
Concernant le manque de vraisemblance du toubib, Jano, j'avoue qu'elle ne m'étonne pas. Je suis bien loin des milieux médicaux ! Merci d'avoir mis les points sur les "i" à ce sujet.

MissNode, tu trouves la manière exemplaire dans sa sobriété, je t'en remercie fort ! Je ne sais pas si j'écrirais cette histoire pareillement aujourd'hui, peut-être rallongerais-je la sauce, peut-être aurais-je tort. Je ne sais pas.

Merci à vous, chVlu, pour cette remarque :
"j'ai pris du plaisir au développement de l'idée que le plus éternel et stable soit la matière du plus fragile, éphémère". Je pense effectivement qu'il y a de ça dans le texte, mal dégagé de diverses autres considérations.

Alors voilà, merci encore à tous ! Depuis des années, c'est grâce aux retours sur mes textes que, je crois, j'avance.

[EDIT : Pardon, Dupark, votre commentaire est apparu entre-temps. Je vous remercie d'avoir apprécié les descriptions, et de signaler que le texte ouvre des questions sans y répondre ; cela, comme je dis plus haut, n'était pas entièrement volontaire de ma part !
Pour l'abus des parenthèses, peut-être bien ; c'est un point sur lequel mon écriture a évolué ces dernières années.
Concernant les questions de langue :
- vous avez raison pour "parti pris", Larousse en ligne confirme ; j'aurais bien juré le contraire !
- pour "déplorer", je n'ai pas de référence précise à vous donner, mais si l'on prend le verbe "regretter", lui aussi est transitif direct ("je regrette mes mauvaises actions"), pourtant on écrira "je regrette d'avoir commis de mauvaises actions" ; il me semble que c'est le même cas ici, l'introduction d'une proposition infinitive comme complément.

Ah oui, et "socque rate"... Merci, j'avais pas tilté !]

Contribution du : 06/06/2014 17:04
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Re : À propos de "Question d'échelle", remerciements et précisions
Expert Onirien
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29/04/2014 19:42
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Citation :

socque a écrit :

Ce texte est plutôt ancien, dans les cinq ans je pense. Je l'ai présenté ici parce que, depuis tout ce temps, il me revenait de temps en temps à l'esprit ; je continuais à me demander pourquoi, putain, Pietr Hoskøl était soulagé de voir détruite son œuvre maîtresse alors que lui-même allait bientôt disparaître.
Une lectrice m'a donné une indication : le sculpteur se réjouit d'avoir su exprimer l'impermanence de la chair. Il y a de ça, sans doute. En prolongeant, peut-être que c'est l'impermanence du marbre voulant exprimer la chair qui lui plaît.


A ce sujet je suis interloqué par ce que vous écrivez.

Vous n'avez pas écrit la fin en raison d'une pensée philosophique à livrer ?

Ce que je remarquais dans mon commentaire et que vous avez relevé avec plaisir, n'est pas présent dans votre texte par acte délibéré ?

Pour vous faire comprendre ce qui me surprend je souhaite revenir sur la fonction symbolique que je prête à l’œuvre qui se délite en fin.

j'ai une connaissance culturelle (c'est à dire ce qu'il m'en reste après avoir tout oublié y compris les grands hommes qui en sont les porte drapeaux) de deux grands mouvements philosophiques :

-une qui considère que l'homme est dés sa naissance et que les interactions avec le monde, ce que l'on appelle nos changements sont en fait que la révélation de ce qui est déjà mais de manière non consciente. Comme l’œuvre qui existerait déjà au stade de l'idée et se révèle peut à peut pendant sa réalisation.

-une qui considère que l'homme au départ n'a pas de réalité et que le fil de la vie le construit. Dés lors chaque homme ne peut savoir ce qu'il est qu'à sa mort puisque chaque instant de sa vie n'est qu'une étape de sa construction, l'inné ne le défini pas. De même pour l’œuvre l'idée n'est que le point de départ, la construction survient et l’œuvre n'existe que quand elle est achevée.

Pour moi votre texte avait pour ressort cette deuxième théorie sur la quête du qui suis je ?
Voilà ce que je voulais signifier dans mon commentaire par "La métaphore sur la théorie du philosophe qui dit que l'on est quand on est plus est, parfaitement conduite à mon goût."
Cet homme qui a soif d'être et qui ne n'aime pas l'image approximative de lui qu'on lui renvoie (l'histoire du pull du petit fils) ne sera enfin qu'à sa mort dont il refuse de repousser l'arrivée. Ce refus étant un élément de plus qui constitue l'être unique qu'il sera (une fois achevé) et même se construit. Tout comme l’œuvre n'est achevée et parfaite qu'à la fin quand elle s'écroule.
J'ai eu la sensation, vous me direz si elle est erronée, que vous suiviez en conscience ce fil et que vous aviez bâti les chemins parallèle entre l’œuvre et l'artiste qui seront aboutis de façon concomitante.
A l'instant où j'ai su qu'il sculptait ce bout de viande en décomposition, j'ai eu la conviction que la fin du texte serait dans la décomposition de l’œuvre et de l'artiste (sa mort). D'ailleurs la mort annoncé dans le souvenir de la discussion avec le médecin et l'absence de repère sur temps écoulé m'a laissé la place pour imaginer que l'auteur était décédé sitôt le point final posé.



A vous lire

Contribution du : 06/06/2014 18:08
_________________
"Ce n'est pas le chemin qui est difficile, mais le difficile qui est le chemin"
Kierkegaard
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Re : À propos de "Question d'échelle", remerciements et précisions
Visiteur 
Hum. Je crains de vous décevoir, chVlu.

Déjà, parce que je ne comprends pas cette phrase :
Citation :
la théorie du philosophe qui dit que l'on est quand on est plus est

Je m'étais dit, quand j'ai lu votre commentaire, que le troisième "est" était de trop, une coquille, mais voilà que vous le répétez... Bon, si je la lis sans le dernier mot, elle correspond en effet à la deuxième idée que vous exprimez dans votre mini-liste. Idée avec laquelle je suis d'accord : pour moi, on ne peut jamais dire qui est quelqu'un avant sa fin, puisqu'un être humain, qu'est-ce sinon la somme des actes et pensées de sa vie ? (Comme une intégrale, quoi.)

Mais ce n'est pas ce que j'ai cherché à exprimer en écrivant le texte, parce que, tout simplement, je n'ai pas cherché consciemment à exprimer une idée particulière.
L'écriture d'un texte débute souvent chez moi par une histoire que je me raconte. Cette histoire, sans doute, reflète mes préoccupations et idées, mais l'élaboration de son fond ne résulte pas d'une démarche entièrement consciente, sauf quand il s'agit de bâtir une intrigue qui tienne.

Du coup, vous pouvez trouver abusif de ma part d'avoir proposé le texte en "Réflexions/Dissertations" (comme Jano, du reste), mais sinon où ? Ce n'est pas du "Réalisme/Historique", parce que, comme Dupark, j'ai les plus graves doutes sur la possibilité technique d'élaborer les structures que je décris, pas de l'"Aventure/Épopée", pas du "Sentimental/Romanesque" parce que y a pas d'histoire d'amour, pas du "Fantastique/Merveilleux" (aucun élément surnaturel), pas de l'"Horreur/Épouvante", pas vraiment de l'"Humour/Détente", pas du "Laboniris" (rien de révolutionnaire sur le fond ou dans la forme), pas du "Policier/Moir/Thriller", pas de la "Science-Fiction". Comme il me semblait que j'essayais d'exprimer dans ce texte une idée qui ne m'était pas claire, j'ai préféré "Réflexions/Dissertations" plutôt qu'"Humour/Détente", catégorie sur laquelle j'ai hésité si je me rappelle bien.

Et c'est bien pour ça que les commentaires des lecteurs m'aident à préciser ce que j'ai voulu dire !

Contribution du : 06/06/2014 18:38
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Re : À propos de "Question d'échelle", remerciements et précisions
Expert Onirien
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Pourquoi déçu, pas de raison de l'être, fort surpris comme dit en débutant mon message précédent.

Ouffff ce que j'ai lu correspond au sens que vous donnez à vivre sa vie !!!
donc vous avez pu l'y glisser dans un récit qui se voulait réaliste (et pour moi, il l'est ! les artistes ont l'étonnante capacité de faire tout à partir de rien ! donc votre texte est réaliste pour moi).


Sur le EST en trop dans mon commentaire, à l'origine il n'était pas en trop, c'est la virgule, qui farceuse, s'est déplacée. Il fallait lire
"La métaphore sur la théorie du philosophe qui dit que l'on est quand on est plus, est parfaitement conduite à mon goût"

mais de votre avis elle n’était pas conduite la métaphore mais s'est imposé de son propre chef.......

Sur le souci de la catégorie, je peux vous parler franchement ? .................................................
je m'en contrefous de savoir si la nouvelle est dans le bon tiroir.....et ne pas rentrer dans les cases toutes faites est plutôt un indice de qualité pour moi
D'ailleurs du coup c'est la nouvelle qui a choisi toute seule si j'ai bien compris et ma lecture d'ordre "fantasmagorique" ne contredit pas ce choix

allez un dernier mot pour la route
ça fait quand même chier quand certains, qui n'ont pas de projet en philosophie, pondent des textes philosophiquement limpides et cohérents; alors que j'en connais qui rament pour exposer leur conception des choses, des êtres et qui passent pour des Chevelus tordus





pour votre franchise de ne pas vous auréoler de ce que vous n'avez pas fait

bon allez encore pour la route, (je suis comme ça pour tout, aussi j'ai prévu un budget jantes )
Citation :

socque a écrit :
Hum. Je crains de vous décevoir, chVlu.

pour moi, on ne peut jamais dire qui est quelqu'un avant sa fin, puisqu'un être humain, qu'est-ce sinon la somme des actes et pensées de sa vie ? (Comme une intégrale, quoi.)


Ok, on ne peut jamais dire effectivement mais :

*on peut être ce qu'on est dés la naissance et la vie ne sert qu'a le montrer, lexprimer, le mettre en évidence, le découvrir
ou
*on peut n'être rien au départ et ce qu'on est la compil' de la vie, on se construit durant sa vie
ou
un peu des deux mélangés, mais pour comprendre les deux mélangés il faut avoir tiré la pelote de chacune des deux théories

bien, ce coup ci je vous libère sur parole

Contribution du : 06/06/2014 19:39
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Re : À propos de "Question d'échelle", remerciements et précisions
Visiteur 
Citation :
« vous pouvez trouver abusif de ma part d'avoir proposé le texte en "Réflexions/Dissertations" »

J'attendais justement votre fil pour nuancer mes propos. En relisant votre récit je me suis aperçu que j'avais escamoté l'incipit (« Pourquoi toujours vouloir durer ? ») qui est pourtant son axe principal. Nous avons là effectivement un vrai sujet philosophique qui peut délivrer de passionnants débats ; du genre, terrifié par le retour à la poussière l'être humain a besoin de laisser une trace qui le perpétue chez les vivants. Une manière classique de combattre l'oubli.

Chez Pietr c'est autre chose, j'ai d'ailleurs du mal à bien cerner ses motivations. Je vous cite : « il trouverait scandaleux que ce qui est lui prenne fin et que demeure du marbre certes mis en forme par ses soins, mais qui n'est finalement qu'imitation du vivant. » Étrange, il accepte sa fin mais refuse la pérennité de ses œuvres parce qu'elles sont les reflets de la vie. La pensée de l'artiste est décidément hors-norme !

En fait c'est davantage la forme de l'histoire qui m'a dérouté, cette façon d'amener une réflexion profonde sous couvert d'une situation moins anodine qu'elle n'y paraît.

Contribution du : 07/06/2014 11:09
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Re : À propos de "Question d'échelle", remerciements et précisions
Visiteur 
Il est possible que je n'en aie pas fini d'interroger le Pietr, moi aussi j'ai du mal à le comprendre !...

Merci encore de votre lecture et de votre commentaire, Jano.

Contribution du : 07/06/2014 11:41
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Re : À propos de "Question d'échelle", remerciements et précisions
Visiteur 
Ah oui, en fait j'avais eu une idée à ce sujet.
Je me suis dit que Pietr s'était lancé dans cette carrière de sculpteur justement pour graver dans le marbre l'impermanence de la chair et ainsi, de manière symbolique, nier ou transcender sa propre mortalité.

Seulement cela n'a pas marché. Il apprend qu'il va mourir. Ainsi, son entreprise se révèle vouée à l'échec (évidemment). Du coup, souterrainement, il en vient à rejeter ce qui a fait sa vie et s'est révélé inutile. Son soulagement devant l'écroulement de la crépine correspondrait alors au soulagement de voir que les choses ne mentent pas : la chair, même incarnée dans le marbre, cède. Ce qui est dans l'ordre des choses.

Une idée, bien sûr, rien d'autre et surtout pas la vérité figée du texte.

Contribution du : 07/06/2014 13:27
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Re : À propos de "Question d'échelle", remerciements et précisions
Visiteur 
Bonjour Louis, et grand, grand merci pour votre commentaire à la fois ample et pointu ! C'est extraordinaire comme vous parvenez à dégager les grandes lignes directrices d'un texte et à donner sens à de tout petits détails... Après ce que vous écrivez, il n'y a guère plus qu'à tirer l'échelle. Hu hu.

Sinon, je suis d'accord, ce texte doit correspondre à l'illustration d'idées sur l'art.

Pour la phrase que vous relevez, c'est vrai qu'elle coince un peu... À rectifier éventuellement.

Merci encore pour votre extraordinaire engagement dans le commentaire ! Je trouve privilégiés les auteurs qui en bénéficient.

Contribution du : 08/06/2014 07:27
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