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À propos du « L'illusion de la Vérité »
Chevalier d'Oniris
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19/01/2014 12:38
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Bonsoir à tous,

Je flotte, abeille parmi toutes celles qui, dans la lumière d'août, vont butiner les nectars de la vie pour revenir à la ruche Oniris déposer leur miel.
Et je me souviens, dans ma tête d'avette, que j'avais laissé, il y a très longtemps, un petit texte à votre dégustation.
Je le retrouve, rentrant de vacances, tout commenté, enjolivé, apprécié comme il convient à la lecture des sensibilités diverses.
Entre-temps, le flot poétique file (je ne sais pas s'il faut le remonter).
Je vous remercie infiniment d'avoir commenté cette déambulation poétique autour du trou noir de la Vérité.
Après mes balades estivales, j'ai l'impression que je pourrais ajouter plein de strophes, sans jamais dépasser l'horizon des événements. Bien, je m'égare (qu'est-ce que ça fait du bien de s'égarer). Le texte est déjà loin (ouf !) dans les rayonnages d'Oniris, un peu comme une étude au fusain dans un carton à dessins, labellisé GL (un sigle, au pays des mots ! Quelle honte !)

Vous attendez la vérité sur l'Illusion de la vérité ? Aïe aïe aïe, la vérité si je mens !
Vous en saurez plus sur le sujet en regardant « Big Fish » ou en lisant « Le livre des morts tibétain ».
Quitte à tuer la bête, faisons-le rapidement :
Ta, toi, tes, ton, te, tu = la vérité.
Strophe 1 : amour et vérité
Strophe 2 : paraître et vérité
Strophe 3 : mort et vérité
Strophe 4 : dire ses quatre vérités
Strophe 5 : mensonge et vérité
Strophe 6 : la vérité toute nue...

Aux courageux qui ont signé :

@Robot : confus ? Oui, et encore, j'avais plus de neurones à l'époque que maintenant ; avec ce qui me reste et dont je n'utilise que 10% (ça ne veut rien dire, mais bon j'ai vu Lucy...) j'accepte le terme, n'ayant rien à démontrer (un peu comme la fumée d'un cigare s'élève toujours chaotiquement) ; précieux ? Je me vautre parfois dans les champs sémantiques (dans tous les sens du mot « vautrer ») ; inégal ? C'est vrai aussi, du moins pour le ton, à la manière d'un papillon qui tourne autour d'une flamme (ici la vérité).

@socque : oser le décasyllabe ? C'est l'inconscience propre à mon inculture poétique ; j'ose pour le meilleur comme pour le pire. J'ose même penser qu'ici ce n'est pas le pire de mes écrits. J'ai lu les débats et se suis assez proche de l'avis de Robot. La métrique n'est qu'un élément d'appréciation d'un vers. Ce qui est pour moi plus important, c'est la musique, les temps forts ou faibles, les intonations, les silences, le tempo, voire la mélodie. La césure est un élément de prosodie sémantique et visuel. J'ai plus une approche rythmique du vers. J'ai construit ce poème dans une rythmique 4-4-2 pour la scansion. Par exemple, pour la première strophe (je souligne les temps forts) :
Quelle avocate en ta faveur, qui doute,
Au coffret sûr de ces lettres reçues,
Trouvera le ton qui convient à toutes ?
Avec toi, l’amour est toujoursçu.
Évidemment, cette rythmique n'a rien à voir avec la métrique. Comme vous l'avez perçu, c'est un poème à dire. La classification onirienne « néo-classique » permet cela. Quant à travailler davantage le poème, c'est un sujet qui me tient à cœur, mais comme, tout aussi bien, je suis procrastinateur et que les calendes ne sont pas grecques...

@diva-luna : pour la quatrième strophe, j'ai donné la clé plus haut ; il me semblait que les rapports frère - sœur portaient bien cette expression. Quant au fait de n'avoir pas entendu les sonorités, j'en suis désolé, c'est un poème qui demande d'être dit, chanté, crié, peut importe, cet espace sonore de la poésie peut être plus ou moins présent dans les poèmes ; ici, il l'était. Mais j'ai l'impression que je n'ai pas compris votre remarque : « je suis bien contente de n'avoir pas entendu les sonorités des rimes. »...
Effectivement, je voulais mettre une touche de sensualité, cette notion de vérité fuyant devant le narrateur, le cerveau des sentiments n'est pas moins habilité que l'autre à donner son avis. Les ponctuations ? Oui, elles rendent le rythme chaotique, le rythme visuel et sonore ne sont pas en phase, c'est déstabilisant, le thème même du diallèle est déstabilisant.

@Lulu : pour revenir sur la troisième strophe, la mort est-elle vérité ou mensonge, notre silence face à elle est-il une expression de la vérité...ou bien une censure de la vérité ? La vérité (personnifiée ici) se joue de nous, même (et surtout) dans la mort. Pour la présentation en quatrains, je m'en suis expliqué ici.
J'avais conscience en écrivant ce texte qu'il n'avait rien d'attirant, le thème est loin des sentiments qui font le terreau de bien des poèmes (amour, nostalgie, tristesse...) et je suis d'autant plus heureux qu'il vous ait attiré.

@margueritec : une vérité peut être unanimement reconnue, en ce que chacun peut y parvenir par une démarche personnelle (par exemple, les vérités mathématiques) ; le mensonge n'est pas sur le même plan, c'est une mise en scène ; par contre l'illusion l'est... d'où le diallèle.
Pour la dernière strophe, je voulais montrer la fragilité de l'homme qui est prêt à accepter une vérité même provisoire, en l'invitant d'une façon si légère.

@Hananke : j'aime aussi quand la poésie est dans le mystère et il m'en a coûté d'en donner plus haut les ficelles, mais bon, c'est le prix à payer ici, à vous tous qui avez passé du temps à me lire. Bien sûr, rendre un poème sibyllin ne le rend pas meilleur, mais peut-être plus interactif. C'est un peu comme un vin qui ne donne pas tous ses arômes en même temps. Pour l'incipit, le diallèle s'imposait, à la fois rhétorique (la vérité de l'illusion et l'illusion de la vérité) et philosophique (l'incapacité ontologique à cerner la vérité). On n'est pas loin de l'indécidabilité de Gödel.

@myndie : pour ce qui est des bourriques, on pourrait effectivement penser à l'âne de Buridan, de deux propositions égales en vérité mais contradictoires, laquelle faut-il adopter ? Ça me rappelle une anecdote vécue, où j'ai failli tourner en bourrique : une voiture fermée à clef et les clés à l'intérieur de la voiture (mon fils avait décidé de me rejoindre en laissant les clés dans la voiture et en fermant les loquets des portières avant de sortir). Deux propositions également vraies et contradictoires si on reste dans le système voiture/clés dans la voiture. La solution a été de privilégier la proposition «la voiture est fermée» et d'appeler ma femme pour venir ouvrir avec le double des clés. Si j'avais opté pour l'autre proposition, il fallait casser la vitre (vu la joie de mon épouse, ç'aurait été sans doute la meilleure solution !)
Je digresse... merci pour avoir tenté de démêler des brins : tu n'y es pas allée par quatre chemins et tu t'es vraiment mise en quatre pour apporter de la vérité à la vérité ! Mon ambition était bien plus modeste, mais la symbolique du nombre quatre est forte... en attendant les quatre cavaliers de l'Apocalypse !
Tu as analysé finement la versification quant à l’intentionnalité de la césure changeante (je m'en suis expliqué plus haut) : il y a mille façons d'appréhender le réel, chacune est une illusion, chaque illusion est vraie, à sa manière. Così è se vi pare. Les ponctuations, les césures, les temps forts, les unités sémantiques, autant de façon de découper le texte et les images qu'il suscite.

Juste une dernière réaction : la poésie est encore un des derniers lieux de l'expression humaine où l'on peut mêler sentiments, beauté, religion, science, humour, érotisme, philosophie et que sais-je encore, sans subir les foudres des penseurs de tout poil . Continuons à défendre cette oasis !

Bien à vous,

Lotier

Contribution du : 21/08/2014 17:16
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