Bonjour à vous,


Je viens remercier le comité éditorial, les membres du groupe de lecture, les correcteurs ainsi que les commentateurs qui ont amené ou animé Hold up comme publication sur Oniris.

Ce poème est également l'épilogue d'une réflexion que je me faisais sur l'expression "ne pas baisser les bras" assez courante, avec la variante plus sévère encore qui dit bien "de ne jamais baisser les bras", mais j'avais besoin d'un octosyllabe.

Vous imaginez une équipe de football, dans le dernier match de sa poule, entrer sur le terrain avec les mains en l'air pour jouer sa dernière chance de qualification ?

D'où peut bien venir cette étrange expression de "ne pas baisser les bras" ?

Elle n'est pas considérée comme un proverbe non plus, difficile de se référer à un dictionnaire. On en est réduit à notre libre arbitre et à notre esprit critique. Sans vouloir utiliser une expression plus graveleuse, on est seul face à ce paradoxe avec notre esprit et l'arme blanche que peut constituer la langue française.

J'ai quelques pistes.

La boxe, c'est un contexte ou "baisser les bras" revient à s'exposer aux coups de l'adversaire, "baisser sa garde" est aussi une image assez répandue. Néanmoins, il y a une exception :

"Mohamed Ali avait un style très original pour un boxeur poids lourds. Il tenait généralement les mains le long de son corps plutôt qu'en position haute pour protéger son visage comme dans le style habituel. Il faisait confiance à ses réflexes ainsi qu'à son allonge extraordinaire (2,10 m d'envergure) pour parer les coups de son adversaire."

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mohamed_Ali_%28boxe_anglaise%29

Le travail, le travail d'atelier plus particulièrement, l'artisan et l'ouvrier sont plutôt debout et "ne gardent pas les mains dans leurs poches", cette dernière expression faisant le pendant à celle qui nous occupe, qu'on peut aussi rapprocher de celle qui propose de "jeter les gants" pour dire qu'on laisse tomber une tâche ou une quelconque affaire, et qui implique un peu le même genre de geste.

Mais même avec ça, je ne vois pas d'autres situations explicites où garder les mains en l'air pourrait représenter une sorte de combativité, si ce n'est celle du poème de façon bien particulière.

Si vous avez quelque autre ressource sur ce sujet ou même juste une curiosité à partager, n'hésitez pas à venir participer à ce qui pourrait être un débat épique aux confins de la langue française ! la lecture du poème lui-même est bien entendu totalement subsidiaire, j'en rappellerai les détails au besoin.

Bonjour David,

Merci pour vos explications qui favorisent une lecture intelligente de votre poésie, et, alors qu'elle était très réussie sur la forme, la rendent plus intéressante sur le fond.
Je vous invite à consulter "ordalie" sur Wikipedia et notamment :

"ordalie de la croix. Instituée par Charlemagne, elle consistait pour les personnes impliquées à se placer en forme de croix, être ligotées à un poteau et réussir à tenir le plus longtemps les bras levés à l'horizontale. Le premier à baisser les bras abandonnait, d'où l'expression « baisser les bras ». Louis le Pieux prohiba cette épreuve en 819, l'accusant de parodier la Passion du Christ"

Merci beaucoup, Lala, j'ai consulté le lien en question :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordalie

ça semble tout à fait correspondre, j'ai l'impression d'avoir déjà entendu cette histoire de supplice, sans en être bien sûr, mais en tout cas la découverte m'a marqué avec une forte évidence.

Ça a beau être très loin du poème, je me questionne sur son inspiration du coup, et je me félicite d'avoir trouvé mon aiguille dans sa botte de foin, grâce à toi !

Ce fut un plaisir !
J'aime beaucoup fouiller dans le passé (et dans les bottes de foin) pour retrouver les origines des expressions.
Moi aussi, j'ai ressenti une réminiscence de connaissance en lisant l'article (bien enfouie) !
Bonne fin de journée !

Bonjour David,

Je suis entièrement d'accord pour Mohamed Ali et sa boxe non orthodoxe. D'autres légendes ont/avaient un style similaire - quoi que dans d'autres catégories de poids - tels que Floyd Mayweather, qui vient de mettre fin à sa carrière - à moins d'un come-back - et "Prince" Naseem Hamed (dans les années 90). Il s'agit toutefois de boxeurs au talent exceptionnel dotés d'un tronc extrêmement flexible leur permettant d'esquiver les coups de manière quasi hors norme (en particulier pour Naseem Hamed). Coup d'oeil et anticipation sont ici les maîtres mots, ce qui relève du pur génie...

A part ces quelques exceptions au talent légendaire, la première chose que l'on apprend dans tous les cours de boxe de tous les clubs du monde entier est de se protéger le visage, encore et encore. Cela signifie lever les bras, encore et toujours, et même lorsque ce simple geste devient mécanique, après des mois et des mois d'entraînement - voire des années - on est jamais à l'abri de baisser la garde, tant ce geste est inné. De plus, avec la fatigue, les bras deviennent de plus en plus lourd et il devient de plus en plus difficile de les maintenir levés. Plus difficile à réaliser qu'il n'y paraît...

Au plaisir d'autres lectures,

Wall-E