Un grand merci pour vos riches commentaires.
Je tenais à préciser qu'ils m'intéressent tous autant. Du "vraiment pas" au "passionnément" (même si le deuxième est moins fréquent que le premier ! )

Bon, eh bien j'aurai au moins réussi à intriguer un peu, et surtout à troubler.
Je n'irai pas jusqu'à dire que c'était le but, mais j'admets que j'avais envie d'écrire quelque chose d'obscur et ambiguë. Je me suis récemment intéressé aux nouvelles des auteurs Américains comme Poe, Hemingway, ou même Capote, Carver, et j'avoue que ce style (occulter l'essentiel afin de le faire ressortir) qui leur est propre m'a influencé pour ce texte.
Loin de moi l'intention de les égaler, mais disons que c’est dans cette direction que j'ai souhaité diriger l’esprit de cette histoire.

A présent je vais essayer d'y apporter quelques lumières.
Tout d'abord, concernant « l’autre passager », en vérité, à part l'effet qu'il provoque a Brice, il n'a rien de suspect. La seule chose qui pourrait être tout éventuellement louche, c'est qu'il prenne le siège juste en face. Mais finalement, pourquoi pas ?
Peut-être que Brice est proche de la porte et que le nouveau venu - sachant qu'il descendra dans quelques stations - ne trouve pas utile d'aller s'installer plus loin dans le wagon.
Cela m’est arrivé d'agir de la sorte sans pour autant, je crois, éveiller quelques suspicions auprès des autres voyageurs.
Bon, certes, il y a aussi la cigarette.
Mais disons qu'à ce point-là de l'histoire, l'inconnu c’est déjà rendu compte du comportement bizarre de Brice (ce serai d'ailleurs intéressant de savoir comment il vit la scène de son côté) et peut-être souhaite-t-il briser la glace gentiment avec cet étrange jeune homme tourmenté, comme le font les jeunes entre eux.
Donc, tout ça pour dire que c'est Brice qui interprète et transforme tous ces éléments en dangers, mystères, en conjectures hallucinantes. C'est sa perception, son manque, son désir et sa peur qui le rendent parano ; tout cela influencé par cette absence du père qui est comme un filtre le forçant à apercevoir cette insaisissable figure paternelle dans chaque personne qui croise sa route.
Et si j’ose aller plus loin, cet inconnu qui entre dans le wagon, on pourrait presque voir cela comme une métaphore. Une illusion. Cet échange équivoque, peut-être Brice l'a-t-il inventé... Peut-être l'a t il eu avec lui-même.
Bref, je comprends bien que certains d'entre vous aient été déçus par la chute (ou l'absence de chute, justement !) mais j'ai voulu laisser un soupçon d'énigme espérant que chacun y trouve, peut-être, une explication individuelle.
Je ne sais pas si j'ai réussi à faire une petite illustration symbolique bien perso du phénomène de l'absence du père. En tout cas c'était instinctif, et non prémédité. J'ai écrit ce texte en me laissant porter sans vraiment trop savoir où il m'emmenait.

"disons qu'à ce point-là de l'histoire, l'inconnu S’est déjà rendu compte du comportement bizarre de Brice" --> je maintiens que c'est "l'autre" qui a un comportement étrange: je prends le RER tous les jours et le usagers font toujours en sorte d'être le plus éloigné les uns des autres; quand il y a de la place évidemment. Ce qui est peu fréquent...

"C'est sa perception, son manque, son désir et sa peur qui le rendent parano ; tout cela influencé par cette absence du père qui est comme un filtre le forçant à apercevoir cette insaisissable figure paternelle dans chaque personne qui croise sa route." --> Nous y voilà, c'est le nœud de l'histoire. Un nœud à démêler. Car de mon point de vue de lecteur, votre cheminement n'est pas si évident à comprendre. Peut-être aurait-il fallut une rencontre avec un homme de l'âge du père de Brice pour clarifier vos intentions; au risque, je l'avoue, d'être un peu dans la facilité (l'inconnu quinqua qui évoque la figure du père)

En bref, l'intérêt de ce texte réside dans sa première partie et cette ambiance/rencontre mystérieuse. Il n'y aurait que moi, j’effacerais toute la seconde moitié pour bâtir un récit fantastique/épouvante.
Oui je sais c'est radical. Mais bon, en creusant un peu les pages de Poe... ;)

Bonjour, In-Flight,
Pardon de répondre si tardivement. Merci pour vos avis concernant cette nouvelle. J’en prends compte
C’est vrai que si l’on décortique (et on est un peu là pour ça aussi) il y a surement des détails à revoir, et des nuances à travailler.
Vous maintenez que c’est « l’autre » qui a un comportement étrange. Pourquoi pas. De mon côté, j’ai imaginé ce personnage à travers les yeux de Brice car ce qui m’intéressait surtout était d’essayer de montrer comme les apparences (selon l’ambiance du moment, l’état d’esprit dans lequel on est, ou la névrose dont on souffre) peuvent être trompeuses et influencer notre perception.
Mais je n’ai peut-être pas vraiment réussi mon coup !
Après, on peut effectivement penser que ce type est louche ; dans le RER a une heure tardive, il ne sera ni le premier, ni le dernier !

Concernant cette recherche de la figure paternelle, j’ai pu me rendre compte à quelques reprises que cela pouvait se diriger vers une personne de la même génération. Je pense que le ressentit va au-delà de l’âge.

Votre idée de récit fantastique/épouvante me plait !
A voir… c’est vrai que quand je citais Poe je pensais avant tout au suspense et a l’atmosphère obscure ; mais je suis d’accord que des nouvelles comme Le Chat Noir ou Morella par exemple pourraient être de bonnes sources d’inspirations si je souhaitais reprendre toute la deuxième partie.