Bonjour,
J’ai hésité à présenter ce poème parce qu’il est cru et violent et pour cette raison il peut être ressenti comme dérangeant.
Mais il est aussi mon ressenti à moi de l’Afrique profonde et obscure que j’ai connu en tant que coopérant.
Je pensais qu’il n’aurait pas d’échos mais je remarque qu’il y a eu des lecteurs pour le comprendre et l’apprécier. Merci. Je ne l’ai donc pas mis pour rien.

Nous étions 4 à être envoyés dans un pays d’Afrique centrale (où Bokassa allait devenir empereur) comme coopérants dans différents hôpitaux de brousse.
Le fond de nos pantalons sentait encore les bancs de la fac et l’eau oxygénée, et notre tête était pleine d’idéal et d’illusions.
Mais les illusions c'est comme la fumée de cigarette.

Un jour arrive un camion dans la cour de mon hôpital qui décharge des hommes, des soi-disant voleurs. Par arrêté préfectoral on me demande de leur couper les oreilles. Refus.

Dans l’Afrique profonde on perd très vite ses illusions tellement l’absurdisme est monumental. Au bout de 3 mois, il nous tarde de partir et on se demande comment on va tenir 16 mois.

Quinze ans plus tard c’était la tragédie du Rwanda. Et j’ai ressenti à nouveau ma tristesse d’Afrique : pauvreté extrême, croyances obscures, superstitions, corruption, haine tribales ou ethnique… et malgré tout des gens si souriants, si attachants.
Je ne suis jamais revenu en Afrique. Je refuse l’indécence du tourisme ethnographique.

Bonjour Kreivi. Je comprends le ressenti que vous a laissé cette expérience en Afrique Centrale voici un certain nombre d'années. J'ai aussi eu une très longue expérience, plus récente que la vôtre, dans cette région mais ni comme coopérante ou expatriée.
Ce que je constate c'est que ces images de violences sont tout particulièrement "appréciées" en Europe car elles rassurent, en quelque sorte sur notre propre identité qui serait dénuée de cruauté et de violence. Enfin ce n'est que mon ressenti. Ce qui m'étonne toujours, c'est que lorsque l'on tente de transmettre des images positives de ce continent, elles sont systématiquement ignorées par une majorité comme si elles n'existaient pas et ne seraient que des affabulations.
Ce que, personnellement, j'ai acquis de mon expérience au long cours, c'est un enrichissement considérable au niveau humain, en compréhension et tolérance. C'est une partie de mon parcours de vie pour laquelle je n'ai aucun regret sauf, peut-être, les erreurs de jugement que j'ai pu commettre pendant mes premiers pas là-bas.

Bonjour Marite
vous avez raison, il y a une tendance à ne voir que les côtés négatifs de ce continent (guerres, famines, HIV, viols...) une sorte de sinistrose médiatique, de délectation de la violence.
J'ai rapporté aussi des bons souvenirs, leur exceptionnelle philosophie de vie, leur générosité...
A chacun ses souvenirs et ses impressions dans son atome d'expérience.
Amitiés

Merci Kreivi et pour ce qui est de la "sinistrose médiatique" et la "délectation de la violence" nous ne sommes pas en reste pour notre propre pays ... ce serait d'ailleurs intéressant que des "psy" se penchent sur cette situation. Bonne semaine