Bonsoir,

Je ne serai pas lu, et ce n'est fondamentalement pas mon problème. Et je n'écrirai pas longuement. Je quitterai d'ici la fin de la semaine Oniris.

J'ai lu, dans une intéressante critique d'un poème qui n'a malheureusement pas été retenu (ça arrive),

L'intro latine laisse le lecteur dans l'ignorance. Comme une volonté de vouloir garder pour les seuls lettrés le sésame d'entrée dans ce texte. Je pense pour ma part que ne pas fournir la traduction est une forme d'incorrection envers le lecteur lambda renvoyé à son incapacité afin de montrer que ceux qui possèdent la clé ont une supériorité de savoir pour plonger dans le récit.

Je crois que ce doit être le commentaire de trop. Quand l'on prend le poème comme le déversoir de ses propres hontes et de ses propres peurs, alors on ne parle plus de littérature. On m'a constamment, et j'en ai toujours été édifié, reproché un certain lyrisme abstrait. La difficulté d'une écriture assez peu conventionnelle qui agrégeait à la fois un certain patrimoine littéraire et symbolique exigeant et de franches libertés dans la rédaction. Tant pis. Je n'ai aucune envie de résister ; ce serait trop ennuyeux.

La littérature est l'ignorance même. Que l'on bute sur une citation latine ou bien sur un tableau, c'est justement le profit de la littérature. Sa seule joie : faire sens et donner à voir des tableaux difficiles, où l'on interroge les reflets que l'on croit percevoir. Vos évidences et votre suffisance, à celles et ceux qui croient déceler de la supériorité, ont été le bras de fer de la haine de la littérature, pour reprendre le titre éponyme d'un essai de William Marx. Et ce, depuis vingt-cinq siècles. Méfiez-vous.

Il faut être absolument audacieux. C'est donc un échec pour vous autres lecteurs. Je parle des lecteurs. Pas des écrivains.

S'il y a quelques remarques à formuler, je suis évidemment disponible sur ce fil. Jusqu'à la fin de la semaine. Je partirai ensuite. Le cœur léger et la tête libre.

Bonjour HadrienM,

pas de remarque particulière, du moins rien qui soit susceptible de mettre le feu car malheureusement ce que vous évoquez existera toujours...
Je voulais justement vous dire que je vous comprends totalement et que j'approuve ce "il faut être audacieux".
On m'a parfois reproché un certain maniérisme d'écriture, à d'autres fois de l'hermétisme, ou pire, écrit : "je verrais mieux ce mot là à la place"...enfin ce genre de choses qu'il faut bien accepter parce qu'elles font partie du partage mais qui me découragent parce qu'elles me font penser à ces remarques que j'entends parfois au sujet d'un tableau non figuratif "on n'y comprend rien", "ça ne veut rien dire", "c'est trop recherché". Surtout ne pas intellectualiser, laisser parler ses sens, c'est toujours ce que j'ai envie de dire alors.

Bref, je n'ai pas lu votre texte et du coup, je pense que je ne lirai jamais...
ET donc je comprends que vous n'ayez plus envie de résister. Mais c'est dommage que vous quittiez le navire, un de plus, comme la fuite des cerveaux jadis

Voilà, c'était juste ma petite parenthèse

amicalement

myndie

Et bien Hadrien, c'est pour moi une très triste nouvelle que tu partes;

Mais ton écriture est unique sur Oniris et c'est très dommage de la perdre.

La question n'est pas d'aimer, la question est des fenêtres que cela ouvre.

Je te crois déterminé, ce n'est pas un petit bout comme hersen qui te fera changer d'avis. Mais j'ai hautement apprécié ta présence ici pour ce qu'elle a apporté de nouveau, d'inexplicablement non palpable; bref, un vent de modernité

hersen

Salut HadrienM

Je comprends votre ras-le-bol, même si je ne vous ai pas commenté ces derniers temps, j'ai toujours lu chacun de vos poèmes, ainsi que les commentaires. Et souvent j'ai été aussi agacé par certaines remarques sous vos poèmes.
Sachez que vous n'êtes pas le seul auteur à avoir eu un commentaire du même style que vous avez reçu en EL, genre vous écrivez pour une élite.

Vraiment ça m'attriste que vous quittez Oniris. J'aime l'atmosphère et la tonalité de vos poèmes, leur originalité.
Vous avez une belle écriture, une identité.

Au revoir HadrienM

bonjour Hadrien
bien dommage que vous décidiez de partir !
Il faut de tout dans nos colonnes ; du très " prosaïque " tel ce que j'écris et du " lyrisme audacieux " tel ce que vous écrivez !
Ce n'est pas parce que l'on ne comprend pas ( y-a-t-il quelque chose à comprendre ) que l'oeuvre est mauvaise ; je ne peux m'empêcher devant un sujet abscons, s'il est écrit d'une fort belle façon, de le trouver remarquable, et laisser le soin aux amateurs de s'en régaler !
bien dommage que vous décidiez de partir !
papipoète

C'est une émotion que vous avez ressenti HadrienM, au sens propre, celle que l'on désigne par "C'est pathétique", c'est à dire que c'est laisser trop de place aux sentiments qui en résultent, ou "C'est hystérique", c'est à dire une réaction disproportionnée par rapport à sa cause, on a même failli en faire un diagnostic...

La poésie souffre d'un faux air de témoignage ainsi que d'une prétention à une expression sans barrière, mystique. Je crois qu'il faut distinguer l'auteur du narrateur, surtout du point de vue de l'auteur comme ce que vous relatez ici. C'est un piège narcissique, l'estime pour un écrit n'a de valeur que si elle ne va pas de soi, et un mépris arrogant est moins dangereux qu'un mépris servile, c'est pas les même menottes. Je n'ai jamais lu un message d'adieu à Oniris pour cause d'excès de célébrations. C'est peut-être plutôt pour tous les commentaires qui vous on fait du bien que vous devriez plutôt quitter Oniris si celui-là vous bouscule à ce point.

On sera tous les premiers dans notre propre tombe, sur notre propre bucher, ou à la place ultime de notre propre putréfaction, pas besoin de courir ou de concurrencer. Se sentir inférieur ou supérieur, c'est le même complexe, c'est orgueilleux, on peut le ressentir, le rencontrer, il faut faire avec parce que le repousser, ça le fait rebondir.

Et ce genre de sujet est une véritable balle magique.

Hadrien,

Je vous comprends. J'ai moi-même été sanctionné sous un poème pour avoir osé utiliser un incipit évoquant Charles Baudelaire - incipit qui me fut ensuite reproché - par certains lecteurs.

Accusation de plagiat qui n'avait pas lieu d'être et que j'ai récusé montrant que je ne cherchais en aucun cas à faire du Baudelaire. Le style de mon poème à lui seul avait été perçu par quelques lecteurs plus avisés que les autres comme ne correspondant pas du tout à celui de Baudelaire, ni de près, ni de loin.

Oui, sur Oniris la poésie dès lors qu'elle est trop "travaillée", trop "recherchée" est bien souvent sanctionnée. C'est un fait. On peut ne pas aimer le style d'un auteur, c'est une question de sensibilité à chacun de le dire sans blesser.

C'est dommage. Oniris se dépeuple de mois en mois. Déjà qu'il n'y avait pas grand monde.

Cordialement.

Marcel/TheDreamer

Salut HadrienM !

Le poète slammeur Grand Corps Malade dit dans son nouvel album Plan B :  « si tu es un artiste et tu n’aimes pas être critiqué, tu peux tout de suite passer au plan B »
La critique n’est pas seulement constructive, elle est aussi destructive. Ne vouloir que la constructive c’est comme de vouloir un monde de bien sans mal ; hors la perfection est un bon dosage des deux... l’equilibre aussi
Nous avons apprécié votre passage sur Oniris, et vos textes. Si vous partez, alors bon vent et bonne chance ailleurs !

Wan

Monsieur suite à votre discours d'au revoir les enfants, je me suis obligé nouveau venu que je suis à lire vos textes, publiaient bien entendu, puisque le salut vient au bon entendeur. Bien sûr, plus complexent qu'Oedipe lui-même, ils sont là beaux comme un mammouth sortis des glaces, ciselés plus que le silex de Rahan et l'on sais bien que le silex s'est fait pour trancher ,dans le vif ,dans le lard littéraire . Alors monsieur pourquoi renoncer à trancher dans l'eau vive de cette place ?