Il avait pourtant mis toutes les chances de son côté. Avant de se soumettre au regard acéré des juges, il avait fait un régime efficace. Ses proportions équilibrées avaient satisfait la première impression ; son poil soyeux, luisant témoignait d'une excellente santé... Mais il avait une oreille cassée, une oreille en accent circonflexe. Elle ne rimait plus avec l'autre bien droite. Pourtant de l'une comme l'autre, il entendait pareillement et, dans la voix de son maître, grillage et âge sonnaient de la même cloche. Mais clochaient dans celle de la règle, il fallait en convenir et s'y conformer. Alors il s'est retrouvé dans la meute. Pas la meute des bâtards, il ne faut pas exagérer, mais avec d'autres chiens qui n'avaient pas sa classe. Des boiteux, des disproportionnés, aux rimes en simple assonance, pleins de hiatus. Il n'était d'ailleurs pas le seul à se retrouver là pour peu de chose, d'autres y avaient atterri pour une syllabe, un hiatus, une rime orthographique, une élision, une synérèse…
Il se disait qu'une petite indulgence, pour un accroc à la règle qui aurait pu être invisible pour d'autres, aurait suffi à son bonheur. Il se disait que l'intransigeance des juges était normale mais ce souci de la perfection pourrait aussi conduire à la perte de la race. N'est-on pas de race pour une oreille en accent circonflexe ? Le sang avait-il le même bleu chez tous les rois ?

Mais ne chinoisons pour un chapeau chinois. Biribi vous jappe au nez, heureux de vos caresses, heureux de vos sourires ou de vos moues, de vos encouragements. Biribi remercie tous les lecteurs, les notateurs, les organisateurs, les anonymes, les bénévoles d'un même aboiement joyeux en allant rapporter à son maître la plume pour de nouveaux poèmes.

Bonjour Anje,

Je tiens à m'excuser de mon commentaire. En effet votre titre m'a entraînée dans une toute autre lecture et je me suis laissée aller à divaguer sur le thème non pas du poème mais sur ce que j'ai imaginé avoir lu.

Je vais l'effacer.
Et bonne continuation dans votre chemin vers l'écriture classique.
Caresse à Biribi
Éclaircie

Merci Eclaircie pour votre éclairage. Et merci d'avoir maintenu votre appréciation.

Oui, je continue mon chemin malgré quelques petits cailloux dans mes sandales qui me blessent parfois. Mais je marche, je marche en vers et contre tout... Merci pour vos encouragements.

Je n'oublie la caresse à Biribi.

Poétique salut.
Anje

Biribi est un chien philosophe, presque bouddhiste.

Oui, Donaldo, la marche est un pas de philosophie. Pas toujours un pas solitaire, parfois un pas de deux. Mais pas forcément bouddhiste et surtout pas boudeur.