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1 Utilisateur(s) anonymes
A propos de Comme une soeur |
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Merci à tous les commentateurs ! Comme la matière est abondante, je vais répondre "par petits bouts", et d'abord sur mon écriture, que certains (pas tous) trouvent désuète et datée. Je dirai qu'il s'agit d'un choix esthétique, que je recherche une forme si possible intemporelle, et que cette écriture classique n'est pas caractéristique du seul dix-neuvième siècle; on l'observe beaucoup au vingtième, surtout dans sa première moitié mais pas seulement (cf. Gide, Martin-du-Gard, Julien Green, Colette, Tournier, Yourcenar, Mauriac, et même Le Clézio) C'est ce que j'apprécie en tant que lectrice. Depuis les années 70 du dernier siècle, il est vrai qu'on s'est mis à valoriser les écritures oralisées, pour ne pas dire relâchées, mais je n'aime guère, même dans les dialogues, que je préfère un peu "écrits". Ce n'est pas réaliste? Eh bien non, ce n'est pas réaliste, mais pourquoi la littérature devrait-elle calquer le réel? Aucun art ne le fait.
Cela dit, il y a sûrement une question de génération qui joue : beaucoup des membres d'Oniris doivent être bien plus jeunes que moi, ce qui explique qu'ils soient gênés par le vouvoiement, par exemple. Et puis, j'avoue que quand j'imagine mes personnages, je les place plutôten pensée à l'époque où j'avais leur âge, c'est-à-dire il y a une trentaine d'années ! Je traiterai ultérieurement du détail des commentaires reçus.
Contribution du : 03/03/2019 18:31
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Re : A propos de Comme une soeur |
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Expert Onirien
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J'entre dans le détail des commentaires .
Néojamin : merci d'avoir consacré plusieurs lignes à un texte que vous n'avez pas beaucoup aimé ! ) Sur le style trop châtié, j'ai répondu plus haut. Quant aux personnages féminins, il est vrai qu'ils n'ont pas beaucoup d'épaisseur, mais il ne s'agit pas d'une nouvelle de psychologie réaliste, les femmes, ici, n'ont d'importance que par le rôle qu'elles jouent auprès de Julien. Viviane appartient au fantastique, elle devient la réincarnation de la mère morte et l'incarnation de la Mort, ce qui revient au même pour le héros. Elle devient la concrétisation de sa phobie.
Contribution du : 03/03/2019 18:49
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Re : A propos de Comme une soeur |
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Fantin, vous avez très bien saisi l'essentiel, le décollement du réel et le glissement vers le fantastique. Désolée pour les mots "précieux". Je les aime bien.
Corto, merci d'avoir si totalement adhéré au texte. Oui, j'ai des notions de psy. Julien est un superbe cas de névrose phobique. Hersen, merci pour votre appréciation. Si on refuse la lecture fantastique, on ne comprend plus rien à Viviane, on ignore tout de ses motivations. Mais si on voit en elle la réincarnation de la Mère morte et l'incarnation de la Mort, elle apparait comme la concrétisation de la phobie et il me semble que le texte gagne en intérêt.
Contribution du : 03/03/2019 20:19
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Re : A propos de Comme une soeur |
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02/10/2013 12:55 De La Thébaïde
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Belle entrée en matière... et qu'est-ce que le réel ?
Une utopie en littérature comme en sciences ? A la limite cela pourrait être un lieu où l'on se rejoint... mais déjà l'on voit une incommunicabilité entre les générations dont les mots et les codes diffèrent... encore que les jeunes aient des accroches nostalgiques qu'ils pensent intemporelles et qui sont proches de la tétine, désolé de dire cela. Jadis un caleçon long chez James Dean.. Aujourd'hui un marcel chez... et cela fait gage d'authenticité. Quant au vocabulaire... Grave... Enfin je pense qu'on a dépassé le "Je dois pisser grave" d'une candidate de télé réalité... On ne dépasse pas la langue, elle est intemporelle.
Contribution du : 03/03/2019 20:27
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"Je suis le Ténébreux,- le Veuf,- l'Inconsolé,/ Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :/ Ma seule Etoile est morte,- et mon luth constellé/ Porte le Soleil noir de la Mélancolie." "El Desdichado" G. de Nerval |
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Re : A propos de Comme une soeur |
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Izabouille : Viviane n'est pas une femme réelle", douée d'une psychologie "réaliste, elle n'a pas de "motivations". Elle appartient au fantastique. La nouvelle repose sur le fait que la terreur irrationnelle de Julien (sa phobie), qui normalement ne devrait correspondre à aucun danger réel, se révèle en fait justifiée. Il redoutait plus que tout de s'endormir auprès d'une femme et le jour où il le fait, il meurt bel et bien tout simplement parce que cette femme est l'incarnation de la Mort.
Plumette : je suis ravie d'avoir réussi à vous faire peur !) Senglar : merci infiniment pour voter enthousiasme récon.fortant
Contribution du : 03/03/2019 20:32
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Re : A propos de Comme une soeur |
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Socque, merci pour votre appréciation sur le style. La logique interne du texte s'articule sur la névrose phobique de Julien : il se détache pour une fois de sa phobie, et c'est là qu'elle le rattrape. Il éprouvait une terreur irrationnelle, et la seule fois où il n'en tient pas compte, il s'avère qu'il avait raison d'avoir peur.
Toc Art, comme je l'expliquais plus haut, on ne peut comprendre la présence et les agissements de Viviane que si l'on se détache du réalisme psychologique pour admettre qu'elle est une concrétisation, une objectivation de la phobie. ChVlu Il est vrai que c'est seulement à la fin que le fantastique se dévoile (quant au merveilleux, il est en effet absent) Cette fin est très rapide : j'ai voulu qu'elle tombe comme un couperet mais il semble que cela vous ait déconcerté. A la fin, on ne sait pas si Julien fait ou non un cauchemar, si Vivianne le tue vraiment de ses mains. Le fantastique réside dans cette ambiguïté. La seule chose qui soit sûre, c'est que Julien est mort la seule fois où il a dormi près d'une femme. Mokhtar: merci, vous avez été vraiment en empathie avec le texte. J'adhère entièrement à votre interprétation, à ceci près qu'à mon avis ce n'est pas la manque d'amour, c'est un amour dévorateur et pathogène qu'on peut reprocher à la mère de Julien.
Contribution du : 03/03/2019 20:59
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Re : A propos de Comme une soeur |
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Senglar (bis) Naturellement je voulais écrire "réconfortant" en un seul mot !
Jfmoods Merci, comme toujours, pour la justesse pénétrante de votre lecture Malitorne : le texte ne fait pas partie de la catégorie "épouvante", même si j'ai parlé de conte de terreur. Je crois que vous me reprochez d'être dans le non dit, dans l'allusif, plutôt que dans la terreur explicite. Vous auriez voulu du gore. Vous devez adorer Stephen King (que j'apprécie aussi) Quant à moi, j'aime les effets à demi-mot, comme ceux de Richard Matheson. Avez-vous lu La robe de sois blanche? Tout l'effet de terreur, très fort, y tient dans la petite phrase de conclusion : "je suis remplie".
Contribution du : 03/03/2019 21:15
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Re : A propos de Comme une soeur |
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Frenchkiss : merci d'avoir consacré tant de temps à un texte fantastique, genre que vous dites d'emblée ne pas apprécier ! Dommage : c'est celui que je préfère! )
On peut effectivement être réfractaire au fantastique, mais je crois que vous vous trompez quand vous dites que le genre autorise n'importe quelle fantaisie à l'auteur. Je vous assure que le vrai fantastique a une logique qui lui est propre, et qu'il ne faut pas transgresser si on veut que le texte fonctionne. Le métier de Julien ne me paraît pas essentiel. Est-ce le conte ou la terreur qui est misogyne ? Le conte, bien sûr, mais cette qualification, plutôt ironique, n'est pas essentielle non plus. En revanche, je vais essayer de vous expliquer la fin. Julien souffre d'une phobie, qui remonte à un traumatisme d'enfance : il s'est réveillé un beau matin à côté du cadavre de sa mère suicidée. Dormir au près d'une femme est devenu pour lui un objet de terreur dont il se garde constamment. Pour lui, la femme '( autrement dit la mère) devenue compagne de sommeil est aussi terrifiante que la mort, elle est même la mort-même. Auprès de Viviane, il transgresse l'interdit qu'il s'est imposé à lui-même, et ils dorment côte à côte. Mais alors - et c'est là qu'intervient le fantastique) la phobie va rattraper Julien. Dans un état dont ni lui ni le lecteur ne savent bien s'il s'agit de la veille ou du sommeil, il se voit étranglé par Viviane. Est-ce un cauchemar? Est-ce un meurtre réel? Le texte ne tranche pas car l'ambiguïté est au cœur du fantastique, mais ce qui est sûr, c'est que Julien "ne se réveille pas". L'objet de sa phobie l'a bel et bien tué. Je ne sais pas si vous comprenez mieux. Je crains que non, vous devez avoir l'esprit trop cartésien, trop réfractaire à l'irrationnel.
Contribution du : 03/03/2019 21:45
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Re : A propos de Comme une soeur |
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02/10/2013 12:55 De La Thébaïde
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Bonjour Sylvaine,
Confortée, Soyez-le. Réconfortée, je me dis que si des auteures telles que vous éprouvent le besoin de l'être c'est que la littérature va mal... Gautier, Flaubert ont été des caravaniers, vous êtes une caravanière ! Le style n'a ni avant ni après. Laissons à Céline le privilège de l'incorrection. "D'un château l'autre" et l'inculte se pâme :) La langue parlée couchée sur papier vélin, quelle imposture ! Je mise sur nos postures à nous, langue vélin couchée sur le parler. LOl
Contribution du : 03/03/2019 22:44
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"Je suis le Ténébreux,- le Veuf,- l'Inconsolé,/ Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :/ Ma seule Etoile est morte,- et mon luth constellé/ Porte le Soleil noir de la Mélancolie." "El Desdichado" G. de Nerval |
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Re : A propos de Comme une soeur |
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Donaldo 75, merci de votre commentaire.
Contribution du : 04/03/2019 07:24
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