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Remerciements depuis L'outre-passage
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Je renouvelle ma reconnaissance envers le comité éditorial, d'un point de vue général mais aussi pour celui m'ayant permis ce pas supplémentaire dans la communauté onirienne.

J'invite mes précieux commentateurs (rares donc chers… !) à lire ci-après mes remerciements individués. Je comprends tout à fait que le registre et son traitement ont une "sécheresse" qui a dû "refroidir" nombre de lecteurs, mais je pense que la poésie, par l'ampleur de ses modes, a d'abord vocation à exprimer le fort ; le beau et le tendre doivent dans certains cas accepter d'être mis au second plan ou être différés… pour une "bonne cause".

Ce texte, déjà ancien de quelques années, s'inscrit dans une volonté à forme assez intuitive. Elle a le double avantage de laisser à "la technique" un rôle minimal et au déversement émotionnel la part essentielle.

Le thème du poème ne se cache pas, bien qu'il ne soit nommé que dans le titre, et de façon elliptique. Il s'agit de retracer les errances pensives, enveloppantes, dans lesquelles le narrateur/auteur s'est laissé allé en "assistant" à l'agonie d'un proche. Le sujet est terrible, à la hauteur de l'envahissement émotionnel de toute façon insupportable. Il lui a fallu trouver dès les jours suivants – nécessité vitale – de premiers petits entrebâillements pour avancer vers un retour à la lumière ; l'écriture s'est proposée.

Dans ce poème, j'ai constaté après la rédaction initiale, reprise de peu d'ajustements, qu'un côté clinique s'y était immiscé. Sciemment, je n'ai pas tenté de le corriger car il correspondait à une nécessité, celle de me permettre de supporter l'insupportable ; comme s'il avait voulu me rendre insensible à la scène. Les trois ressentis qui paraissent différents (Corto qui parle d'un certain voyeurisme – Davide qui évoque le côté "bavard" repoussant la poésie à la marge – Leni qui évoque une fin annoncée "sans émotion") procèdent d'une perception provenant de la même cause, cette orientation à la fois "distanciatrice" et sans réserve. Ce sont des avis qui sous-entendent une négativité, mais pourtant ils me confirment que l'écriture a bien tenu son rôle ; la poésie peut se nicher là pour moi, dans la tentative de dépasser les décevantes descriptions littérales. Ainsi, la relative déconstruction verbale au cœur du poème avance en parallèle avec la déconstruction de l'intégrité physique du mourant. Dans la dernière strophe, le decrescendo vital ira jusqu'à dépouiller l'expression de façon quasi clinique.

En amont, la première démarche avait été de faire front (faire affront à) face à l'inéluctable, d'en identifier les étapes comme pour mieux les appréhender et les déchiqueter, sorte de stratégie ; et puis surtout dans l'espoir inconscient que la "mécanique" s'enrayerait.

Pour finir, une importante petite précision au sujet du développement qui mène à un final plutôt déroutant. En effet, il ne laisse entrevoir ni explicitement ni implicitement une échappatoire dans quelque transmutation ; il bute à dessein sur le rien. Cette vision n'est pas le fait d'une croyance ou d'une incroyance, elle s'appuie sur l'inconnaissance de l'advenue ultime où toute "extrapolation" ne peut être que spéculative. J'imagine combien cette conviction pourra être dérangeante pour certains, je veux les assurer que je respecte leur sentiment, si différent soit-il du mien. Aussi, je crois, par contre, à l'écart d'un nihilisme poussé, que cet avis sans illusion a une contrepartie très vertueuse : elle renforce l'impériosité vitale, comprimant tout ce qui la compose à fin de densification.

***

@Corto – (bien)
Votre ressenti signale "un peu de voyeurisme", bien qu'il n'y en ait pas eu une once dans la réalité de l'émotion première, il a cependant toute sa légitimité. J'ai explicité plus haut par quel effet (pervers!?) le mode d'écriture avait pu produire cette impression. Je pourrais en être désolé, il me dérange simplement car je constate qu'il est un dommage collatéral de ma prise de risque conceptuelle.
Vu votre "acceptation" du thème en question "bien travaillé" et de son caractère implacable, je constate également qu'il a eu des résonances sensibles chez vous.
Merci beaucoup Corto de votre point de vue sincère.

@Provencao – (bien+)
Vous avez "beaucoup aimé cet invisible que l'outre-passage tente de conjurer en lui donnant une forme presque impossible". Je vois ainsi que nous sommes réceptifs aux mêmes problématiques, cette "question du sublime" que l'on cherche à signifier avec nos doutes et nos maladresses, pris en tenaille entre la crudité du réalisme et l'évanescence de l'émotion.
Merci beaucoup Provencao.

@Davide – (bcp-)
C'est amusant en effet ces conjonctions temporelles, improbables rencontres qui disent une proximité appréciable. D'ailleurs, en fin de commentaire, autre étonnement mais qui a ses raisons, de bonnes raisons, puisque nous avons été ensemble à apprécier un poème magnifique, de Damy : La musique s'est tue. Oui le thème a des ressemblances, Damy éploré devant sa poésie qui se meurt (même si on l'admire encore dans la noblesse de son poème) et mon "épleurement" devant l'être cher qui accomplit son outre-passage. Nos deux chemins d'expression sont pourtant bien opposés, une grâce certaine chez lui, une abrupte déconstruction chez moi. Je me réjouis cependant que tu y ais vu chez nous deux une " vastitude du regard et du paysage vertigineuse", une approche très proche donc.

Alors concernant "ce poème bavard" dont tu évoques ainsi "l'apnée déliquescente", là aussi je me réjouis qu'il ait pu t'agresser quelque peu, car comme je l'ai précisé plus haut, cette intention narrative assume son débordement, elle en est même le vecteur. Par contre, je tique quand tu suggères que : " L'empreinte philosophique du sujet ne doit pas nous faire oublier la poésie.". Dans mes précisions précédentes, j'ai, je pense, apporté des "circonstances" conceptuelles qui justifient en partie la façon de l'expression. Mais je voudrais étendre la réflexion, ce relatif "oubli de poésie" que tu regrettes m'interroge.
C'est un sujet qui me revient fréquemment comme une petite tape sur les doigts alors que j'écris, ma plume en tremble de temps en temps. Il arrive que je me la fasse à moi-même, mais le plus souvent elle vient d'autres évoluant aussi dans le domaine poétique. Il est bien légitime quand l'on désire écrire un poème d'y impliquer de la "poésie", seulement voilà, c'est quoi "ce qui fait poésie". Tarte à la crème pour le milieu onirien, sûrement, mais dont je voudrais ne pas me sentir prisonnier. Entre les classiques et les modernes, l'affaire n'est pas à remettre à plat, mais chez ces derniers, il y a bien des voies d'expression "poétique", plus ou moins teintées de notions classiques, voire beaucoup plus libres. Pour ma part, je veux pouvoir "utiliser" tous les registres (à part le classique où la technicité m'est pour l'instant en partie étrangère) ; dans certains la volonté peut être de faire poésie dans la crudité, d'autres dans l'éperdition sémantique, d'autres dans une simplicité candide, d'autres dans la joliesse ou l'humour, etc… Je pense que l'objet littéraire qu'est un poème ne doit pas chercher la poésie en amont de l'écriture, il doit en être une résultante éventuelle, plus ou moins affirmée, l'essentiel à mes yeux n'est pas de faire un poème mais d'écrire une puissance évocatrice. Pour tenter d'atteindre cette destination, le poème, par ses libertés formelles et foncières, lieu généreux pour se saisir du monde, doit pouvoir se prêter aux ambitions extrêmes du poète. Le poème, les mots sont des outils aux aptitudes exponentielles, je pense que l'identification de leur poésie est secondaire, l'essentiel est ce qu'ils produisent, l'agréable, le fort, ou les deux.

Tiens j'ai été étonné de : "l'usage excessif de mots rares donne une certaine emphase à l'expression". J'ai souvent la crainte d'évoluer dans une relative pauvreté de vocabulaire, en l'enrichissant un peu, aurais-je été un peu trop loin ? Je ne vois pourtant que quatre ou cinq termes assez peu courants, mais sans prétention…

En me confiant qu'il y a "tant de belles images" et que tu as "trouvé "l'architecture" du poème magnifique", tu me rassures amplement, d'autant que je constate que cette impression est sous-tendue par une compréhension fine.
Merci beaucoup Davide.

@Leni – (bcp)
Tu auras aussi trouvé plus haut des informations complétant ton appropriation de mon poème.
Tu as trouvé que cette "fin annoncée" était décrite "sans émotion", j'ai failli en être étonné, et pourtant j'en suis le prescripteur. C'est très bien vu de ta part (et tu as vu ce que j'en dis plus haut)

Une "curiosité" surréaliste que ce poème pour toi, ça je le revendique et quand je t'entends faire ce rapprochement pour l'apprécier avec "La girafe en feu" de Dali, j'en suis plus que ravi.
Merci beaucoup Leni.

@Papipoete – (bien+)
Votre interprétation parle tout à fait dans le champ évoqué, je m'y reconnais en cela qu'elle redit notre "démunition" face à la descente dans les derniers instants qui mènent à la fin ultime. Si bien qu'aucun sourire, ni bondissement, ne viendront me ravir l'esprit à votre lecture. Je vous sens affecté comme moi, j'aurais plus envie de vous prendre par l'épaule et vous remercier d'avoir bien voulu vous joindre à moi dans ce regard affligé, sans chichi.
Écriture intuitive, oui sûrement dans le premier jet, ensuite la réflexion produite m'a renvoyé une imagerie cohérente avec mon premier saisissement. J'ai retravaillé quelques éléments formels, mais le minimum pour conserver la crudité de l'instant, une sorte de vérité comme pour me soustraire aux évitements qui négligeraient l'importance et la prégnance de ce qui s'est passé.
Merci beaucoup Papipoete.

Contribution du : 19/09/2019 14:49
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Re : Remerciements depuis L'outre-passage
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Bonsoir Vincente,

Bravo pour ce retour remarquable où tu décris en profondeur la démarche qui est la tienne.

Je retiens avec grand plaisir ces quelques lignes excellentes:
"l'essentiel à mes yeux n'est pas de faire un poème mais d'écrire une puissance évocatrice. Pour tenter d'atteindre cette destination, le poème, par ses libertés formelles et foncières, lieu généreux pour se saisir du monde, doit pouvoir se prêter aux ambitions extrêmes du poète. Le poème, les mots sont des outils aux aptitudes exponentielles, je pense que l'identification de leur poésie est secondaire, l'essentiel est ce qu'ils produisent, l'agréable, le fort, ou les deux."

Dans cette démarche la réception du poème par le lecteur est bien entendu fortement influencée par son vécu personnel, immédiat ou lointain.

Tous mes encouragements et mes remerciements pour ce partage.

Corto

Contribution du : 19/09/2019 23:26
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Re : Remerciements depuis L'outre-passage
Visiteur 
Bonjour Vincent,

Je viens de lire ton dernier poème sur Oniris. En ce moment je suis à court des bons mots pour commenter comme il se doit. Toutefois le com de Davide colle parfaitement à ce que je pourrais exprimer sur ta poésie.

La réponse que tu lui fais ici est d'une clarté absolue : je trouve que vous maniez tous deux la plume et les sentiments avec la même sensibilité et intelligence. Tous les deux vous savez très bien prendre le recul et analyser vos positions avec un verbe riche.

Ceci dit, même si je ne suis pas certaine de pouvoir soutenir un quelconque débat en ce moment, la poésie, pour moi, c'est cette étincelle qui surgit miraculeusement entre ''l'agréable et le fort'', comme tu le dis. Rien ne peut se préméditer. On peut être un as en matière de calcul des pieds, des rimes et autres règles prosodiques, mais je ne crois pas que quelqu'un soit en mesure de calculer sur commande le ''bon mot'' la ''bonne image'' qui va favoriser l'envol. Sinon n'importe qui serait en mesure de nous envoyer au septième ciel rien qu'en apprenant et appliquant la recette de base ;)

Un poème ne peut pas être une seule notice d'explications, aussi bien écrite soit-elle. Il lui faut cette touche particulière pour entraîner dans l'émotion en faisant vibrer plus ou moins fort cette part sensible que chaque lecteur porte dans ses coins reculés.

Concernant ton poème, l'intention est là, mais encore bridée... Tu peux tout dire comme tu l'as fait, mais entre les lignes il faut rajouter ces quelques épices rares que toi seul connaît, que toi seul est en mesure de libérer, pour que tu nous fasses décoller avec toi.

Pardon pour l'intrusion sur ton fil, mais je n'ai pas pu m'empêcher de te donner mes impressions, en supposant qu'elles soient claires ?...


Cat

Contribution du : 20/09/2019 08:46
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Re : Remerciements depuis L'outre-passage
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Bonjour Vincente,

Merci pour ces retours riches et éclairants.

Je ne cesserai de m'enrichir en te lisant - comme auprès des autres oniriens d'ailleurs.

En écrivant "mots rares", j'entendais les mots "dévolues", "morfondus", "mollassonnes, "tors", "sépia", "rase-mottes", "déliquescence", "mirifique", "prédictives" etc.
Non que ces mots soient d'un usage exceptionnel, mais leur emploi en poésie se remarque et donne à ton texte un petit côté emphatique.

Je reprends le passage relevé si justement par Corto :
"l'essentiel à mes yeux n'est pas de faire un poème mais d'écrire une puissance évocatrice. Pour tenter d'atteindre cette destination, le poème, par ses libertés formelles et foncières, lieu généreux pour se saisir du monde, doit pouvoir se prêter aux ambitions extrêmes du poète. Le poème, les mots sont des outils aux aptitudes exponentielles, je pense que l'identification de leur poésie est secondaire, l'essentiel est ce qu'ils produisent, l'agréable, le fort, ou les deux."

Je te rejoins là-dessus : "poésie" est un mot fourre-tout ! J'entends par "poésie" ce que tu appelles "puissance évocatrice", laquelle peut se parer d'un certain lyrisme élégiaque, d'un humour grinçant ou se réduire à sa plus simple expression, en quelques vers (ou mots) évocateurs.

Dans ton poème, cette puissance se retrouve (à mon sens) diluée, sans doute à cause de sa longueur et d'un vocabulaire un peu trop recherché par endroits. En tout cas, cette "cohésion" se devine plus qu'elle ne se découvre.

Je suis tout à fait d'accord avec le commentaire de Cat - que je remercie au passage pour ses "compliments" : "l'intention est là, mais encore bridée... Tu peux tout dire comme tu l'as fait, mais entre les lignes il faut rajouter ces quelques épices rares que toi seul connaît, que toi seul est en mesure de libérer, pour que tu nous fasses décoller avec toi."

Je suis très sensible à ta largesse d'esprit, ce qui me fait aimer ce poème, mais les "outils" dont du parles (les mots) ne réussissent pas totalement ici - selon moi - à magnifier le regard (contrairement à d'autres de tes poèmes, comme "Don", "La poussée" etc.).

Bien à toi,


Davide

Contribution du : 20/09/2019 12:44
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Re : Remerciements depuis L'outre-passage
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Bonjour Louis,

Je parlais, dans mon retour à Davide, de la "générosité" de la poésie en tant que lieu d'écriture, après avoir lu votre "généreux" commentaire, je pourrais étendre ce champ à celui de la richesse des échanges.

Avant de poursuivre, je brise un principe, en vous remerciant chaleureusement dès maintenant. Votre implication à me commenter ne s'est pas contentée d'être attentive, votre discernement y est pertinent, précis, vous élargissez la focale, les focales, de mon intention, les mettant en perspective avec en arrière-plan de grands ressorts du passé ; et puis, sûrement le plus précieux, vous apportez plus qu'un avis, vous enrichissez la portée de mon poème par des extrapolations inspirées. Vous l'aurez compris, je suis ravi de votre avis ("ravi" au deux sens du terme, saisis et réjouis).

Pour prolonger quelques points que vous annotez, je voudrais ajouter ici quelques remarques.
Les "particules" sont bien celles du corps, essentiellement, mais elles jouent aussi un double jeu. Je les ai vues également comme des signes, de fait insignifiants dans ces moments ultimes, dont la société a exagéré l'importance (ceux des titres en général : noblesse, clergé, grands élus, académiques, etc…).
J'aime beaucoup votre rapprochement avec les "particules" de Lucrère qui ne "s'anéantissent pas". Je les vois aussi comme cela, dans une sorte de redistribution atomique. Si elles se dispersent et semblent disparaître, c'est pour se recombiner d'une autre façon ; la création sur ce plan n'intervient pas sur les particules elles-mêmes, mais sur leur agencement qui crée des propriétés particulières. Notre corps est une agglomération de ces micro-éléments qui tiennent ensemble dans une relative harmonie magique. Quand s'inscrit l'outre-passage, un vol qui chante la liberté de chacune, en quête d'un nouvel accouplement, une nouvelle association, signe leur émancipation. Du rien d'être seul, élément premier, au tout d'être une réalité constituée. La fonte et le morfondu se sont exprimés ainsi. Effectivement, nous sommes sur ce plan en amont de l'organique, dans une énonciation rationnelle, une volonté de prendre du recul, beaucoup de recul face à l'événement.

Ensuite mon propos, comme vous le soulignez, va devenir moins maîtrisé. Les idées affluent, elles agacent les sens, les sonorités lancinent des débattements expressifs, elles déborderont la réflexion. Une sorte de désabusement s'empare alors du narrateur. Il lui faudra à nouveau perdre toute illusion, le "processus", presque banal, va continuer à produire son ignominie.

Je me retrouve pleinement dans votre interprétation ensuite, et jusqu'au bout. Autour des mots de Pascal, vous proposez une réflexion très à propos concernant les "illusions", leur "nécessité" est en question et j'imagine bien qu'une réponse manichéenne serait inadéquate.

Très intéressant ce souffle que vous mettez en avant en final, il est celui de la vie qui va jusqu'à produire ce "pschiiitt". Je rajouterais qu'il est aussi celui du début où le vol des particules rappelle qu'elles ont aussi dans leur destinée nécessité à profiter du vent pour se redistribuer.
Merci beaucoup Louis.


@Corto
Merci d'avoir fait ressortir de mon retour ces quelques lignes qui t'ont séduit : "l'essentiel à mes yeux n'est pas de faire un poème mais…". Tu as bien saisi qu'il s'agissait là d'un axe fondamental dans ma démarche.
Tu parles de l'influence impérieuse du vécu personnel devant celle-ci, oui, mais n'en est-il pas toujours de même quand l'auteur se marie avec le narrateur pour crier ses épanchements ? Et puis, je crois qu'il y a réciprocité dans cette impériosité, entre celle du lecteur et celle de l'auteur.


@Cat
C'est très gentil de me confirmer que je peux être entendu et puis, tu es la bienvenue sur "mon fil" et même plus, c'est un plaisir que tu sois là.

L'étincelle "entre l'agréable et le fort", je voudrais lui faire écrin, mais… ce n'est pas gagné ! Peut-être faut-il que mon accueil soit plus simple, pour que sans préméditation, ni invitation, elle n'hésite pas à entrer et se sentir bien entre mes vers. Je devine ce que tu veux signifier, je discerne bien souvent la différence chez les autres poètes.
Merci Cat, au plaisir.

@Davide
Je me réjouis de ton avis sur ces "mots rares" qui alourdiraient mon poème. Figure-toi que je tombe un peu des nues et pourtant je vois que tu as sûrement raison dans le principe. Si j'étais peintre, je crois que j'aurais une propension au "colorisme" plutôt exacerbé. En écriture, et surtout en poésie, je voudrais jouer plus librement des jeux sonores et des contrastes de l'imagerie, ou des nuances tonales ; je vais voir si j'arrive un peu à me calmer là-dessus.

Et puis cette "dilution" de la "puissance évocatrice" du poème dans ces "trop", dommageable puisqu'elle affaiblirait le texte au point de ne pas réussir suffisamment "à magnifier le regard".

Merci beaucoup Davide de tes réflexions pertinentes.

@Cristale
Je reçois avec beaucoup d'intérêt tout ce que vous me dites dans votre commentaire, que ce soit au sujet de vos perceptions d'ordre technique (passionnantes) sur ce que vous appelez "le joli travail" comme sur celui de votre interprétation (réjouissante, je développe cela plus bas).

Mais je vais devoir vous faire un aveu en préalable. Mes façonnages sonores sont en grande partie dus à une volonté… subconsciente. Ils résultent de la conjonction de deux prédispositions : d'une part, l'envie sous-jacente de "coloriser" le phrasé et, d'autre part, l'imprégnation de l'état d'esprit du moment de l'émotion qui donnera corps au poème.
Dans la première, il s'agira surtout dans les faits de ne pas fuir les propositions qui me traverseraient l'esprit, mais plutôt de retenir les plus intéressantes, et de les exciter au besoin. Dans la deuxième, je tente une immersion dans l'ambiance initiale pour inciter mes articulations verbales à l'exacerbation ; par exemple, dans ce cas-ci, je me rappelle d'une sorte de crispation qui me serrait la mâchoire, un peu comme quand l'on a mâchouillé un chewing-gum trop longtemps et qu'il nous escagasse ; ainsi dans celles-ci "et les gestes s'enlacent autour de la nasse / et le jus sépia pourlèche sa tache." ou "l'état de grâce engraisse des garces ignorées,".

Ce qui est sûr cependant, c'est qu'en relevant au sujet des sonorités : " ça suinte, ça chuinte, ça chante, ça crisse, ça froisse, ça frissonne, ça hurle, ça souffre", vous m'apportez une satisfaction importante puisque mon intention a cherché de la pertinence en ce sens, une atmosphère particulière devait se créer autour de ce contexte mélodique. À défaut de rimes et de métriques rigoureuses, le libre se doit de profiter de tous les arguments à sa disposition, en voilà un.

Et puis, plus regrettable encore pour moi, car j'aurais voulu en être le maître, je n'en ai été que le vecteur, et puis aussi un peu l'instigateur mais pour une raison indirecte, je veux parler des deux paires de vers qui introduisent dans l'ordre toutes les voyelles. Ainsi, je dois surtout remercier l'écriture intuitive (et a posteriori vous aussi chère Cristale qui avait su les remarquer). Ma posture bienveillante à l'égard des "harmonies" nécessaires (indispensables) a fait le reste. D'ailleurs, je me demande dans ce registre s'il n'y aurait pas là une correspondance vertueuse entre les "classiques" et les "modernes" ; car ce qui crée des vibrations perçues au fil des ans comme étant des agencements agréables que des règles empiriques ont mûri, peut aussi, de façon plus incertaine peut-être, s'obtenir depuis une sensibilité intuitive.

Quant à votre interprétation, elle a la générosité de votre talent (votre premier qui devance celui de la technicienne), et je me réjouis d'avoir pu "insuffler" dans votre subconscient pareille évocation ; mon cas à moi était plus organique. Ce qui est intéressant c'est aussi là le rapprochement avec le poème de Damy "La musique s'est tue" qui est venu à l'esprit de Davide. En effet, ces deux vérités situationnelles peuvent se révéler très proches, tant le poète respire de et par sa poésie.
Et puis "la vie est tout un poème" comme vous le dites si justement.
Merci beaucoup Cristale.

Contribution du : 20/09/2019 17:07
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Re : Remerciements depuis L'outre-passage
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Bonjour Jocelyn,

Ravi de te voir du côté poésie d'Oniris et qui plus est sous un de mes textes.

Je reconnais dans mon poème la part de "combat" que tu évoques, l'adversité ici a les yeux et les armes de la finitude, mais aussi de nos "méninges" tourmentées qui doivent se défendre, question de vie ou de mort. Ta lecture et ton commentaire me plaisent et correspondent à la mise en évidence/mise en errance de la scène que je voulais exprimer, dans toute son ambiguïté.

Ah ! et puis toi aussi tu me dis que le vocabulaire est plutôt fourni (je vais donc devoir y croire sans évitement... !), presque trop, mais c'est une richesse qui participe de mon style... Que chacun n'en est été pas rebuté systématiquement comme toi me rassure.

Par contre, je voudrais te contredire sur ton "mais au bout du compte, quelle importance". Je crois que ça a de l'importance, mais sans exclusivité, il n'est pas question de se morfondre chaque jour dans ce dévers angoissé, ce serait plutôt pour moi une sorte de vaccin, un mal qui, à petite dose ajustée, peut soigner notre quotidien et lui permettre les joliesses.

Merci beaucoup Jocelyn.

Contribution du : 21/09/2019 15:00
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Re : Remerciements depuis L'outre-passage
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Surtout, un grand merci à vous Vincente.

Vos retours sur commentaires sont un plaisir dont on ne se lasse pas tant ils ouvrent, avec patiente et générosité, de multiples fenêtres sur la lumière de vos mots.

Merci encore.

Au plaisir de vous lire à nouveau,
Cristale

Contribution du : 21/09/2019 20:31
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