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"Le chant de la mer" vous remercie
Expert Onirien
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Coucou à tous !


Le chant de la mer évoque, par métaphore filée, une histoire d’amour avortée peu après le mariage des amants. En réalité, le narrateur y rapporte, rétrospectivement (dans un présent narratif), comme une réminiscence donc, "le basculement de l'amour en chagrin" (Vincente).

Bon, je vais tenter de répondre aux différentes questions/remarques qui m'ont été faites dans les commentaires :

v1 : certains l’ont remarqué, ce vers est un clin d’œil à la chanson La non-demande en mariage de Brassens, une très belle chanson où celui-ci déclare dans le refrain : "Ne gravons pas nos noms au bas d’un parchemin".


v2 : l’expression "l’amour nous honore" me semble tout à fait juste, autant que celle des amoureux qui honorent l’amour. Non ? Le verbe "faire" ("il fait beau"), bien que banal, au même titre que être et avoir, n’est pas interdit en poésie, et heureusement ! Ici, j'ai choisi la simplicité.


v4 : "la vie augure" est tout à fait valable en poésie classique, même à la césure, puisque le e est élidé (suivi d’une voyelle).

v5 : l’entame du deuxième quatrain, avec ce "Dix mois" (jeu de mots : "dis-moi") voulait souligner, avec une once d’humour, les "dangers" potentiels du mariage, comme le suggère la chanson de Brassens. Au même vers, je comprends que certains n’aient pas aimé le verbe coaguler ; en effet, c’est un terme médical bien éloigné du registre maritime ! Mais perso, je l’aime bien !


v10 : Un baiser dans le cou n’est pas forcément désagréable, mais dans le contexte, il s’agit davantage d’un baiser refusé. Comme le dit si bien papipoete : "ma bouche qui vers toi s'approche cueillir un baiser, trébuche sur la tienne qui se détourne".


v11 : le verbe "amenuir" est une variante du verbe "amenuiser". Rare, quoique encore employé de nos jours, il est un héritage du Moyen Age et de la Renaissance. Wiktionnaire en fait mention : https://fr.wiktionary.org/wiki/amenuir

v14 : ce dernier vers pouvait être compris de différentes façons, car "je te garde une place" peut être appréhendé dans un sens propre comme dans un sens figuré, le deuxième sous-entendant : "je te garde une place dans mon cœur". Rapport au titre, comme il s’agit d’un chant d’amour, la deuxième acception m’est apparue la plus évidente, mais la première, celle de l’espoir, en est une autre. De plus, la locution "à l’abri de", comme le remarque justement Hiraeth, peut signifier ""sous la protection des étoiles" ou au contraire "protégé des étoiles"". Si le premier sens apparaît plus évident, la nuit noire de la tristesse peut donner raison à la seconde !


Les virgules : strico sensu, poétiquement parlant, je suis tout à fait d’accord avec vous, jfmoods, sur l’emploi des virgules (au lieu de points-virgules ou de points). En fait, j’ai voulu m’octoyer une certaine liberté dans l’écriture en m’appuyant sur la ponctuation naturelle des fins de vers. Je pense que trop de points-virgules (voire de points) auraient eu pour effet de casser le rythme du poème. Et, à mon sens, ce poème souffre déjà d’une certaine monotonie...

Les sonorités en fin de vers : Cristale, tu as justement remarqué – mais cela doit-il m’étonner ? – les ornementations à la rime, avec des mots aux sonorités proches et douces (voyelles "o" et "a") : "honore"/"aurore", "carmin"/"ta main", "sémaphore"/"s’évapore" , "orage"/"naufrage". Pour répondre à Hiraeth, j’adore la délicatesse des rimes en "min" !


Le titre et l’exergue : la citation de l’exergue, je l’ai reprise à mon poème Cœur-naufrage, dont le thème est sensiblement le même, mais dont le traitement, lui, s’articule bien différemment. Maurice Bouchor, comme le précise emilia, a chanté l’amour romantique ; son ami et compositeur Ernest Chausson l’a mis en musique dans le beau et troublant "Poème de l’amour et de la mer". Quant au titre, certains d’entre vous l’ont précisé, "Le chant de la mer" est un chant de l’amour comme un chant de l’amer. "Un couple indissociable" comme vous l’écrivez, emilia.

La poésie classique : Pour vous répondre, Eclaircie – comme vous arguez avec raison que la poésie classique est "depuis longtemps utilisée" et qu’il "est difficile de se démarquer" – je vous dirai que la poésie libre, aussi, est très ancienne, apparue dans la deuxième moitié du XIXe siècle, mais il en existe des traces remontant à la Renaissance. De fait, en soi, un poème n’est pas plus innovant parce qu’il est libre... N'est-ce pas ? Quoique, je le reconnais, le libre offre une palette de couleurs bien plus diversifiée.

Un grand merci à vous tous, papipoete, Gabrielle, Anje, Miguel, eskisse, Corto, Vincente, Castelmore, Myo, Cristale, Hiraeth, Eclaircie, jfmoods, Provencao et emilia, qui avez, dans l’ensemble, apprécié ce poème. Un grand merci à toute l’équipe onirienne pour la publication.

Contribution du : 22/05/2020 17:25
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Re : "Le chant de la mer" vous remercie
Expert Onirien
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Merci Davide pour ce retour instructif.

Je voudrais juste préciser qu'on peut trouver le verbe amenuir (effectivement pas très usité en 2020), dans le dictionnaire du moyen français de Frédéric Godefroy

micmap.org/dicfro/search/dictionnaire-godefroy/amenuir

qui est la référence utilisée par Wiktionary.

[GD : amenuir ; FEW VI-2, 137a : minutus]
Empl. trans.
A. - "Diminuer"
- Empl. abs. : Et se plus y ai de terre de par madite femme en icelle ville, si les advoe je à tenir, comme dit est, en faisant protestacion que se trop ou po avoie mis en mon present denomement, que je y puisse accroitre ou amenir sens prejudice ainsi que il appartenra. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1350, 134).
B. - "Affaiblir, ôter de sa valeur à qqc." : ...je, voiant et considerant la condicion de la terre de l'empire de Grece et de la devant dite seigneurie, comment et en quelle maniere elle estoit : premierement, apprainte et grevee de guerre avec ses voisins grans et puissans, tant crestiens comme paiens, et mauvesement ordenee selonc la fourme des armeürez et le cours de nature (...) ; et lezquelz chosez toutez amenuissent et degastent chascune seigneurie et chascune terre. (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 107).


Contribution du : 22/05/2020 17:48
_________________
Sur des pensers nouveaux, faisons des vers antiques. (A. Chénier).
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Re : "Le chant de la mer" vous remercie
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Merci beaucoup Anje pour la référence. Je ne l'avais pas ! Et puis, l'on y trouve avec plaisir le joli mot "amenuisance" (diminution, affaiblissement) !


Merci beaucoup Quidonc pour votre lecture attentive de ce "drame décliné en sonnet" !

Contribution du : 23/05/2020 13:56
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Re : "Le chant de la mer" vous remercie
Expert Onirien
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Merci beaucoup Louis pour votre commentaire.

"L’amour donne au temps sa dimension, avec un début, une fin, et la durée qui joint l’un à l’autre."
Vous avez trouvé là une bien belle manière d'entrée dans mon poème, de l'éclairer de votre virtuose sensibilité. Et votre petit clin d’œil à Jacques Brel (avec sa magnifique La chanson des vieux amants) me fait bien plaisir. Une occasion de réécouter celui qui a su si merveilleusement chanter l'amour, l'amour déçu, l'amour perdu...

Contribution du : 26/05/2020 15:30
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