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Le père Mâchin vous remercie |
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Maître Onirien
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Le père Mâchin, doit voici les déboires : http://www.oniris.be/poesie/cyrill-l-homme-sans-majuscule-11399.html
Quand j’ai commencé à écrire cette histoire, je ne savais absolument pas où j’allais. J’ai planté là mon bonhomme avec sa tire tombée en panne et advienne que pourra. Petit à petit m’est venue l’idée de cette dictature arrivée comme par le hasard des circonstances et de l’assentiment d’une foule en recherche d’idéal. L’idée d’un gars en mal de reconnaissance qui aurait envie de faire la pluie et le beau temps (exact, Pouet) ailleurs que dans son logis, où il semble bien mal compris. Ça se passe sans doute plutôt dans sa tête, il a juste dû traîner plus que de raison dans un bistrot à ingurgiter des demis, mais peu importe. Et je l’imagine éviter de justesse le rouleau à pâtisserie, voire le balai de clôture de sa bourgeoise, parce que bon, tout de même, trop c’est trop. Je suis depuis longtemps fasciné (et désolé aussi) par les dictatures, leur installation, les malentendus et l’arbitraire qui les caractérisent, leur pérennité. Je me demande comment ça se fait que, qui quoi et où. Comme je ne suis pas historien j’ai imaginé une réponse plutôt loufoque, à porter à la connaissance de l’humanité pour son plus grand bien. La voilà donc dans cette fiction. Cela dit, j’ai été plus enclin à me soucier des déboires d’un homme en particulier qui d’une simple dérive déhambulatoire en arrive à s’imaginer maître d’un monde miniature. Il faut dire aussi que mon personnage de gars paumé au comptoir d’un estaminet me poursuit et finit par devenir récurent… Faudrait que je me renouvelle :-/ Il m’a plu (sourires) d’inviter un orchestre, parce que les dictatures accompagnent toujours leur propagande - et leur armée - d’une musique officielle et cadenassée. J’ai imaginé Staline pour la moustache, Pinochet pour le tango. Peut-être un peu Fidel Castro mais ça me désole, j’aurais tant aimé que « l’impérialisme américain » permette à cette révolution d’avoir une heureuse résolution ! J’ai également vu Charlie Chaplin dans « le dictateur », la scène où il joue au ballon avec la terre. Je me suis amusé à faire perdre son apostrophe (son chapeau) et sa majuscule au général trucmuche. À propos de majuscule, le premier titre auquel j’avais pensé était l’homme sans majesté, mais on n’en est pas loin dans l’idée. Je me suis régalé avec la langue et toutes ses possibilités, les mots et leur sens, et leurs sonorités. J’ai tenté de garder le rythme entre octosyllabes et hexasyllabes, ce « procédé » habite ma démarche depuis longtemps : je pense en rythme, c’en est presque pénible parfois. En tout cela j’ai espéré faire acte de poésie. Je dois reconnaître que ce texte est long comme un jour sans pain, et qu’il attire peu de lecteurs. Tant pis, tant mieux. Les commentaires me sont d’autant plus précieux, et je vous remercie tous avec chaleur. Ils m’aident toujours à me connaître mieux. papipoete, en entendant dans ta bouche les mots que Lucchini aurait sans aucun doute prononcés, mes esgourdes en frétillent de joie ! Je suis bien désolé d’avoir provoqué l’incendie neuronal qui t’empêcha de piger mon écrit tout en l’appréciant (me semble-t-il). Il n’empêche, tu traitas mon texte de « loufoquerie », de « guerniquesque », de « travail titanesque mais écrit de plume en velours » et je t’en sais grand gré, ce sont de sagrés gompliments ! Et les souhaits que tu formules sont également les miens : « Comme je voudrais que des amateurs éclairés... ». On le verra plus bas, ils ont été exaucés. Alors merci, tu dois avoir une baguette magique. Corto, moi je dis qu’on devrait noter les commentaires, l’humour du tien m’a arraché quelques rifougnements bien agréables. Le « cow boy sautant sur un bovin récalcitrant », oh la métaphore ! « personne [n’a] décidé qu’un auteur devait écrire pour le seul plaisir d’écrire », c’est vrai, je suis bien d’accord. Il prend le risque cependant de perdre pas mal de lecteurs, et là j’en ai perdu, faut bien le reconnaître. Pas pour toujours j’espère. Je n’avais pas l’impression que les situations étaient juste « plus ou moins reliées par quelques notes musicales ». Elles s’enchaînent parfois selon l’esprit des mots pris au pied de la lettre ou selon ce qu’ils m’évoquent. Mais là encore, je le reconnais, j’ai dû surestimer la complicité que j’espérais entre le lecteur et moi. J’en viens à toi Robot. Que de toute évidence j’ai très vite perdu en chemin. J’ai bien hésité avant de proposer ce récit. Est-ce de la poésie ? Ben j’en sais rien de rien. Est-ce que du rythme et des assonances suffisent à classer cette histoire très racontée dans la section poésie ? Je me pose encore la question, et je comprends que tu sois resté « à distance ». C’est peut-être moi qui suis « inadapté » à transmettre l’idée de poésie qui pensé-je habite ce texte. Pouet, j’ai passé une nuit de bonne déprime sur le mode « je suis incompris » avant de lire ton commentaire le lendemain matin. Ah ! quand même il y a quelqu’un dans ce vaste monde qui a apprécié sans retenue, et passionnément flèche en haut, rien que ça ! Envolée la dépression. Que de bonnes ondes et plaisir à lire : « joyeuse désespérance », « critique », «acceptation de l’absurde », sans compter les références que tu cites : Kafka : je n’y avais pas pensé alors que j’ai beaucoup fréquenté. Ubu : pas pensé non plus mais je ne connais pas bien. Glloq : je connais encore moins sauf en ce qui concerne l’épellation. Alice au pays des merveilles : là oui je connais et reconnais que oui, j’ai été inspiré par, sans doute. Je ne cite pas tout, je salue ta culture ! Et je suis un rien flatté et surtout content de tout ce que ça a évoqué chez toi. J’en finissais, à force de relectures et de dépréciation, à me demander si ce bien long poème avait vraiment quelque chose à dire ou si ce n’était pas complètement gratuit. À l’origine, je comptais écrire en exergue un extrait de « L’homme sans qualités » de Musil, mais j’ai trouvé que c’était drôlement prétentieux. Du coup je m’en suis abstenu, d’autant plus que j’ai lu ce roman il y a des lustres et que je ne saurais vraiment expliquer en quoi mon écrit pouvait se rapporter à l’autre. Allez, je le livre maintenant cet extrait, toute honte bue : « On ne sait pas exactement comment se produit cette transformation qui, à certains moments, compose d'une quantité de volontés éparses une seule volonté massive, une foule capable des plus grands excès en bien comme en mal mais incapable de réflexion » Robert Musil, Der Mann ohne Eigenschaften. En allemand s’il vous plaît, parce que la traduction est "L’homme sans carractéristiques" Larivière, pareil qu’avec le commentaire De Pouet, tu m’as bien remonté le moral. Je suis entièrement d’accord sur ce point qu’il n’est pas nécessaire de tout comprendre d’une poésie pour l’apprécier. J’aime assez, en tant que lecteur, en rester à une appréciation 'atmosphérique' ou à des supputations. Une lecture de lecteur, quoi, qui ajoute à l’intention de l’auteur sa propre interprétation, sa propre émotion. J’ai pour été positivement ravi que tu aies remarqué "ce texte singulier, sonore et bien rythmé". C’est tout le travail de mon écriture dans sa forme. Vincente, je retire de ton commentaire un relatif échec dans mon désir de communiquer par l’absurde quelque chose qui soit autre chose qu’un jeu enfantin. Mais il y a de ça, j’en conviens. Le jeu « Marabout, bout d’ficelle » est tout à fait pertinent pour décrire le fil de pensée qui a guidé mon écriture. Je suis resté un grand enfant. Bien content des passages que tu cites au sujet duquel tu t’es régalé. Désolé pour les autres que tu ne cites pas mais qui t’ont paru peut-être un peu lourdingues, si j’ai bien compris. Désolé aussi que tu n’aies pas vraiment embarqué pour ce voyage au pays de cet irrationnel qui a guidé ma plume. Une autre fois, comme on dit ici. Ah ! je retiens aussi Queneau, tiens, dans mon florilège de références. Zazie s’amusait beaucoup aussi, une virtuose, elle ! Cat, c’est avec plaisir que je rajoute une perle à mon collier de commentaires. J’aime ton enthousiasme et ta lecture empathique. Si tu te sens chez toi alors fais comme chez toi. Un café, un thé ? Et avec toi je m’exclame haut et fort « Vive la fantaisie ! Vive la musique ! Vive les récits poétiques ! » Et vive la démocratie, que je rajoute en m’époumonant au cas où on m’aurait catalogué défenseur des dictatures. Manquerait plus qu’on m’estourbisse et me raccourcisse pour ça dans la démocratie qui est la nôtre. Grand merci encore à tous, salut et fraternité !
Contribution du : 26/11/2021 12:00
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Re : Le père Mâchin vous remercie |
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Cyrill,
J'aperçois aujourd'hui un peu mieux ce qui ce qui m'a dérouté de, peut-être, ton intention première, le côté "dictature" du quotidien, des contextes impérieux face auxquels la vie met plus durement certains (certains que nous sommes bien souvent virtuellement dans le risque de devenir…). Je pense que ce sont toutes ces "dérives" (aimables) dans l'expression, que ce soit dans leur quantité particulièrement goulue, un brin soiffardes même, que ce soit à cause de l'éloignement de leurs évocations par rapport à la ligne narrative, pourtant très sinuante, que ce soit par la coloration très sourieuse du verbe, joueuse et peut-être oubliant son malheur ou comme voulant le juguler. Enfin il me semble que cette abondance de la forme et des images mise en scène a saturé mes capacités cognitives et je me suis réfugié dans la simple jouissance émotionnelle des passages plus "puissants" ; pris dans un flux qui a pu me noyer, je me suis raccroché aux meilleures branches qui me tendaient les bras. Peut-être est-ce là une question que je (ou tu) peux me(te) poser : pour quel fil, d'eau, de suspension, de narration, suis-je prêt à accepter l'immersion en vue de gagner l'autre rive, celle d'une révélation liée à ma traversée… ? Il me faut du corrélatif, et parfois je me délie du texte qui en manque. C'est très personnel, et ne remet pas en cause ton propos, je constate grâce à lui, à nouveau, qu'il me faut un contenant narratif peut-être plus dévoué à son fond qu'à sa forme. Dans un récit poétique en particulier, je préfère ne pas trop divaguer hors de l'intention poétique et narrative, je veux rester "collaborant" avec l'esprit qui le produit, je ne veux pas œuvrer à une lecture unilatérale.
Contribution du : 26/11/2021 13:07
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Re : Le père Mâchin vous remercie |
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Maître Onirien
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Idem Vincente, je comprends mieux ce qui t'a dérouté dans ce texte.
Pas pu m'empêcher de foisonner en excentricités de forme, qui sont autant de parenthèses dans des parenthèses, de sorte que l'on peut perdre de vue le fond de mon propos. Alors que moi-même je tenais le fil de ce propos, je n'ai peut-être pas su réaliser que ce fil pouvait être invisible pour le lecteur, voire pouvait se casser. J'ai dû je crois me laisser guider par la forme et toutes les digressions qu'elle me suggérait. Cette 'dictature du quotidien' est bien ce qui a motivé la trame de mon histoire. Celle qui nous fait accepter les yeux mis-clos quelques incohérences, celle des injonctions contradictoires, des hasards. Je l'ai poussée jusqu'à l'absurdité et la drôlerie, mais peut-être sans assez de retenue pour que mon intention soit encore accessible.
Contribution du : 26/11/2021 14:56
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Re : Le père Mâchin vous remercie |
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Maître Onirien
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08/06/2013 21:10 Groupe :
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Merci Donaldo pour ton commentaire. Je suis ravi que tu aies remarqué et mis en avant le « contrechant en italique » qui vient accompagner et nourrir mon récit. C’est tout à fait ce que j’avais à l’esprit.
« ubuesque à tendance extra-terrestre » me convient parfaitement même si tu dis n’avoir pas tout saisi de mon texte. Je ne suis pas persuadé d’avoir tout compris non plus, mais les commentaires comme le tien m’y aident. Précisément sur l’aspect musical. Le récit poétique m’a trouvé, et vice versa. Je ne sais pas si je dépoussière la poésie, mais il me permet d ‘écrire ce que je serais incapable de faire dans des formes plus classique. Toi tu sais fort bien dépoussiérer les sonnets, j’ai pu m’en apercevoir !
Contribution du : 26/11/2021 17:49
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Re : Le père Mâchin vous remercie |
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Maître Onirien
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Bonsoir Cyrill,
Merci pour ce retour foisonnant qui permet d'éclairer ta démarche. Tu viens même de me faire découvrir un nouveau mot "rifougnements" dont même Google n'a pas réussi à me faire comprendre de quoi il s'agit précisément, peut-être justement parce que ça n'est pas précis... Revenons à ton texte, je l'ai vécu comme un tourbillon virtuose et je crois que tu touches le réel quand tu dis à Vincente "Je l'ai poussée jusqu'à l'absurdité et la drôlerie, mais peut-être sans assez de retenue pour que mon intention soit encore accessible." La clef et la mesure sont là je crois: il ne faut rien céder à l'absurdité et à la drôlerie car c'est ce qui en fait la nature et la consistance. Mais peut-être faut-il trouver quelques clefs-passerelles pour rattraper le lecteur au moment il plonge dans la perplexité. Plus facile à dire qu'à faire... En tout cas je garde comme un éblouissement à la pensée de ton texte qu'il me tente de réexplorer ! A bientôt. Corto.
Contribution du : 26/11/2021 21:30
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Re : Le père Mâchin vous remercie |
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Maître Onirien
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Salut,
bon j'ai pas trop mal situé l'intention je vois. Il est bon de se laisser embarquer par les mots et de ne pas toujours penser conséquences et calculs, même lorsque c'est pour la bonne cause du partage. A fortiori pour un tel sujet: face à la dictature du quotidien, l'écriture comme dernier espace de liberté.
Contribution du : 26/11/2021 22:27
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La compréhension n'est pas nécessaire à la poésie, mais la poésie est nécessaire à la compréhension. |
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Re : Le père Mâchin vous remercie |
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Maître Onirien
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Corto, content d'avoir pu t'éclairer un peu par ces explications.
Des passerelles, certes, bien difficile de les trouver. Mais je retiens la clef de la mesure, je n'ai indiqué ni l'une ni l'autre au début de mes petites notes* Si tu avais tapé rifougner tu serais peut-être tombé sur ça : http://gratindauphinois.com/portail/index.php?option=com_content&view=article&id=322:rifougnier-rifaugnier&Itemid=56 Ben oui, je cause dauphinois Pouet, tout à fait. Mais entre se plier à l’ukase supposé du lectorat et les quelques ponts dont parle Corto, on peut essayer de trouver un équilibre sur la portée. Pas certain que je sois taillé pour, cependant. * Je reviens à ces petites notes. Quel plaisir de taper sur le clavier Alt 14 et Alt 13 et obtenir ces jolis signes ♫ ♪ , c'est magique !
Contribution du : 27/11/2021 07:39
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Re : Le père Mâchin vous remercie |
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Maître Onirien
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Je suis enchanté en retour, Myndie, à la lecture de ton commentaire.
L’humour est quelque chose de difficile à partager et si le mien a fait mouche je suis content. Rire du tragique par le biais de l’absurde, c’est certainement ce qui a motivé ce texte. J’espérais qu’il resterait poétique, ton commentaire me conforte dans ce sens. Je ne connais rien de Jean Teulé mis à part son nom. Je suis allé faire un tour sur sa page wiki. Je serais ravi que tu me conseilles un roman de lui. Maintenant que j’y pense, il y a peut-être ‘Entrez dans la danse’ dont je me souvienne avoir entendu parler. Mémoire mémoire ! Merci Myndie pour ta visite ici, dans le secteur ‘récit poétique’, et grand merci pour ta lecture enthousiaste et réjouie. Je ne vois pas ce que je pourrais demander de plus !
Contribution du : 30/11/2021 10:55
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