Chère communauté,

Mercis un fois nouvelle pour cette mise en ligne – même si… :)

J’ai indiqué précédemment à certain.e.s d’entre vous mes difficultés avec la fiction en prose, et mon sentiment de ne pas y être très légitime ; or voilà que… Pour rebondir sur un récent débat, ce n’est pas un vieux texte tiré du fin fond d’un tiroir : il date du mois dernier.

Alors ? C’est la façon qu’il s’est imposé qui m’a intrigué. Tout est parti d’une insomnie et des quatre premiers mots, incluant ce prénom qu’on appelle et dont je ne sais fichtre pas d’où il peut venir… D’habitude ça fait trois tours de tête et puis la nuit portant conseil, ça ne va pas plus loin. Là non. Tout s’est aggloméré d’un coup. Et ne m’a plus quitté pendant deux semaines. Le temps que ‘ça’ sorte. Comme un ‘bègue dans un sous-marin’ : c’est exactement ça, Brown-Eyed Lady – au point de devoir renoncer à prendre la voiture certains jours !…

En plus pas ragoûtant. "Poisseux". Et tout fagoté de lectures : les ‘Américains’ en effet, romans noirs de Jim Thompson pour le rythme, Faulkner pour le personnage de Benjy, Hitchcock pour celui de Norman Bates ; Céline pour le dernier paragraphe, bâti sur des citations du Voyage – tant il me semblait que le narrateur avait la voix geignarde, insupportable d’auto-complaisance, de l’ordure de Meudon dans ses dernières interviews… Le Horla m’a supris, mais cela rejoint deux autres références avec lesquelles j’ai essayé de suivre le texte : L’Assassinat considéré comme un des beaux-arts, de De Quincey (dont le titre est malheureusement la meilleure partie du livre…) et le dernier adversaire qu’Agatha Christie a opposé à son Hercule : Stephen Norton, sorte de génie du mal qui ne tue pas mais fait tuer. Car – si je n’ai pas la ‘clé’ de l’histoire – il me semble que le narrateur est un esthète manipulateur qui ne salit pas les mains, dans un univers totalement darwinien où d’autres crimes sont sans doute commis qui restent impunis (celui de la mère de Dieudonné qui parle trop?)

En toute honnêteté, je pensais que le texte me serait renvoyé par mail, avec les commentaires en EL de Socque et Vilmont : trop déstructuré (car n'est pas Faulkner qui veut), absence de cadre chronologique cohérent, personnages trop peu fouillés… Et la conclusion se serait imposée que décidément, je ne suis pas fait pour le genre…

Et puis non : Squeen, Senglar, Angieblue, AnnaPazzini, Jemabi, Papipoete (enfin !!), Don, Tiramisu, Larivière... Ce qui est une récompense pour le travail derrière. Mais flatte une petite voix qui m’ennuie un peu… :)

Pour le reproche de l’omniscience : là j’ai loupé. Je pensais y avoir échappé, que l’histoire ne rapportait que ce que le narrateur pouvait avoir appris de Josie, des piliers de bar, de Dieudonné, des journaux… et de son observation personnelle lors du meurtre. Ce qui explique aussi qu’il ne fasse pas dans le « psychologique’.

En conclusion : débat que j’ouvre ou ré-ouvre – jusqu’où ne pas aller trop loin dans une nouvelle ? Mon approche est qu’il faut que ça soit elliptique, que ça soit brossé à grands traits, que le rapport entre nouvelle et roman est celui de la gravure au tableau. Proche du poème en prose ou du haïku.

Belle journée à tou.te.s

Faudrait peut-être consulter, non?
J'déconne.
Belle surprise de découvrir que c'était toi qui avais écrit cette nouvelle. Je crois que je te préfère dans ce genre qu'en poésie.
Il y a un style, donc va au bout, ne te pose pas toutes ces questions.
Fais comme tu l'entends, comme tu le sens. L'autoroute de l'imaginaire c'est no limitation de vitesse.
Une nouvelle peut être assez longue. C'est juste que sur les sites, quand c'est trop long, le lecteur ne vient pas. Regarde sur Short, ils ont limité à 8000 signes pour les grands prix.
Mais, l'elliptique, le minimaliste, ça peut être un style. Moi, perso, je n'ai pas trouvé que ça manquait de développement et de détails. J'ai trouvé que c'était juste comme il fallait.

Salut Etienne,

Intéressante, cette question: jusqu’où ne pas aller trop loin dans une nouvelle ?



Pour ma part, ce qui me saoule dans les nouvelles, c'est quand elles fourmillent soit de détails qui n'apportent pas grand chose à l'histoire ou à l'atmosphère, soit de morceaux de CV pour expliquer pourquoi tel personnage réagit de telle manière parce que quand il était en sixième son voisin de pupitre lui a envoyé en cours d'anglais une giclée d'encre bleue dans la face. Je suis comme toi, à laisser l'ellipse pour que le lecteur interprète à sa façon car ce n'est pas un devoir de sociologie mais de la littérature, même pratiquée par des amateurs.



Voilà voilà et tout ça tout ça comme disait ma logeuse.



Bye

Don

bonjour EtienneNorvins
Je n'y connais rien en matière de " nouvelle ", la preuve je n'en ai pas à mon palmarès !
Mais si ça peut faire avancer... surtout en lecture aveugle, je viens écrire quelques mots sur mon ressenti, et parfois le texte me plaît même beaucoup !
Là, j'ai craqué pour Josie en imaginant l'assassin, tranquille et sûr que lui ne serait jamais inquiété !
Pourquoi dites-vous, de moi " enfin " ?
je lis tout, sûrement de façon malhabile quand il ne s'agit pas de " mon " domaine...Même les textes de qui ne me commente jamais !
Bien à Vous
papipoète

Hé bé, pour quelqu’un qui prétend balbutier la prose, on a connu plus maladroit (je n’arrive pas à avaler une seconde que tu pensais prendre un refus, quoique c’est une jamais sûre d’elle qui te dis ça :p)… Faudrait peut-être entreprendre des recherches pour mettre le grappin sur cette Josie qui t’a pourri la nuit, rien que pour lui dire que son prénom est bien ringard et lorsque l’on se permet de hanter le sommeil et les pensée des gens, on a au moins la décence de s’appeler Constance, Héloïse voir même Anna. Mais ça, la classe, ça ne s’apprend pas^^. Pour le côté glauque et le curiosity cabinet des monstres évoqués autour de ta nouvelle, je ne connaissais pas toutes les références que tu cites mais tu sembles les avoir bien assimilés dans ton texte. Pour ta question finale : La nouvelle et le roman sont deux exercices différents mais l’un n’est pas le brouillon de l’autre.

PS : Des nouvelles comme ça j'aimerais en lire tous les jours sur Oniris, so take it easy^^

B.E.G.

Bonjour Etienne,


Tu as raison de renâcler devant le reproche de l'omniscience, je suis allé un peu vite en besogne en la confondant avec l'omniprésence, votre héros n'est pas omniscient mais il est tout le temps là, d'une manière ou d'une autre : Josie... piliers de bar... Dieudonné... journaux... meurtre... pour reprendre ton énumération.

Ainsi, comme demandé, j'attends la suite :)


En ce qui me concerne une nouvelle doit former un tout bien rond et bien fermé, tous les rouages doivent y être et se répondre et on doit pouvoir en retrouver toutes les pièces. Je la comparerais à une montre fermée que l'on ne peut pas ouvrir pour changer ou rectifier telle ou telle pièce. Donc je pencherais pour la gravure sans oublier qu'une gravure peut être niellée.

Merci pour vos retours, vos encouragements - et vos conseils médicaux (Angieblue) !!!

@ Anna : Je me suis mal exprimé sans doute. Je ne pensais pas à la nouvelle comme à un brouillon de roman, mais bien comme à un genre à part entière. Mais, pour prendre une comparaison picturale avec un même artiste, comme les Caprichos par rapport aux Dos/ Tres de Mayo...

Et ce n'est pas de la fausse modestie : c'est la première fois qu'une fiction de mon cru ne m'est pas renvoyée avec dans la marge un 'peut mieux faire' en rouge...

Ok, j'ai envoyé la liste des prénoms 'hors classe' à mon inconscient en préparation pour ma prochaine insomnie !

@ Senglar : vous risquez d'atttendre un peu pour une suite...

Belle soirée !