En avant-première de la parution de mon texte « Stop Modèle » prévue dimanche prochain, je vous propose quelques explications pour situer l'ambiance générale qui m'a amenée à vous le présenter.

Depuis quelques mois, bien trop à mon goût, ma plume est en jachère. La touffeur d'un été ravageur sans doute, à moins que ce ne soit l'effet du réchauffement climatique sur mes muses. (bah, oui, pourquoi pas, on l'accuse déjà de tellement de maux).

Pourtant, ce n'est pas faute d'essayer de la maintenir à flot, cette plume. Merci d'ailleurs aux divers travaux d'écritures proposés sur les forums, et à vous qui les maintenez avec une belle originalité communicative. Si on ajoute à cela la possibilité de commenter, voilà de bons exercices pour tâcher d'entretenir quotidiennement la flamme.

Mais ce n'est pas encore suffisant...

C'est pourquoi, tentant le tout pour le tout afin de titiller l'envie, je me surprends encore à fouiller dans mes archives du temps passé (très très passé, mais pas encore trépassé, la preuve...).

Sans doute, comme moi, avez-vous plus d'une fois constaté le frétillement de votre plume provoqué par cet exercice. Relire nos textes anciens émoustillerait l'envie, soit que cela convoque la confiance, soit l'inspiration...

Maintenant, passons à la genèse du poème.

En 2016, sans crier gare, comme d'habitude, s'est invité le petit texte sans prétention que vous allez peut-être lire, peut-être même commenter.

Au risque d'en décontenancer certains, il ne ressemble pas du tout du tout à ma poésie habituelle.
Il n'est pas tout à fait taillé dans le même sweet-blue-flower, si vous m'autorisez ce néologisme.
Il s'agit plutôt d'une de ces fulgurances souriantes que j'affectionne, parce qu'elles laissent déborder ma réalité telle que je la saisis au vol parfois.

Néanmoins, je vais réserver des détails plus explicites pour la suite, afin de ne pas influencer vos interprétations qui m'intéressent déjà beaucoup.

À bientôt, je l'espère, sous ces quelques lignes, ou ailleurs...


Cat-Elena

Bonjour Elena,

Je me souviens avoir vu passer cette petite chose dans mon espace lecture, l'avoir regardée, m'y être arrêtée et avoir déposé quelques mots anodins sous ces lignes. Le titre m'ayant bien accroché du revers de sa manche.
J'ai hâte d'en découvrir les coulisses.

Bonjour Ornicar.

C'est sympa d'être passé(e?) me faire un signe avant-coureur.
J'ai hâte aussi de découvrir vos quelques mots anodins.
Côté coulisses, je promets qu'elles seront à la hauteur de vos commentaires.

Voir votre nom ici, réveille le souvenir d'une nuit torride que je voulais commenter après que je me serai remise du même épisode torride.
Et puis le temps a passé, emportant dans ses ruissellements veaux, vaches, cochons et bonnes intentions...
Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire.

Encore un frémissement du rideau avant qu'il ne s'ouvre complètement...

Peut-être qu'il y en a parmi vous qui sont comme moi, souvent trop pressée d'écrire ?

Je le vois bien, à chaque fois c'est pareil, l'idée d'un texte s'empare de ma plume sans crier gare. Comme ici et maintenant.

Elle va le laisser filer, doté de sa propre vie jusqu'au point final. Ensuite, je n'aurais plus qu'à le passer au crible de l'empressement, le ressasser, émue et surprise par les révélations qu'il me réserve, puis en affiner la tournure jusqu'à ce qu'elle chante favorablement à mon oreille, jusqu'à ce qu'il finisse par m'échapper.

Et c'est là, une fois empaqueté de tout mon amour, lorsqu'il va dériver dans un futur où je ne n'aurais plus la main, que l'envie me viendra de le peaufiner dans ses moindres détails. Parce qu'en le relisant libéré de mes cordes, il m'aura ouvert un nombre incalculable de portes vers l'infini.

Pourtant je ne retoucherais rien.

J'explique ce besoin de l'offrir ensuite à une lecture publique, entre autres, comme une recherche de l'émotion partagée, qui se révèle être un shoot d'endorphines à l'état pur. Ce qui est très agréable au moment où cela se présente, sans devenir pour autant ma quête absolue. Comme une façon aussi de briser un silence devenu lourd, où l'on risque de s'engluer pour longtemps.

Bonjour Elena,

"Peut-être qu'il y en a parmi vous qui sont comme moi, souvent trop pressée d'écrire ?"

Question intéressante. Je répondrai : oui et... non. En fait cela dépend chez moi des circonstances, de la forme du texte, vers ou prose par exemple.
Pour la prose, le délai moyen entre le premier jet et l'envoi est assez court, environ une quinzaine de jours. Mais pendant cette quinzaine, je suis capable d'y revenir plusieurs fois par jour, d'y songer tout le temps ou presque, de me réveiller la nuit par exemple et de griffonner une nouvelle idée. Une quasi obsession.
Pour les vers, c'est beaucoup, beaucoup plus long, plusieurs mois en général, avec des périodes "intenses" et des périodes de "jachère" où je n'y pense plus pour y revenir plus tard, quand j'aurai oublié, avec un regard apaisé, plus distancié à défaut d'être totalement neuf.

Comme vous, je fais le même constat assez troublant : à force de relire, de corriger, de peaufiner, il m'arrive souvent de me perdre et de me retrouver à un endroit que je n'aurais jamais imaginé au départ, parfois très loin de l'idée initiale. Comme si les mots avaient leur propre vie, en appelaient d'autres faisant à leur tour germer des idées nouvelles et ainsi de suite. C'est comme un jeu dans lequel on est pris. Un peu addictif. Une sorte d'ivresse qui ne coûte rien à la Sécu. J'aime bien me laisser porter de la sorte. Mais c'est pratiquement sans fin. C'est fou, comme on peut améliorer (?), en tout cas modifier alors un texte. Il faut bien s'arrêter à un moment donné, non ? Quand estime t-on qu'on est arrivé au bout de son petit bonhomme de chemin ?

Bonjour Ornicar,

Je suis tellement admirative de ceux qui, comme vous, ont cette persévérance dans l'écriture, au point de besogner des jours et des jours afin de lui apporter un lustre de qualité, avec le résultat talentueux qu'on vous connaît.

Je comprends aussi que c'est cela qui plaît dans l'exercice, et qui donne tout son sel aux passeurs d'émotions que vous êtes. Alors que moi, ne sachant faire autrement, je ne suis que dans l'improvisation et l'urgence. Mais nous en parlerons plus tard, si vous le voulez bien, car pour l'instant je vais aller savourer comme il le mérite, l'accueil que vous avez réservé à ma petite fantaisie.

Après, nous nous rejoignons sur l'ivresse qui ne coûte rien à la Sécu. J'aime aussi me laisser porter de la sorte. C'est l'amour des mots qui nous réunis des étoiles plein les yeux, et qui rend merveilleuse notre union autour de ces magiciens.

Pour ce qui est d'améliorer un texte en usant de cette ivresse, l'équilibre est précaire, je trouve. Il faut veiller à ne pas se laisser trop emporter, au risque de le perdre, et nous avec, irrémédiablement.

S'arrêter au bon moment, donc !
Pour moi, ce moment arrive tout seul, contre ma volonté, si j'ose dire. En fait, dans l'écriture, j'ai cette impression bien ancrée de ne rien contrôler. Ni quand elle arrive, ni quand elle parvient au bout de son petit bonhomme de chemin.

J'espère avoir répondu (un peu ? Beaucoup ?) à vos interrogations ?

Sachant que je vais revenir bientôt (ou plus tard, tout dépendra de la gestion de mes émotions en prenant connaissance de vos commentaires) pour vous ouvrir davantage les coulisses de mon ''Stop Modèle''.

En attendant, merci déjà pour cet échange qui m'apporte beaucoup de plaisir tant j'aime apprendre à vous mieux vous connaître, vous et tous mes semblables.

Ça y est, Ornicar, nous voici arrivés dans les coulisses.

Lorsque j'ai proposé ''Stop Modèle'' à Oniris, je ne pensais pas qu'il serait retenu, ressemblant si peu aux standards habituels sur le site.

D'où ma joyeuse surprise lorsque j'ai appris sa prochaine parution, provoquant l'ouverture en fanfare de ce forum en avant-première. Désolée (mais pas trop quand même ;)) si cela vous a perturbé dans vos habitudes ...

D'autant plus joyeuse, lorsque j'ai pris connaissance des commentaires reçus en E.L.

Ma joie a été décuplée par le fait d'avoir été si bien comprise. Par mes sœurs « d'infortune » tout d'abord, si je puis m'exprimer ainsi : merci sœurettes ! Mais aussi et surtout par la gente masculine. Car cela confirme, si besoin était, que l'homme est bien une femme comme les autres. Ce dont je n'ai jamais douté.

Je fais partie des personnes qui pensent que le mouvement Metoo, s'il fait avancer les choses sur certains faits de notre société de plus en plus malade, fait aussi beaucoup de mal en laissant croire que tous les hommes sont des prédateurs. Alors que chaque être humain, quel que soit son genre ou sa couleur de peau, possède en lui le bien et le mal dont il fera un plus ou moins bon usage, en fonction de sa propre histoire.

Les diktats imposés par la société à laquelle l'on appartient, notamment ceux sur les apparences, sont le thème de mon texte. Je me suis appuyée sur la figure maternelle, qui est, je crois, le plus puissant des vecteurs pour l'inoculer dans un cerveau innocent. Quel enfant n'a pas rêver de tout faire pour plaire à sa maman ?

Que la mienne me pardonne de l'avoir rendue Folcoche malgré elle dans cette histoire.

Bien sûr qu'au travers de ses goûts elle a cherché inconsciemment à influencer les miens. On le fait tous, tout le temps, et avec tout le monde.

Bien sûr que ses moues dubitatives devant certains de mes accoutrements adolescents m'ont fait sérieusement douter des penchants vers lesquels j'étais naturellement attirée. Mais elle m'aura aussi transmis par la même occasion, de par son exemple et son autorisation ''tacite'' à assumer mes choix quels qu'ils soient, la force et la liberté de ton et de pensée nécessaires pour m'en affranchir.

Dans les remerciements personnels qui ne vont pas manquer de suivre (dès que je trouve le temps nécessaire), les plus curieux d'entre-vous trouveront d'autres éléments de mes réflexions autour de ce thème.

Une dernière chose, j'ai écrit cette petite fantaisie avec le sourire au bord des lèvres, du début à la fin. Merci à ceux d'entre-vous qui l'ont compris et partagé avec moi.

Merci à vous, les lecteurs qui êtes passés et continuez à passer sous mes mots.
Merci, surtout à vous, chers commentateurs, sans qui il n'y aurait aucune joie à partager nos écrits.
Merci à Oniris d'avoir intégré ''Stop Modèle'' à son catalogue.

À bientôt.

CatElena ;
- quoi qu'il arrive, dont stop writting ! never, never !
papipoète aussi fort en english, que François Hollande

Tout bu, tout pris...même les sourires au bord des lèvres...

Une soeur d'infortune

Merci Elena pour ce très long retour. Et tant mieux, si nos commentaires vous ont donné la pêche. J'en suis vraiment ravi et il y en a eu des beaux. Je pense, entre autres, à celui de Louis.

"L'homme est bien une femme comme les autres", dites-vous. Sans doute, si l'on considère que s'intéresser à la poésie est l'expression, pour chacun de nous, de sa part féminine.

Le mouvement Metoo, absolument légitime, était nécessaire. Je n'ai aucun doute la-dessus mais n'en dirai pas plus.

Je retiens surtout la fin de votre message : "Une dernière chose, j'ai écrit cette petite fantaisie avec le sourire au bord des lèvres, du début à la fin". C'est là, pour moi, l'essentiel et le point le plus important. Le plaisir que l'on prend à l'écriture. Je suis convaincu qu'on ne fait bien que ce qu'on aime. C'est, pour moi, la vertu cardinale qu'on ne doit jamais perdre de vue.