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Retour sur "Uranus"
Chevalier d'Oniris
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Retour sur « Uranus »

Merci aux rares commentateurs de ce que Gemini qualifie justement d’ « ode » , « s’appuyant sur le néant symbolique que représente cette planète dans le roman de Marcel Aymé ». Planète que Gemini qualifie, tout aussi justement, d’ « Astre vorace, ogre lointain mais implacable ».

Le poème et vos commentaire sont ici : http://www.oniris.be/poesie/famineur-uranus-12598.html


Gemini l’a trouvé « un peu [trop] long ». On pourrait à la rigueur enlever le troisième ou/et le quatrième quatrain sans que ça rompe le fil, mais tout le reste me semble indissociable. Mais je m’en tiens à l’avis de Mintaka qui trouve que : « Chaque quatrain est poème à lui seul sans qu'il puisse pourtant se dissocier des autres. La rareté d'une chaîne sans aucun maillon faible ! ». Peut-être que l’enregistrement YouTube qu’en a fait Louis Latourre est de nature a éliminer cette éventuelle impression d’excessive longueur :
https://www.youtube.com/watch?v=p4405FoHyT8


À propos du vers 11 :
« Et la teneur en âme de ton minerai. »,
le Comité éditorial a considéré :
« On ne peut couper le vers ni en 6/6 ni en 4/4/4.
Nous publions votre poème en néo-classique. »

Pourtant Sorgel [référence pour Oniris] considère (page 41) que l’on peut admettre « de temps en temps » (quoique « jamais dans le sonnet ») un alexandrin à césure affaiblie comme dans :
« Oui, je viens dans son temple prier l’Éternel. ».

Il s’agit donc bien d’un alexandrin 6/6 mais avec une syllabe sonore à la césure, suivie d’un « e » non élidé (comme « tem[ple] » dans l’exemple de Sorgel et « â[me] » dans celui de mon poème).

Une telle césure affaiblie est aussi parfois qualifiée d’ « enjambante » ou « italienne » (pratiquée par Verlaine). Quoi qu’il en soit, on est loin de Hugo qui s’est permis un 3/4/5 : « Près des meu/les qu’on eût pri/ses pour des décombres » (cité par Ph. Martinon)


Sans être difficile, ce poème a pu paraître obscur par endroits et en particulier au niveau des deux deniers vers où l’homme, qui se sent ne plus exister hors de la planète, lui demande si cela débouche sur une renaissance « Suis-je … l’enfant de ton ventre secret ? ». C’est au lecteur d’éventuellement répondre.


En guise de « bonus », je vous recopie une version ultra-courte d’Uranus, mais avec une fin très différente et une prosodie nettement néoclassique :


URANUS


C’est quand je ferme l’œil que je te vois de près,
Toi qui vogues sans lune au-delà de l’Espace.
Ce qui t’enfle le corps n’est autre que la masse
Des âmes que je pleure et qui n’ont plus de traits.

Ignorant d’où tu viens et quel est ton secret,
Les faucons que je lance te prennent en chasse.
Mais tu les rends si lourds et leur aile, si lasse
Qu’ils ne t’échappent pas et te servent d’engrais.

Est-ce à mon tour déjà ? Dois-je me tenir prêt
Au milieu de ta ronde éternelle et vorace ?
C’est quand je ferme l’œil que ton orbite est basse
Et que ton corps gravite de plus en plus près.

Ô que ce rêve éclate avant qu’il ne soit vrai,
Avant qu’il ne me montre une autre de tes faces !
Mais voyant qu’aucun pleur à présent ne t’efface,
Puisse l’œil imprudent dormir encore après !

Contribution du : 18/02 19:30:14
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Re : Retour sur "Uranus"
Maître Onirien
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Merci pour la référence Philippe Martinon.
Téléchargeable en PDF : https://archive.org/details/dictionnairemt00martuoft

La découpe des vers par les accents est intéressante.
Il me semble pourtant que le vers de Hugo est un affaiblissement de césure plus juste (ou moins faux) que le vers du tem/ple où le mot est coupé à l’hémistiche. La faute me paraît plus criante.
Bien que les deux soient considérés comme des « Erreurs à ne pas commettre à l’hémistiche » par Sorgel.

Contribution du : 19/02 07:27:30
_________________
Outre fables
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Re : Retour sur "Uranus"
Chevalier d'Oniris
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A propos de la remarque finale de Gemini :


La section intitulée « Erreurs à ne pas commettre à l’hémistiche », en pages 42 et 43 de l’ouvrage de Sorgel, comporte six cas mais dont aucun, me semble-t-il, ne concerne la césure du vers 11 de « Uranus » :

« Et la teneur en â | me de ton minerai. ».


En revanche, le même Sorgel indique (en page 41), à propos du vers

« Oui, je viens dans son tem | ple prier l’Éternel » :

"Dans cet alexandrin, l’hémistiche repose bien sur une syllabe sonore mais, étant donné que le mot se termine par un E muet dans la deuxième partie du vers, la césure est affaiblie. Cela peut être admis mais seulement admis de temps en temps. De toute façon, jamais dans le sonnet : Oh ! malheureux, jamais !"

La césure de ce vers étant de même nature que celle du vers 11 de « Uranus », j’en déduis que ce dernier est « admissible » au sens de Sorgel, et même « admis » dans la mesure où le poème n’est pas un sonnet et que ce type de césure affaiblie n’apparaît que « de temps en temps » (en fait, une seule fois) dans un poème en outre fort long).


En revanche, la césure du vers de Hugo

« Près des meules qu’on eût | prises pour des décombres »

est en effet considérée par Sorgel comme faisant partie des « Erreurs à ne pas commettre à l’hémistiche ». Plus précisément, il s’agit du cas 5, en page 43 : « Quand il [l’hémistiche] est situé entre l’auxiliaire et le participe ».

Contribution du : 21/02 21:01:27
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