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1 Utilisateur(s) anonymes
La théorie du charme des verbes, de Tchollos |
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Onirien Confirmé
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06/08/2008 23:44 De Paris
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Alors alors, par où commencer ? Il y a trop à dire sur ce texte, il est trop riche ! L'histoire est si étrange et le personnage pourrait tellement être "tout le monde" (enfin, en exagéré, nous ne sommes pas des tueurs n'est-ce pas ? gniak gniak) - mais c' est le principe du fantastique...
Si, je sais, premier thème : la relation du héros à ses textes. La variation sur le narcissisme (sadisme) est super, mais c'est pas là que je me suis reconnue (bon, j'avoue, avec mon nombre réduit de publications...), ce qui a pourtant l'air d'avoir été le cas de nombre d'entre vous : allez, avouez, qui relit ses textes après qu'ils aient été acceptés ?? Et n'y a-t-il personne de névrosé comme moi qui, après avoir proposé un texte, le maudit, le jette dans sa corbeille et attend avec anxiété le jour de la publication comme un damné l'éternité en se demandant "mais qu'est ce que j'ai encore fait" ? (et je pensais pas que c'était si courant d'envoyer des MP après lecture ...). Ce qui m'amène à ma deuxième question, qui porte sur la phrase de fin "Les coïncidences portent en elles la magie du possible...comme la littérature." ça veut dire quoi exactement selon vous ? Qu'induit cet analogisme ? Perso j'aime assez les phrases comme ça, conclusives et évocatrices, même si c'est aussi un peu gênant pour le lecteur de se sentir influencé sur sa lecture. Et puis cela paraît évident, que la littérature porte en elle la magie du possible. Mais je n'ai pas envie de la comprendre au sens où, en écrivant, l'auteur invente des situations imaginaires, possibles mais non réelles. Pour moi ce lien de la littérature et du possible n'est pas lié seulement à l'histoire, mais aussi à l'avenir du texte lui-même : comment sera-t-il reçu ? Comment évoluera-t-il ? Il est influencé par la réalité : le cas du protagoniste en est déjà un très bon exemple. En gros le texte ne serait pas seulement le lieu (fictif) de réalisation de "possibles", il en réalise lui-même une fois créé. Dernier point : le titre. Comment le comprendre ? Tchollos si ça te dit laisse-nous patauger un peu avant de donner ton point de vue (que j'attends cependant aussi, c'est vrai), ce sera plus drôle ! J'ai pas du tout compris "Oniriens que des hommes...'.
Contribution du : 22/08/2008 21:19
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"Il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant." André Gide |
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Re : La théorie du charme des verbes, de Tchollos |
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Alors question 1 : Moi, je relis même plusieurs fois mes textes après publication (genre pour comprendre les commentaires argumentés, etc...) et il m'est même arrivé de demander des changements dans le texte en cours de correction, parce que je flippe...
Question 2 : Je te répondrais en te disant que, au début, quand j'écrivais, j'écrivais des nouvelles sur les mecs qui me plaisaient (je veux dire au collège...) et j'étais persuadée (suite à de jolies coincidences, donc) qu'à chaque fois que j'écrivais un truc romantique crédible, j'allais sortir avec le jeune homme en question. Voilà... Pour moi ça veut dire que la coincidence peut jouer sur tout, que la coincidence rend possible toutes choses si l'on veut bien y croire... (pour l'anecdote, j'ai fini par accepter la coincidence quand ce nul de Massimo est sorti avec ma meilleure amie Cindy... ) Question 3: Le titre pour moi c'est un jeu de mots : On n'est rien que des Hommes... même sur oniris... d'où Onirien que des hommes... Voilà, j'attends que Tcho dise ce qu'il voit lui, je suis curieuse. Et Faige, j'espère que c'était le but du post? Une discution intérressante sur un sujet sérieux
Contribution du : 22/08/2008 22:36
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Re : La théorie du charme des verbes, de Tchollos |
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Chevalier d'Oniris
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08/04/2007 20:20 De Belgique/Liège
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Wow, Et bien je suis un peur dérouté (mais aussi très flatté). C’est le rêve pour moi, quand un lecteur se pose des questions sur le message et/ou les finalités d’un de mes p’tits textes. Même si, je dois bien l’avouer, je ne suis pas toujours certain moi-même du message que j’ai voulu transmettre (ni même convaincu d’avoir des velléités dans ce domaine). Merci beaucoup de t’être intéressée à cette nouvelle en tout cas. C’est chouette, ça donne le moral.
Je ne peux pas répondre à toutes les questions - soit parce que je n’ai pas réellement de réponse (oups), soit parce que j’aime l’idée que souvent : toutes les réponses sont possibles, et que chacun peut choisir celle qui lui convient le mieux – mais je vais faire de mon mieux ;). D’abord, il faut que tu saches que j’ai un thème favori, que je ne choisis pas vraiment, mais qui s’impose à moi naturellement, qui me colle à la peau, et qu’on retrouve dans toutes mes nouvelles. C’est le thème de, euh, comment dire, de « l’homme prisonnier ». Soit de lui-même, de sa nature, de ses instincts, de ses défauts, de ses obsessions, soit du destin, du hasard, du temps qui passe (tissu social, lieu de naissance, vieillesse etc. toutes ces choses que personne ne maîtrise), soit des deux à la fois. Mes héros sont toujours des victimes, d’eux-mêmes ou de leurs environnements. Parfois ils luttent avec dignité, parfois ils succombent à leurs penchants (au primitif qui sommeille en eux, à leur sadisme, etc.). Dans cette nouvelle, David est victime de son obsession pour l’écriture, de son acharnement à écrire qui le rend faible, à la merci de la folie qui patiente en lui. Il ne maîtrise pas sa nature et part en vrille. C’était la première chose qui m’intéressait : Parler d’un type comme tout le monde qui perd le contrôle. Ensuite, évidemment, il y a beaucoup de dérision (avec le parallèle narcissisme/sadisme, etc.). Je voulais forcer le trait de l’Onirien de base (çàd aussi moi, évidemment) qui trépigne à l’idée d’être lu, entre peur et orgueil, et qui se laisse aller à une certaine forme d’euphorie, voir de béatitude. Quand je sous-titre « Onirien que des hommes », ce n’est guère très subtile, c’est juste pour souligner qu’au bout du compte nous ne sommes pas grand-chose, franchement perdu dans la masse, et que même si l’écriture participe à une certaine forme de recherche de « singularité » et de jouissance, voir de « magie », on ne reste quand même que des hommes, avec sa nature d’homme, ses manies d’hommes et ses défauts d’homme…comme tout le monde. La phrase : « Les coïncidences portent en elles la magie du possible...comme la littérature. » participe à la même idée. Celle que le hasard est une donnée importante de nos vies, par définition incontrôlable et que la littérature est un des meilleurs moyens inventés par l’homme pour lui permettre de maîtriser ce hasard (les premiers dessins de nos ancêtres dans les grottes étaient parait-il un moyen magique de capturer la réalité pour l’influencer à sa guise. Je suis persuadé que ça n’a pas changé). Tout écrivain est sans doute un super névrosé, un méga angoissé, qui tente de « superviser » l’impossible en influençant le destin des personnages de ses histoires, comme s’il prenait le contrôle du hasard par procuration. Avec chaque œuvre, on essaye consciemment ou inconsciemment d’emprisonner les coïncidences, et on crée un objet, doté de sa vie propre, sa vie de texte, et cet objet, bien que soumis à un nouveau hasard (ce que le texte va devenir), portera toujours en lui le témoignage névrotique de cet « homme » qui ressent le besoin de contrôler le monde, même s’il sait fondamentalement que c’est une illusion. Finalement, chaque jour, quand on se lève, tout est possible, tout peut nous arriver. Pour moi, même les gens qui prétendent fièrement être maître de leurs destins, ceux qui disent « si on veut, on peut » ou « j’ai totalement choisi ma vie », se trompent. Tout peut toujours arriver et tout ce qui arrive est lié à bien des coïncidences de l’existence. La littérature est donc pour moi une alternative « magique » à notre impuissance à contrôler notre destin et David, le héros, le prouve par l’absurde. Pour lui, l’écriture influence le cours des choses (comme le chamane au fond de sa grotte), ce qui est totalement ridicule, mais il finit par y croire. Le hasard et la littérature se confondent dans son esprit. Et même après sa mort, son texte continue à vivre, petit bout d’illusion. Pour le titre : « la théorie du charme des verbes », c’est aussi le titre de la dernière nouvelle de David, celle qu’il trouve si géniale (j’ai un peu forcé sur le côté caricature de texte intello-romantique dans l’extrait qu’il relit d’ailleurs) et qui va l’amener à tuer quelqu’un (enfin, c’est ce qu’il croit) mais qui le mènera à sa perte. Texte dont il ne connaîtra jamais l’impact sur les lecteurs. Le charme des verbes, ce n’est pas très subtil non plus, c’est une mise en abîme de l'idée de base. Le héros, devenu fou à cause de son obsession d’écriture, est littéralement tombé sous le charme (dans le sens magique) des verbes et de cette magie : l’illusion de contrôle par les mots. Il devient cinglé et il écrit un texte à propos d’une amoureuse (un sentiment qui nous fait souvent perdre le contrôle) qui à elle-même écrit une liste de verbes pour définir ses sentiments…(petit côté poupée russe) Mais, c’est vrai que dans ce texte, j’ai essayé de mettre beaucoup de chose, parce que ça m’amusait, mais aussi, parce que j’aimais l’idée d’être moi-même en perte de contrôle, alors il doit y avoir un tas d’interprétations possibles, c’est sûr. Le sujet se prête à plein d’hypothèse, surtout quand on aime écrire et qu’on se demande : « Mais, dans le fond, pourquoi j’adore ça ? » héhé ;o). C’est une question qui me fascine toujours… A plus
Contribution du : 24/08/2008 04:57
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"L'homme exploite l'homme, et parfois c'est le contraire" Woody Allen. |
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Re : La théorie du charme des verbes, de Tchollos |
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La littérature n'est à mon sens pas seulement une alternative magique ... Elle est constamment en chantier, vaste étendue de terre creusée, défigurée par des pelles mécaniques et autres pioches métalliques s'acharnant à agrandir les portes des béances profondes pour asseoir des fondations vaines et vaniteuses, censées rassurer le "comméteur" (à rajouter dans mon dico ... Voilà, c'est fait) de mots, le protéger de sa future possible démence, où l'y précipiter.
Il me semble que David, dès lors qu'il songe à tuer, a déjà passé le stade de la névrose, il est dans la psychose et sa dangerosité, et je parie qu'il y aura carnage sur le chantier, sang à moitié absorbé par la terre-matrice meuble et mobilisée pour une tuerie aveugle dans le sein de la littérature, l'autre moitié coulant à flots dans les rigoles que le sens-sang, sans sens visible, initie. Mon pari est osé, même effronté, car je ne connais pas encore David, étant arrivée sur ce sujet sans hasard et totalement fortuitement. Quelle coïncidence paradoxale ! Je vais tout de même faire une petite lecture afin d'asseoir ou invalider mon propos. Hm hm, je ne m'excuse pas de venir la sans savoir. C'est lassant de toujours savoir et l'absence d'info tisse et lace parfois des boucles et des circonvolutions qui finissent par rejoindre le nœud, soit pour le desserrer, soit pour l'emmêler plus encore.
Contribution du : 24/08/2008 06:50
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Re : La théorie du charme des verbes, de Tchollos |
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Contente j'ai pas trop mal compris le texte moâ...
C'est super intéressant d'avoir ne vraie explication sur quelque idée qu'on s'était faite en lisant.... Merci
Contribution du : 24/08/2008 11:47
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Re : La théorie du charme des verbes, de Tchollos |
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Voilà, j'ai rattrapé mon retard, lu l'objet du délit, commenté au passage, et me revoilà ici pour ce sujet passionnant.
Je n'assoie ne n'invalide ma compréhension du texte, elle n'engage que moi. Estelle2L, tu es contente ! Moi je voudrais bien, enfin je ne sais pas vraiment. J'attends encore des éclairages autres, et je m'en vais lire l'ensemble des coms, que je n'ai fait que survoler. Euh ... Bon app' à ceux qui n'ont pas mangé, et bonne sieste aussi (à moi surtout) Ça fatigue de penser.
Contribution du : 24/08/2008 13:20
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Re : La théorie du charme des verbes, de Tchollos |
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Onirien Confirmé
Inscrit:
06/08/2008 23:44 De Paris
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Re-wow, merci Tchollos, tu n'aurais pas pu mieux répondre à mes interrogations (bon ça fait déjà deux fois en deux jours que je "flatte" des oniriens... ça va devenir ma spécialité si je continue à ce rythme...) !!
Je n'avais jamais vu les choses de cette façon, simplement parce que je m'étais plutôt orientée sur la thèse inverse : j'ai aussi l'impression qu'en écrivant, on se jette dans le risque, l'incertain, le mouvant, et donc, qu'on est loin de tout contrôler, même dans notre texte (les choix d'écriture dépassant, en un sens, toujours la petite personne qui tient la plume, et les personnages se libérant de notre emprise parfois, les idées s'ajoutant, s'effaçant...et le cas des textes de circonstances, parfois très réussis, c'est un grand hommage -en pied de nez- au hasard !). Comme si la conduite magique cachait en elle ses propres failles... Mais oui, au final, ce qui fait l'oeuvre, c'est bien la maîtrise (ou l'apparence de maîtrise) de l'écrivain sur le hasard, au sein même du texte ... Aaah je me sens moins innocente tout à coup ;) En fait ça revient au même : écrire est toujours une sorte de jeu impossible avec le hasard, qu'on croit encore tout maîtriser ou qu'on ait accepté que le sort vienne de temps en temps, à notre insu, incliner le stylo... mais tant qu'on a le dernier mot face à lui, ça va ! Bravo Estelle2L t'avais bien raison en effet !! Je commence à m'emmêler les neurones, il est temps que j'arrête...
Contribution du : 24/08/2008 22:25
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"Il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant." André Gide |
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Re : La théorie du charme des verbes, de Tchollos |
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Contribution du : 23/06/2014 15:57
Edité par Pascal31 le 23/6/2014 20:16:04
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Re : La théorie du charme des verbes, de Tchollos |
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Contribution du : 23/06/2014 16:13
Edité par Pascal31 le 23/6/2014 20:17:19
Edité par Pascal31 le 23/6/2014 20:17:40 |
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Re : La théorie du charme des verbes, de Tchollos |
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Contribution du : 23/06/2014 17:41
Edité par Pascal31 le 23/6/2014 20:17:53
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