Je viens remercier ici ceux qui ont égaré leurs pas et leur regard sur le chemin de ce court récit. Mais avant, je dois vous confier une chose d’importance, à mes yeux tout au moins :

Je n’écrivais plus depuis longtemps, hormis mes petites chansonnettes sans aucune prétention poétique (j’y tiens) et j’avais un rapport très confidentiel à l’écriture dont l’exposition, même très restreinte, me semblait indécente. À l’exception de mes très proches, personne ne connaissait cette part pourtant si importante de ma personnalité, ce qui me mettait souvent dans des situations difficiles les retours de week-end, quand il me fallait répondre à cette question en apparence anodine : « et toi, tu as fait quoi ? » Ne pouvant me résoudre à l’inconcevable vérité (à savoir que je pouvais rester des heures à plancher sur l’élaboration de deux malheureuses phrases) et manquant cruellement d’imagination, je m’empêtrais dans des mensonges qui me conféraient au mieux le statut de téléphage chronique et au pire celui de glandeur irrémédiable.

Mais j’acceptais ces petits inconvénients dans la mesure où mon secret, sinon ma réputation, s’en trouvait préservé. Et voilà qu’un soir de désoeuvrement, je cliquai sur ce site : Oniris. Et je me pris à rêver « et si, moi aussi, je… ». Impossible de formuler cette pensée jusqu'au bout les premiers temps. Je me contentai de lire, puis de commenter, enfin de proposer mes petites paroles de chansons, encouragé peu à peu par une attention bienveillante mais sans concessions à me découvrir un peu plus. Encouragé aussi, sans même m’en rendre compte, à oser des incursions jusque dans le sanctuaire de la poésie classique. Et voilà que l’envie d’écrire de courts récits ressurgit bientôt. Profondément enfouie dans quelque eau sombre de mon esprit, elle réapparut mot après mot, phrase après phrase, comme ces cercles qui grandissent quand on trouble la surface lisse d’un lac en y jetant une pierre. Elle était bien là, cette envie si lointaine, presque oubliée, elle était là, timide encore, frissonnante, mais désireuse de confier au doux soleil d’Oniris le soin d’ambrer sa peau si pâle, et acceptant aussi d’en subir parfois la brûlure…

Vos mots sur les miens, que j’appréhendais un peu, ont saupoudré mon âme inquiète d’une fine poussière d’or. J’en connais la fragilité, j’en sais l’éphémère. Je sais que le vent bientôt l’emportera couronner le front d’un plus valeureux, d’un plus méritant, mais je ne vous en remercie pas moins pour ce sentiment nouveau qu’elle a fait naître en moi, cette pensée que peut-être je n’avais plus à me cacher. Et sait-on jamais, un jour encore lointain, j’oserai répondre en souriant à cette question qui m’angoisse quand une nouvelle semaine commence : « Ce que j’ai fait ce week-end ? Oh, pas grand-chose, j’ai écrit… »

Et merci, sincèrement, à Oniris pour avoir permis cela.

Bonjour Jphil. Commentaire très touchant qui résume ce qu'écrire peut susciter, et la vôtre est très poétique, très touchante. Je sais ce que l'on peut ressentir lorsque l'on écrit. Mais pourquoi ne pas dire simplement : j'écris (en toute humilité...). C'est beau, rassurant, prenant, chantant, enfin tout... En ce qui me concerne, c'est viscéral. Merci pour ce résumé très personnel, mais je crois qu'Oniris est une épaule bienveillante où l'on peut s'épancher... Bonne continuation...

Bravo Jphil,

Accepter d'avoir une âme d'écrivain (sans ostentation) et pouvoir dire tranquillement aux autres "Ce que j'ai fait ce week-end ? J'ai écrit" sans se soucier des éventuels sourires semi-ironiques ou condescendants... voilà une des clés de son propre bonheur.

Et pouvoir partager ses écrits avec d'autres, c'en est une seconde.

Bon dimanche,
ANIMAL

Je joins ma voix à la tienne jphil et je remercie sincèrement oniris pour ce morceau de liberté qu'il m'offre chaque jour !

Bonjour à vous,

je suis touchée par votre commentaire.Une image me vient à l'esprit: je suis au bord d'une piscine, j'aimerais bien plonger, j'hésite, je regarde, j'observe, et un jour, miracle, je plonge...