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1 Utilisateur(s) anonymes
À propos de "Le temps du voyage" |
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Maître des vers sereins
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11/02/2008 03:55 Groupe :
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Merci aux lecteurs, le poème est là
Qu'est-ce qui m'a pris de faire une intro en espagnol, alors que j'ai toujours un niveau de collégien redoublant... en effet, après des aller-retour sur des traducteurs automatiques, il semble que "Hombreras" désigne des épaulettes, comme sur les uniformes à l'ancienne, et non pas les épaules... m'apprendra. Je ne cherchai pas à faire un poème hermétique, mais j'ai souvent lu le mot, je crois que je suis intéressé par le mouvement en poésie, ça peut être une atmosphère particulière par exemple, plutôt que par des propos photographiques, c'est le mot que j'opposerais à hermétique. Donc, avec ce découpage binaire forcément réducteur, mais dans le but de comprendre un peu mieux ce terme de "hermétique", je proposerais qu'un tel poème soit un autre chemin poétique qu'une démarche que j'appellerai "photographique", très visuelle. Comme ça, je peux présenter tout ce que ce poème-là a de "photographique" justement, de directement compréhensible, avant de parler de ce qu'il a de "hermétique", je ne veux pas nier ce côté-là non plus, mais je ne veux pas prendre le mot comme un défaut en soit : la peinture de Van Gogh était complètement hermétique à son temps, alors qu'aujourd'hui c'est une des dernières réserves de valeur pour les capitaux sans domicile fixe. Bien sûr, la "chose écrite" ne donnera sans doute jamais les même facilités que la peinture, c'est bien moins liés à l'objet. Encore que la peinture s'est affranchi du tableau, de la toile, comme l'écrit s'affranchi de l'ouvrage, du livre. Donc, à part me comparer à Van Gogh alors que j'ai encore mes deux oreilles, je voulais commenter mon poème pour éclaircir quelques points. Le poème raconte comment le narrateur, à la sortie d'un train, alors qu'il s'aligne dans le couloir qui mène à la sortie, et que son regard se perd sur l'épaule qui le précède - cette épaule étant barrée d'une bretelle verte - le narrateur est contrarié lorsque la précédente force l'ouverture automatique de la porte, comme cela peut arriver une fois que les loquets la libèrent et qu'elle s'ouvre avec une extrême lenteur, l'ouverture complète devant correspondre à l'arrêt complet du train. C'est le moment de poésie que je voulais présenter, il est très visuel en soi, il aurait même été possible de le prendre en photo justement : avec le regard un peu perdu du narrateur à la sortie du train, marquant un arrêt pas très compréhensible, sauf à remarquer l'épaule nue qui s'en va, au loin... Le problème, c'est que ce moment est imaginaire, en fait, je l'ai recomposé en mêlant des souvenirs ferroviaires, par exemple, n'importe quel moment d'attente, ou en suspend, dans un lieu, une gare, où bien que chacun vaque à ses occupation il y a une impression générale de fourmilière. Sans beaucoup d'observation je crois, il est possible de rencontrer ce genre de moment suspendu, une personne avec un comportement qui dénote, même pour un temps très court, avec le flot ambiant, ouvrant ainsi la porte, peut-être, à une interprétation poétique. La bretelle verte par contre, c'est du vécu direct, une personne me parlait à l'oreille (encore Van Gogh... ) dans une ambiance très bruyante, et comme je ne saisissais qu'une partie des propos, je me suis demandé si la raison en était le bruit ou bien le fait de me trouver très proche de cette bretelle verte, sur cette épaule nue... là aussi, pour moi ce n'est pas hermétique, c'est visuel, ça pourrait encore être pris en photo : les postures, les regards, pourraient délivrer la poésie, peut-être mieux que des mots... Mais il y a bien de l'hermétisme, la suite va être difficile à lire, c'est comme pour les conversations d'adulte sur les budgets des fêtes de fin d'années : si vous souhaitez garder une image simple et idéale de la poésie, ne lisez surtout pas ! Le choc pourrait être aussi grand que l'annonce du caractère imaginaire du père Noël. Pour écrire le poème, avec en gros pour base cette histoire d'épaule barrée d'une bretelle verte mêlée à la découverte* que le premier vers, qui reprend un affichage générique sur les portes de sortie des trains de la SNCF, constituait un alexandrin, j'ai d'abord recherché quelles rimes j'allais utiliser, notamment pour les plus répétées, celles des quatrains. En poésie classique, il y a une règle d'alternance, cette alternance classique peut être plus ou moins riche, audible, s'il est couplé aux caractères féminin/masculin le caractère vocalique/consonantique. Les deux ne s'excluent pas, mais le classique ne pouvait reconnaître clairement le second, pour des histoires d'évolution de la langue je dirais, qui ne permettait pas à l'époque de clairement définir la seconde alternance. C'est un des rares cas où le neo-classique est plus exigeant que le classique, l'alternance des rimes, je trouve. Donc j'ai fait alterner une rime féminine consonantique avec une rime masculine vocalique dans les quatrains, pour avoir l'alternance la plus évidente possible, la plus "riche". Ça pose un problème d'équilibre, la première étant naturellement plus facile à enrichir que la seconde, du fait du caractère syllabique de la langue : le mètre classique est définit par la syllabe, qui repose sur la voyelle, un alexandrin comporte douze voyelles pour un nombre libre de consonnes, donc la rime féminine consonantique est constitué d'une voyelle (ou plus pour les rimes très riches) mais entourée de part et d'autres de consonnes, alors que la rime masculine vocalique, finissant sur la voyelle, ne peut être enrichi que d'un côté (à gauche). (Dans le premier tercet, je renonce à cette alternance neo-classique pour ne faire "que" une alternance classique, que l'oreille n'entend pas, encore Van Gogh...) C'est d'la bombe quand ça tombe juste mais au pied du mur, c'est un cadre très contraignant. L'hermétisme, d'après des commentateurs, il est total sur tout le poème, alors que le premier vers, par exemple, est par nature conçu pour être immédiatement compréhensible... dans un train, bien sûr. De même, pièce par pièce, je ne joue pas tant avec la syntaxe il me semble, sauf peut être avec l'insert du dernier tercet, un peu fumeux pour une fin de sonnet, sans doute. L'hermétisme serait plutôt dans l'articulation des différentes parties : le lien entre les quatrains ne passerait pas, les tercets ne joueraient pas leur rôle non plus : il n'y a qu'une "photo" dans tout le poème et le premier quatrain doit la poser "froidement", le second devrait en relever le thème général, la porte poétique qui est la liberté, et les tercets doivent préciser le tout : Pour mémoire la "prévaricati-on" est le détournement de l'esprit d'une loi, c'est du vocabulaire plutôt théologique je crois, je ne l'ai jamais casé dans une conversation, la loi en question est celle induite par le premier vers, que la bretelle verte défie, mais que le narrateur comptait détourner pour un usage marginale : "Ne descend pas de suite, la porte ne s'est pas entièrement ouverte et je regarde ton épaule, enfin la couleur de la bretelle" bref... c'est de la prévarication. Le tercet final devait lever la moindre brume, pour révéler le caractère sensible de l'ensemble : une poésie du "juste avant... " ce n'est pas une rencontre, pas vraiment un désir non plus, sauf à l'imaginer possible depuis les mâchoires, plus que les yeux, c'est bien la partie du corps de l'autre qui faisait écho à cette bretelle verte sur une épaule nue. Si quelqu'un à des choses à dire sur l'hermétisme, est-ce un défaut ou bien un caractère, par exemple, ou qu'est-ce que vous entendez par là, je suis tout ouïe. *Je n'ai pas "découvert" que le premier vers pouvait correspondre à un alexandrin, c'est peut-être un point de vue Oulipien, mais ce n'est pas dans ce cadre que je l'ai trouvé non plus, c'est simplement au cours d'une lecture où c'était mentionné, le thème n'étant pas directement poétique.
Contribution du : 08/12/2009 04:40
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Un Fleuve |
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Re : À propos de "Le temps du voyage" |
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Maître Xuanzen
Inscrit:
25/03/2008 21:52 De FRANCE
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Auteurs Évaluateurs Membres Oniris Groupe de Lecture Post(s):
13170
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Bonjour David,
Merci, avec un train... de retard, pour ces précisions détaillées sur ton poème "Le temps du voyage". Bonne continuation.
Contribution du : 17/12/2009 21:39
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