En premier lieu, merci à chacun des commentateurs et lecteurs de ce texte, bien évidemment.

Pour répondre à certaines remarques/questions, je vais parler de la genèse de ces quelques mots, de l'état d'esprit qui m'a poussé à les écrire :

Un jour, il y a déjà quelques mois, je surfais sur le net, et je suis tombée sur un "filon" de très bons blogs (mais oui ça existe, que certains arrêtent de se la jouer méprisante envers les blogs, il y en a d'excellents), où j'ai découvert des textes superbes, de personnes qui parvenaient à partager leur intimité, leurs questionnements, leur regard sur le monde avec un talent fou, des mots puissants et colorés, des images qui venaient à chaque fois cueillir mon émotion au creux de leurs mots superbes.
Bref, je me suis retrouvée, après une ou deux heures de lecture, les larmes plein les yeux, le cerveau bouillonnant de phrases flamboyantes, avec l'impression d'avoir vraiment partagé un morceau d'humanité avec quelques artistes de la plume et du verbe. Grande émotion... et en même temps, il m'est tombé sur les épaules une sorte sentiment "d'à quoi bon" ? Je me suis dit "mais bon dieu, ils disent ça tellement bien, tellement fort, que pourrais-je rajouter de plus qui ne soit pâle et ridicule à côté ?".

Et "aphasie" est né, très rapidement. Il a dormi quelques mois, et puis je l'ai repris il y a peu, un peu retravaillé, et je me suis décidée à l'envoyer.

Il s'agit d'un bien d'une défaite et d'une résignation, oui Estelle, mais ce n'était qu'un sentiment passager, un "coup de blues", un passage à vide... nulle "philosophie" là-dedans ne t'inquiète pas, nulle lamentation non plus, c'est juste... un instantané, le fruit d'un moment de découragement que j'ai cueilli quand même en me disant "pourquoi pas en faire quelque chose après tout" ? Parce que quand on a le feu d'écrire, on fait feu de tout bois justement, même le plus maigre et le plus humide... tu le sais toi non ?

J'ai bien aimé l'analyse de Bulle, qui voit dans mon texte, au-delà de l'émotion première, un hymne à l'écriture des autres, à l'écriture en général, à l'émulation qui peut exister et ne devrait jamais mener à la concurrence.
Effectivement, "personne ne prend rien à personne", comme dit si bien Garance, et comme le dit aussi Benway. Je sais bien que ce "ils me les ont volé" est excessif (mais la poésie n'est-elle pas intrinsèquement excessive ?), mais c'est la formulation qui m'est venue d'emblée, quand je me suis sentie si petite, si dépossédée de mes aptitudes à dire.
Mais comme le dit Ristretto, il ne s'agit qu'une d'une bataille perdue, et non Coquillette, ce n'est pas encore aujourd'hui que je vais me taire, et encore moins m'éteindre, rassure-toi :)

Arielle, Val, Alexandre, Notrac, Anaïs, Colibam... merci pour votre appréciation, et pour avoir partagé avec moi le fait que j'ai réussi à vous procurer de l'émotion et du plaisir.

Merci à toi aussi Ilya, pour ton passage. Et pour répondre à ta question : "et après, il dit quoi ?", je répondrai qu'il ne dit rien de plus que ce qu'il dit : comme tous les poèmes, il cherche à communiquer et à donner un peu de soi, à recevoir un peu des autres en retour. La poésie est un partage, un langage profondément humain, une tentative de rejoindre les autres dans leur intimité à travers le vecteur des mots. Pour moi, il n'y a aucune autre ambition, aucun autre "message" que celui-là.
Pour ce qui est de la sagesse, ma foi, ce n'était pas le propos ici, désolée.

Et bien ! Je ne sais dire rien d'autre que je comprends encore mieux, non pas le texte en lui-même, mais sa démarche.
(Qui n'a pas vécu déjà cela, en 'impuissance' ?)

La vie, il y a tellement de vie, dans l'un comme dans l'autre..

Merci..