Bonjour bonjour,

comme d'habitude, et puisqu'on me l'a gentiment demandé, je vais revenir sur ce texte et ses commentaires.

Un grand merci à Marite, ANIMAL, Kaos, Reggio, elleonore, framato, Tendre-Jeudi, jamesbebeart, Meaban, Axiome.

Ça fait plaisir de recevoir autant de commentaire pour ce genre de texte, je ne m'y attendais pas.

Alors, dans un premier temps, je vais vous répondre à tous, et puis après j'expliquerai globalement la petite histoire de ce texte (dans un second message, parce que celui-ci est déjà bien long).

@Marite

La mise en page. C'est un calligramme, disons minimaliste, sensé évoquer visuellement un tourbillon, une tornade, une tempête, histoire de se mettre en adéquation avec le propos. Histoire de forme et de fond. Rien de très original.

Le titre. Long et pas mystérieux... Ouarf, moi je le trouve plutôt accrocheur et il est la principale clé de lecture du texte. M'fin, j'm'expliquerai plus bas.

@ANIMAL

La forme éclatée, arf, au contraire pour moi elle ajoute une dimension supplémentaire (visuelle) au texte. C'était ce que je voulais (une adéquation évocations/visuel).

Obscur, comme toujours c'était le risque. Mais plus que hermétique je pensais que cela ajouterai à l'évocation de quelques mystères ésotériques. Je suis content que cette difficulté au niveau de la compréhension ne vous a pas gêné pour apprécier ce texte.

@Kaos

La forme éclatée, facile, un stéréotype ennuyeux. Je dois avouer qu'en effet ça fait parti des poncifs du genre poésie libre et qu'on peut en lire un certain nombre sur internet. Je dois aussi avouer que je ne me suis pas casser la tête plus de deux heures pour écrire ce truc et le mettre en forme globalement, donc oui c'était pas bien difficile.

Mais, bon, comme je l'ai déjà dit pour les commentaires précédents, c'était sensé évoquer visuellement une tempête déchainée par une incantation. Les calligrammes (encore que, là, ce n'est pas tout à fait un calligramme) sont certes aussi une forme poétique déjà pas mal usée. M'fin bon, au fond je vois pas trop quoi répondre de plus. J'ai adoptée une forme, elle est cohérente et justifiée, ça me parait pas mal. Ensuite l'originalité...

Hermétisme, ésotérisme, un mépris du lecteur. Dans un certain sens c'est tout à fait vrai. Écrire un texte qui est sensé se déchiffrer d'une certaine manière pour saisir pleinement sa totalité, c'est limité à une seule lecture, c'est prendre par la main son lecteur vers LA lecture. Et c'est pas top. Mieux vaut laisser le lecteur se faire sont propre avis et pas le tenir à l'écart en lui imposant un sens de lecture.

Bon, ok, mais je ne suis pas méprisant ! J'ai réfléchis à ce que vous avez dit et dans un premier temps ça m'a tout de même un peu agacé parce que, à vrai dire, je suis parfaitement conscient de l'ésotérisme de ce texte. J'ai utilisé des dictionnaires pour l'écrire. J'en connais la matrice et la difficulté, et j'espérai qu'on prendrait ce texte comme une énigme avec suffisamment d'indices pour ceux qui aurait voulu la résoudre. Enfin, pour moi, une énigme, c'est amusant. (je voulais me marrer et faire marrer quoi)

Bref, merci pour votre commentaire qui a soulevé un point vraiment intéressant.

@Reggio

Um, que dire face à autant d'éloges ^^. Je suis très content que vous arriviez à apprécier ce texte sans en comprendre le sens. J'ai un vrai problème avec l'hermétisme... et ça me rassure un commentaire comme le vôtre.

Des clés de compréhensions, elles arrivent !

@elleonore

Déroutant, c'est toujours un peu la même chose, bref, c'était le parti pris, dommage que chez vous ça ne prenne pas (ah ah... pardon).

Moi non plus, je ne savais pas ce qu'une ornithogale pouvait être, mais c'est tellement joli comme fleur et son nom est tellement bizarre. Comprenez moi ! je ne pouvais pas ne pas écrire ornithogale ! brome et barocline ! c'était au dessus de mes forces, même si c'est vraiment n'importe quoi.

Vous avez une remarque très juste : les majuscules. Pompeux, oh oui ! Je me suis dis mince et maintenant je ne sais plus trop quoi en faire. Le but était de donner plus d'envergure aux mots (Carmin, Feu, Or et Chêne !) que ça soit ronflant, et aussi pour personnifier ces mots, en faire des forces, des génies qu'on invoque. Mais, ouep, c'est peut être too much.

@Framato

Forme éclatée mais prévisible, style liste évident en regard de la forme. Un point de marqué - m'fin bon.

Je suis peut être à côté de mes pompes mais pour moi, la forme que j'ai employée peut être perçue aussi évidente qu'il est évident qu'un alexandrin peut se diviser en deux hémistiches.

Lecteur tenu à distance, arf... comme je le dit plus haut, j'ai un problème avec l'hermétisme. Le liant, il arrive, vous verrez, c'est simple au fond, et c'est normal de ne pas saisir, ça doit être impossible avec ce seul texte.

@Tendre-Jeudi

Un commentaire en plein dans le mille ! Votre remarque, si je la résume, porte sur l'automatisme dont on saisi trop le fil dans l'écriture de ce texte. J'ai en effet choisi un cadre puis l'ai rempli avec des associations d'idée qui me sont venu avec le moins de réflexion possible pour parfaire un système d'évocation, d'association d'images et de références.

Ce problème d'hésitation entre raison et déraison que vous relevez est donc vraiment pertinent. Au fond, le point de départ n'était pas le surréalisme, au contraire, ou alors un surréalisme très artificiel (comme il est toujours au fond). Sauf que là, en effet, ça se voit trop.

Merci pour la piste que vous m'indiquez, je m'essaierai certainement à un exercice de style dans le même registre mais en étant plus libéré.

Quant à ce texte, toutefois, il ne se voulait pas exercice de style à proprement parler mais fondation, pierre de Rosette, composition matricielle marquant le départ d'un ensemble plus vaste répétant les mêmes analogies.

@jamesbebeart

Je ne connaissais pas la matrice diagonale, merci pour l'info, je m'en servirai peut être ^^.

Comme dit plus haut, non, c'est simplement un "calligramme". Le mot matrice dans le titre est employée parce que les analogies de ce texte servent de base à un système qui doit engendrer d'autres poèmes.

L'essai n'est pas totalement transformé, cad ? Le manque de clarté empêche l'adhésion totale du lecteur ou son appropriation du texte, c'est ce que vous voulez dire ?

@Meaban

Dilemme entre hémisphères. Dans la même veine que TJ, vous relevez un point qui m'est utile. Surtout que vous y voyez pour votre part une qualité. J'ai matière à cogiter, j'ai matière !

Le quatrain final qui parcoure l'ensemble du texte est une incantation servant de colonne vertébrale à la composition, bien vu.

@Axiome

Mystique brisée par l'apparition de noms connus. Peut être, en effet, je note. Le problème est que j'affectionne la référence pour tous ce qu'elle peut évoquer par un simple nom : Munch et PAF on se prend un univers visuel dans la tronche. Quelque part, ça aussi c'est magique et incantatoire.

Le vers que vous relevez est parmi les moins bon je crois. Cette partie du texte mériterai d'être retravaillée, c'est celle qui m'a posé le plus de problème en valeur poétique ajoutée comme on dit.

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Voilà, le reste viendra un peu plus tard, quand j'aurai le temps d'en écrire plus.

Merci encore à tous les commentateurs pour vos judicieuses remarques (qui a osé dire en forum que la poésie était morte sur Oniris ?!! ^^). A très vite je l'espère.

Seconde partie de cette explication de texte : un peu plus sur l'écriture, son pourquoi, son comment, etc.

Tout commença par le haïku et un de ses principes : le kigo.

Trainant mes gros sabots, en panne d'inspiration et voulant me frotter à la célèbre forme fixe japonaise, je me suis documenté brièvement sur ses règles de composition.

Je consulte l'oracle Wikipédia et découvre le kigo : outils merveilleux du langage permettant d'évoquer toute une saison (comme le demande le haïku typique) à l'aide d'un unique signe (pratique quand on a que 17 mores !).

Exemple de base : sakura => les cerisiers en fleurs = le printemps.

On retrouve ce genre de chose, ces associations d'images, en poésie en général. Le problème est que ces associations sont tellement usées qu'elles deviennent des poncifs. Exemple : les feuilles rousses = l'automne ; les bourgeons = le printemps.

C'est partant de ce constat que je me suis mis en tête d'utiliser les saisons comme un support et de créer mes propres kigo, mes associations personnelles pour créer un univers original.

J'ai commencé par écrire le quatrain qui structure le poème, avec des associations assez classiques (dans l'ordre, l'été en premier) :
- un élément (feu, air, eau, terre)
- un métal/un âge (or, bronze, argent, fer)
- une couleur (carmin, ocre, bleu, blanc)
- un arbre (chêne, châtaigner, orme, pommier)

Puis, j'ai chercher d'autres associations, moins évidentes mais ayant parfois un lien direct avec la saison (ex : les fleurs sont toujours de la saison). Le plus souvent, le lien m'est venu comme un automatisme.

Première partie du poème (toujours dans l'ordre, commençant par l'été) :
- une chose en rapport avec la météorologie (cirrus, pression de vapeur saturante, stratus, troposphère)
- une fleur (pavot, sedum et sauge, crocus, ornithogale)
- un sentiment (ravis, oraison éternelle, confiant, raisonnable)

Seconde partie :
- une chose en rapport avec une loi de la physique (polarité, l'entropie, un vecteur barocline, ajustement fin)
- un minéral (corindon, pyrite, brome, grafite)
- une fête traditionnelle ou antique, d'une culture différente à chaque fois (les bateaux dragons, Durga Puja, les Saturnales, Beltaine)

Troisième partie :
- un peintre/une de ses œuvres (Chagal, Caravage, Munch, Twombly/Pivoines)
- un compositeur/une de ses œuvres (Chopin/fantaisie impromptue, Haendel/Sarabande n°4, Debussy/Clair de Lune, Mozart/Reine de la nuit, La Flute enchantée)
- un réalisateur/un film (Eastwood/Sur la route de Madison, Kubrick/Barry Lindon, Terry Gilliam/L'Armée des douze singes, Amadeus)

Le quatrain est devenue la colonne vertébrale du texte, se déroulant entre les différentes parties. En me relisant, je me suis rendu compte que tout ça me rappelait la tirade de Prospero dans la Tempête, où la magie des mots et leur puissance évocatrice sont démontrées dans une invocation. Le magicien étant autant le personnage que son auteur.

Je me suis rendu compte que mon texte était aussi une forme d'invocation, une formule magique pour une recherche d'inspiration. J'ai donc repris en référence le personnage de Prospero (avec un très mauvais jeu de mot !) dans un vers supplémentaire " Pour que domine la Tempête et que ma force prospère " et transformé la mise en page pour qu'elle évoque une tempête.

Ainsi : "secondé par vous" cad toutes ces références culturelles et scientifiques, "j'ai pu..." écrire un poème, et c'est déjà pas mal (entête du poème citant la Tempête)

Conscient de l'opacité presque totale de ce que j'avais écris pour quelqu'un d'autre que moi, j'ai ajouté un titre comme un indice.

Évocation de la succession des saisons : figure d'almanach. La dimension magique pour inspiration, création d'un univers d'image afin d'écrire d'autres pièces, mais aussi le principe mécanique d'écriture : composition matricielle.

Voilà, tout est dit ou presque je crois. Je suis globalement content de ce texte et surtout du fait qu'il m'a permis d'écrire pas mal après en suivant ce système. Je vous dit donc au prochain épisode, ces histoires de kigo devrait se perpétuer, si lecteur veut ^^.

Intéressant au niveau de la démarche. Je m'interroge quand même sur l'aspect rationnel et construit, même si quelques associations peuvent être le fruit de quelque chose de moins maîtrisé. Même si ça n'a pas vraiment à voir, ça me rappelle les recherches de l'Oulipo. Dans l'esprit, du moins.

Le résultat en tout cas me plaît bien, sans avoir forcément recours aux mêmes cheminements (un peu labyrinthiques quand même...).

Bien!
J'ai relié l'explication aux sentiments ressentis lors de la lecture, et ça concorde.
Mis à part peut-être le fait que pour moi ton texte a quelque chose de chatoyant que je ne retrouve pas dans la description de la tempête.
Enfin bon. L'important n'est pas de ne pas se planter, mais de se planter en beauté. Là est la clef pour voir ce qu'on recèle.

Je ferai juste le reproche que tant de réflexion peut tuer la poésie, au sens où le sentiment risque d'être absent de la démarche, à moins d'avoir une certaine maîtrise (que je n'ai pas moi-même, et que je n'ai pas les moyens de te reprocher d'en être dépourvu.)

Merci Reggio pour les explications. J'attends le reste avec impatience.
Je m'intéresse particulièrement à votre approche à l'écriture, à la manière dont vous avez pensé ou non l'oeuvre.

Un plaisir que d'être "tombé juste"!

Heu, je crois que les explications sont de MarionTouvel...
Tendre-Jeudi, tu es distrait mon ami !

Non, il a répondu à mon commentaire Reggio, si je ne m'abuse.

Framato, remettez vos lunettes... si, là, celles qui sont sur votre front!
Euh, pardon, ce sont mes lunettes, vous pourriez me les rendre?

Lire MarionTouvel donc, et pas Reggio, pardon aux auteurs...

(hé, c'est du flood, assumé). Moi j'aime bien le travail des DEUX !

Pfff... je pense que vous m'avez pris en flagrant délit de lecture diagonale.
Le Jeudi jura, mais un mercredi, que l'on ne l'y reprendrait plus.

@Pat

J'aime assez l'Oulipo justement. Perec et Roubaux particulièrement (cad les seuls que j'ai lu ^^). L'esprit était bien un ouvroir de potentialité.

Le côté labyrinthique, comme la (ma ?) pensée en général ^^.

@Reggio

J'avais peur en effet que ça ne donne rien de très poétique. J'ai été très heureux d'arriver à pondre quand même des vers tout à fait potable. Là où ça se gâte peut être c'est vers la fin, trop dans la référence peut être. J'en suis moins content.

@Tendre-Jeudi

Demain devrait être une journée plus propice, plus... tendre ! ahahahahah. Pardon. (oui, j'ai osé)

Ce qui motive, construit l'écriture, ça m'intéresse aussi. On aura toujours l'occasion d'en rediscuter.

@Framato

Merci pour le compliment ^^.