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À propos de "L'aberration est le moteur de la sélection naturelle," remerciements
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Comme toujours, je tiens à remercier mes lecteurs et commentateurs, maintenant et à jamais. C'est fascinant pour moi de voir les différentes lectures d'un texte que j'ai écrit !

La difficulté de ce texte, qui a peut-être contribué à raidir l'écriture et obscurcir l'histoire, était pour moi de décrire un univers autre du point de vue d'une conscience non humaine. Je pense que la même histoire décrite par des explorateurs humains, constatant l'action, n'aurait pas eu grand intérêt.

Lunar-K, votre interprétation de la chute du narrateur correspond à ce que j'ai voulu décrire : il s'est fait déchiqueter par la foule après sa transgression, a eu ses antennes arrachées, son hémicoque détachée. L'hémicoque est le siège de la conscience, elle s'est retrouvée dégringolant dans l'atmosphère, n'étant plus soutenue par le groupe ni le reste du corps de la plante ; sans plus guère de sens pour appréhender le monde extérieur, le narrateur perd la faculté de penser.

Contribution du : 31/07/2011 11:43
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Re : À propos de "L'aberration est le moteur de la sélection naturelle," remerciements
Maître Pat de Velours
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Je trouve intéressant d'expérimenter un point de vue insolite. Mais je me demande si ce n'est pas vain, quand même. Comment se détacher de notre condition humaine ? Vous le dites d'ailleurs :

Citation :

L'hémicoque est le siège de la conscience, elle s'est retrouvée dégringolant dans l'atmosphère, n'étant plus soutenue par le groupe ni le reste du corps de la plante ; sans plus guère de sens pour appréhender le monde extérieur, le narrateur perd la faculté de penser.


Une entité non humaine aurait-elle une conscience ? aurait-elle besoin d'appréhender le monde extérieur et de penser ?
Il est impossible à mon avis de se détacher complètement de nos représentations, parce qu'elles nous ont construit en tant qu'humains. On ne peut qu'imaginer, mais comme c'est nous qui imaginons, on est forcément, malgré nous, conditionnés à voir avec des yeux humains. Nous ne pouvons qu'appréhender les "autres différents" (qu'ils soient ET ou fou ou d'une autre culture et même un autre "normal" comme nous) qu'à travers nos filtres personnels et avec notre cerveau (ou autre) humain. Ce que nous faisons, à mon avis, c'est d'essayer de comprendre cet autre. Mais avec notre appareil à penser et à ressentir, parce qu'on ne peut pas faire autrement. Nous ne sommes jamais que dans l'interprétation.
Ce qui n'est pas inintéressant, d'ailleurs.

Contribution du : 31/07/2011 12:17
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Re : À propos de "L'aberration est le moteur de la sélection naturelle," remerciements
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Oui, je suis d'accord ! Bien sûr qu'on ne peut s'abstraire de la représentation humaine, bien sûr que cette tentative de description d'une conscience non humaine se fait de manière humaine...
Le jeu d'imagination d'une perception non humaine n'est que cela : un jeu.

Cela dit, dans l'absolu, pourquoi une entité non humaine ne pourrait-elle avoir une conscience ? Elle ne pourrait guère l'acquérir au cours de l'évolution, à mon avis, que si cette caractéristique – la conscience – lui apportait un avantage évolutif. En l'occurrence, dans le texte, je crois que cet avantage existe : les messages envoyés par les plantes "aînées", qui ont acquis de l'expérience, transmettent des informations stratégiques, donnent des idées aux couples à l'écoute pour se mettre en position avantageuse d'accouplement. C'est ainsi que cette espèce a acquis une forme d'intelligence : il était intéressant, d'un point de vue évolutif, que les aînés soient capables de transmettre leur expérience aux cadets et que ceux-ci sachent en tirer profit.

Contribution du : 31/07/2011 12:35
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Re : À propos de "L'aberration est le moteur de la sélection naturelle," remerciements
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A partir du moment où on se sert du langage pour décrire une conscience non-humaine, on est, selon moi, nécessairement dans l'humanisation de la conscience décrite. Ou alors il faudrait une déstructuration fondamentale du langage, ce que vous tentez effectivement de faire lors du final de ce texte.

Cependant, j'ai alors plutôt l'impression qu'on assiste à une chute qui va de l'humain vers quelque chose d'inférieur, peut-être seulement vers le végétal, qu'à une chute qui va du végétal vers autre chose, une sorte de néant.

La seule chose qui me permet de dire qu'on se trouve dans le règne végétal, c'est votre description d'un univers entièrement symbiotique. C'est déjà beaucoup et c'est particulièrement bien vu de votre part. Mais les pensées du "végétal-narrateur" ne sont pas vraiment en adéquation avec ce mode de vie décrit. Au contraire elles se rapprochent beaucoup des pensées rationnelles que nous pourrions avoir.

Il est alors assez amusant de constater que, le langage le plus adapté à la situation végétale du narrateur, c'est précisément le langage employé pour décrire la perte de sa "végétalité". Un langage déstructuré et de part en part contaminé par l'extériorité. Enfin, c'est l'impression que j'ai en vous relisant et ce qui me fait dire que, oui, vous êtes en plein de l'humanisation de votre sujet.

Mais bon, personnellement je ne pense pas que l'écriture soit le moyen le plus adapté pour rendre compte d'une telle chose dans la mesure où elle fait appel à ce qu'il y a de plus propre à l'être humain : la langage. Donc, au vu de la difficulté indépassable de cette entreprise, vous vous en sortez plutôt bien. Vraiment !

Contribution du : 31/07/2011 13:37
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Sans puissance d'expansion, sans une certaine domination sur les choses, la vie est indéfendable. Une seule chose est exaltante : le contact avec les puissances de l'esprit.
A. ARTAUD
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Re : À propos de "L'aberration est le moteur de la sélection naturelle," remerciements
Maître Pat de Velours
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Citation :

socque a écrit :
Cela dit, dans l'absolu, pourquoi une entité non humaine ne pourrait-elle avoir une conscience ? Elle ne pourrait guère l'acquérir au cours de l'évolution, à mon avis, que si cette caractéristique – la conscience – lui apportait un avantage évolutif.

Bien sûr, mais on ne le sait pas. On ne peut appeler ça conscience que par rapport à notre fonctionnement. Qu'est-ce que la conscience, d'ailleurs ? Pourquoi faut-il en avoir ? De quoi est-elle faite ? Est-ce nécessaire à tous les êtres vivants qui se développent ? En fait, on est un peu là, dans l'idée que le modèle c'est l'être humain et que le développement nécessite justement cette prise de conscience d'exister. Mais je maintiens que c'est une interprétation à laquelle nous ne pouvons échapper parce qu'elle nous structure en tant qu'être humain (et je ne parle pas de toutes ces illusions sur notre conscience, l'appréhension de notre "réalité").
J'ai un peu étudié la psychophysiologie animale qui permet d'observer d'autres modes de fonctionnement et de s'extraire - un peu - de notre point de vue anthropomorphique, sans y échapper complètement, malgré tout. Cette étude m'a surtout permis d'appréhender la difficulté à comprendre d'autres fonctionnements, de se méfier de nos interprétations. La question de l'empreinte, qu'on étudie dans cette discipline, a d'ailleurs été reprise par Anne Mc Caffrey dans sa série sur les dragons. Avec beaucoup d'imaginaire en plus, bien sûr...

La SF (du moins celle que j'aime) a ceci de vraiment passionnant, qu'elle permet de réfléchir à des questions d'ordre philosophique, à l'épistémologie, à notre condition humaine (La question qui turlupine sans cesse Asimov est bien de définir ce qu'est un être humain, à travers tous ces romans sur les robots, selon moi).

Je trouve, malgré cette impossibilité de vraiment "savoir" ce qui se passe pour un "autre" quel qu'il soit, intéressant de s'y pencher, ne serait-ce que pour élargir son horizon, développer sa tolérance, mieux nous comprendre nous et nos limites...

Contribution du : 31/07/2011 13:50
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Re : À propos de "L'aberration est le moteur de la sélection naturelle," remerciements
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Votre objection est parfaitement fondée : le narrateur paraît avoir une conscience plus humaine que végétale (soit dit en passant, si le langage est réservé à l'espèce humaine sur notre planète, pourquoi n'existerait-il pas ailleurs ?). Mais, justement, il s'agit d'un individu exceptionnel ; il est sensible au stimulus insolite que représente l'appendice d'un autre, sur la couche au-dessus, alors que son partenaire n'a rien ressenti face à la même stimulation. Il possède une configuration génétique particulière qui lui fait adopter, dans des circonstances données, une stratégie de reproduction inédite. On peut très bien imaginer qu'en fait il s'agisse d'un mutant, préfigurant une nouvelle espèce à la conscience plus développée...

Cela dit, sur le fond je suis d'accord avec vous : il est difficile de traduire une expérience non humaine. C'est justement ce côté "limite" qui m'a intéressée. Grand merci de votre appréciation !

Contribution du : 31/07/2011 13:51
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Re : À propos de "L'aberration est le moteur de la sélection naturelle," remerciements
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J'approuve complètement ce que dit Lunark à propos du langage. J'avais d'ailleurs déjà fait cette remarque à propos de l'écriture automatique, de la spontanéité de l'écriture : on ne peut se désengager de cette structure langagière qui nous structure, justement. À notre insu parfois.

Par contre, rien que le fait de mettre une hiérarchie entre règnes : humain, animal, végétal, c'est déjà une façon humaine de se représenter le monde. Pourquoi serions-nous en haut de l'échelle de développement ? Juste parce que c'est notre umwelt qui nous fait appréhender les choses de cette manière...

Contribution du : 31/07/2011 13:57
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Re : À propos de "L'aberration est le moteur de la sélection naturelle," remerciements
Visiteur 
Je répondais ci-dessus à Lunar-K.

Pat, là encore je suis d'accord : la conscience n'est en rien nécessaire au développement des êtres vivants (il n'est que de constater le succès des requins, qui existaient déjà avant les dinosaures). Cependant, elle peut intervenir et participer au succès d'une espèce, nous en sommes la preuve. Je l'imagine donc se manifestant ailleurs.
Et je suis aussi d'accord sur le fait qu'il est intéressant de vouloir imaginer un autre radicalement autre, même si cette tentative est à peu près vouée à l'échec, puisque c'est notre conscience humaine qui imagine...

Contribution du : 31/07/2011 13:59
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Re : À propos de "L'aberration est le moteur de la sélection naturelle," remerciements
Visiteur 
Sinon, je ne crois pas que le texte exprime une hiérarchie des règnes entre l'animal et le végétal. Il n'y a que des végétaux mis en scène, sans point de référence extérieur (enfin, sinon ceux qu'apportent la conscience de l'auteur et celle du lecteur, mais c'est inévitable)...

Contribution du : 31/07/2011 14:01
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Re : À propos de "L'aberration est le moteur de la sélection naturelle," remerciements
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Ce que je trouve passionnant, c'est justement de réfléchir à ces questions. Même si j'imagine mal qu'on puisse avoir une réponse.

Notre envie, c'est surtout de trouver un autre comme soi... C'est tout l'intérêt suscité par l'astronomie et la recherche d'autres planètes habitées.

Contribution du : 31/07/2011 14:02
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