Mon commentaire ci-dessous comporte des « spoilers » c'est-à-dire des révélations sur la chute finale. Si par hasard un lecteur s’aventurait ici avant de lire la nouvelle (double improbabilité), j’ai indiqué le début et la fin de ces spoilers par ******. Vous pouvez ainsi éviter de lire ces passages.

Je voudrais d'abord remercier les fées de la correction, qui jusqu'au dernier moment ont accédé à mon désir tatillon de modifier deux mots dans mon texte.
Je voudrais aussi tous vous remercier pour vos commentaires. C’est vraiment sans mal que j’ai pu comprendre le point de vue de chacun.

Dans une nouvelle ou un roman, certains personnages peuvent paraître extrêmes et être assimilés à une simple caricature. L’auteur peut aussi ne pas avoir fait l’effort de les rendre sympathiques aux yeux du lecteur, même si en grattant un peu entre les lignes on trouve toujours un peu d’humanité. En plus, un héros doit susciter l’empathie, c’est ce qu’on apprend dans les premiers jours d’un d’atelier d’écriture, sinon…
Pourtant, il se passe des choses tellement plus énormes dans la réalité, que l’auteur est quelquefois obligé de se réfréner pour éviter cette critique de la caricature. Je me rends compte que ça n’a pas suffi.
Il est vrai qu’un roman entier ne tiendrait pas avec des héros tous négatifs, sans qu’aucun n’ait atteint sa rédemption. La nouvelle, à mon humble avis, permet cette focalisation que ne permet pas facilement le roman. C’est l’un de ses attraits, et c’est pourquoi je ne m’en prive pas. Dans une nouvelle, le héros peut être un con ou un salaud au début, et le rester à la fin.

Concernant la vulgarité du mot sodomie, c’est un mot que j’entends souvent à la télé à l’heure des repas. Ma conviction, c’est que la littérature n’a pas à juger ni la morale ni la vulgarité. Mon problème en tant qu’auteur n’est pas de savoir si « sodomie » est vulgaire ou pas (n’ouvrez pas le dernier Christine ANGOT), mon problème est de savoir si ce mot est cohérent dans le lexique de mon personnage. Et pour avoir créé Théo, je confirme que ce mot fait bien partie de son vocabulaire, au même titre que d’autres qu’il n’a pas jugé utile d’employer dans ce récit. Par contre, si vous me dites : « Théo, tel que vous l’avez caractérisé, ne peut absolument pas parler comme ça ! », alors là je vais sérieusement examiner la question. En l’occurrence (mais je peux me tromper) il me semble que dans le contexte comique de cette nouvelle, ce terme est bien à sa place dans le lexique du personnage, et n’a rien de vraiment vulgaire, pas plus que le mot zizi au 12e siècle. Mais je ne discute pas là-dessus, chacun a le droit de placer la vulgarité où il veut. Il y a beaucoup de mots courtois que je trouve plus vulgaires.
Je ne veux pas non plus supprimer ce terme sous prétexte qu’il réduirait ma clientèle de lecteurs. Je ne vis pas de ma plume, et il y a peu de chance que celle-ci m’assure des revenus réguliers à l’avenir. J’ai un esprit libre, débridé, une certaine façon de faire parler et penser mes personnages, qui à l’occasion peut paraître vulgaire à certains. J’écoute votre ressenti, je le respecte, mais permettez-moi de ne pas me précipiter sur votre conseil.

Concernant la caricature, bien sûr que c’est la première impression qui s’en dégage. Je n’ai pas voulu finasser, ça me paraît évident, on est dans une comédie, et le récit abuse volontairement du crayon gras. Pour autant, si Théo est caricatural, c’est à contresens, parce qu’en réalité il est bien en dessous du mode de vie d’un certain milieu, qu’il ne fréquente pas et auquel il ne fait jamais allusion. En faisant cette chronique d’une journée type de Théo, j’ai été obligé de mentir à la baisse. Théo est un petit saint dans ce domaine, presque un naïf ****** (je suis persuadé qu’il croit vraiment que sa montre lui rapporte 1000€ par jour, grâce aux allers-retours à la hausse) ******, en tout cas il n’est pas si futé qu’il l’imagine sans doute. J’ai essayé aussi dans ses relations avec les filles, de ne pas le rendre si cynique que ça. C’est plutôt lui qui se fait avoir. Théo est de ceux pour qui j’ai de la tendresse. Il n’est pas irrécupérable, il est de ceux qui peuvent changer leur vision du monde.


L’histoire de cette montre est juste une métaphore du mirage de l’argent : on finit par en voir même où il n’y en a pas.

Au total, les plus fêlés de tous sont les joueurs de poker. Mais ça c’est une autre histoire…

@Brabant ******: tu peux très bien gagner 1000€ par jour avec tes montres de pacotille : il suffit de trouver en face quelqu’un prêt à jouer le jeu.******

C’est un texte que j’ai voulu léger, ludique, spontané, sans autre but que de prendre plaisir à l’écrire. Je n’ai donc pas trop forcé sur le style, essayant de me situer au niveau de mes personnages et de l’histoire qui n’est qu’une petite farce. En fait j’ai un peu détourné ce texte pour en faire une nouvelle, puisqu’à l’origine il est un chapitre d’un possible roman, comme l’était déjà mon premier texte publié ici (Lucile ou la nuit câline). Dans le roman Théo évolue.

Si vous n’êtes pas rassasié, un prochain épisode devrait suivre (s’il passe le test Oniris). Cette fois sans vulgarité, enfin j’espère. Zut, je viens de me rendre compte qu’il y avait encore un gros mot. Décidément…

Salut Ludi. Très intéressant ton message, notamment sur le passage où tu justifies la blague sur la sodomie.
Franchement ce n'est pas du tout le mot qui m'a dérangé, bien entendu, et effectivement, le passage colle bien au personnage... C'est juste que le passage m'a paru lourd, que du cul il y en avait déjà autre part, et plus croustillant, bref, il y avait peut-être moyen de glisser une blague plus marrante, même (et surtout, arf) si plus glauque.
Ciao

Bonjour Ludi,

Ha,ha, manifestement vous sous-estimez la portée de la blague initiale. Elle est pourtant une base pour l'explication de notre monde et plus particulièrement pour la crise financière qu'il traverse.

Ne pas oublier que dans l'inflation virtuelle de sa montre, Théo a laissé partir 3000 euros... sonnants et trébuchants. Qu'il croit ou non à la création de valeur virtuelle, ne change rien à l'affaire.

A moins que vous ne soyez vous même un Jimmy (la description d'un restaurant ou se côtoient des repas à 25 et 1000 euros, me fait douter ;=), vous faites, comme moi, partie de ces Théo qui perdent systématiquement quelque chose quand le jeu de dupes s’arrête.

Encore que Théo a choisi, lui, d'y jouer...

Je tiens à votre disposition une "blague" illustrant la dette (autre problème actuel) qui, si elle vous inspire autant, pourrait donner encore un très bon texte.

A vous lire.

Pepito

Salut Pépito,

Je suis démasqué. Qu’est-ce que ça fait du bien ! Je me sens comme un tueur en série, soulagé de sa capture.
Bon dieu, j’ai fini par me demander si quelqu’un connaissait cette blague de la montre (entre deux diamantaires, comme vous le précisez).
J’avais pourtant donné un indice dans l’incipit où je dis : « Blague à part ». Mais bon, tout le monde se fout des incipits…
C’est une blague qui a toujours fait rire ceux à qui je l’ai racontée, et j’ai trouvé qu’elle servait à merveille mon propos du « mirage de l’argent ».
Je l’ai effectivement intégrée dans mon récit avec un peu de sexe et de poker, et ça roule…Je ne sais pas être sérieux.

Concernant vos calculs gains/pertes, vous confortez ma décision de bosser tout seul.
Ce n’est pas Théo qui perd 3000€, mais bien Jimmy.
Démonstration d’un matheux:
- Débit Théo : - 10 000€ au premier achat de Théo dans la boutique
- Crédit Théo : + 12 000€ à la première vente au pauvre Jimmy.
- Débit Théo : - 13 0000€ au deuxième achat de Théo
- Crédit Théo : + 14 000€ à la deuxième vente au bourricot Jimmy.
- Fin des transactions.
- Solde net pour Théo : + 3 000€. Pauvre Jimmy qui n’a pas compris que dans ce genre d’escroquerie c’est le dernier vendeur qui est gagnant.
Pépito, je voudrais pas vérifier votre déclaration de plus-values boursières au fisc! Ça doit pas être joli joli.

Concernant votre remarque : « Je pense que Jimmy a monté 2 fois les marches du club et oublié de redescendre entre temps. » , les deux compères se rencontrent au bas des marches et Jimmy les grimpe après avoir acheté la montre. Je ne retrouve pas trace d’une deuxième montée d’escalier. Mais bon, je ne suis plus à ça près.

Vous me semblez quand même très bon Pépito, je vous prends pour ma prochaine arnaque. Comme chauffeur.

Ludi

Bonjour Ludi,

J'ai toujours eu des difficultés en maths, mais pour le jeu de la "montre", j'ai une martingale infaillible : je ne joue jamais.
Je n'oublie pas que l'on est toujours le Jimmy de quelqu'un.

Sinon, pour revenir à votre nouvelle, si le but était juste une "blague" c'est excellent. Vous êtes un Monsieur Jourdain des temps modernes faisant de la critique économique sans le savoir.

Dans ce cas se sera un honneur d’être votre chauffeur... et accessoirement celui qui vous contera la blague qui va bien ....

En attendant la suite.

Pepito

Bonjour Pepito,

On est déjà deux dans la bande. Reste à trouver un porte-flingue.

Ludi

J'ai aimé la nouvelle beaucoup mais votre échange est un régal à lui tout seul!
De l'humour sur Oniris!
Et du meilleur!
Pimp'

Pimpette, t'es engagée. Il faut toujours une femme dans une arnaque. Tu seras notre caution morale.
Ludi

OUI!
Je passe chez Dior commander une harde un peu classe...

Pimpette,

tu mets ça en note de frais. C'est le couillon qui paiera.