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1 Utilisateur(s) anonymes
A propos de "Espagne 1958. Exil d'enfance..." |
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Merci au CE, aux lecteurs et aux commentateurs de mon texte.
Le dernier vers soulève des questions. C’est la magie de la poésie, et je suis très heureux des différentes versions données, entre la contradiction qu’y trouve IOLEDANE, le « Je ne comprends pas très bien la présence de ce vers » d’ALEXANDRE, ou le voyage culturel et presque sacré que nous propose KIE. De mon point de vue, la vérité est plus simple, elle correspond très exactement au commentaire de MONA ; cette vérité est dite par la mère quelques vers avant… Comme souvent dans mes poèmes, j’aime terminer par une note ambivalente. Ici, le dernier vers est un message de désespoir (l’exil) mais aussi d’espoir (pour renaître…il faut d’abord mourir ; et donc « l’enfance est le plus beau des âges pour mourir », car le passé n’est encore pas trop lourd à porter). Pour les parents, et surtout pour le père, la situation est tout autre. Ce vers ne fait que confirmer du point de vue de l’enfant, ce que la mère dit quelques vers plus haut. Mais à mon sens, le vers le plus secret est le 2e : - « D’un cocon de soleil s’élève une aube rouge, La mer boit ses reflets endeuillés de gris fer ; » Beaucoup d’images se sont bousculées dans ma tête. Je ne suis pas un poète naturaliste (je ne parle de petits oiseaux que s’ils ont la voix cassée). Et donc il y a de fortes chances que ce vers cache une autre idée. On peut lire que « la mer boit les reflets de l’aube ». On peut lire aussi que « la mer boit ses propres reflets », comme une mer criminelle, une mère-patrie anthropophage et infanticide, qui pendant une guerre civile avale tous ses enfants. Le « gris fer » est très proche de « griffure ». De la même manière le « Gris » peut être la couleur de la mer à l’aube, mais si vous parlez à un espagnol d’un « Gris », il pensera aussitôt à cette police répressive de Franco, qu’on appelait en silence « Les Gris » à cause de la couleur de leur uniforme, qui sévissait toute l’année à Madrid, et qui se déployait en été sur tout le littoral espagnol, pour conseiller à Madame de mettre un maillot une pièce, ou à Monsieur de retirer son bras des épaules de sa copine. Ce 2e vers vient s’opposer au 1er qui est la métaphore d’une nouvelle vie qui commence : ce qu’on va chercher et ce qu’on laisse derrière soi. C’est vrai que dans les deux derniers quatrains le lyrisme et le style perdent un peu de leur souffle. A partir du 4e quatrain, on saute dans le wagon, et le poème s’anime d’une scène vivante. Je n’oublie pas que la scène est racontée par un enfant qui a probablement entendu tout ce qu’il raconte, dans les discussions entre adultes. C’était un risque, je l’assume, mais je me suis peut-être trompé. Je tenais à finir par ce contact mère/père/enfant ; j’avais besoin de nouer entre eux ce dialogue, pour montrer que malgré l’exil, le sang coule dans leurs veines. Je comprends tout à fait que cette scène puisse surprendre dans le registre que laissait prévoir le début du poème. J’en reviens à la manière dont j’aime détourner les règles classiques, pour ne pas chercher à reproduire (mal) le travail des anciens. Et tant pis pour la peine encourue. IOLEDANE : J’espère avoir fourni une réponse satisfaisante à votre interrogation sur le dernier vers. Quant au touron, vous devriez goûter, c’est vraiment très bon… La synérèse de « MANUEL » est évoquée dans ma réponse à ALEXANDRE. De toute façon, c’est le lot de la poésie classique que de discuter toujours du thème diérèse/synérèse, gracieux/pas gracieux. Pour ma part, je n’aime aucune diérèse qui ne soit pas naturelle à notre oreille contemporaine, mais on connaît tous l’exigence du classique, et il faut parfois se forcer pour respecter les règles. Toutefois ici, « MANUEL » ne me semble pas appartenir à cette catégorie. ALEXANDRE : Il était facile pour moi de modifier le prénom afin d’éliminer tout souci de diérèse. Mais je ne voulais pas le sacrifier juste pour éviter un débat sur la forme, ou pour contenter une oreille chatouilleuse (la mienne l’est aussi, souvent). Je suis sûr que tu me comprends, Alexandre. Pour moi « Manuel » ne fait pas diérèse. Ce qui est certain c’est qu’aucun espagnol ne prononcerait MA/NU/EL. J’ai quand même posé la question à Oniris avant de proposer le texte. Il m’a été gentiment répondu de le soumettre en l’état et de ne patienter que quelques jours, puisque apparemment, l’auteur est très vite informé de l’acceptation ou non de la forme « classique ». Je suppose donc que leurs experts n’ont trouvé aucun motif de refus, ce qui me semble normal. Je suis par contre totalement allergique aux diérèses en ION (je trouve même ça insupportable) et je les évite comme la peste, sauf si je veux attirer précisément l’attention sur ce mot, puisque n’oublions pas que les Classiques recherchaient la diérèse pour créer un effet, et ne s’en excusaient surtout pas. LENI : Heureux que mon poème t’ait touché. Le quatrain que tu cites est aussi mon préféré, et pourtant c’est celui qui m’est presque venu en bloc. THEDREAMER : Je suis heureux que vous citiez d’autres vers que les autres lecteurs, ce qui montre bien la diversité des ressentis. Les thèmes sont bien ceux que vous évoquez ; l’exil, le désespoir, mais aussi l’espoir. KIE : Merci. L’émotion restera toujours pour moi le premier critère. Un poème peut contenir des défauts, mais c’est surtout le manque d’émotion qui est impardonnable. On peut corriger des défauts sans jamais atteindre l’émotion. Ce travail est vain. - « Je griffonne du doigt un cri sur la fenêtre ». Vous dites : « C’est idiot, ça me chamboule.» Je ne fais que filer la métaphore du tableau de Picasso. Ce qui m’a toujours fasciné dans Guernica, c’est que Picasso n’a dessiné que des cris ! BRABANT : Tu le sais sûrement, l’aigle déployé était l’emblème du drapeau fasciste espagnol, mais il ne figure plus sur le drapeau actuel de l’Espagne. De ce point de vue on peut dire que l’aigle a fini par s’envoler, même s’il a mis le temps… Je te rassure aussi, tout s’est bien passé pour l’enfant… Merci de m’avoir offert en cadeau quelques vers de Federico Garcia Lorca. MIGUEL : Je suis tout à fait d’accord avec vous concernant le mot « Général » : ce mot n’est pas le bon, car il ne s’agit pas ici d’évoquer un grade, ni le nom de Franco lui même… mais plutôt la bête… Il y a en fait deux expressions qui ne me conviennent pas dans mon texte, et je l’ai ressenti en les écrivant : le « Général » dont vous avez parlé, mais aussi « J’emporte mon Espagne », qui me semble un peu trop anodin pour exprimer la pensée de l’enfant au moment où le train s’éloigne. Comme toujours, vous savez toucher du doigt les imperfections du style et du lexique. PIMPETTE : Merci de ta lecture. Je ne suis pas toujours le vilain petit canard qui s’amuse de tout. Heureux de t’avoir proposé un autre angle de ma personnalité. A te lire… HANANKE : Merci d’avoir relevé quelques vers, différents de ceux cités par les autres commentateurs. Pas de souci pour l’enfant, il a eu la chance de mourir une première fois pendant l’enfance, alors que son passé n’était que l’insouciance. IKRAN : J’espère que vos petons sont ouverts en pétales de violette, c’est ma position favorite quand je suis au bord de l’eau. Vos compliments sur la forme sont bons à prendre, même si je les aurais bien échangés pour des compliments sur l’émotion. « Pourvu que la poésie soit un crachat » dites-vous ? Dans ce cas-là, heureux quand même qu’il ne vous ait pas atteint. MONA : Merci de venir à mon secours pour justifier le dernier vers : « L’enfance est le plus beau des âges pour mourir ». Vous citez également un autre vers : « Manuel, on va bientôt renaître », que IOLEDANE trouve particulièrement maladroit et artificiel. Comme quoi il ne faut jamais désespérer. Que mon texte vous ait ému, vous particulièrement, qui êtes rompue au rythme et au lyrisme du classique, me touche beaucoup. Merci encore de vos commentaires qui me sont particulièrement précieux sur ce texte, car il semble se dégager un consensus pour le 3e quatrain, et quelquefois une certaine réserve concernant le changement de ton des deux derniers quatrains. C’est un retour très intéressant pour un amateur qui essaie d’écrire quelques mots. Cordialement Ludi
Contribution du : 02/07/2013 12:20
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Re : A propos de "Espagne 1958. Exil d'enfance..." |
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FUGACE et PIERALUN: merci de vos commentaires et de vos appréciations. S'il y a un de mes poèmes pour lequel je suis content d'avoir récolté une critique d'ensemble plutôt positive, c'est bien celui-là. J'ai pourtant longtemps hésité avant de me décider à le proposer sur le site.
Cordialement Ludi
Contribution du : 25/08/2013 10:45
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