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À propos de "Quand on déménage", remerciements et précisions
Visiteur 
Je veux remercier ici le Comité Éditorial qui a accepté d’inclure ce texte au catalogue d’Oniris, les correcteurs qui se sont penchés sur le texte, ses lecteurs et commentateurs.

Il me semble que, d’une manière générale, ceux-ci ont apprécié le côté nostalgique, voire mélancolique de l’histoire. Une certaine douceur, un côté touchant, il me semble que c’est ce que vous avez voulu retenir, Acratopege, Robot, Alexandre, Jano, Mona79, Pepito. Je vous remercie de faire ressortir telle ou telle chose qui vous a chacun marqué davantage, ce qui me plaît c’est que ces choses sont variées : j’aime qu’un texte présente ainsi plusieurs facettes, donne à ses lecteurs plusieurs « saillies » à quoi s’accrocher en fonction de leurs préoccupations propres. Cela traduit selon moi une capacité du texte à se laisser approprier, une forme de souplesse qui fait partie de mes objectifs quand j’écris.
alvinabec, je vous remercie particulièrement d’avoir commenté un texte que vous n’avez guère apprécié, vous n’en avez que plus de mérite. C’est amusant, parce que finalement, dans l’ensemble des commentateurs c’est vous qui évoquez la lecture la plus proche de la mienne en qualifiant la dune d’« inquiétante ». Vous aussi Acratopege, en parlant du mari emporté à défaut des meubles, rejoignez mon interprétation. Robot, vous exprimez fort bien le point de vue conscient de la narratrice elle-même…

Une fois n’est pas coutume, je vais donner ici ma lecture de ce texte, qui n’est ni plus ni moins légitime que toute autre lecture qu’on peut en faire. Comme d’habitude, je me suis raconté une histoire sans guère penser plus loin et me suis efforcée de la transcrire au plus près. Ensuite, cette histoire a continué à vivre en moi, et il se trouve qu’en y repensant je lui ai trouvé une cohérence souterraine assez ferme pour me donner envie d’en faire part. Évidemment, le fait d’être l’auteur aide vachement à établir ce genre de cohérence et me donne un avantage aussi indu qu’un dopage.

Pour moi, Quand on déménage raconte une plongée progressive dans la folie. Le titre, déjà, joue sur un double sens puisque, quand on dit au sens figuré d’une personne qu’elle déménage, cela signifie qu’elle perd la boule. Le titre d’origine était Déménager, je l’ai modifié quand j’ai pris conscience de cet aspect du texte, afin d’appuyer là-dessus.
Nous avons donc une narratrice qui n’a pas l’air malheureux, mène une vie tranquille dans le souvenir de son bien-aimé qui est mort ou ailleurs, et doit changer de demeure parce que la dune envahit son espace. Elle ne rêve pas de la dune, mais de vide. Elle met en rapport ces deux éléments, comme dans une séance psychanalytique d’association d’idées ; je suppose donc qu’en fait ils se correspondent. La dune, qui menace sa maison, son espace, c’est aussi le vide, l’absence ; du reste, tous les jours dans la dune elle cherche les signes de l’absent.
À noter qu’au départ elle évoque ces signes au passé : « le bruit que tu faisais en tirant sur ta pipe, et en même temps l’évocation de la fumée qui s’en échappait. (…) tes verres de lunettes quand nous étions sur cette même terrasse et que tu te tournais vers moi ». (Et juste après, retour à la réalité avec le repas « solitaire ».)
Pendant la visite de l’agent d’assurance, il est écrit : « une mini-avalanche qui a la forme de ton sourire. Désolée, il serait incongru d’y répondre devant mes visiteurs. L’occasion ne s’y prête pas ». On a déjà quitté la distance du passé, on est dans le conditionnel, la possibilité.
Et, à la fin : « Un souffle de vent meut les frondaisons ; agacé, tu bouges ta belle tête devant la télé qui vient d’asséner une énième niaiserie catégorique. Tu m’as suivie. » Cette fois, on est dans le présent, l’actuel ; on pourrait presque imaginer que la narratrice, après avoir vu les frondaisons bouger, se retourne vers le salon et voit l’absent bouger la tête.
La dernière phrase, je la trouve franchement sinistre. Pour moi, quand une femme s’adresse au fantôme de son amour en disant : « Tu m’as suivie », ben c’est de mauvais augure pour sa santé mentale, quoi.
Côté technique d’écriture, c’est après avoir pris conscience de ce mouvement vers la folie de l’ensemble du texte que j’ai retouché la visite de l’agent immobilier pour qu’une « vision » de la dune rappelant celle de l’absent soit exprimée sur un mode intermédiaire entre le passé et le présent, ceci pour la transition.

Dans cette interprétation, le dialogue assez zarbi entre la mère et la fille prend je crois sens. La narratrice veut résister à cette évolution qu’elle sent confusément en elle : elle prend soin de faire ses course, préparer ses repas (bref rester autonome), proteste qu’elle garde le sens des réalités puisqu’elle a entrepris des démarches pour trouver à se reloger. De ce point de vue, cette phrase me paraît caractéristique : « Quoi, pensait-elle qu’il faudrait me traîner dehors hurlante, accrochée à mes meubles, pendant que la dune infiltrerait son sable dans le salon ? »
La narratrice craint que sa fille la prenne pour folle, parce que c’est la crainte qu’elle nourrit pour elle-même. Elle tient donc à lui faire savoir que non, elle n’est pas aliénée, en tout cas les choses, les objets ne l’aliènent pas : elle sait y renoncer, elle sait lâcher prise ; elle devrait donc aussi savoir lâcher prise de l’impalpable, de la présence qui reste vivante en elle. Je pense que c’est cela qu’elle essaie de lui dire.
La fille ne comprend pas ces enjeux, elle ne se doute de rien. Pourtant, comme la vérité sort de la bouche des enfants, j’ai l’impression qu’elle perce à jour très précisément, d’un mot, le mal de sa mère : « Tu es impossible, maman, reproche Anne en souriant. Tu as réussi à me gagner à ton indolence ! »
Elle ne dit pas paresse (ce qui, il est vrai, ferait une répétition inutile avec le début du texte), ni incurie, nonchalance, insouciance, flemme, fainéantise, flemmardise, je-m’en-foutisme. Non, elle dit « indolence », mot construit sur « dol », la douleur, la nuisance, le mal : la narratrice, de tempérament, est indolente, elle s’arrange pour éviter le dol, la douleur, le deuil. Et c’est bien pour cela que le deuil la possède et la rend folle, parce qu’elle refuse de l’affronter.
Au final, voici comment je résumerais le dialogue entre la mère et sa fille, sur le fond :
— Tu vois bien que je ne suis pas folle, je sais renoncer aux objets, alors pourquoi pas à ton père qui n’est plus là ?
— Ton problème, c’est que tu as refusé d’assumer ta douleur. J’essaye de t’aider à remettre les choses en ordre [dans ta tête], mais rien à faire.
— N’en parlons plus, buvons plutôt quelque chose de chaud et réconfortant.

Je le répète : telle est ma lecture, rien de plus. Les vôtres sont justes elle aussi, et ce que vous, les commentateurs du texte, avez pu voir dedans y est bien : l’éloge de la paresse, le dédain agaçant de la bourgeoise intello pour les biens matériels dont elle ne manque pas, le parallèle entre la dune et les choses, la maison et le passé enfoui, et aussi, bien sûr, le caractère très elliptique, jusqu’à l’obscurité, de cette histoire.
Je dois dire sur ce dernier point que : même pas honte. Il y a plusieurs années, un ami m’a reproché une trop grande transparence dans mes textes, un côté très premier degré. Avec celui-ci, j’ai l’impression que j’ai beaucoup évolué de ce point de vue, quitte à tomber dans l’excès inverse !

Je termine en signalant que ce n’est pas par hasard que j’ai soumis ce texte à Oniris juste après Se donner en spectacle. Malgré les années qui séparent les moments de leur écriture, pour moi ces deux histoires sont à mettre en rapport : ce sont celles de deux femmes qui cherchent à avancer dans la vie en « gérant » leur souffrance. À mes yeux, la madame Dubourg de Se donner en spectacle a réussi à dépasser cette souffrance, je trouve sa réaction beaucoup plus saine ; littéralement, elle pisse dessus, sur la « Fortuna », la « vita detestabilis ». (Au fait, David, si tu passes par là et puisque tu posais la question : le fait de lâcher son pissou, c’est la miction. Joli mot, non ?)

Voilà, me reste à féliciter les vaillants qui sont arrivés au bout de ce pavé ! Merci encore à mes commentateurs, c’est grâce à vous si je parviens à évoluer en écrivant.

Contribution du : 03/07/2013 16:09
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Re : À propos de "Quand on déménage", remerciements et précisions
Visiteur 
Citation :
Pour moi, Quand on déménage raconte une plongée progressive dans la folie


Surprenant. Que personne n'ait relevé cet aspect de votre récit montre qu'il était vraiment dissimulé. Une vieille dame qui vit avec le souvenir persistant de son mari décédé, lui parle, voit son visage, me semble être tout de même des raisons insuffisantes pour parler de folie proprement dite. Ou alors un très léger début de confusion mentale !
Cette entrée dans la démence est quasiment imperceptible, sans vos explications nul n'aurait mis le doigt dessus. Il faut donc relire ce texte sous un angle différent. Vous avez dit elliptique ?

Contribution du : 03/07/2013 19:38
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Re : À propos de "Quand on déménage", remerciements et précisions
Visiteur 
Citation :
Il faut donc relire ce texte sous un angle différent. Vous avez dit elliptique ?


Non non, ce n'est pas qu'il faille ! Comme je disais, c'est la lecture que j'ai eue de ce texte après l'avoir écrit...

Le fait que je sois l'auteur du texte n'implique nullement, à mes yeux, que la lecture que j'en fais soit la "bonne". J'insiste là-dessus : pour moi, cette notion de "bonne" lecture ou de "lecture autorisée" ne correspond pas à grand-chose.

Contribution du : 03/07/2013 19:58
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Re : À propos de "Quand on déménage", remerciements et précisions
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Citation :
Non non, ce n'est pas qu'il faille !


Je vais quand même aller relire. J'ai commenté il y a quelques minutes mais me suis retenu de lire les commentaires. Je n'avais pas relevé le côté folie et, comme Jano, j'étais plutôt resté sur une veuve en détachement, pas en délabrement.

En tout cas, il est toujours intéressant de voir ce que l'auteur a mis entre ses lignes qu'on a pas vu, et les bifurcations entre son histoire telle qu'il a voulu l'écrire et la nôtre, telle que nous l'avons lue.

Au plaisir de vous relire !

Contribution du : 04/07/2013 10:50
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Re : À propos de "Quand on déménage", remerciements et précisions
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Bonjour socque,
A la relecture de votre texte, je vois une femme tout à fait sensée qui s’accommode, à sa façon certes, mais de manière pertinente, de son deuil. Pas de folie, de la sagesse...une grande sagesse.
A vous lire...

Contribution du : 04/07/2013 14:16
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Citation :
Martyr est la seule manière de devenir célèbre quand on n'a pas de talent ( Desproges)
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Re : À propos de "Quand on déménage", remerciements et précisions
Visiteur 
La sagesse et la folie sont-elles forcément incompatibles ? En "décrochant" de la réalité consensuelle, n'en met-on pas parfois au jour une autre, par un regard différent ?

Là, on est loin du texte, c'est un autre débat je l'admets. Du reste le terme de "folie" que j'emploie pour parler de ma lecture du texte est sans doute trop fort : en y repensant, je me disais que ma narratrice, plus modestement, perd pied, qu'elle se laisse déborder par le vide..

Contribution du : 04/07/2013 15:34
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Re : À propos de "Quand on déménage", remerciements et précisions
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Je suis aussi allé relire et de folie n'ai trouvé aucun grain dans votre texte, Socque! Je suis un pro pourtant. Il y a de la mélancolie, de la nostalgie, mais surtout de la sagesse chez votre narratrice. Seriez vous si sage que vous verriez de la folie partout? On peut vivre, je crois, une certaine confusion entre le dedans et le dehors sans sombrer dans la folie. Nous n'écririons pas sans cela, tous autant que nous sommes!

Contribution du : 04/07/2013 15:44
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"Nous oublions ordinairement qu'en somme c'est toujours la première personne qui parle."
H.D. Thoreau
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Re : À propos de "Quand on déménage", remerciements et précisions
Visiteur 
Bon, ben ma lecture reste ultra-minoritaire alors !

Contribution du : 04/07/2013 18:47
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Re : À propos de "Quand on déménage", remerciements et précisions
Maître Onirien
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Que nenni, Socque ! Je réécris ici ce que je te t'ai glissé en plus confidentiel :
"Rien qui traîne. Pas même une dégoulinure de sentiments... Ce qui serre la gorge avec efficacité ".

Et donc, grand merci d'avoir confié ici ta lecture : le passage sémantique sur l'indolence m'a particulièrement touchée... en réalité, je n'avais pas fait non plus le rapprochement "quand on déménage".
Mais ce qui m'a serré la gorge à la lecture, c'est cette femme ignorant sa propre souffrance... l'emploi du présent à la fin du texte, ce "tu m'as trouvée" me donnait la sensation que là, la souffrance acculait la femme ; mais sans pouvoir dire précisément pourquoi.
Ta lecture éclaire tout, et je trouve aussi très intéressant la comparaison avec l'héroïne de "se donner en spectacle" ; nous dévoiler les coulisses de la construction de ce texte, et plus largement les intentions de tes personnages : voilà qui est instructif, enrichissant. Nulle flagornerie dans mes propos

Contribution du : 04/07/2013 21:57
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L'homme est conduit par l'aveugle qui est en lui- J.Claude Izzo
Poésie et carnets artistiques : https://papiers-relies.assoconnect.com/
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Re : À propos de "Quand on déménage", remerciements et précisions
Visiteur 
Bonsoir socque. Bien sûr je suis aussi tombé dans le panneau mais je ne regrette pas ma "compréhension" toute personnelle de ce texte. Dans ma lecture au premier degré j'ai plongé dans une atmosphère qui me convient très bien...
Votre second degré était très difficile à cerner bien que le titre aurait pu nous mettre la puce à l'oreille...
Un texte à double détente en quelque sorte !

Contribution du : 04/07/2013 22:37
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