je rentre de vacances et j'ai apprécié voir la troisième partie de mes "dépravés" publiée. J'ai aussi suscité des commentaires et j'avoue que de ma part, il y a eu une certaine provocation avec un auteur que je vénère: Alain Fournier.

Voici écrit à "chaud" mon explication. Je le re-précise, je ne soutiens aucune thèse. Le seul qui pourrait nous raconter les circonstances de sa mort, c'est Alain Fournier dont je ne souhaite qu'une seule chose c'est qu'il repose en paix.

Voici mon témoignage sur cette affaire:

Mille pardons aux lecteurs que j'ai me semble-t-il, heurtés avec ce texte. Tout d’abord j'ai une admiration sans borne pour Alain Fournier dont la mort fut odieuse, oui odieuse et ce quelles que soient les circonstances qui ont menés à cette issue fatale. Mort odieuse comme celle de Charles Peguy, de Jean Jaurès, de Guillaume Apollinaire ou une guerre plus tard, le fut celle de Max Jacobs à Drancy (encore un sacré dépravé, au sens où je l’entends, puisqu’en ces temps fort incertains, non content d’être homosexuel et juif, il s’était converti au catholisisme.

En écrivant ce texte, j'avais vraiment en tête le personnage du grand Meaulnes, roman qui m'a éveillé à la poésie. J’avais aussi en tête cette phrase de Jacques Brel : « Pourquoi ont-ils tué Jaurès ».

J'avais aussi en tête l'enterrement effectif de mon propre père qui se déroula en grande pompe avec tous les honneurs militaires en Belgique une année après les faits au Congo survenu en juillet 1960. Dans ma tête, je verrai toujours du haut de mes trois ans la bénédiction de cet énorme cercueil pesant quasiment une demi tonne, où se mêle dans mon souvenir les images du petit John-John Kennedy qui bon petit soldat comme je le fus, salue martialement le cercueil de son père John Figerald Kennedy.

La vérité des faits, je l’ignore et même s’il s’avère exact qu’avec sa compagnie, ils aient tirés intentionnellement ou non sur une ambulance, cela me le rend nettement plus humain que cette détestable image d’Epinal de l’officier français qui est obligé de rester debout pour mener ses hommes à la bataille, sous la mitraille.

Certains trouveront cela héroïque, sachez que pour moi cette attitude, c’est une véritable connerie et quelle que part totalement irresponsable pour les pauvres poilus, livrés à la folie meurtrière des hommes. Orphelin de guerre, cela m’a fait une belle jambe, croyez-en mon expérience. Tout comme ces vieux imbéciles qui pendant ma jeunesse, nous disaient que ce qui nous ferait du bien c’est une bonne guerre. Il n’y a pas de bonne guerre.

Bref tout ceci pour dire qu’en chaque homme, le bien et le mal se côtoie sans cesse et que parfois le bien n’existerait pas si le mal ne s’en était pas mêlé.

Je terminerai aussi par ces faits divers qui nous interpellent beaucoup en Belgique actuellement. Des jeunes belges issus de l’émigration arabe qui partent au grand dam des autorités se battre clandestinement en Syrie et bien moi au-delà des clivages idéologiques ou religieux, cela me rappelle simplement ces jeunes européens et américains qui en 1937 ou en 1938 rejoignirent les brigades internationales pour combattre en Espagne. Il y a là une sacré dose d’idéalisme romantique où l’attrait du danger exacerbe cette immortalité adolescente.