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À propos d’Icare.
Chevalier d'Oniris
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02/06/2012 10:43
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Merci à tous pour votre contribution, dans l’ordre d’apparition à l’écran : LeopoldPartisan, Margueritec, Tizef, Hananke, Alexandre, Miguel, Myndie, Troupi, Bleuterre, Toto, Francis, Louis.

LE CHOIX DU CLASSIQUE.
Lorsqu’on propose sur ONIRIS un travail sur une forme de type classique (dans le respect de son esprit), on vise la qualité formelle en se pliant aux conventions du genre au détriment de la fantaisie, (on voit bien, ici, ce qu’il y a d’incohérent de reprocher à ce qui s’en tient aux conventions d’être convenu), ce faisant, on fait le choix délibéré de s’adresser au public restreint des connaisseurs et amoureux du classique, c’est d’eux que l’on attend assentiment ou réprobation.
Ceux qui ne sont pas concernés par le classique comprennent et ils ne m’en voudront pas.
Naturellement, tous les avis comptent, et ils sont étudiés attentivement. L’effort que font les non spécialistes pour lire malgré tout et se déclarer mérite de recevoir nos remerciements.

La qualité de l’écriture d’Icare est reconnue par tous, et c’est le genre d’unanimité auquel on ne peut être insensible. Pourtant, j’avoue ne pas très bien comprendre certains commentaires. J’ai juste vu qu'il y en a qui n’entendent pas grand-chose au classique, ou qu’ils ne l’aiment pas, ou qu’ils n’ont pas la moindre notion en matière de symbolique et de mythologie et qu’ils mélangent tout, ou que certains regards sur l’« émotion » demandent à être précisés.

Dans un premier temps, je vais essayer de mettre un peu d’ordre dans ce bazar. Dans un second temps, je vais préciser mon idée pour répondre à Louis qui le mérite bien et faciliter la lecture des lecteurs suivants.

L’ÉMOTION
On ne peut pas mettre dans le même sac d’une part l’émotion basique, colère, peur, surprise, joie et, d’autre part, l’« émotion esthétique » laquelle est un ressenti d’ordre culturel (dans le sens d’accessible aux individus calibrés par une culture) et non pas un simple réflexe animal plus ou moins contrôlable.
L’« émotion esthétique » est une fonction primitive détournée par l’intellect. Faire le reproche de l’intellectualisme (c’est quoi ?) à un auteur, c’est prétendre lui interdire de produire de l’esthétique (quoi que l’on pense de ce concept) et cela ne peut être le fait que d’esprits superficiels (id est : en déficit de culture) qui confondent « émotion esthétique » et sentimentalisme à la guimauve.
Le sentimentalisme et les pleurnicheries c’est bien chez Édith Piaf, ça s’appelle du pathétique mais ce n’est pas du poétique.
Précisons que dans le cas du lyrique ou de l’élégie, le poète ne fabrique pas de l’émotion, il se contente de se livrer à du bricolage (s’aidant de techniques regroupées sous le terme de « pathos ») destiné à la susciter en manipulant son lecteur, nuance. Un texte peut être très émouvant et recueillir l’unanime suffrage du lectorat tout en étant d’une qualité d’écriture médiocre. Mais ce n’est pas du poétique cela, proprement c’est du « pathétique ». Pour accéder à la sphère poétique, ce texte doit être investi de la dimension « esthétique » de l’émotion.

Avec Icare, le choix de la distance ou de la froideur (« parnassienne » ?) est délibéré. Dans le même temps, ceux-là qui lui font ce grief de ne pas laisser de place aux émotions primaires s’accordent pour reconnaître une belle « plastique » à ce texte. Ainsi ont-ils accédé à leur insu à la dimension « esthétique » de l’émotion. C’est un bon début pour s’ouvrir au classique.

MYTHOLOGIE.
On observe au premier coup d’œil qu’« Icare » s’enracine dans l’archétype. Il n’est pas daté. Il y a trente siècles, Homère aurait pu le rédiger et les computers poétiques des temps à venir le pourront également (Alexandre l’a relevé).
Précision. Le symbolique véhicule la partie informulable du réel. Le symbole se distingue du signe, élément du langage, en ceci que ce dernier est arbitraire et que l’on peut le circonscrire dans une définition. Le symbole reste souvent énigmatique, en tous cas difficile à traduire dans le langage discursif. On va dire très succinctement que le symbole est une représentation consciente qui renvoie à un contenu non conscient plus ou moins définissable (forcément ! Se dira-t-on, en se souvenant que Lacan n’a souvent pas fait mieux).
Pour en venir à ceci. Tant pour le vol de l’esprit (Icare, donc) que pour le couple amour/mer, il est fait appel à des éléments mythologiques. La mythologie est une tentative d’exprimer un contenu symbolique par le moyen de fables.
Ici, on a parlé d’images et de métaphores. Soyons précis, en manière de mythologie, le mot juste, ce n’est pas images, mais allégories (reconnaissant, toutefois, que les liens entre l’image, la métaphore et l’allégorie rendent parfois difficile la distinction).
Ensuite, confondre image et symbole, passe encore, mais dire de ce dernier qu’il est convenu, ou qu’il est un cliché, c’est pour le moins singulier puisque c’est la nature du symbole que de l’être.
Quand même !
Homère, Hésiode, Pindare, Ovide, Apulée ne savaient pas que leur mythes étaient trop convenus ou clichés. Boudiou ! Qu’ils étaient mauvais !

Je réponds seulement à ce que j’ai compris. Ne m’en veuillez pas si je suis un peu simplet.
Tizef : Dans le mille pour tout. Sauf que ce n’est pas ironique, plutôt ludique.
Hananke, Alexandre : pas de remarques ? C’est bon signe, vous êtes de ceux dont je guettais les observations.
Miguel : Bref, c’est bref. Trop bref, c’est plus bref que bref. Beaucoup (ou bien) trop bref, c’est encore plus bref que trop bref. Un seul mot ne ferait pas apparaître cette gradation qui exprime ce regret icarien de la trop grande fugacité du moment érotique.
Me serais-je trompé ? J’ai beau relire, aucune autre formulation ne me satisfait. Ce fut bien pesé, lors de l’écriture.
Quand un point vous dérange, vous le dites précisément, ne serait-ce que pour connaître l’intention de l’auteur. C’est inestimable pour nous. Ça nous change des « c’est pas bon parce que j’aime pas » des holothymiques.
Myndie : Quel que soit le sujet abordé, tout a été dit. Ce qui compte, c’est la façon de le dire. Ici, entrant dans un thème que je sais rabâché, je ne crains pas de m’y confronter, à ma façon, d’où la touche ludique très bien perçue par Tizef, mais en allant trop franchement dans ce sens, je serais tombé dans la farce grotesque. Dans ce type d’exercice, il est difficile de conserver l’équilibre entre la grandiloquence et la pasquinade sans choir de l’un ou de l’autre côté.
Troupi : Quand un texte classique est apprécié par un lecteur qui reconnaît humblement (bravo !) son incompétence en la matière, vous imaginez que son auteur en est particulièrement touché. Par surcroît, vous ayant lu, je sais que la qualité de l’écriture prime toute autre considération chez vous, j’accueille donc votre compliment avec grand plaisir.
Bleuterre : La rime c’est la science des rimailleurs. Elle doit se plier à l’idée. Quand elle s’y refuse, on la change, point.
Lorsqu’on lit les grands auteurs (pour ceux qui les pratiquent couramment), on s’aperçoit rapidement que, compris dans les meilleurs textes, leurs rimes sont souvent d’une affligeante banalité. Ce qui fait la différence, chez eux, c’est moins la qualité des rimes que la manière de les amener.
Salut, c’est TOTO : La présentation de ce poème ? C’est vrai qu’écrit sur une nappe crasseuse de resto (pour ne pas faire scabreux), il vaut « faible - »
Vous rendez-vous compte que si mon type s’était appelé Narcisse, ce poème n’aurait pas été possible ? Il faut faire gaffe avec l’originalité appliquée à la mythologie.
Louis.
De quoi parle réellement « Icare » ?
Il contient une idée sous-jacente un rien plus sérieuse que les déboires amoureux d’un extraterrestre atteint de satyriasis, le tout narré sur fond mythologique.
Merci, Louis, il ya quand même de bonnes choses, c’est vraiment pas mal.
Voici de quoi vous permettre d’évaluer votre performance.

PRIME QUATRAIN.
Le type qui fait de la voltige aérienne n’est pas un gros bêta d’ange empenné de blanc. C’est un être purement spirituel. Il explore les rivages exotiques de l’Idée. Les nymphes qui dansent le laissent froid. Mais il est curieux de tout et de n’importe quoi, ces mignons animaux l’intriguent, pourquoi s’intéressent-ils à lui ?
Il n’est pas Bellérophon non plus.
Lui, au zénith, il y est déjà. Plus haut, y a pas. Les dieux ? Kézaco ? Peut-être est-il (ou se prend-il pour) un dieu ?
Non ! La question des dieux, il ne sa la pose même pas.
Dionysiaque et violent (ivre, sauvage, puissant, déchirer), il n’a pas d’interdit. Rien ne l’arrête. Il est prêt à tout détruire, compris lui-même (ce qui va arriver), à semer le chaos (le désordre donc) pour accéder (paradoxalement) à l’ordre intérieur des choses (s’il en existe un).

QUATRAIN SECOND.
Icare voit ou croit voir Aphrodite, l’Amour personnifié, dans toute sa splendeur. Ce n’est pas la jolie néréide qui le séduit, mais l’éclat qui émane d’elle, l’Idée de l’Amour. Donc il décroche de son zénith pour voir de plus près de quoi il retourne. En clair, il se pose à terre, perdant de ce fait son statut éthéré. Car c’est cela que (re)descendre sur terre, se matérialiser. Il s’incarne (proprement, il s’en-terre).
La déesse de l’Amour, Aphrodite (= née de l’écume) est un produit de la mer, c’est bateau (joli !), hélas, je n’y peux rien. J’aurais peut-être dû inventer une mythologie, comme Lovecraft, pour la faire naître d’une décharge (finalement c’eût été plus logique), je l’aurais appelée Terry, de son nom Déchais, oui ! la déesse Déchais Terry.
L’amour, la mer (Marbeuf) sont intimement liés dans l’imaginaire humain (et inséparables dans la poésie). Un trait symbolique majeur.
La mer c’est le lieu de la (re)naissance (et de la mort, un des aspects en général méconnu d’Aphrodite qui personnifie aussi le rire), des transformations (Nérée, Protée), c’est le lieu de l’incertitude, elle apporte la vie (elle nourrit), et l’épouvante (on la peuple de monstres, Tiamat, Léviathan, le Kraken, Scylla). Elle est par excellence l’univers des transitions.
L’Amour qui en sort ne peut qu’avoir les mêmes gènes (or, où est ce type de gènes, il n’y a pas « que » plaisir).

TIERS QUATRAIN.
Le pur esprit réfractaire aux grâces féminines du premier quatrain n’est plus. Le voici désormais soumis aux impératifs de la chair. Par conséquent, il joue les octopodes (nom scientifique : homo bicephalus octomelis) avec la belle qui n’attendait que ça.
Car Aphrodite, déesse (orgiaque) qui personnifie l’Amour, nous enseigne qu’il n’est pas dans la nature de l’amour vénérien d’être chaste. On peut bien construire hypocritement (c’est le fait d’un monde arrhénocentré) un temple à la vertu (avec fleurettes, chœurs angéliques, auréoles virginales) autour de l’Amour, hymnes à la fidélité et tout le tralala, il reste que l’urgence biologique est plus forte que tout, plus forte que les lois ou la morale, plus forte que les tabous, plus forte que la raison.
Au reste, les Grecs antiques l’avaient bien perçu qui ont parfois mis l’amour au rang des Kères (calamités ailées : la peste, la guerre, la famine, et cetera).

QUART QUATRAIN.
L’objet de son plaisir s’étant fait la malle, Icare (ou quel que soit son nom), se retrouve coincé dans un physique animal qui regrette (c’est peu dire) les oaristys précédemment expérimentées.

QUINT QUATRAIN.
Il constate les dégâts. Soulignons que « mélancolies » n’est pas au pluriel pour la simple satisfaction de la rime (on imagine bien que si ce n’était que cela, j’ai des solutions de rechange, exemple : « mes pennes abolies », jolie métonymie, vous ne trouvez pas ?)
D’une part, voici notre Icare devenu zoomorphe, avec toutes les implications afférentes, privé de son joujou érotique, abandonné, orphelin (c’est triste ! Non ? C’est pas de l’émotion, ça ?)
Donc, une tristesse nostalgique d’origine mondaine qui est le premier élément de mélancolie.
D’autre part, le statut biologique acquis pour épancher sa libido (os, barbaque, fressure, fluides divers), n’est pas réversible. Il est à présent dans l’incapacité de retourner à son état premier fait d’essence pure. Ores inféodé qu’il est aux lois physiques, lesquelles gèrent son enveloppe charnelle, les sphères idéelles se ferment à lui.
S’agissant de deux types de mélancolies intrinsèquement dissemblables dans leurs causes, ce singulier pluriel se justifiait (outre qu’il a pour objet de forcer l’attention du lecteur perspicace).
Depuis des millénaires, la croix apparaît sous une forme ou sous une autre dans nombre d’espaces spirituels ou religieux de la planète. Sa symbolique est très complexe, mais simple ici. Nous avons l’espace horizontal (les bras) qui figure la matérialité charnelle, et le stipe qui dans sa verticalité désigne les aspirations à l’esprit.
Chez le narrateur, on ne sait quel désespoir (de la désillusion amoureuse ou de la perte de son statut spirituel) l’emporte. Il est cloué à la jonction des deux, incapable d’aller ni dans un sens, ni dans l’autre, allusion à l’éternelle irrésolution de l’homme face au couple matière/esprit.

SEX(t)E QUATRAIN (cette curieuse numération pour en arriver là).
Eh oui ! Vous avez bien lu. C’est l’orgie, la partouze intégrale : les corps à corps, les mouillages à répétition, les fuites de port en port (= de porc en porc, ce pour quoi je n’ai pas cherché à éviter la rime batelée plutôt bienvenue ici), les figures ithyphalliques des mâts (qui ne sont pas des mâts, faut pas être naïf).
Aphrodite, déesse orgiaque, ne représente pas l’amour vertueux, disais-je plus haut.
L’Amour, celui d’Aphrodite qui est chant de la chair, est étranger, totalement, à la constance, aux mirages de la spiritualité, à la pudeur. Animal, bestial (Éros est féroce), dans les exigences biologiques qui sont les siennes, qui prend autant qu’il donne, un Amour qui se partage, qui (parfois) viole et se prostitue.
Comment cela, ce n’est pas de l’Amour ?
Mais alors, Aphrodite est la déesse de quoi, si ce n’est pas de l’Amour ?
On peu empaqueter ça dans le rêve (heureux qui sait le faire dirait Henri Laborit), mais c’est ainsi.
Je me demande si nous ne serions pas tous un peu comme mon Icare qui s’est finalement cramé les rémiges sur des illusions ?

Contribution du : 15/07/2014 00:02
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