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comptage des pieds en néo-classique
Maître Onirien
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bonjour à vous;
voici quelque temps maintenant que je commente les textes soit "à l'aveugle" soit publiés; pour cela, je ne dois pas induire en erreur l'auteur en lui trouvant des fautes techniques imaginaires!
J'ai dernièrement relevé que dans la phrase en exemple;

...la fougeraie roussie semble...
que celle-ci devait se décomposer ainsi
...la fou/ge/rai/e rou/ssi/e semble...

c'est-à-dire 9 pieds et non pas 7

Dites-moi si je me trompe, car je me sens bien bête tout d'un coup!

Papipoète

Contribution du : 17/02/2015 10:59
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Re : comptage des pieds en néo-classique
Visiteur 
Papipoète, ta question est pertinente

Tout dépend de la catégorie
En classique
"la fougeraie roussie semble"...
serait tout simplement refusé
en effet les (e) de fougeraie et roussie ne s'élident pas, mais les prononcer serait très désagréable à l'oreille
http://jocab.over-blog.com/pages/E_muet_Elision_Hiatus-3240975.html
En néo-classique
on tolère et le décompte des syllabes ignore ces (e)
la/ fou/ge/raie/ rou/ssie/ semble...

c'est d'ailleurs (avec la rime singulier/pluriel), un des principaux motifs de choix de cette catégorie

Plus généralement, lorsqu'ils sont publiés, les poèmes classiques ou néo-classiques ont été passés au crible, plutôt trois fois qu'une, par deux préposés sourcilleux. Il n'y a donc pas lieu d'y chercher des entorses aux règles.
Sauf à mettre en cause le sérieux de leur boulot.

Contribution du : 17/02/2015 11:19
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Re : comptage des pieds en néo-classique
Maître Onirien
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Chers amis,
je passais un peu par hasard et soudain que vois-je, qu'entends-je que coton tige-je dans qu'elle état j'erre ???

Sur Oniris un site qui voudrait vraiment faire la part belle à la poésie, un forum sur le comptage des pieds en néo-classique. Whoaa quelle titre sublimement surréaliste.

Cela m'a en quelques seconde ramené dans le film de Peter Weir, le cercle des poètes disparus où au début du film le regretté Robin Williams professeur de littérature, incite ses élèves à déchirer les premières pages de leur traité de poésie, où il est question des règles de versification et métrique. En fin de film, alors qu'il vient d'être licencié, la révolte des étudiants débute, lorsque son remplaçant veut commencer son cours en reprenant comme base dudit cours, justement ces fameuses règles que beaucoup en classe ne possède plus et pour cause...

Personnellement pour mon premier véritable cours de poésie, notre génial professeur, nous fit lire la préface de Léo Ferré : Poète à vos papiers..." que je ne puis m'empêcher de reproduire ici.

Des esprits chagrins me diront peut être comme souvent ne le cesse de marteler Eric Zeymour, On voit où ces libertés nous ont menées. C'est un autre débat quoique...

La poésie contemporaine ne chante plus. Elle rampe. Elle a cependant le privilège de la distinction, elle ne fréquente pas les mots mal famés, elle les ignore. Cela arrange bien des esthètes que François Villon ait été un voyou. On ne prend les mots qu’avec des gants: à « menstruel » on préfère « périodique », et l’on va répétant qu’il est des termes médicaux qui ne doivent pas sortir des laboratoires ou du codex. Le snobisme scolaire qui consiste à n’employer en poésie que certains mots déterminés, à la priver de certains autres, qu’ils soient techniques, médicaux, populaires ou argotiques, me fait penser au prestige du rince-doigts et du baise-main. Ce n’est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baise-main qui fait la tendresse. Ce n’est pas le mot qui fait la poésie, c’est la poésie qui illustre le mot.

L’alexandrin est un moule à pieds. On n’admet pas qu’il soit mal chaussé, traînant dans la rue des semelles ajourées de musique. La poésie contemporaine qui fait de la prose en le sachant, brandit le spectre de l’alexandrin comme une forme pressurée et intouchable. Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s’ils ont leur compte de pieds ne sont pas des poètes: ce sont des dactylographes. Le vers est musique; le vers sans musique est littérature. Le poème en prose c’est de la prose poétique. Le vers libre n’est plus le vers puisque le propre du vers est de n’être point libre. La syntaxe du vers est une syntaxe harmonique – toutes licences comprises. Il n’y a point de fautes d’harmonie en art; il n’y a que des fautes de goût. L’harmonie peut s’apprendre à l’école. Le goût est le sourire de l’âme; il y a des âmes qui ont un vilain rictus, c’est ce qui fait le mauvais goût. Le Concerto de Bela Bartok vaut celui de Beethoven. Qu’importe si l’alexandrin de Bartok a les pieds mal chaussés, puisqu’il nous traîne dans les étoiles! La Lumière d’où qu’elle vienne EST la Lumière…

En France, la poésie est concentrationnaire. Elle n’a d’yeux que pour les fleurs; le contexte d’humus et de fermentation qui fait la vie n’est pas dans le texte. On a rogné les ailes à l’albatros en lui laissant juste ce qu’il faut de moignons pour s’ébattre dans la basse-cour littéraire. Le poète est devenu son propre réducteur d’ailes, il s’habille en confection avec du kapok dans le style et de la fibranne dans l’idée, il habite le palier au-dessus du reportage hebdomadaire. Il n’y a plus rien à attendre du poète muselé, accroupi et content dans notre monde, il n’y a plus rien à espérer de l’homme parqué, fiché et souriant à l’aventure du vedettariat.
Le poète d’aujourd’hui doit être d’une caste, d’un parti ou du Tout-Paris.
Le poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé. Enfin, pour être poète, je veux dire reconnu, il faut « aller à la ligne ». Le poète n’a plus rien à dire, il s’est lui-même sabordé depuis qu’il a soumis le vers français aux diktats de l’hermétisme et de l’écriture dite « automatique ». L’écriture automatique ne donne pas le talent. Le poète automatique est devenu un cruciverbiste dont le chemin de croix est un damier avec des chicanes et des clôtures: le five o’clock de l’abstraction collective.

La poésie est une clameur, elle doit être entendue comme la musique. Toute poésie destinée à n’être que lue et enfermée dans sa typographie n’est pas finie; elle ne prend son sexe qu’avec la corde vocale tout comme le violon prend le sien avec l’archet qui le touche. Il faut que l’œil écoute le chant de l’imprimerie, il faut qu’il en soit de la poésie lue comme de la lecture des sous-titres sur une bande filmée: le vers écrit ne doit être que la version originale d’une photographie, d’un tableau, d’une sculpture.
Dès que le vers est libre, l’œil est égaré, il ne lit plus qu’à plat; le relief est absent comme est absente la musique. « Enfin Malherbe vint… » et Boileau avec lui… et toutes les écoles, et toutes les communautés, et tous les phalanstères de l’imbécillité! L’embrigadement est un signe des temps, de notre temps. Les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes. Les sociétés littéraires sont encore la Société. La pensée mise en commun est une pensée commune. Du jour où l’abstraction, voire l’arbitraire, a remplacé la sensibilité, de ce jour-là date, non pas la décadence qui est encore de l’amour, mais la faillite de l’Art. Les poètes, exsangues, n’ont plus que du papier chiffon, les musiciens que des portées vides ou dodécaphoniques – ce qui revient au même, les peintres du fusain à bille. L’art abstrait est une ordure magique où viennent picorer les amateurs de salons louches qui ne reconnaîtront jamais Van Gogh dans la rue… Car enfin, le divin Mozart n’est divin qu’en ce bicentenaire!
Mozart est mort seul, accompagné à la fosse commune par un chien et des fantômes. Qu’importe! Aujourd’hui le catalogue Koechel est devenu le Bottin de tout musicologue qui a fait au moins une fois le voyage à Salzbourg! L’art est anonyme et n’aspire qu’à se dépouiller de ses contacts charnels. L’art n’est pas un bureau d’anthropométrie. Les tables des matières ne s’embarrassent jamais de fiches signalétiques… On sait que Renoir avait les doigts crochus de rhumatismes, que Beethoven était sourd, que Ravel avait une tumeur qui lui suça d’un coup toute sa musique, qu’il fallut quêter pour enterrer Bela Bartok, on sait que Rutebeuf avait faim, que Villon volait pour manger, que Baudelaire eut de lancinants soucis de blanchisseuse: cela ne représente rien qui ne soit qu’anecdotique. La lumière ne se fait que sur les tombes.

Avec nos avions qui dament le pion au soleil, avec nos magnétophones qui se souviennent de « ces voix qui se sont tues », avec nos âmes en rade au milieu des rues, nous sommes au bord du vide, ficelés dans nos paquets de viande, à regarder passer les révolutions. Le seul droit qui reste à la poésie est de faire parler les pierres, frémir les drapeaux malades, s’accoupler les pensées secrètes.

Nous vivons une époque épique qui a commencé avec la machine à vapeur et qui se termine par la désintégration de l’atome. L’énergie enfermée dans la formule relativiste nous donnera demain la salle de bains portative et une monnaie à piles qui reléguera l’or dans la mémoire des westerns… La poésie devra-t-elle s’alimenter aux accumulateurs nucléaires et mettre l’âme humaine et son désarroi dans un herbier?
Nous vivons une époque épique et nous n’avons plus rien d’épique. A New York le dentifrice chlorophylle fait un pâté de néon dans la forêt des gratte-ciel. On vend la musique comme on vend le savon à barbe. Le progrès, c’est la culture en pilules. Pour que le désespoir même se vende, il ne reste qu’à en trouver la formule. Tout est prêt: les capitaux, la publicité, la clientèle. Qui donc inventera le désespoir?
Dans notre siècle il faut être médiocre, c’est la seule chance qu’on ait de ne point gêner autrui. L’artiste est à descendre, sans délai, comme un oiseau perdu le premier jour de la chasse. Il n’y a plus de chasse gardée, tous les jours sont bons. Aucune complaisance, la société se défend. Il faut s’appeler Claudel ou Jean de Létraz, il faut être incompréhensible ou vulgaire, lyrique ou populaire, il n’y a pas de milieu, il n’y a que des variantes. Dès qu’une idée saine voit le jour, elle est aussitôt happée et mise en compote, et son auteur est traité d’anarchiste.

Divine Anarchie, adorable Anarchie, tu n’es pas un système, un parti, une référence, mais un état d’âme. Tu es la seule invention de l’homme, et sa solitude, et ce qui lui reste de liberté. Tu es l’avoine du poète.
A vos plumes poètes, la poésie crie au secours, le mot Anarchie est inscrit sur le front de ses anges noirs; ne leur coupez pas les ailes! La violence est l’apanage du muscle, les oiseaux dans leurs cris de détresse empruntent à la violence musicale. Les plus beaux chants sont des chants de revendication. Le vers doit faire l’amour dans la tête des populations. A l’école de la poésie, on n’apprend pas: on se bat.
Place à la poésie, hommes traqués! Mettez des tapis sous ses pas meurtris, accordez vos cordes cassées à son diapason lunaire, donnez-lui un bol de riz, un verre d’eau, un sourire, ouvrez les portes sur ce no man’s land où les chiens n’ont plus de muselière, les chevaux de licol, ni les hommes de salaires.
N’oubliez jamais que le rire n’est pas le propre de l’homme, mais qu’il est le propre de la Société. L’homme seul ne rit pas; il lui arrive quelquefois
de pleurer.
N’oubliez jamais que ce qu’il y a d’encombrant dans la morale, c’est que c’est toujours la morale des autres.
Je voudrais que ces quelques vers constituent un manifeste du désespoir, je voudrais que ces quelques vers constituent pour les hommes libres qui demeurent mes frères un manifeste de l’espoir.
Léo Ferré

Contribution du : 17/02/2015 12:44
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L'anarchie c'est l'ordre sans le pouvoir; l'humanité c'est de tenter de pouvoir arriver à ne se manifester que le positif qu'il y a en chacun de nous. Léopold...
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Re : comptage des pieds en néo-classique
Maître Onirien
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J'ajouterai pour être complet que je voue un culte absolu à Stéphane Mallarmé et à Paul Verlaine. Et s'il m'est arrivé de commenter ici sur ce site des poésies en vers classique et néo-classique, c'est avant tout pour le sujet et la prise de risque de savoir écrire par exemple un sonnet avec des mots d'aujourd'hui qui me sont contemporains, c'est tellement rare que cela vaut vraiment de le souligner.

Contribution du : 17/02/2015 12:53
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L'anarchie c'est l'ordre sans le pouvoir; l'humanité c'est de tenter de pouvoir arriver à ne se manifester que le positif qu'il y a en chacun de nous. Léopold...
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Re : comptage des pieds en néo-classique
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Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s’ils ont leur compte de pieds ne sont pas des poètes: ce sont des dactylographes

Tout est dit.

Merci Léopold (et surtout merci Ferré).

Contribution du : 17/02/2015 13:15
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Re : comptage des pieds en néo-classique
Maître Onirien
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Ce n'est pas parce que soi-même on aime pas la rigueur du classique que l'on doit se gausser de ceux qui l'apprécie. Et puis, aimer la rigueur classique, , la souplesse du néo, ça ne veut pas dire ne pas aimer les autres formes. L'anarchie poétique véritable ne consiste-t-elle pas a remettre en question le conformisme y compris celui actuel qui porte aux nues tout ce qui a une apparence de nouveauté qui trop souvent confine au snobisme intellectuel. On peut trouver d'excellente subversion dans le classique et du plat académisme dans le contemporain.
Quant aux sentences telles que celle-ci "Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s’ils ont leur compte de pieds ne sont pas des poètes: ce sont des dactylographes" quand elles ne sont que des reprises fussent-elles d'un grand poète mais non étayées par une argumentation personnelle ne sont elles pas la démonstration d'un néo-conformisme de la pensée bégayante et préfabriquée, toute aussi intolérante que les règles de Boileau.
Après tout, pourquoi faudrait-il figer la pensée de "l'anarchiste" Ferré comme un dogme inviolable.
Je dirai Léopold que cette ironie sur l'ouverture d'une question par papipoète manque de tolérance. Je trouve que son poème sur la femme Bishnoï "le désert du thar dont on annoce la publication aujourd'hui et que j'avais découvert anonymement en GL à une portée subversive qui va bien au delà de certains écrits à prétention élitiste que j'ai parfois lu sur le site

Contribution du : 17/02/2015 14:08
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Vivre au paradis, quel enfer !
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Re : comptage des pieds en néo-classique
Visiteur 
Ah qu'il est taquin notre Léopold ! Mais c'est tout de même un bon garçon et un produit de la vieille école car il parle toujours de pieds quand on en est aux syllabes depuis belle lurette...

Ok, ok, je dis ça, je dis rien !

Contribution du : 17/02/2015 14:53
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