À tous, merci de vos commentaires de ma nouvelle « Un mois à la ferme ».

Pour répondre à certaines objections ou constats.

1) En 1980, période à laquelle se situe l’histoire, Pôle Emploi n’existait pas sous ce nom.

2) Sur la véracité des personnages, ils sont vus au travers d’au moins deux filtres : ma propre subjectivité à l’époque, ma mémoire plus ou moins précise quelques décennies plus tard.
Je n’ai sans doutes pas bien compris ces personnes, les fermiers, l’autre commis, par manque de psychologie et parce que je n’étais pas très liant à l’époque, mais c’est ainsi que je m’en souviens. Aujourd’hui j’apporterais sans doutes des nuances, je ressentirais des nuances.

3) Sur le manque de sensibilité du personnage principal (officiel car en fait les personnages principaux ce sont les animaux enfermés ou attachés) et sa naïveté, tout en étant un peu rêveur, il avait déjà eu l’occasion de tuer des animaux, en général pour les manger, mais pas toujours. Et avait aussi le souvenir des travaux des champs : foins, moissons, auxquels il participait jeune garçon, du troupeau qu’on emmène paisiblement au pré après la traite (mon ami d’enfance, ou mon meilleur copain était fils de paysan). Tout cela (le travail à la ferme) n’est pas bucolique, et les agriculteurs rarement des poètes mais il y a un vrai contact avec la vie, de la nature et des animaux, qui se perd de plus en plus avec l’automatisation, la chaîne de production, le bétail « produit » de fabrication plutôt que réellement élevé.

@Shepard, je me demande comment vous faites pour persévérer dans l’expérimentation. On s’habitue certes mais comme je ne me suis pas habitué, et n’ai pas voulu, à ce travail dégradant (à plusieurs niveaux) je ne me serais pas autorisé à expérimenter quoi que ce soit sur un être vivant.
D’ailleurs plus tard j’ai quitté un job de ‘maçon’ (en fait j’enlevais les clous des planches de coffrage) parce que le chantier était celui d’une centrale nucléaire et ça ne passait pas.
Quant à la sexualité des poulets, je ne sais pas si vous en avez vu vivre dans un espace confiné, mais je vous assure que les miens n’avaient pas la latitude de fantasmer, jamais. J’ai peut-être raté la saison des amours…

@Hersen, j’ai été touché de votre commentaire, car de par votre profession, vous êtes à même de mieux juger certains aspects de mon histoire.

@Automale, votre lecture et votre appréciation m’ont comblés. En effet le jeune homme de 20 ans c’était moi. Je ne suis pas parti après un mois à cause des animaux ( de côtoyer leur souffrance et son absurdité) , mais du fait du patron qui voulais m’imposer de travailler le week-end, et surtout de son ton presque impératif. Et ça, force m’est d’admettre que j’ai du mal avec les ordres, et les chefs. Alors que si on me demande gentiment un service, au moins poliment, j’ai du mal à refuser…
Si j’étais resté deux mois comme prévu, j’aurais peut-être fini par adopter le petit canard boiteux, et fait évader Justin… qui sait.

Merci à tous pour votre lecture attentive.

Corbivan.

Ah, je me doutais bien, Corbivan, que le jeune homme de 20 ans, un peu poète, un peu rêveur, c'était vous... Les détails sentant le vécu abondent tellement dans ce récit - d'où son intérêt - qu'il ne pouvait s'agir d'une fiction. J'apprécie de moins en moins les romans. Parfois, pour me tenir informée, j'en lis un... Mais cela me plaît tellement moins que la réalité... Alors, vous pensez si votre témoignage, qui ne trompe pas sur la véracité des faits, m'a séduite.

Il y a quelques années, je séjournais, dans le département de la Sarthe, dans un bel hôtel, un ancien haras... Le soir, je suis allée faire une petite balade digestive dans la campagne... Et je me souviens encore de cet élevage de pintades, en plein air pourtant... Les volatiles faisaient un bruit épouvantable. Les effluves n'étaient guère agréables... Et j'avais hâte de trouver une autre petite route de campagne... Votre "Un mois à la ferme" m'a fait repenser à cet élevage en nombre...

Encore tous mes compliments pour votre style d'écriture... Inutile de vous dire que je me précipiterai sur la publication de votre prochaine nouvelle !

Non je ne m'y habitue pas... Je connais des personnes qui s'y habituent, sans apprécier (c'est pour cela que je n'arrive pas vraiment à saisir ce détachement).
Pour moi c'est stressant et difficile à supporter, et encore je ne travaille pas en cancérologie ou immunologie donc les animaux se portent moins mal que dans ces domaines (je pense que j'en serais incapable). Après ce n'est pas forcément comparable à l'élevage, les conditions sont beaucoup plus contrôlées, le nombre d'animaux le plus limité possible, c'est en un sens, beaucoup moins impressionnant (vous n'avez pas cet effet de 'massacre en chaîne') mais pas moins grave bien sûr.

Quant à la persévérance, c'est une autre longue et personnelle histoire. Toujours est-il que vous ne pouvez faire de la biologie sur quelque chose d'inerte.

Les souris copulent, les poulets sont peut-être plus complexés après tout.

Je le redis, j'apprécie le fond de votre récit, à vous relire !

Pour faire un peu " Rubrique-à-brac " de Gotlib, eh bien parlons de la sexualité des poulets : dans un élevage industriel, bien entendu que les poulets sont castrés, physiquement ou, plus souvent ,chimiquement. Tout est calculé pour qu'ils fassent un poids donné au bout d'un temps donné. Cela s'appelle la rentabilité. Celui qui copule s'appelle un coq, que l'on ne rencontrera jamais dans un élevage industriel.
Pour les souris, je ne sais pas...mais vu leur rythme de reproduction, je pense que du côté de la sexualité, c'est plus chanceux que le poulet industriel !

Vous avez oublié d'évoquer les lapins, Hersen ! Dans le domaine de la sexualité, leur réputation n'est plus à faire !

Tout à fait vrai pour les lapins, Automnale, mais Shepard n'avait l'air tracassé que par la vie sexuelle des souris et des poulets, je n'ai pas voulu en rajouter !...

Je n'irais pas jusqu'à 'tracassé' =D
Cela partait d'un trait d'humour au départ...
Qui s'est avéré erroné visiblement ! Mais peut-être pas tant que ça si les animaux sont castrés cela ne reflète pas leur comportement normal. Enfin bon, digressions, je concède.