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1 Utilisateur(s) anonymes
"Une rencontre" manquée |
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Visiteur
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Bonjour,
Je vous remercie de vous être arrêté(e)s sous ce sonnet jugé globalement piteux. J'ai fait "mon marché" – si j'ose dire – dans les divers commentaires reçus, faisant le tri entre les recommandations qui me seront utiles, celles que j'accepte sans y adhérer, et celles qui me paraissent infondées. A nouveau, je remercie sincèrement chacune et chacun de vous, pour le temps que vous m'avez consacré. Pour ma défense, je ne répondrai que deux choses et qui dépassent tout ce qui a été dit au sujet de ce texte : Premièrement : Ces vers me sont venus sans prévenir après 2 ou 3 ans d'abstinence productrice ; c'est tout ce que la machine trop rouillée a pu produire à ce moment-là. Deuxièmement : Le sujet est des plus banals, oui. Mais écrire ce sonnet, si imparfait soit-il, m'a fait du bien. Encore une fois, ce point-ci surpasse tout avis, négatif comme positif. Quelques précisons générales : Le ton est volontairement sobre ; le lyrisme réduit consciencieusement à son minimum : je me suis appliqué à proscrire les effusions, le sentimentalisme mièvre, les envolées, la grandiloquence, les "ô" et les tournures surannées qui me fatiguent et que je trouve ridicules quand elles sont employées au premier degré en 2016. Si je suis mécontent de plusieurs imperfections formelles (relevées souvent à juste titre), du point de vue strict de la construction, je suis au contraire très satisfait du ton et du fond, conformes à ce que je voulais traduire. On me parle d'une confusion des temps du passé mêlés au présent : oui, et c'est tout à fait réfléchi. Je voulais ainsi exprimer le bouleversement intérieur que produit cette apparition inattendue, dans l' esprit du narrateur soudain confronté à l'immersion de son passé dans son présent : tout s'entremêle, tout se brouille au fond de lui. Dans ce vers : "Bien souvent mon cœur lourd subit la volonté" etc. Je trouvais intéressant de créer un flou, une imprécision, concernant la conjugaison du verbe subir : est-ce un présent , est-ce un passé simple ? "Un jour que j'arpentais une longue avenue, Je l'aperçus soudain" L'attaque du vers est malheureuse, en effet : je la remplace par : "Tranquille, j'arpentais une longue avenue." avec un point final au premier vers. Pour un commentateur, je précise que ce "cliché" (arpenter une avenue) était pourtant ce qu'il y avait de plus vrai. "Je me suis arrêté, troublé par son fardeau" Il faut comprendre que le trouble du narrateur est tel, qu'il peine à réaliser tout de suite que cette jeune femme a si bien évolué qu'elle a enfanté, et que ce "fardeau" est une poussette. Au dernier vers, le basculement est accompli dans la pensée du narrateur : tout s'éclaire ; la preuve est faite que la jeune femme n'est plus tout à fait l'étudiante que le narrateur a connue ; elle est devenue pleinement femme, et elle promène "avec grâce" son enfant. Le passé est bel et bien révolu. Cordialement, A. Voici la dernière et sans doute provisoire version : Tranquille, j'arpentais une longue avenue. Je l'aperçus soudain. — Même si j'ai quitté Depuis longtemps les bancs de l'Université, J'ai cru perdre dix ans quand je l'ai reconnue. Je l'aimais. — Quelquefois s'est-elle souvenue De ce quintil sans nom dans sa trousse jeté ? — Bien souvent mon cœur lourd subit la volonté De ma bouche trop lâche et qui s'est abstenue. Elle n'a pas changé : regard doux, teint de lait, Elle affiche toujours l'air qui m'ensorcelait Et coiffe comme alors sa belle chevelure. Je me suis arrêté, troublé par son fardeau. Elle ne me vit pas et maintint son allure : Elle s'enfuit, poussant loin de moi son landau.
Contribution du : 30/01/2016 13:06
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Re : "Une rencontre" manquée |
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Organiris
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Bonjour Antinoos,
je viens de lire votre texte et de le commenter. Dans la foulée, je découvre votre dernière version... que j'aime beaucoup. Je salue votre travail et ne peux que vous encourager pour la suite. Lulu
Contribution du : 30/01/2016 15:37
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Inspiration ou poésie... |
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Re : "Une rencontre" manquée |
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Visiteur
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Bonjour Antinoos,
Je dois dire que cette seconde version me plait beaucoup plus que la première, mais il n'y a pas de "rencontre manquée", il n'y a que des petites choses à améliorer, la preuve. Sur cette version-là, j'aurai mis un "Beaucoup" ! Bon courage, Wall-E
Contribution du : 31/01/2016 11:48
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Re : "Une rencontre" manquée |
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Visiteur
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Un grand merci à jfmoods pour son intéressante - comme toujours - analyse.
Merci à vous, lulu et wall-e, pour vos réactions sur ce fil. Bah, avec le prochain, vous allez grave kiffer votre race : j'aurai plus de plumes qu'un grand chef sioux. (ce n'est évidemment pas ma motivation, hein) Cordialement, A.
Contribution du : 31/01/2016 12:27
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Re : "Une rencontre" manquée |
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Visiteur
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Bonjour Antinoos
D'abord je voudrais vous féliciter pour votre travail car je sens que vous en fournissez un gros. Mais je voudrais vous dire ici mon ressenti. Vous avez modifié votre texte en vous attachant à la technique, en suivant les conseils des experts en ce domaine. Moi, j'aimerais vous dire que la poésie ce n'est pas simplement ça pour moi. Certe, vous avez effectué des changements mais personnellement, je ne trouve pas votre poème plus joli pour autant. Le sonnet qui est une forme que j'affectionne particulièrement se doit d'avoir une légèreté que je ne retrouve pas ici. Je crois que c'est le choix de vos mots qui ne me plait pas. Enfin, ce que je vous dis, n'est pas pour vous blesser, mais simplement, je ne suis pas certaine que vous ayez intégré qu'en poésie la forme seule ne fait pas la beauté. Un peu de lâcher prise serait bénéfique. Mille fois, je préférerai un poème bancal à une technique parfaite, si je ne ressens pas ce lâcher- prise. Et ça. ..je ne le ressens pas ici. A bientôt de vous lire donc.... Amicalement.
Contribution du : 31/01/2016 13:40
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Re : "Une rencontre" manquée |
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Expert Onirien
Inscrit:
22/11/2012 13:52 Groupe :
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Je découvre cette seconde version juste après avoir commenté votre poème. Juste une remarque sur le vers final : "Elle s'enfuit, poussant" est certes plus heureux phonétiquement parlant que "Elle passa, poussant", néanmoins cela me paraît un peu excessif pour le sens - en tout cas dans mon interprétation. Il me paraissait plus 'juste' qu'elle se contente de passer, plutôt que s'enfuir au loin de quelqu'un qu'elle n'a même pas remarqué ...
Quant à la grâce, elle a complètement disparu et c'est bien dommage. Je préférais nettement, pour ce vers, la précédente version.
Contribution du : 01/02/2016 13:53
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Re : "Une rencontre" manquée |
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Visiteur
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Bonjour Iloa,
N'ayez crainte, vous ne me blesserez jamais. Je vous répondrai simplement que je ne pourrai jamais faire l'unanimité : vous avez beaucoup aimé "Le roitelet", vous n'aimez pas du tout celui-ci ; tant pis pour lui ! J'ai davantage le sentiment que c'est le ton que j'emploie, qui vous déplaît : je le redis, j'ai choisi consciemment ce ton relativement froid (en surface) et, si je consens à des modifications formelles, je ne changerai pas la manière pour plaire à mon cher public : ce serait une auto-trahison. Quant à votre interprétation de l'écriture du sonnet, avec pour impératif "la légèreté", selon vous, vous me pardonnerez de me réfugier derrière l'avis de Baudelaire (mais vous conviendrez qu'il s'agit-là d'une autorité en la matière) qui disait que tout convenait au sonnet : tous les tons, tous les sujets. Pour ma part, la technique d'écriture est primordiale : elle est une condition essentielle de la beauté d'une pièce de vers. Ô banalités ! Ainsi, elle me préoccupe, mais pas seulement elle. Un "poème bancal" (je reprends votre expression au compte de mon sonnet) me chagrinera donc toujours, même si le fond m'interpelle. Mais nous n'allons pas refaire ici la vieille querelle de "l'Art pour l'Art". Je vous remercie pour votre réaction suite à cette seconde version. Bonjour Ioledane, Merci d'être venue, d'avoir lu et commentu. Vous n'avez pas tort pour le dernier vers. J'avais écrit aussi : "Elle passa, roulant loin de moi son landau." ...mais le verbe rouler me déplaisait finalement. Bien vers vous deux, A.
Contribution du : 01/02/2016 15:35
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Re : "Une rencontre" manquée |
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Visiteur
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Merci à Corbivan pour votre passage et pour vous être infligé une si détestable lecture : j'espère que vous vous en remettrez.
Cordialement, A.
Contribution du : 02/02/2016 15:55
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