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1 Utilisateur(s) anonymes
A propos du vers 5 d' "Orage nocturne" |
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Visiteur
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Bonjour,
Je crois avoir remercié individuellement chaque commentateur de mon dernier texte paru ici. Je voulais simplement, après les réserves exprimées par plusieurs critiques au sujet du rythme particulier du cinquième vers ("L'éclair affûte sur les toits son long couteau."), préciser qu'il s'agit ici d'un trimètre fonctionnant sur le principe de récupération de la valeur rythmique de la terminaison du verbe conjugué "affûte". Pour être - j'espère - plus clair : Voyez ce vers de Verlaine : Et la tigresse épouvantable d'Hyrcanie Il est curieux pourtant c'est bien un alexandrin. Voyez aussi ce vers de Rimbaud : Comme des lyres, je tirais les élastiques Rythme ternaire pour ces deux vers, le premier étant plus audacieux que le second. Il faut placer les coupes à la fin de chaque groupe de mots mais aussi et surtout au niveau de la dernière syllabe tonique. Ainsi, pour prendre d'abord le vers le plus étrange : Et la tigre/se épouvanta /ble d'Hyrcanie 4/4/4 "d'Hyrcanie" ne vaudrait en soi que 3 syllabes mais par récupération (de la fin du mot précédent) il en vaut 4. La césure 6/6 disparait totalement ce qui, en 1870, stupéfait le jeune Rimbaud lui-même. Mon vers est cela dit plus proche de celui de Rimbaud : Comme des ly/res, je tirais/ les élastiques : 4/4/4 par récupération Et mon vers : L'éclair affû/te sur les toits/ son long couteau : 4/4/4 par récupération (dans le sous-vers numéro 2). Il s'agit donc bien d'un alexandrin mais d'un trimètre un peu curieux de prime abord. On en trouve plusieurs dans un grand nombre de recueils, plus ou moins connus, de Verlaine ; également chez Jacques Réda. J'utilise régulièrement des vers de ce modèle, aimant profiter des assouplissements conquis par nos maîtres. Cordialement, A.
Contribution du : 20/06/2016 18:10
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Re : A propos du vers 5 d' "Orage nocturne" |
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Visiteur
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Bonjour Antinoos
Oui, je vous suis bien mais comme dans votre vers le te de affûte doit être prononcé, ça fait un drôle de trimètre avec 5 et 3 syllabes pour commencer et non pas 4+4. C'est ce que j'avais voulu signalé dans l'énoncé de votre vers et ne suis pas plus convaincu par vos explications. Et je maintiens après relecture encore que tout votre quatrain souffre de ce départ laborieux. Bonne soirée. H
Contribution du : 20/06/2016 18:44
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Re : A propos du vers 5 d' "Orage nocturne" |
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Visiteur
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Bonjour H.,
Quand on coupe sur la syllabe tonique, et qu'on sollicite ce principe de récupération, le trimètre est bel et bien là. Mais je comprends qu'on soit déconcerté. Merci pour votre réaction, A.
Contribution du : 20/06/2016 18:46
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Re : A propos du vers 5 d' "Orage nocturne" |
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Maître des vers sereins
Inscrit:
11/02/2008 03:55 Groupe :
Évaluateurs Auteurs Membres Oniris Groupe de Lecture Post(s):
33316
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Je l'ai lu quelque part cette histoire de syllabe "récupéré" dans le trimètre, en début de partition, dans un traité de prosodie ou des analyses de vers. Si ça me revient, je copie-collerais ça.
Contribution du : 20/06/2016 19:10
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Un Fleuve |
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Re : A propos du vers 5 d' "Orage nocturne" |
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Visiteur
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Je suis preneur de tout complément faisant autorité. Il faudra que je reporte ici un lien moi-même.
Merci David.
Contribution du : 20/06/2016 20:28
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Re : A propos du vers 5 d' "Orage nocturne" |
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Visiteur
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Une excellente poétesse m'a fait l'amitié de me transmettre un lien vers un article émaillé de références à des spécialistes de la métrique française, et traitant ponctuellement de ce problème de la récupération, alexandrins rimbaldiens à l'appui (même s'il ne s'agit pas de trimètres, le principe est le même).
En voici un extrait : "la césure débordée (selon l'expression de Michel Murat) : le "e" muet, post-tonique, placé en septième position débordant la césure, est récupéré par le second hémistiche, ce qui produit "un vers faiblement profilé dans lequel la césure ne ressort pas de manière saillante" (Murat, op. cit. p.63). "font les saules, d'où sau + tent les oiseaux sans brides." "aux doigts ; foulant l'ombel + le ; trop fière pour elle" "Ah ! la poudre des sau + les qu'une aile secoue !" (vers 12, 19 et 37 de "Mémoire")." Voici le lien en question : http://abardel.free.fr/glossaire_stylistique/cesure.htm J'ai pu heureusement retrouver sur la toile l'ouvrage que j'avais consulté jadis, sans en conserver la référence. L'auteur de l'extrait ci-dessous - qui s'attarde plus spécifiquement sur le trimètre -, est Benoît de Cornulier, ponte en la matière. C'est ici : https://books.google.fr/books?id=B1PtLX7yHxQC&pg=PA17&dq=et+la+tigresse+%C3%A9pouvantable+d%27hyrcanie+rimbaud&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi-jraL6rjNAhXDD8AKHVvgB2EQ6AEIKjAA#v=onepage&q=et%20la%20tigresse%20%C3%A9pouvantable%20d%27hyrcanie%20rimbaud&f=false A.
Contribution du : 21/06/2016 11:43
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Re : A propos du vers 5 d' "Orage nocturne" |
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Maître des vers sereins
Inscrit:
11/02/2008 03:55 Groupe :
Évaluateurs Auteurs Membres Oniris Groupe de Lecture Post(s):
33316
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An ben voilà, Cornulier... Pas sûr d'avoir retrouvé ce que je voulais encore mais j'ai déjà une citation d'un vers semblable au tien :
Et là-dessus, on voit Oronte qui murmure, (Le Misanthrope, V, 1, v.1505) Qui est cité comme 4/4/4 De cet article sur le trimètre : http://paintedplates.blogspot.fr/2013/11/le-trimetre-classique.html
Contribution du : 21/06/2016 15:49
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Un Fleuve |
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Re : A propos du vers 5 d' "Orage nocturne" |
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Maître Onirien
Inscrit:
17/04/2013 18:11 De Monts du Jura -
Groupe :
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46936
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Je dirais que lorsqu'on veut faire passer un élément non réellement classique on invente une règle, ce qui n'est pas en soi rédhibitoire. Ici le trimètre à récupération antérieure de syllabe.
L'essentiel est de savoir si le vers coule bien ou pas, la fluidité est-elle présente. "L'éclair affûte sur les toits son long couteau."Je dirais qu'ici la fluidité ne souffre pas du procédé. Ce n'est pas pareil à un "e" appuyé à la césure. Sur ce vers, la continuité existe dans la diction et la métrique 12 est correcte.
Contribution du : 21/06/2016 17:37
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Vivre au paradis, quel enfer ! |
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Re : A propos du vers 5 d' "Orage nocturne" |
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Visiteur
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C'est Verlaine, suivi par Rimbaud, puis d'autres ensuite, qui a vraisemblablement innové en la matière (???). Je n'ai en tout cas pas lu de vers similaires avant lui. Peut-être chez les Romantiques, je ne sais plus. L'usage fait la "règle".
Ce trimètre avec récupération dans le sous-vers médian (les termes se trouvent dans les ouvrages sur la métrique) n'a évidemment rien de classique mais je trouve l’affaiblissement de la césure utile et poétique quelquefois. Et je l'emploierai encore. Je voulais simplement, dans ce fil, m'appuyer sur d'illustres exemples, et sur la glose des théoriciens du vers, suite aux réactions suscitées par ce vers. Merci Robot. Merci à David pour ce lien intéressant, bien que la "polémique" vise particulièrement l'usage de cette récupération, et non le trimètre en général. Bien à vous, A.
Contribution du : 21/06/2016 18:15
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Re : A propos du vers 5 d' "Orage nocturne" |
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Maître Onirien
Inscrit:
02/10/2012 20:34 De Là-bas
Groupe :
Évaluateurs Auteurs Groupe de Lecture Membres Oniris Primé concours Post(s):
26652
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Merci Antinoos d'avoir ouvert ce fil.
Contribution du : 21/06/2016 18:38
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"La poésie est avant tout effraction. Elle cherche à plonger plus loin que les effets de surface. “ Jean-Pierre Siméon "parce que la forme est contraignante, l'idée jaillit plus intense" Charles Baudelaire |
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