Soque : Vous trouvez ce poème un peu lourd ; en effet les souvenirs, qu'ils soient agréables ou pénibles, reviennent de jour en jour, de strophe en strophe, et pèsent sur nos épaules en ce sens qu'ils nous empêchent de nous libérer d'une perception illusoire de nous-mêmes, que d'aucuns nomment l’ego.
Les souvenirs sont toujours une déformation de ce que nous avions réellement ressenti sur le moment. Et qui plus est, ce que nous avions réellement ressenti et dont nous nous souvenons, avait déjà été interprété en fonction d'autres souvenirs ou de marquages inconscients (eh oui, on est bien peu de choses, ma pauvre dame) !
Il n'est pas ici question de jeter nos souvenirs à la poubelle, mais de nous en dissocier, afin de percevoir ce que nous sommes réellement une fois libérés de cette construction mentale que nous imaginons être nous quand nous disons « Je ». Je pense donc qu'il est un temps pour nous construire à l'aide de nos expériences, de notre passé, et finalement un temps pour dépasser le passé. En ce sens, comprenez qu'il devrait m'être indifférent que ce « poème laisse une trace durable »... mais hélas, mon ego est toujours là qui ne veut pas baisser la garde !
Certes, on est bien peu de choses, disait cette pauvre dame, mais potentiellement, je suis persuadé que sous un autre aspect disons potentiel, nous sommes bien plus que ce que nous croyons généralement être (qu'est-ce qu'il raconte, il est grave, le mec!).
Sinon, même si je vous concède quelques répétitions d'un hémistiche à l'autre, je ne trouve pas que ce soit le cas de la plupart des vers que vous citez.
Merci pour cette analyse.

Dom1 : Je n'oublie pas le besoin d'oubli qui s'avère parfois vital.

Troupi : Votre ressenti prouve que vous avez lu ce texte avec la lenteur et la disposition d'esprit qui lui conviennent.

MissNeko : Je vous dédie ces deux vers de la fin, merci.

Hananke : Vos compliments me touchent de la part d'un auteur maîtrisant, oh ! Combien la poésie classique.

Pizzicato : « La vie est un rêve individuel, et le monde un rêve collectif » (je ne sais plus de qui, mais ça me parle).

Alexandre : J'ai utilisé le terme de rêve pour imager le fait que le souvenir d'un événement (et non l’événement lui-même) est quelque chose de subjectif. Merci à vous.

Robot : Je ne gagne pas vos éloges à tous les coups, mais j'espère vous convaincre une prochaine fois.

Cristale : Le pire destin du souvenir est évidemment l'oubli, mais le pire destin de l'homme qui se souvient est de ne vivre que de souvenirs, et d'oublier de vivre l'instant présent dans sa plénitude et sa spontanéité. Merci de même pour vos textes que je ne commente pas toujours, mais que je lis toujours avec intérêt.

Vicente : Je crois comme vous qu'il « est vital, consubstantiel, de garder la conscience de notre vécu ». Mais pour rebondir sur ma réponse à Soque ci-dessus, il faut déjà avoir un ego, une conscience de soi solide, pour pouvoir se permettre de vouloir la dépasser. Et il me semble que le summum de la finalité humaine est justement là. Du moins est-ce l'objet commun de toutes les Traditions de part le monde, sujet qui me passionne. Pour employer une image, c'est comme un adolescent qui, pour devenir adulte, doit passer par tous les stades de l'adolescence avant de changer de perspective.
Mais être un homme accompli, sans ego, n'est le fait que de très peu d'entre nous, et vous me croirez sans peine, je suis moi-même bien loin de cet état.
Effectivement, ce poème aurait pu être plus court, mais les strophes me venaient plus ou moins spontanément, ce qui m'arrive rarement ; alors, je n'ai surtout pas voulu vexer la muse...

Rhooo je suis touchée Ramana !!! Merci

Bonsoir Ramana,

je n'ai pas commenté ton texte, mais, comme dans ta réponse entre autres choses, tu dis, ..'Mais être un homme accompli, sans ego, n'est le fait que de très peu d'entre nous'...j'ai eu une idée soudaine, bon ça doit pas être digne de la révélation du Bouddha mais c'est plus simple...pour diminuer l'ego, sinon pour le supprimer (car peut-être autant se supprimer dans ce cas), on peut tenter de l'augmenter d'un ego, plus un ego, etc., ce qui ne fait pas un super ego, encore que c'est possible, mais peut aussi dissoudre une partie de l'ego, je pense par exemple aux mères, qui même si elle conserve un ego, leur personne n'est plus aussi centrée sur elle-même, elles sont augmentées ou diminuées (ce qui revient au même). Et c'est peut-être un chemin possible - pas que pour les femmes - pour que l’ego fonde dans la multitude...l'amour du prochain montre le même chemin, et pas que du prochain d'ailleurs.

Si le tutoiement te gêne, dis-moi, mais je deviens fainéant et 'tu' va plus vite que 'vous', à taper...bon si je dois m'expliquer à chaque fois, au fond j'y perds...

a+

C.

Bonsoir Corbivan, tu peux me tutoyer bien sûr, je ne suis pas le pape,

J'entends bien ta réflexion sur l'amour du prochain d'abord le plus proche (enfant, conjoint), puis amour qui peut s'étendre à tous et même à l'univers entier. C'est une longue maturation jusqu'à l'état sans ego, ou le Soi, comme on le nomme dans l'hindouisme. Cependant, il existe bien des pièges sur ce chemin, et l'ego peut devenir très subtil pour ne pas disparaître. L'amour que l'on croit désintéressé peut être à notre insu un amour pour soi-même... difficile d'être un chercheur de vérité, il faut être vigilent !