La perception de l’écrit appartient souverainement au lecteur dès lors qu’un texte est publié, puisque c’est de son émotion que dépend la qualification d’un acte littéraire qui prétend à la poésie.
Par ailleurs, les commentaires d’auteur, ne font pas dire aux écrits ce que les mots ne disent pas. Tel n’est donc pas mon propos.

Mon intention est ici d’apporter une bribe de réponse à ceux qui s’interrogent sur la « circonstance » du poème et qui trouvent dans ce texte, un hermétisme qui est venu gâcher le train de la lecture.
Cet écrit, il est vrai, ne manque pas de passages opaques en raison du choix délibéré de taire la circonstance et de n’en découvrir que la résultante littéraire. La circonstance que je pensais – à tort– facile à deviner, est un lieu commun qu’il est difficile d’aborder sans faire dans l’écrit larmoyant.
Imaginez qu’un homme au cœur compatissant, à la main prodigue, décide, par idéalisme béat, de s’engager dans le soutien d’êtres jetés par l’ogre capitaliste à l’étage subalterne de la société et c’est par eux, qu’il se fait mordre la main. Qui cela peut-il intéresser ?
L’écrit part de là. Immédiatement les mots interagissent et passent aux commandes. La circonstance n’assure plus le rôle causal. L’auteur est relégué préposé aux écritures, il est sous la dictée. Les mots déconstruisent, refaçonnent, s’agglutinent, chantent des airs de requiem et donnent à voir des images « salvadoresques » (S. Dali), produites par un cerveau malade, aux synapses en déliquescence, il fallait écrire vite, s’accrocher.
L’écrit découvre un peu, beaucoup son auteur… Mais il en est un de SENGLAR, qui aura malin plaisir à vous arracher la feuille de vigne en se tenant les côtés. Senglar, je ne croiserais pas le fer avec toi, il se dégage de ton encrier des vapeurs de vitriol, la lutte serait inégale.
Au faite, tu m’excuseras de ne pas être ton convive pour le plat que tu concoctes, l’ail rebute les fantasques présences qui me maternent, pour les cuisses de la mare aux têtards frais, c’est gratos, je ne t’enverrai pas de facture, Bon app.

Remerciements,
À tous ceux qui m’ont fait l’amitié de commenter « Le Heurtoir », à celles, à ceux, qui à la loupe ont cherché, ce qui dans ce texte, pouvait plaire, à ceux qui malgré de lourdes réserves ont préféré le commentaire à l’indifférence, je dis MERCI. MERCI ONIRIS !!!

Bonjour Taha,

J'ai relu votre poème à la lumière des bribes essentielles qui me manquaient.
Sans vous faire de proposition particulière pour aiguiller le lecteur, je peux vous dire que votre déclamation prend une consistance plus viscérale maintenant, du coup plus décisive. Les "excès" y sont autant de douleurs qui crédibilisent le projet de l'écriture, avant j'y voyais une colère assez déroutante.
J'adhère ainsi pleinement à votre intention.

Vincente, vous avez à mon endroit une indulgence que je n'ai pas pour moi même. Je sais qu'un texte ne vaut que par ce qu'il dit, le commentaire "éclairant" n'est pas censé l'accompagner.
Très touché de votre sollicitude, Vincente et merci encore pour les deux commentaires.

Merci à vous, pour cette lecture qui va loin dans le détail. Quelques idées qui me viennent en vous lisant à mon tour, cher ami.
Vos interprétations donnent au texte une complétude et une cohérence, qui ne m’étaient pas venus à l’esprit ; ils en font un périple existentiel. Gardez-vous de penser que cela contrarie une œuvre de quelque manière, le lecteur fait parler le texte avec ses propres outils, sinon quel intérêt ?
Quelques clarifications sur mes intentions :
Les batraciens affreux du début du texte, mettent en scène une allégorie des parvenus, ces champions de la thésaurisation qui prétendent à la distinction des manières, au raffinement de l’esprit que résume la phrase inégalable de Brel « qui aimeraient bien avoir l’air, mais qui n’ont pas l’air du tout. »
L’allégorie se nourrit toujours de la démesure…
La source vive, représente – pour l’auteur– les vieux repères perdus aujourd’hui, ceux d’une génération où (pour faire court) l’on ne disait pas zut ! où l’homme prodigue était adulé celui-là même qui passe pour un niais aux yeux de ceux qui se rient de lui.
« Il feint de boiter » par excès d’humilité; rappelons-nous M. Madeleine qui se réduit à un simple jardinier chez les Bernardines bénédictines si je me souviens bien ( V. Hugo) . Ce n’est pas de la triche.
Ensuite l’excès dans la présentation de l’état d’un mental qui sombre dans le cauchemar. Le sordide de l'heur et du malheur, tribut de la modernité, l'auteur est du siècle dernier, il tourne le dos à son présent.
L’absinthe, au dernier vers est là, en raison de son amertume, sa couleur verte comme la rage ! comme les algues de la mare nauséabonde, mais aussi parce qu’elle véhicule une idée de la déchéance dont elle est la compagne sophistiquée et principalement en raison de la voluptueuse musicalité que je trouve à ce mot qui la désigne.

Iktomi merci, Alligators 427, je DÉCOUVRE !!!

Et Munch ?

Je connaissais, Le cri muet, une essence prédictive d'apocalypse... Iktomi, enchanté de cette rencontre, vraiment.

C'est réciproque.