Hello Oniris
J'ai vu des interrogations dans les commentaires sur ma nouvelle, avec un gros désir de réponses... Donc je vais en parler ici, sans plus attendre, pendant que les mots sont encore chauds.

Je dois dire que je me suis beaucoup amusé à lire vos commentaires, qui partent dans toutes les directions parfois, mais je le cherche et je vous remercie de ces élans
L'histoire contient volontairement beaucoup d'implicites (sans blague) mais toutes les clés sont données dans le texte je pense, il n y a pas de références particulières à avoir en SF pour comprendre - contrairement à certains de mes écrits passés. Peut-être que l'écriture plus imagée qu'à l'accoutumée a pu désorienter, car certaines expressions ont été prises trop littéralement !!! J'adore !!

J'ai hésité à mettre ce texte ici, sachant que ce genre est un peu spécial, autant dans son écriture que dans sa violence. Mais, je vois que les oniriens se sont pris au jeu, donc merci à tous pour vos commentaires et lectures

Donc quelques points de l'histoire : (A ne pas lire avant de jeter un œil au texte !!)

- Le texte ne suit que Liliana (à la troisième personne, et dans sa tête à la première personne - en italique). Ivy ne parle pas. On peut le comprendre car dans la dernière partie en italique, Liliana s'adresse à Ivy directement. Et puis, elle est en vie, contrairement à Ivy. Le texte est au présent, donc il ne peut s'agir d'Ivy puisqu'elle est morte.

- Lili clone sa sœur, elle car a gardé un 'bout' d'Ivy. On devine quelque chose ayant avoir avec son ADN, nécessaire au clonage. Maintenant, certains se sont demandés comment elle faisait pour féconder l'embryon de sa sœur, ou même pourquoi portait-elle sa sœur. Cette partie est la plus difficile. Il faut savoir qu'un clone n'est pas fécondé, il est créé à partir d'une cellule adulte (d'Ivy) reprogrammée pour regagner sa 'totipotence' (c'est le terme). La cellule se divise et donnera naissance à un nouvel embryon. L'embryon, lui, doit trouver une mère porteuse pour soutenir son développement. Dans ce cas - Lili. C'est comme cela que l'on a cloné Dolly (si vous en avez entendu parler). Ici, nous sommes dans la SF, donc les autres clones, ceux de Lili, ont été développés ex-vivo sans mère porteuse, dans des incubateurs (les incubateurs qui ronronnent, quand Lili Prime entre dans son labo).

- Les clones de Lili. Pour Maria : bonne imagination, mais 'les ombres' est une image, pas une entité extraterrestre. La lumière est faible, Lili voit des ombres bouger (ses clones, dans son labo). Le lien est fait avec 'les Lilis s'entrechoquent' et puis au paragraphe d'après 'Les 17 clones de Lili'.

Le fond de l'histoire (le : mais pourquoi ??)

Lili est Ivy sont deux sœurs, fragiles et plutôt perturbées, en opposition au monde - inadaptées. Un jour Ivy se suicide, pourquoi ? Tristesse, dépression, incapacité à se trouver une place, réjection, tout en même temps, c'est un fait malheureux qui arrive. Lili le prend très, très mal. Elle aurait pu suivre dans la tombe mais au contraire, elle y trouve un but : ramener sa sœur dans un monde sûr, un monde rien que pour elles - elle tient les autres comme responsables (au moins du rejet), elle entretient un syndrome de paranoïa. Elle perd le peu d'empathie qui lui restait - elle qui était toujours en colère.

On ne clone pas avec rien, alors Lili fait ça dans son laboratoire, elle est biologiste - xenobiologiste (ici on peut deviner qu'elle se trouve loin, quelque part en orbite dans une station, à étudier quelque chose, son job. Elle s'invente un monde à elle, avec ses clones, ne donnant donc sa confiance qu'à elle-même. Personne d'autre ne doit approcher sa sœur, de risque de la faire souffrir, comme la première fois. Donc elle tue les autres et donne naissance à Ivy dans son univers d'amour, car oui, si elle aime quelqu'un (après elle) c'est bien sa sœur - qu'elle considère comme une partie d'elle. Le suicide de sa sœur, c'est comme si on lui avait volé - il doit y avoir une punition.

Autre question cruciale (belle intuition de BeL13ver , chapeau) : Est-ce que la sœur est bien d'accord avec tout ça ? A quel point Lili se projette ? Peut-être même qu'Ivy s'est suicidée à cause de sa sœur, trop possessive, invasive, et finalement, toxique. Mais quel atroce cauchemar, dans ce cas, de renaître dans un monde de miroirs déformés, entouré par les Lilis... Au lecteur de choisir le degré d'horreur qu'il veut rejoindre...

Petites réponses aux petites questions :

- pourquoi Liliana "s'est noyée" à la mort de sa sœur.
-> C'est à prendre au sens non littéral. Elle n'arrivait plus à sortir la tête hors de l'eau, elle s'est noyé. La folie l'a définitivement emporté. Autrement dit, elle en avait plus rien à foutre du monde.

- L'auteur me dira si j'ai tort ou non, mais je pense que Ivy ne veut pas de l'amour et de l'adoration que lui vouent ses dix-sept mères, et que c'est une image pour dénoncer le culte à une éventuelle divinité : on (se) sacrifie pour quelqu'un qui ne veut pas de vous, et qui vient uniquement de vous. Le fameux "ami imaginaire".
-> J'ai répondu, mais je reviens dessus : oui.

Que s'est-il passé dans le laboratoire ? Une orgie ? Les ombres sont rassasiées. De plaisir ? Qu'a éprouvé Liliana ?
-> Elle a prit son pied. Dix-sept personnes, et elles se connaissent sur le bout des doigts...

On pratique la xénobiologie dans la station. Ces créatures ont des formes que nous ne connaissons pas et dont on ne peut prévoir l'évolution. Est ce pour cela qu'elles tuent ? A qui obéissent elles ?
-> Au cas ou ça ne serait pas clair précédemment, ce sont les clones de Lilis, pas des créatures extraterrestres. Elles suivent Lili Prime, Liliana Kett, pour le moment en tout cas.

Lili ne peut pas promettre à Ivy qu'elle ne connaîtra plus la douleur, puisque qu'on ne peut pas contrôler l'évolution de ces créatures étrangères à nos critères.
-> En dehors de la seconde partie (voir réponse précédente), bien sûr c'est une promesse illusoire. La souffrance peut venir de n'importe quel angle, de l'intérieur. C'est une promesse faite par quelqu'un qui n'a plus toute sa tête.

Et pour finir, la question clé :

Elles se masturbent ou pratiquent elles l'inceste ?

Je dirais... Les deux.

On arrête plus le progrès !!

Bonjour Shepard, merci pour toutes ces précisions.

Sur Oniris, ce qui m'effraie un peu du côté nouvelle, pour commenter, c'est justement qu'il faille aller bien au-delà de ce qui est écrit.
Je ne pense pas savoir faire, alors que je me sens très à l'aise du côté poésie.
Pour moi, une nouvelle est un court écrit qui me fait (ou pas) passer un bon moment.
Cependant, parfois, j'ai envie de laisser une trace de ma lecture, et c'est ainsi qu'avec ce sujet (entre autres, amis c'est vrai aussi en prenant connaissance des autres commentaires), je mesure la distance entre l'auteur, ces intentions, son chemin d'écriture, et le lecteur.

Combien de temps passes-tu à écrire un tel récit ? À le peaufiner et à le présenter sur le site ?

Bonjour Shepard,

Merci de ces éclairages qui nous permettent de mieux comprendre ce texte ! Personnellement, il me donne la nausée, d'autant plus avec vos explications, mais reste une très bonne nouvelle dans son approche et dans son style.

Bonjour Shepard

Merci pour ce complément d'information, c'est très instructif. C'est donc au lecteur de choisir le niveau d'angoisse qu'il est prêt à supporter, quelle clémence :D Merci en tout cas

Au plaisir de vous lire.


PS / Xénobiologie je ne connaissais pas ce terme, qu'à priori j'aurai remplacé par Exobiologie, en recherchant sur wiki, j'ai trouvé que les deux termes existent et désignent des choses pas tout à fait identiques. Intéressant.

@Hersen : Merci pour ton passage. Effrayant sur le fond, oui c'est un peu ça ...
Le point que tu soulèves était présent dans une idée initiale de la nouvelle. Avec plus de détails de la vie sociale de Lili avant que ça parte, puis je me suis ravisé, je voulais que l'histoire soit sans chichis... Et très courte, moins de 1000 mots. Mais c'est un point de vue tout à fait compréhensible, à la fin c'est un choix arbitraire de ma part.
Les lecteurs sont humains... mais moi aussi, jusqu'à preuve du contraire... Enfin, heu... n'en disons pas plus
Il y a une autre nouvelle que je pensais poster, dans le même type de format, mais je crains qu'elle aille beaucoup trop loin dans le délire comme tu le dis si bien

@BeL13ver : Je comprends la réaction, c'est que ça a marché... C'est le paradoxe de l'horreur, il faut réussir à dégoûter les lecteurs de son texte pour que ça marche...

@Eclaircie : Je dis toujours, au lecteur de voir ce qu'il veut dans le texte. Peu importe si vous n'avez pas collé à ce que je voulais dire, tant que vous y trouvez votre compte... Et puis au final, vous vous en êtes très bien sortie !
Notez qu'il y a des nouvelles plus accessibles sur Oniris... là je pense qu'on se trouve dans la niche du bizarre par rapport à la moyenne du site.
Pour la durée d'écriture... Difficile à dire. Cette idée m'est venue deux ans en arrière je dirais, elle était incomplète alors je ne l'ai jamais écrite. Récemment j'essaye d'écrire un roman... Que j'entrecoupe avec des petits textes pour me changer les idées. Je me suis rappelé de ce truc et j'ai trouvé une version qui me plaisait, je me souviens c'était au travail
L'écriture m'a prit deux-trois heures je dirais, deux heures pour la première version, une pour la relecture/réécriture. Conclusion, je réfléchis longtemps (certains diront lentement ...) et j'écris très vite.

@Ours : Profitez de madame Clémence, elle ne sera pas toujours présente

@phoebus : Merci pour votre passage. Je pense que vous tenez une bonne manière de faire : de suivre ce qui est donné. Certes, tout n'est pas dit, mais finalement l'histoire est là (je pense) et se tient toute seule. Le reste... Vous l'imaginez, ou pas, tout dépendra de l'implication que vous souhaitez fournir.

L'idée que Lili Prime soit elle-même un clone est très plausible

@Perle : Merci pour ton passage, dans ce coin craignos d'Oniris.
A propos des clones. Le personnage est narcissique, manque d'empathie. En détestant les autres, elle s'aime beaucoup. Littéralement... C'est sa façon de recevoir de l'affection. Et aussi, la curiosité scientifique ne connaît pas de limites

Citation :

Tu t'avances beaucoup pour la première partie !!
Plus sérieusement, oui, peut-être, mais je ne pense pas, pour l'intérêt du texte - mais le point de vue est complètement recevable et valide. Promis je fais aussi des textes où je dis tout !!

Note : Il y a une suite. Probablement pas ici, quoique...
En court - la station trouve un monde habitable... Tu imagines ensuite la démence qui pointe son nez... Une civilisation avec une seule Ivy et des milliers de Lilis. Peut-être que ça ne vaut pas plus de développement....

Ah je ne sais pas... Parle avec Jaimme, avec son étable il s'y connait en mondes craignos... Cette nouvelle me marque encore !
Je pense que ta suite peut être intéressante, philosophiquement parlant. Ou juste pour la scène de partouze géante à imaginer !


Édit: tout expliquer n'est pas du tout ce que j'attends d'un auteur, mais tu le sais. Bon, là, on est quand même assez loin de ce cas !

Je vois donc les sujets qui t’intéresse

Citation :

Je reviens sur votre réponse, qui je l'avoue m'a un peu gênée pour la partie que j'ai surlignée.
Elle me renvoie à mon sentiment d'être petite en littérature, et pour faire schématique, prosaïque et sans objectivité, je la traduirais par "retourne à la maternelle".
Autre point, comment savoir à priori (lorsque j'ose me glisser entre les nouvelles) que l'auteur est facile ou difficile d'accès ? Et qu'est-ce que ces notions ont de réels ? Est-ce qu'elles doivent être un critère de non lecture, de non commentaire ?
Il y a des poètes que l'on dit difficile, même sans les comprendre je les lis parfois -je pense à Julien Gracq-il m'en reste toujours le plaisir de la découverte des mots et si je décidais de les commenter, certains pourraient remarquer ma naïveté ou de ma maladresse, ce qui ne m'empêchera pas de commenter.