Bonjour. Le manteau d'astrakan, une histoire pesante. Une histoire vraie. Le petit garçon qui raconte sa visite au ghetto avec sa mère est Niklas Franck. Il n’a alors que 4 ou 5 ans et n’en garde qu’une image floue d’un endroit triste. Seul souvenir, il a tiré la langue à des garçons ! Il raconte cela dans un interview de la BBC.
https://www.youtube.com/watch?v=20M1pFOvG7I
C’est en regardant cette video que j’ai moi-même reçu une décharge émotionnelle si forte que j’ai eu besoin d’écrire pour la canaliser.

Le père de Niklas est Hans Franck. Nommé par Hitler Gouverneur Général de Pologne en 39 après l’envahissement du pays. Gouverner veut dire fermeture des écoles et des universités, luttes contre toute résistance, élagage de l’intelligentsia et du clergé, ghettoïsation des juifs, et envoi de main-d’œuvre esclave dans les usines du Reich. (les camps de la mort sont du ressort de la SS, donc de Himmler)

Hans Franck est avocat de métier. Cultivé, grand admirateur de la Renaissance italienne (il a fait une partie de ses études de droit en Italie). Très bon pianiste (concerts privés) et interprète de Chopin.

Il choisit le château des rois de Pologne à Cracovie (le Versailles polonais) pour vivre et travailler. Le voilà donc avec sa femme et leurs 5 enfants (Niklas est le plus jeune) dans une vie de châtelain.
Un vrai château avec des tableaux de Da Vinci (la Dame à l’hermine) et de Michelangelo, la vierge noire de CHestochowa, etc…. etc… et autre objets d’art (il y a dans le Reich un immense commerce d’œuvres d’art volées). Hans Franck lui même se disait « Roi allemand de Pologne » en éclatant de rire.

Sa femme Maria avait un passe temps. Elle collectionnait les manteaux de fourrure.. Quoi de plus facile que de s’approvisionner dans les ghettos, Cracovie ou Varsovie. A la fin de la guerre elle avait une quinzaine de manteaux. C'est la revente de ces manteaux qui l'a aidé à payer des études à ses enfants.


Au procès de Nuremberg, Franck a été condamné et pendu.
Niklas, lui, est devenu journaliste en Allemagne. Il a passé un grande partie de sa vie à étudier les archives de son père (lettres, journal, décrets, discours….) et voue une haine viscérale (et posthume) pour son père. ll en parle dans un livre In the shadow of the Reich entre autres. Aujourd’hui, 80 ans, toute son énergie va dans la lutte contre le néonazisme en Allemagne.

Malaparte a aussi bien connu Hans Franck (tous les deux parlent italien). Il a même été hôte dans le château. ( Kaputt et le Journal intime de Malaparte). Il définit Hans Franck comme « sensible et raffiné d’un côté, cynique et brutal de l’autre » Ce qui pourrait bien être la définition même du nazisme.

C’est donc avec tous ces livres et documents que j’ai pu écrire cette histoire qui plonge dans le noir de l'humanité.

Merci.

Oui. C'est lorsque je me suis mis à lire votre nouvelle en EL que je me suis posé des questions et découvert Hans Franck, son histoire et celle de sa famille. J'ai ainsi beaucoup mieux appréhendé votre nouvelle et les sentiments qui avait pu vous animer pour l'écrire. Tragédie n'est pas un mot assez fort et comme je le dis dans mon commentaire, je n'aurais pas aimé être à la place de Niklas, après la guerre.

Il est souvent bon d'aller voir le côté histoire pour comprendre certaines nouvelles qui se fondent sur des événements ou personnages ayant existé.

Être cultivé ne garantit rien, comme on l'entend trop souvent de nos jours. Il arrive un moment ou il faut faire un choix, et le nazisme a fait celui du mal absolu!

Merci Cherbiacuespe pour avoir pris peine de vous renseigner sur la source de ce récit.
Merci à tous les autres qui ont commenté ce récit.

J’ai toujours été fasciné par le nazisme. Pas les faits historiques en soi mais mais plutôt les comportements. Entre autre comment les descendants de tous ces criminels on réagi et ce sont comportés. C’est assez surprenant…. Et triste à la fois.

Albert Speer « l’architecte du Reich », le chouchou d’Hitler. Le seul qui se soit déclaré coupable à Nuremberg ( ce qui lui a sauvé la vie)
Ses enfants ont refusé le contact avec lui (quand il a été libéré de prison)
Rudolf Hess. Son fils défend son père avec acharnement.

Himmler. Sa femme a continué « l’œuvre de son mari » entre autre aider les nazis à se cacher ou à fuir. Sa fille Gudrun « Püppi »a été la grande égérie du néonazisme jusqu’à la fin de sa vie en 2018.

Goering. Le père de la Gestapo en 1933. Grand collectionneur d’œuvres d’art. Tous ces descendants le prennent pour un grand homme d’Etat et un père magnifique. Déni complet. Leur père n’est qu’une victime
(Son frère Albert a par contre a travaillé dans l’ombre et sous le nez de la Gestapo pour sauver de nombreux juifs et dissidents.)

Mengele Son fils Rolf, avocat, a changé de nom. Est allé en Israel pour demander pardon au nom de son père.

Rudolf Hoess Le commandant d’Auschwitz, le père de Zyclon B. Ses Cinq enfants, une vie familiale heureuse et sans problème à Auschwitz.
Déni complet. Ne veulent pas croire.

Eichman. Exécuté en 60. Ses deux fils ainés sont resté actifs dans les réseaux nazis en Argentine. Ils ont même fait de la prison pour tentative d’assassinat.
Le plus jeune fils, Ricardo, a caché sa honte pendant longtemps. Il est professeur d’archéologie à l’Université de Tübingen

Hans Frank. Niklaus est le seul a être dans la haine paternelle. Les autres trois filles et un fils sont restés dans la nostalgie du Reich.

Comme quoi, il est pratiquement impossible d’accepter la culpabilité de son propre père. On ne voit pas l’assassin on ne voit que les gants blancs.
Par contre pour la seconde génération l’acceptation semble plus facile.

Reconnaître la culpabilité du père (ou d'ailleurs de la mère), c'est un peu reconnaître son propre aveuglement, non?. "Je ne voulais pas voir ce que j'avais sous les yeux". Et puis il y a les convaincus, ceux qui ont fait le choix du mal absolu. Ceux-là, pas la peine d'attendre de rédemption de leur part.

Si voulez une vue bien complète (et écœurante) de la barbarie humaine (pas de la folie, hein, si on parle de folie, c'est qu'on leur trouve une excuse), regardez du côté asiatique (Japon) avec le dénommé Shiro Ishii. Vous allez bondir d'horreur (si vous ne connaissez pas déjà).