Bonjour et merci à toutes les personnes qui se sont impliquées dans la parution de mon texte. Ainsi qu’aux lecteurs et aux commentateurs.

Mon intention était de proposer une réflexion sur la chance et la malchance, ainsi que la folie à laquelle peut mener le goût du pouvoir.

Le personnage de « l’homme » représente la chance aveugle, puisqu’ici elle profite à l’amoralité. Il n’est pas du tout un professionnel mais plutôt un cadre d’entreprise qui s’est passionné pour les jeux de rôles policiers grandeur nature (genre cluedo). Mais le jeu a été perverti par certains en « jeu de pouvoir » et, alors que rien ne le prédestinait à tuer qui que ce soit, son ambition pousse cet homme à accepter les règles les plus folles pour devenir Président du Cercle.

Quand à la jeune femme (et par extension son mari et leur enfant), elle représente la part de malchance qui peut échoir à chacun d’entre nous et perturber une vie jusque-là paisible. La fatalité l’entraîne dans son engrenage et broie sa famille.

Au vu de la plupart des réactions, mon objectif est raté ou au mieux maladroit. Bon, je vais retravailler ce texte.

@ maria

Merci de votre lecture qui est tout à fait cohérente avec le texte. Même s’il s’agit d’une activité extra-professionnelle, la mentalité est bien la même : passer des tests de compétence, obéir jusqu’à l’absurde (ici au crime) pour gravir les échelons et appartenir à une élite, sans états d’âmes.

@ cherbiacuespe
Je vous remercie de votre commentaire. J’ai voulu en effet un style « chirurgical » pour démontrer qu’à aucun moment ou presque notre homme ne voit sa victime comme un être humain. Elle est juste une manière pour lui de s'ouvrir la voie vers le poste convoité. C’est lui qui juge qu’elle est minable, mais sans doute cette jeune mère était heureuse de vivre, même dans une cité HLM.

@ Eclaircie,
Vous avez tout à fait raison de donner un ressenti si le texte vous l’inspire. Il n’est pas besoin de décortiquer l’histoire et je vous remercie de votre intérêt pour cette nouvelle.

@ Donaldo75
J’adore votre façon de manier l’ironie. Pour ma part, je suis ravie si mon texte est accessible à tout un chacun car je recherche toujours la simplicité. Pour qui veut creuser un peu, il y a bien sûr matière à réflexion, mais on peut juste survoler. Je vous remercie de votre commentaire.

@ Harvester
A la lecture de votre commentaire dont je vous remercie, je m’aperçois que j’ai raté mon but avec vous. Il ne s’agit pas du tout d’un assassin professionnel mais d’un ambitieux qui doit remplir une épreuve, ici un assassinat, pour devenir Président de son club. Tout le monde se connaît, le missionné et les commanditaires, et la mise en scène est là pour pimenter le jeu.

J’ai situé l’action en 1994 (voir l’incipit) car à cette époque le téléphone portable était confidentiel. Il y avait des cabines partout et des téléphones fixes. C’était discret car les cartes de téléphone pour les cabines étaient anonymes et pour mettre une écoute sur un téléphone fixe il fallait une autorisation de justice. Comme nos amateurs de polars sont des gens tout ce qu’il y a de bien en apparence, rien de suspect de leur côté.

Même réponse pour la voiture personnelle. C’est dans la règle du jeu si on veut devenir Président du club. Si on veut rester membre, rien de tel n’est exigé et on ne participe qu’à d’inoffensifs jeux de rôles.

Le choix de la victime est tout simplement une loterie. On prend un n ° de série noire et, sans se soucier de l’histoire, on cherche un nom de victime au fil des pages et on lui trouve un homonyme (authentique, ce nom est bien dans cet épisode de la Série Noire). Cela aurait pu être une personne de n’importe quelle classe sociale ou profession. Le but de ce jeu pervers n’a rien à voir avec la personnalité de la victime ; juste son identité.

Pour l’enquête, on sait que la plupart des crimes sont commis par des proches et que le conjoint est le premier soupçonné. Malheur à lui s’il n’y a pas d’autre suspect et qu’il ne peut fournir un alibi en béton. Au pire, si aucun indice concordant ne vient appuyer une inculpation, il sera relâché mais le crime restera non résolu.

Les commanditaires ne risquent pas de dénoncer le tueur puisqu’il devient leur président et que cette élection était le but de l’épreuve. On peut supposer que ce n’était pas le seul candidat au poste mais qu’il a mieux rempli sa mission que les autres.

Bref, vous n’avez pas été enthousiasmé par mon histoire et c’est un euphémisme. Peut-être une autre fois ?

@ Tiramisu
Merci de votre commentaire. Vous avez tout à fait saisi l’esprit de cette nouvelle et, en effet, l’assassin a eu beaucoup de chance. C’est un ingrédient indispensable de l’épreuve car ce sont tout de même des amateurs, pas des tueurs professionnels. Des détails peuvent leur échapper mais s’ils ont la chance avec eux, ils vont s’en tirer. Les perdants, le club n’en veut pas.

C’est tout à fait amoral, bien sûr, et je souhaitais montrer qu’il y a toujours des esprits pervers pour adhérer et l’ambition fait le reste (on sait très bien qu’il existe des « chasses à l’homme » sur des domaines privés, mon histoire est du même ordre d’idée).

J’ai souhaité une fin cruelle car, malheureusement, de nombreux crimes restent impunis et justice n'est pas rendue aux victimes.

@ Dugenou
Merci de votre commentaire. En fait, ce n’est pas un tueur à l’origine, juste un cadre ambitieux. Sociopathe, sans doute mais cela ne se serait peut-être jamais révélé sans l’influence du club. Il devient prêt à tout pour arriver au but et pour cela il essaie de tout prévoir pour ne pas échouer.

Le scénario du roman de la série noire n’a rien à voir dans l’histoire, c’est juste un nom choisi au hasard dans cet épisode là, cela aurait pu être n’importe quel autre et un autre nom. Seule le fait de reproduire le crime lié au nom de la victime importe pour le jeu de rôle.

@ Shepard
Merci de votre lecture minutieuse. J’espère vous apporter quelques réponses.
Le but du coup de fil est juste de vérifier que la personne est chez elle (elle aurait pu être en vacances ou absente pour toute autre raison) sinon il fallait revoir ou reporter le plan. Le fait que cette première étape est positive laisse au tueur l’impression que sa bonne étoile est avec lui et qu’il va réussir son challenge.

Pour ce qui est de la police, pas forcément besoin de mobile compliqué. On peut tuer son conjoint sous le coup de la colère suite à une dispute qui tourne mal et vivre les instants suivants en totale dichotomie avec la réalité, le cerveau niant même l’acte.
Bien sûr, l’enquête va sans doute innocenter le mari, puisqu’on ne va pas retrouver le lacet étrangleur. C’est là une erreur du tueur mais cela n’aura aucune conséquence. Son but n’était pas d’impliquer un innocent et il sait que rien ne permettra de le retrouver.

Pour la chute, je sous-entend que l’assassin, en devenant Président de son Club, va entrer dans un « giro » de trafic d’influence et de délits d’initiés qui va lui apporter argent et position sociale (genre franc-maçonnerie). Bien des gens sont prêts à tuer pour cela (rarement en tuant eux-mêmes mais par personnes interposées ou en ruinant des adversaires) et il ne fait pas exception à la règle. Cela montre le peu de scrupules de certaines personnes pour arriver au sommet.

Je constate que rien de tout ceci n’était pour vous aussi évident que je le croyais. Ainsi que je l’ai dit plus haut, je pense donc revoir ma copie.

Merci à vous tous de m’avoir permis un retour sur cette histoire que je croyais bien ficelée. Erreur,donc.

Bonjour,

Merci pour ces explications qui recadrent mieux le contexte de l'histoire.
Ceci posé, je pense qu'il y a réellement nécessité de mieux faire saisir au lecteur les spécificités de l'enjeu pour le criminel en puissance. Vous l'expliquez très bien dans les commentaires mais il serait justement utile que la question ne vienne pas au lecteur de s'interroger précisément sur le "pourquoi" et de le lui faire au moins imaginer si ce n'est comprendre en première lecture.

Le problème n'est pas une question d'enthousiasme pour cette lecture puisque je précise que l'écriture me semble bonne mais le scénario moins convaincant.
Juste histoire de vous rassurer je regarde sur le site de l'I.N.A de vieux épisodes des Brigades du Tigre et je peux vous dire qu'il y a quelques raccourcis scénaristiques pas piqués de hannetons bien que ce soient des scénarii écrits par des professionnels donc ce n'est pas bien grave.
Mon épouse me dit la même chose sur les "Colombo" qui passent le samedi soir sur la 9.

Je vous préfère en poésie (mais je ne suis là que depuis peu)

Cordialement

H.

@ Harvester

Merci de ce retour.

D'une façon générale, un texte qui nécessite des explications n'est pas bon. Je n'en prends pas ombrage. J'ai voulu faire minimaliste et ce n'est pas concluant. A revoir donc.

Ceci étant dit, je suis d'accord avec votre épouse. Je fus fan de Colombo il y a bien des années mais avec le recul, c'est bourré d'incohérences scénaristiques. Pour les Brigades du Tigre, ça passe mieux car il y a le contexte historique. Mais la magie de l'image permet quelques illogismes qui passent moins bien à l'écrit.

Explication de texte bien reçue et qui ne me surprend pas, Animal. J'avais bien saisi le sujet (pour une fois). Et qui donne à réfléchir, finalement!

C'est intéressant, Animal, d'exposer ses intentions à l'écriture. Et je pense, sans avoir été capable de le dire comme vous, avoir saisi à la lecture les principaux caractères et la place (entre la chance, la malchance et le pouvoir) que présentaient vos personnages.

C'est, pour moi, toute la difficulté de commenter les nouvelles, dire pourquoi, j'ai aimé ou non. Et je n'ai pas non plus, comme certains, la faculté de relever tous les détails, de les intégrer à l'ensemble. Pas trop l'esprit de synthèse, donc. Pas non plus une lectrice de nombres de nouvelles qui pourrait m'aider à l'exercice.

À lire vos réponses aux commentaires, j'apprends un peu plus à comprendre cette nouvelle. Merci, donc.
Je suis assez impressionnée, par la réflexion, en amont de l'écriture.

@ cherbiacuespe

J'aime bien écrire des textes qui paraissent anodins mais où l'on peut trouver matière à réfléchir uniquement si l'on en a envie. Liberté, liberté chérie...



@ Eclaircie

Oui, il peut être intéressant de fournir les clés d'un texte, après coup bien sûr.

Mais si je dois donner trop d'explications, c'est que j'ai manqué tout ou partie de mon but. Un écrit doit être suffisamment explicite pour se suffire à lui-même.

Après, bien sûr, libre à chacun de disserter et d'échanger avec l'auteur pour approfondir certains points. C'est une démarche souvent enrichissante et dans l'esprit d'Oniris.

@ hersen

Merci pour votre lecture et votre commentaire.

Votre analyse est très pertinente et je voulais aussi faire ressortir cela : les relations dans les hautes sphères de ce Cercle sont basée sur la complicité de meurtre et, par leur nature même, obligent à une solidarité sans faille entre les membres impliqués, de type mafieux donc. Non seulement tout « l’état-major » est au courant, mais tous ont pratiqué de même pour parvenir à leur poste. Je ne le précise pas mais c’est implicite.

J’aurai bien appuyé sur le côté psychologique mais j'hésite à m'aventurer dans un tel domaine. D’autres auteurs ont ce type de talent, pas moi. Ma zone de confort est plutôt dans le descriptif.

A propos de clés de lecture il me revient que Umberto Eco lui-même après avoir écrit et publié Le nom de la rose avait publié un petit addendum dont le titre était Lector in fabula.

Il commentait (là c'est de mémoire car c'est loin et je ne possède plus cet opuscule) le courrier de lecteurs avec leurs remarques sur le texte et l'auteur expliquait ce qu'il y avait à répondre à cela mais le but était de démontrer à quel point un ouvrage, quel qu'il soit, dès qu'il est publié, échappe à son auteur pour devenir la "propriété" de ses lecteurs.

C'est en quelque sorte un privilège extraordinaire accordé au lecteur de manipuler le texte qu'il lit.
Un de mes amis à qui j'ai soumis un petit texte que je voulais absolument neutre et sans destination particulière dans mon esprit me disait : "je ne sais si ce texte est cruel ou tendre" ce qui montre à quel point la plasticité d'un texte est infinie aux yeux du lecteur qui s'en empare !

A moins que ce ne soit notre propre plasticité mentale qui soit en cause, peu importe, c'était juste un petit aparté pour continer le sujet engagé.

Bon dimanche à toutes et à tous

H.

Tout à fait d'accord, Harvester.

Le lecteur s'empare de ce qu'il lit et c'est normal. Parfois il y a de réelles divergences entre l'intention de l'auteur et l'interprétation du lecteur. Mais il est impossible d'y échapper, chacun individu ayant sa propre perception du monde.

L'auteur qui tient à ce que sa pensée soit comprise exactement comme il l'a voulue se prépare des désillusions.

Je suis parfois surprise de voir comment certains de mes lecteurs (de romans) ont interprété certaines scènes ou la vision de certains personnages. Je ne dis rien, je ne cherche pas à corriger. Une fois son livre public, l'écrivain prend un rôle d'observateur et son ouvrage vit sa vie.

Bonjour ANIMAL,

De mon point de vue, le genre policier dans une nouvelle c'est ce qui a de plus difficile.
Pour ma part, j'ai bien aimé votre nouvelle qui a beaucoup de potentiel. J'ai bien aimé l'idée que j'avais compris entre la chance et la malchance.

Comme il est plus facile de critiquer les textes des autres que ses propres textes, je rajouterai plusieurs points :

Sur le fond, ce qui me semble être peut être un peu trop implicite c'est la notion de quête du pouvoir. C'est la motivation du narrateur, qui n'est pas suffisamment mis en avant d'un point de vue émotionnel, la lectrice que je suis l'a davantage vécu comme un jeu excessif de compétition que comme un enjeu de pouvoir qui peut effectivement être extrêmement fort humainement. Peut être fallait-il davantage en parler dès le début pour nous mettre sur le grill.

Et dans la forme, la narration est très lisse, tout coule de source, elle ne permet pas ces petits frissons que l'on peut ressentir en tant que lecteur d'un thriller. Par exemple, au départ, en intrigant davantage le lecteur sur la mission, en renforçant le stress du narrateur etc ...et quand il arrive à l'appartement, il y aurait pu avoir quelques anicroches qui retardent l'action et fassent douter le lecteur sur la réussite, cela ne vous aurait pas empêcher de finir par la chance, enfin, pour lui.

Pour le dernier point, mais c'est plus personnel, laisser entendre qu'il y a un risque de retournement, et que tout n'est pas forcément gagné, il y a toujours quelque chose de vain dans la quête du pouvoir ... L'idée du grain de sable final ...qui aurait apporté une certaine morale transcendante.

Merci en tout cas pour cette lecture