Merci donc aux commentateurs de ce poème, qui a obtenu, comme on dit dans la presse, "un succès d'estime" (c'est-à-dire un semi-échec) et qui à la vérité ne méritait guère mieux. Ce n'est pas celui dont je suis le plus fier, et je l'ai écrit comme je l'ai proposé sur Oniris, pour m'amuser. J'ai voulu reprendre le thème que j'avais traité plus sérieusement dans ma dernière publication, "Que Dieu", sur l'inanité de nos désirs, dont les vers sont beaucoup plus esthétiques et où il y a beaucoup plus d'élévation; mais la connotation religieuse de ce beau poème n'avait pas plu à tout le monde. Mintaka aurait souhaité une ouverture morale : elle est dans "Que Dieu", justement. Ici, vu le ton d'ensemble, j'ai préféré finir sur de la dérision. J'ai bien fait apparemment, c'est la seule réussite de ce texte.
Le mérite de ce petit "poème", si tant est qu'il en ait un, est peut-être de révéler une fois de plus (là encore il n'apporte rien de bien nouveau) la diversité des goûts, des attentes, des sensibilités. Si tout le monde s'accorde à apprécier la chute, tel ou tel vers a plu aux uns et déplu à d'autres, comme le second avec son allitération en "vie", ou le cinquième. La strophe 3 a été parfois jugée prosaïque : j'en conviens ; il était difficile de rendre ce matérialisme en termes poétiques ; en tous cas je n'y suis pas arrivé.
Toutes les faiblesses que vous avez relevées, je les avais bien vues aussi, me disant : "Voyons si ça va passer." Mais non, les yeux de lynx des oniriens ne laissent rien passer, et c'est fort bien ainsi. Par exemple, la cheville "dedans la tombe" ; là effectivement j'ai cédé à l'impératif de la métrique ; j'avais pensé à "jusqu'au coeur, jusqu'au fond", mais ça ne me satisfaisait pas. En revanche je ne vois pas de cheville à "face auquel", il y a là une rigoureuse construction grammaticale: "face auquel je succombe", proposition subordonnée relative, complément de l'antécédent "démon" ; pas de cheville non plus à "plus nouveau" : cela signifie "encore plus nouveau que le mien", donc on est tout à fait dans l'expression de cette névrose obsessionnelle du locuteur. À propos du locuteur, j'ai pu lire le reproche que le poème était "autocentré" : comme si ce texte était autobiographique. La première chose qu'on apprend en études littéraires est de ne pas confondre auteur et narrateur. On sent bien que ce locuteur aux propos excessifs est purement imaginaire, il évoque un type de personne. Ce"je" n'est pas Miguel ; moi j'ai tellement horreur du changement et des efforts à faire pour m'adapter à la nouveauté que j'attends que mes affaires et divers objets tombent en ruine pour me résoudre à m'en séparer ("Ne demandons à Dieu que Dieu", lol). Ma voiture a neuf ans, et je compte bien la garder jusqu'en 2028 (parce qu'alors on ne pourra plus rouler dans Montpellier en diesel).
Mais c'est beaucoup de blabla pour un texte qui n'en méritait sans doute pas tant. Merci de l'avoir lu, de l'avoir commenté, et je compte bien faire mieux la prochaine fois.
PS : Petit point technique : j'ai proposé le texte en néo à cause de la rime "nouveau-faut".

Salut Miguel,

Après avoir lu ton fil, je suis allé effacer mon commentaire sous ton texte : il devenait ridicule. J’ai pensé que le texte était « engagé », et que l’auteur pouvait se tenir debout pour défendre son point de vue et son écriture, mais non ! J’ai quelqu’un qui une fois encore ( parce que ce n’est pas la première fois) s’est dit : « voyons voir si ça va passer »
Il me semble que Oniris est un site sérieux, voilà pourquoi on nous demande d’être sérieux dans les commentaires… Quel exemple tu nous montres là ? Maintenant, n’importe qui va produire un texte, se rendre compte qu’il n’est pas abouti, mais tenter quand même pour voir si ça va passer…
Et des bénévoles vont se taper des heures supp pour commenter ce texte, délibérer, corriger, et le mettre dans la vitrine pour que d’autres bénévoles viennent se taper des heures supp à le lire et commenter…

Je crois que je suis un peu déçu par ta démarche, d’où mon coup de gueule

Wan

Il faut savoir un peu voir le côté ludique de la vie, mon frère. On ne peut pas se prendre la tête tout le temps pour tout. Je n'allais pas dramatiser le fait qu'un poème, un peu "just", avait fait un bide sur Oniris ; j'ai préféré le prendre à la rigolade ; j'avais l'air moins con en disant que j'en avais vu les défauts ; et puis, on n'est pas toujours le meilleur juge de soi-même, et ce dont on n'est pas satisfait peut plaire à d'autres. Moi aussi je lis des textes en espace lecture, sans savoir quelle était l'intention de leur auteur, et j'y prends plaisir, ce n'est pas une corvée ni un sacrifice d'être fidèle à Oniris. Je ne crois pas qu'un commentateur me reprochera de lui avoir fait suer sang et eau à la lecture de ce poème. Ce n'est rien, wancyrs, il y a d'autres vrais problèmes dans le monde. Porte-toi bien.

J'ai oublié d'ajouter ceci, wancyrs : tu me parles de texte "engagé" : mon texte engagé, c'était "Que Dieu".

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