Je sais que le titre de ce sujet est un peu étrange, mais il correspond à ma façon de concevoir l'écriture.

Je m'explique: je reçois des commentaires (suffisamment nombreux merci tout le monde), sur mes textes. Régulièrement certains me font un reproche assez juste: je n'entre pas ou peu dans les détails, je ne décris que très peu. Alors, afin que ce soit plus clair je vais m'en expliquer.

(note: je ne critique absolument pas ces commentaires là! Au contraire ils émanent de gens que je respecte infiniment!)

Je n'aime pas décrire, je n'aime pas m'attarder, je n'aime pas rajouter adjectif sur adjectif.

J'aime que mes lecteurs soient dans une sorte de flou, parfois glacial, où ils pourront s'imaginer le ou les personnages comme ils le veulent.
Idem pour la poésie: je préfère être direct, ne pas multiplier métaphores et comparaisons, afin de saisir sur le vif.

C'est mon écriture au rasoir: une sorte d'instantané, de cliché, prit sur le vif, quelque chose qui va trancher directement l'histoire.

Voilà. C'est certainement une justification, mais c'est avant tout une explication.

Hello Kaos

Puisque tu as ouvert un forum, je vais donc te répondre la même chose qu'en MP en précisant naturellement que ce n'est qu'un avis simple, isolé et modeste.

Le fait que tu n'aimes pas décrire, je le comprends tout à fait et le respecte même si je pense autrement.

En revanche lorsque tu dis je cite :"je n'aime pas m'attarder, je n'aime pas rajouter adjectif sur adjectif", je crois que tu fais un petit amalgame.

A mon sens, décrire ne veut pas nécessairement dire "plomber" le texte d'adjectifs, d'adverbes ou autres éléments (même si pour ma part c'est ce que je fais à tort d'ailleurs!). Décrire un texte revient à mon sens à le vêtir, l'habiller pour lui donner une plus grande densité, lui donner une ambiance particulière....Et je pense qu'un texte peut-être glacial même avec des descriptions.

Mais je vois ce que tu veux dire dans ta démarche et ta façon de fonctionner. Tu parles sans doute de dépouillement, un texte dénue de tout artifice, un texte mise à nu....non ?

Widjet
(qui te respecte tout autant ! )

Moi chuis pas convaincu Kaos.
Je ne vois pas en quoi le fait de ne rien mettre va permettre au lecteur de s'imaginer plein de choses, à ton texte d'être plus direct, etc.
Je ne crois pas avoir lu grand-chose de toi, mais d'après ce que tu dis ça pose un problème : si tu ne mets aucun élément descriptif, le lecteur ne rentre pas dans le texte, s'il n'y rentre pas, son intérêt pour l'histoire (ou la poésie) n'est pas stimulé, s'il ne l'est pas, l'imagination ne l'est pas non plus, et si elle ne l'est pas non plus, le lecteur ne cherchera pas plus loin que ce que tu lui donnes.
C'est ce que je pense en tous cas, après il faut voir comment tu appliques ce que tu dis, je crois que je vais aller te lire, tiens…

Ululo

Widjet: tu vois exactement ce que je veux dire! Dépouillé, mis à nu voilà ce à quoi j'aspire, ce vers quoi je tends. C'est un pan entier de ma culture en même temps: musicale, picturale ou en sculpture...

Pour ce qui est du respect il est mutuel!

A Ululo: je ne mets pas rien! Sinon cela n'aurait plus aucun sens. Je mets le strict minimum afin que le lecteur ait une simple esquisse des lieux, des personnages, de l'ambiance. Cela lui permet d'extrapoler (selon moi!) et d'imaginer une quantité de choses.
Ne rien mettre conduirait effectivement à ce que tu dis: personne ne me lirai! Mais je tiens quand même à ce dénuement, comme je le dis à Widjet il est le fruit de beaucoup de choses.

Grosso modo et en caricaturant outrageusement: je déteste Proust et j'admire Céline.

moi, c'est le contraire, j'adore Proust et je déteste Céline

mais sinon, je trouve Céline très bavard, doux euphémisme. si tu cherches l'épure, ce n'est certainement pas vers Céline qu'il faut se tourner mais vers le nouveau roman !

Sarraute, Alain Robe-Grillet, etc. mais il faut aimer. Duras aussi, dans le domaine de l'amour et des relations :)

alain

Certes Céline est bavard, mais son bavardage est sobre (je sais c'est antynomique, mais c'est ce que je ressens en le lisant!).

Pour le Nouveau Roman j'ai lu et relu les auteurs que tu cites, mais même si c'est très dépouillé, ça n'est pas épuré. Ils révolutionnent l'écriture à leur façon (je ne prétend pas le faire!), mais il n'y a pas d'épure, de "rentre dedans". Il y a souvent une distenciation que j'apprécie (Butor notamment), mais il manque l'aspect fonceur de Celine.l'aspect provocateur aussi!

Je ne sais plus qui a commenté un de mes textes (désolé pour l'oubli du nom!) en disant que mon texte (le marionnettiste) était comme un scénario de film ou de BD: c'est tout à fait juste, c'est à ça que je tends: un sorte de non-dit permanent qui permettra au lecteur de s'imaginer.