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1 Utilisateur(s) anonymes
A propos de "Amor, amor" |
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Concernant ce récent texte, j'ai quand même envie d'apporter quelques précisions sur le sens de ce que j'ai écrit, même si chacun est libre de son interprétation bien sûr. J'espère que ce n'est pas trop tôt, mais bon, tant pis.
Contrairement à quelques commentaires que j'ai lus à la suite du poème, je voudrais surtout souligner que je n'ai jamais voulu mettre en scène une prostituée. Effectivement, Pieralun, Reggiani le chante tellement mieux (je suppose que tu veux parler de « Sarah », qui est en fait une chanson de Moustaky d'ailleurs. C'est ça : La femme qui est dans mon lit etc... ?). Mais bon, ce n'est pas ce que j'ai voulu faire. Mon personnage ne pratique pas le sexe rémunéré, elle pratique le sexe désespéré. Il s'agit ici d'un texte qui parle d'une détresse humaine et affective, et d'une manière parmi d'autres de tenter - vainement - de combler cette détresse et ce manque : par la séduction et la multiplicité des partenaires, lesquels partenaires ne parviennent bien entendu jamais à soulager les blessures béantes, étant donné la confusion que l'héroïne fait entre séduction et amour, dans sa recherche désespérée. Échecs répétés puisqu'il y a, à chaque fois, erreur de « méthodologie » au départ. Et la fuite en avant s'accélère, accompagnée de déceptions répétées, et d'une déchéance toujours plus profonde qui conforte la « victime » dans son idée qu'elle n'est pas digne d'être aimée. Il ne s'agit donc que d'une énième manière pour moi d'explorer le sujet du manque d'amour, les tentatives effrénées de se construire malgré les carences affectives de l'enfance, la démission maternelle et ses conséquences catastrophiques, les errances de toute une vie pour compenser cette démission, la recherche de soi dans le regard de l'autre, même si pour obtenir quelques miettes d'attention, il faut en passer par tout un tas de chemins peu glorieux. Et les défaites sans cesse renouvelées, qui ne font que répéter encore et encore les mêmes patterns de l'enfance : je ne suis pas « aimable ». J'ai choisi de parler d'une séductrice pathologique, j'aurais pu tout aussi bien parler d'une boulimique ou d'une droguée, le fond du sujet serait resté le même. Une sorte de « suicide » comportemental, une destruction de sa propre image, une quête sans fin. Je ne pense donc pas, Estelle, que j'aurais dû parler encore plus de sexe ou de sensualité, puisqu'il ne s'agit pour moi que d'un support. Il n'y a aucune, mais alors aucune sensualité dans ce que j'ai écrit. Si je voulais faire un texte érotique, je m'y prendrais autrement... un jour certainement, mais pas ici :) Par contre, tu as trouvé que ma nana manquait de personnalité, ça m'a fait réfléchir. Je crois que, quelque part, c'est fait exprès. Cette fille n'a effectivement pas grande consistance, elle n'est pour moi qu'une ombre, qu'un fantôme, que la personnification d'un désespoir... D'ailleurs, Jaimme l'a parfaitement illustré dans son jeu de mot « amor/à mort », jeu de mot que je n'avais pas osé faire explicitement, mais que j'avais en arrière-pensée. Merci Jaimme d'être toujours aussi proche de mon intention. Oui, peut-être qu'un amour simple et doux pourrait venir à bout des souffrances de cette femme, mais j'en doute... ou il faudrait un homme aux épaules sacrément solides, à l'amour indéfectible et inconditionnel, à la patience et à la compréhension sans limites, et pouvant faire preuve d'autant de douceur que de force rassurante... autant dire un modèle qui ne court franchement pas les rues ! :) Brume est très proche aussi, dans son commentaire, de ce que j'ai voulu insuffler au texte (mis à part le côté moralisateur, que je déplore d'avoir eu si c'est le cas, car il ne correspond pas du tout à mon ressenti). Clémentine, j'aime beaucoup ta phrase sur notre humanité « parfois déchirée, parfois haletante, hésitante et soumise. Et néanmoins lumineuse. » Merci aussi à Domi et à Perle-Hingaud pour leur regard sur ce poème. Nul jugement de ma part non plus à l'encontre des hommes, comme j'ai pu le lire. Non, Chêne, je ne prononce pas de « sentence », non Alexandre, je ne jette pas (en tout cas pas de propos délibéré) de pavés aux machos, non Pieralun, je ne stigmatise pas la « faiblesse », la lâcheté ou la voracité des maris. Je parle juste de fausses routes comme il en existe tant dans les rencontres, quand on confond sexe et sentiments, quand on cherche ce que l'autre n'est pas prêt à donner, quand les signaux qu'on émet ne correspondent pas à nos attentes, quand nous sommes incapables de nous aimer nous-mêmes, et donc incapables d'aimer les autres et de se faire aimer, quand notre corps tente de se faire l'interpète de notre âme... Je suis désolée que vous l'ayez pris comme cela, même si je pense que dans votre façon de lire ce texte, vous avez projeté pas mal de vos propres préventions et idées préconçues sur ce que les femmes pensent des hommes. Et que, personnellement, je ne pense pas vraiment. En tout cas pas avec le mépris ou la sévérité que vous me prêtez. Mais peut-être mon poème a-t-il pour « dommage collatéral » de présenter une image peu flatteuse des hommes, même si ce n'est pas ça que je voulais faire ? Je n'en sais rien. J'ai lu également de Thea et de Chêne qu'ils s'interrogeaient sur la poésie du texte. C'est intéressant, car ça pose le débat de savoir si l'on peut traiter de tout en poésie, si tous les thèmes et tous les mots sont admis, si le fait d'être cru ou de vouloir faire passer une idée ou un message, même politique pourquoi pas, ôtent de la poésie à un texte. Je ne pourrais pas me prononcer en quelques mots sur ce point, mais je pense que la poésie n'est pas uniquement destinée à être descriptive, lyrique ou bucolique. Je pense que la puissance évocatrice d'un texte peut exister au travers de tous les sujets, même si certains sont plus délicats ou «acrobatiques » à traiter que d'autres. Débat à creuser. Ah oui, Chêne, tu me reproches aussi un certain flottement dans mon choix de ponctuation : je ne peux que te donner raison. En effet, la ponctuation en poésie est mon gros point faible, c'est un sujet qui ne cesse de me tourmenter, et pour lequel mes choix ne sont pas toujours très clairs ni très judicieux. Merci pour ta remarque. Quant à la longueur, je suis vraiment désolée Kaos que tu te sois ennuyé, mais j'ai malheureusement tendance à faire presque toujours des textes fort longs... je t'avertis donc pour les prochains :D En tout cas ici, il existe pour moi un crescendo « logique » dans le traitement du sujet et un certain nombre de choses que j'avais envie de dire. Pour moi, chaque mot porte son poids et son sens, et j'y tiens donc. Dans tous les cas, merci pour ceux qui ont pris le temps d'une lecture et d'un commentaire, et bonne année 2010 à tous.
Contribution du : 27/12/2009 00:25
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Re : A propos de "Amor, amor" |
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Expert Onirien
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Merci pour ces précisions Tinuviel
pour moi cela ne change pas le fond (le désespoir) qu'il s'agisse d'une prostituée ou pas, c'est plutôt au niveau des hommes que le sentiment de "clients" était fort... je vais le relire à la lumière de tes explications pour me refaire une opinion à ce sujet; bonne journée à toi
Contribution du : 27/12/2009 05:32
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Re : A propos de "Amor, amor" |
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Visiteur
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Merci tinuviel pour ces précisions importantes.
Contribution du : 27/12/2009 08:25
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Re : A propos de "Amor, amor" |
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Expert Onirien
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J'aime bien ta façon de défendre ton poème, Tinuviel.
Juste une remarque complémentaire, cependant. Le fait d'apostropher "les hommes" aux 5ème et 6ème strophes peut laisser penser que tu portes un jugement assez catégorique sur eux : "sous vos bouches avides", "Et vous/ Aveugles inconscients/ Vous consommez ce ventre", "Votre indifférence"... Sans parler de l'entame de la premières strophe. Je pense ne pas avoir été le seul homme à ressentir ainsi ces apostrophes, Tinuviel. Quoiqu'il en soit, merci pour ces compléments fort appréciés. Cordialement Chene
Contribution du : 27/12/2009 08:53
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Re : A propos de "Amor, amor" |
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Maître Pattie l'Orthophage
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"Aveugles inconscients", c'est pas comme "salauds égoïstes", quand même.
Je n'avais pas vu de mise en cause des hommes. C'est justement ce qui m'embêtait pour mon interprétation du poème : j'avais vu son personnage comme une prostituée, mais je ne comprenais pas pourquoi elle avait quasiment l'air (seulement en apparence) vaincre ces hommes (même si au final, elle ne vainc qu'elle-même). En fait, c'est que j'avais mal lu : pas de prostituée, juste une femme qui pense que l'amour des hommes va lui apporter l'amour d'elle-même (alors que ça, ça se construit). (Je ne suis peut-être pas claire, mais en tous cas, l'explication éclaire ma lecture. Enfin, non : elle m'empêche de persister dans une interprétation erronée. Merci ! En tous cas, je n'y connais rien en poème, mais j'ai aimé, le côté hypnotique, le "amor" rugueux, la noirceur, le non-espoir...
Contribution du : 27/12/2009 09:52
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Re : A propos de "Amor, amor" |
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Organiris
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Merci pour ce commentaire, Tinuviel. Je n'avais pas imaginé une seconde qu'il s'agisse d'une prostituée, en fait j'étais dans ton interprétation, et de ce fait quand j'ai lu les autres commentaires je me suis dit que, décidémment, je ne comprenais rien à la poésie. BEN NON ! ma vision valait la leur, puisque c'était la tienne (heu... tu me suis toujours ?).
Bref, merci. Et moi non plus je n'avais pas ressenti les attaques contre les hommes, mais ceux qui m'ont lu savent que j'ai la dent naturellement dure avec ces messieurs... hihihi ! (désolée!).
Contribution du : 27/12/2009 09:58
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Re : A propos de "Amor, amor" |
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Visiteur
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Je suis quand même interpellée - et c'est même vachement intéressant pour moi- par le nombre de commentateurs qui ont interprété mon personnage comme une prostituée.
Bien entendu, je me doutais que le début pouvait prêter à confusion, mais il m'avait semblé avoir intégré suffisamment d'éléments et de tournures par la suite pour que le lecteur comprenne qu'il ne s'agissait pas d'une travailleuse du sexe mais bien d'une nymphomane paumée en quête d'amour. Les prostituées ne se "perfusent" pas aux caresses de leurs clients, ne "quêtent" pas à leurs lèvres le goût d'une rémission, n'éprouvent pas de "plaisir blessé" et ne vivent pas de "naufrage" en voyant partir leurs clients. Mais bon, au temps pour moi, j'avais oublié à quel point nous lisons tous avec nos propres filtres, et à quel point le fait de connaître un peu l'auteur et ses sujets de prédilection peut aider à comprendre le sens de ce qu'il écrit, et inversément. J'aurais dû être plus explicite, et éviter les images pouvant induire en erreur. Ça m'aura appris quelque chose ! Chêne a écrit : Citation : Le fait d'apostropher "les hommes" aux 5ème et 6ème strophes peut laisser penser que tu portes un jugement assez catégorique sur eux : "sous vos bouches avides", "Et vous/ Aveugles inconscients/ Vous consommez ce ventre", "Votre indifférence"... Sans parler de l'entame de la premières strophe. Je pense ne pas avoir été le seul homme à ressentir ainsi ces apostrophes, Tinuviel. D'accord Chêne, j'ai relu tout cela à la lumière de tes remarques, et effectivement, on peut le ressentir comme ça. Je reconnais que certaines expressions utilisées ne sont pas particulièrement tendres, même si elles sont au diapason de la violence qui émane de ce texte. Je réitère donc clairement ici le fait que je ne porte dans ce poème aucun jugement sexiste sur le hommes, pour lesquels j'ai plutôt tendance à éprouver, a contrario, une indulgence excessive ! Les expressions que tu soulignes voulaient simplement décrire - assez crûment - l'acte sexuel dénué de sentiments, comme il se déroule tellement souvent. En l'occurrence, les hommes dont je parle ne sont pas "coupables" de quoi que ce soit, ils ne font que répondre à l'invite explicitement sexuelle d'une femme, sans se poser de questions. Peut-être d'ailleurs est-ce simplement cela que j'ai voulu souligner : se pose-t-on suffisamment de questions, et avec suffisamment d'empathie et d'attention à l'autre, quand on entre en relation, de quelque manière que ce soit d'ailleurs, sexuelle ou autre ? Tout comportement un peu extrême masque généralement une difficulté ou une souffrance, et n'est-il pas de notre devoir d'humain, quelque part, d'essayer au maximum de ne pas aggraver cette souffrance, à défaut de pouvoir y remédier ? Je ne sais pas, ce ne sont que des questions, en aucun cas des sentences. Je déteste les sentences. Merci de m'avoir lue.
Contribution du : 27/12/2009 10:45
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Re : A propos de "Amor, amor" |
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Maître Pattie l'Orthophage
Inscrit:
27/12/2006 19:14 Groupe :
Conseil consultatif Évaluateurs Auteurs Membres Oniris Post(s):
42772
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Je ne suis pas sûre que ce soit une leçon d'auteur, qui soit à prendre. Je pense que c'est une leçon de lecteur. J'ai bloqué sur le fait qu'elle est dans la rue la nuit sans aller quelque part. Pour moi, une nymphomane ne traîne pas dans les rues. Les lits, les bars, oui, mais pas les rues. Donc j'ai classé "prostituée" ou "droguée en recherche".
Et en fait, c'est un peu plus "droguée en recherche", même si ce n'est pas d'un produit classé dans les toxiques ! Je ne pense pas que tu doives prendre en compte mes errements de lectrice. Je pense que ton poème dit ce que tu souhaitais dire. Le reste, c'est une question de temps accordé au poème (j'ai dû le relire trois ou quatre fois seulement, et sans faire une "vraie" étude, puisqu'il m'a plu tout de suite à cause de l'hypnotisme et du noir). Bon, après, en tant qu'auteur, tu peux vouloir ciseler tes mots pour qu'ils tombent pile où tu le souhaites, mais tu ne pourras pas lutter contre les lectures trop rapides. Enfin, pas trop rapides : qui n'ont pas pu sortir leur filtre, comme tu le dis. (Oui, bon, donc trop rapide...) En tant que lectrice, en tous cas (et peu douée en poésie), j'apprécie ces forums de communication auteurs/lecteurs d'Oniris. On peut y avoir non seulement une explication, mais en plus la contester, débattre, et obtenir une explication encore plus adaptée, de part et d'autres (auteur/lecteurs et lecteurs/auteur).
Contribution du : 27/12/2009 11:03
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C'est quoi cette mode de bâcler ses loisirs à toute vitesse ? Turtle Power ! |
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Re : A propos de "Amor, amor" |
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Visiteur
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Citation :
même si ce n'est pas d'un produit classé dans les toxiques ! Oui, d'ailleurs, je trouve qu'on devrait tatouer une tête de mort sur le front de tous les mecs, histoire qu'on sache bien que l'abus peut gravement nuire à la santé... mentale ! oups... vlà que je floode mon propre forum !
Contribution du : 27/12/2009 11:13
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Re : A propos de "Amor, amor" |
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Expert Onirien
Inscrit:
26/09/2007 08:59 Groupe :
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6874
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Oui c'est étrange comme la même chose peut être perçue différemment selon les personnes.
Pas une seconde je n'avais envisagé qu'il pouvait s'agir d'une prostituée, j'ai bien compris la quête éperdue. Mais devant les nombreux commentaires en ce sens, j'ai failli douter. Merci pour ces explications. Quant à savoir si ce genre de sujet peut être abordé en poésie, ben, ça dépend de ce qu'on entend par poésie... Pour moi la poésie, c'est de la musique et des métaphores et des émotions et aussi... peut-être sortir d'un texte à la fois "chamboulée", émue et emplie de la beauté des phrases qui ont trouvé une résonance en mon moi profond. Mais c'est personnel bien sûr et je ne doute pas que d'autres pensent autrement. (et c'est tant mieux car la diversité fait la richesse.)
Contribution du : 27/12/2009 12:41
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On croit que l'homme est libre...on ne voit pas la corde qui le rattache au puit, qui le rattache, comme un cordon ombilical, au ventre de la terre. Antoine de Saint Exupéry. |
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