Votre avis ? Est-ce la plus belle ellipse poétique ? Une bonne partie de l'Odyssée s'y trouve.

e volta nostra poppa nel mattino
de' remi facemmo ali al folle volo.

Et tournant notre poupe vers l'orient
Nous fîmes de nos rames des ailes au vol fou ?

Dante, chant XXVI de l'Enfer.


Et la plus belle ellipse de roman ? "Il voyagea" dans l'Education sentimentale ?

Là, Charlemont, il me manque tout le reste. Difficile de juger d'une ellipse sans le texte qui est autour, et j'avoue humblement mon inculture.

Nous ne sommes pas réellement dans une ellipse ici. Du moins, nous ne savons pas si la suite du texte est un voyage vers l'orient ou un passage direct vers ce dernier. Pour le savoir, il nous faut le texte. Je suis ok avec Maëlle ! en tous les cas tel que nous présente tes deux vers, il n'y a là qu'une ellipse poétique mais pas rhétorique. Attention, y'a une différence ! la première est un raccourci, la seconde passe sous silence un ou plusieurs mots qui seraient nécessaires à la construction régulière de la phrase ou à l'expression complète de la pensée. et sur ce dernier, nous savons tout des deux vers ! donc pas d'ellipse réthorique mais tout de même une petite ellipse poétique. Voilà mon cher !

Excusez moi pour le retard, mais voilà la suite :

"En gagnant toujours sur la gauche.
La nuit je voyais déjà toutes les étoiles
de l'autre pôle, et le nôtre si bas
qu'il ne s'élevait plus du sol marin.
Cinq fois s'était rallumée, cinq fois éteinte,
la lumière en bas de la lune,
depuis que nous étions dans ce pas redoutable,
lorsque nous apparut une montagne brune..."

Non ce n'est pas une ellipse à proprement parler... il n'y a pas d' accélération du temps. Mais si on prend le vers tout seul, il résume finalement toute l'Odyssée. L'idée n'est pas de moi mais de Primo Levi et de quelques autres. Et puis c'est un beau vers.

Pour il voyagea... c'est bien une ellipse rhétorique.

ll voyagea.
Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l'étourdissement des paysages et des ruines, l'amertume des sympathies interrompues.
Il revint.
Il fréquenta le monde, et il eut d'autres amours encore. Mais le souvenir continuel du premier les lui rendait insipides ; et puis la véhémence du désir, la fleur même de la sensation était perdue. Ses ambitions d'esprit avaient également diminué. Des années passèrent ; et il supportait le désoeuvrement de son intelligence et l'inertie de son coeur.

J'ai lu et étudié l'Education sentimentale il y a bien longtemps mais ca ne m'a jamais accroché. La maîtrise est impressionnante ceci dit.

Mais j'aime bien les non-dits, les ellipses, les raccourcis. Il y en a des géniaux chez Chateaubriand.

Une éllipse rhétorique est en effet présente en lisant la suite du poème. Merci à toi. Mais infime. Tu t'es répondu à toi-même, mais sâche qu'ici c'est encore et toujours l'ellipse poétique qui prédomine. Mais ce que recherchait l'auteur, je pense n'était pas le présent ..! mais l'avenir