Bonjour,

J'ai lu çà et là certaines remarques quant aux personnages, leur importance, l'intérêt de leur profondeur, qu'est-ce à dire ?

J'ai quelque curiosité à la question, confondant moi-même régulièrement les personnages de ce que je lis, m'y attachant peu, et m'intéressant plutôt aux scènes qu'à la structure générale d'un récit.

Je serais ravie de recueillir vos avis là-dessus.

Vous pourriez lire À Rebours, Robinson Crusoé, Le Vieil Homme et la Mer, et bien d'autres, des romans à un seul ou deux personnages maxi, ce qui vous faciliterait grandement la tâche.

J'ai lu les livres que vous citez, et donc ?

Si un sujet ne vous intéresse pas, personne ne vous oblige à vous exprimer. Il m'est d'ailleurs étrange que vous renversiez à ce point mes questionnements, puisque c'est quelque chose que vous soulevez en forum, et que l'on vous reproche l'artifice sinon la superficialité de vos personnages.

Vous avez donc fini par lire À rebours. Bien. Je ne doute pas que vous en aurez compris quelque chose.

A poser des questions généralistes on récolte le même type de réponses. Evidemment que les personnages doivent être importants, profonds si l'on y parvient. Et vous répondez vous-même à vos questions puisque vous affirmez confondre les personnages parce que vous nous n'y attachez pas d'importance. Je vous dirais en temps que lectrice, que c'est très relatif selon les ressentis et les façons de faire du créateur, vous avez des auteurs comme Balzac qui ont besoin de vous décrire le caractère, la psychologie, même le physique d'un personnage sur des pages et des pages et d'autres plus succincts qui l'esquissent à peine préférant laisser le lecteur se le représenter.

Merci beaucoup pour votre réponse fort éclairante.

J'espère obtenir d'autres retours de cette qualité.

Je dirais qu'un personnage a un physique, une expressivité, une rhétorique, un but, des moyens pour y parvenir, mais aussi des faiblesses, des forces, et subit des menaces et bénéficie d'opportunités. Un personnage est comme un être humain, mais encadré par une histoire, avec une fin et un début. Ce début de réponse vous apporte-t-il quelque chose, Jeanne ?

Ce début de réponse m'apporte votre définition d'un personnage, qui le distingue bien d'un cadre inactif. Le personnage, opérant par lui-même, aurait des traits distinctifs, et, pris dans une histoire, l'on peut s'attendre à ce qu'ils évoluent selon le temps de celle-ci.
D'accord, mais pourquoi le personnage est-il aussi important dans un récit ? Quelle est l'urgence à le définir précisément ? Que porte-t-il d'autre qu'un ricochet de telle ou telle péripétie ? Est-ce un bon personnage un personnage faisant effet de réel ? Incarne-t-il la promesse d'un changement, d'un rétablissement, d'une paix, d'un triomphe ?
Je peux être autant fascinée par la description d'une forêt que celle d'une chevelure, autant que par la description d'une action menant l'assassin au bourreau.
Je sens bien qu'il y a plus de vie en les personnages pour beaucoup de lecteurs, mais je ne suis pas sûre de savoir pourquoi. Et je ne saisis pas ce qui fait un bon personnage, sinon un personnage partageant des inquiétudes et intérêts avec ma personne, ce qui constitue une bien fade définition.

Pourquoi le personnage est-il aussi important dans un récit…

Nous pourrions dire qu’il est le catalyseur de l’histoire, le déclencheur du récit, sans personnages, pas de théâtre ni de littérature ou presque, en poésie cela me semble différent car l’on peut tout à fait écrire un poème sur un paysage, une casserole, ou ce que vous voulez. Je ne sais pas s’il y a une réelle urgence à le définir en fonction de l’angle du récit souhaité.

Il est vrai que dans la grande majorité du domaine romanesque, les auteurs s’attachent à décrire d’emblée, physiquement ou autre, leurs héros et héroïnes, certainement pour familiariser in petto le lectorat à son ou ses personnages ; d’aucuns diraient happer le chaland. Dire si c’est un « bon » personnage, c’est un peu compliqué parce que ça dépendra de la grille de lecture de tout un chacun.

A-t-il besoin de faire un effet de réel est aussi une question intéressante, j’avoue à titre personnel que j’aime assez quand un écrivain me fait croire à sa création au point de la rendre « réelle » dans mon esprit, mais je dirais aussi que ce n’est pas le cas de tout le monde, comme je l’avais dit plus haut, il y a des lecteurs qui préfèrent se faire leur propre idée, même si elle est floue.

Pour votre dernière interrogation « Et je ne saisis pas ce qui fait un bon personnage, sinon un personnage partageant des inquiétudes et intérêts avec ma personne, ce qui constitue une bien fade définition. » Je ne suis pas certaine d’avoir la réponse donc je laisserai d’autres intervenants plus perspicaces y répondre.

Anna

J’ai discuté récemment de cette question de personnage.
Dans la mesure où un personnage est mis en avant dans la structure d’un récit, il me semble préférable qu’il ait de l’épaisseur et de la singularité, qu’il ne soit pas archétypal. Auquel cas je m’ennuierais vite.
Mais le personnage n’est pas forcément central. Certains récits sont articulés autour d’un évènement, « héros » de l’histoire. En ce cas je comprends qu’on s’intéresse d’avantage à l’action qu’aux personnages qui la font exister.
Votre question est assez généraliste, JeanneSansDoute, un peu trop je trouve pour ne pas y répondre par un « ça dépend » nébuleux.

C'est tout un art de bien décrire un personnage, et surtout en peu de lignes, de manière à ce que le lecteur puisse de suite le visualiser et ressentir quelque chose comme l'essence de son être.
C'est vrai qu'en écrivant de la poésie, je ressentais moins cette difficulté. C'est vraiment très compliqué d'écrire des nouvelles ou des romans. Il faut vraiment maîtriser l'art de la description. Le côté action, je trouve que c'est plus simple à écrire. Pour les descriptions, ça nécessite aussi une culture. Il faut faire des recherches, travailler peut-être à partir d'images, et il faut qu'à la lecture, ça fasse naturel, authentique, c'est-à-dire que le lecteur ne voie pas tout le travail qu'il y a derrière, même pour une seule ligne descriptive.
En somme, je me rends compte que pour être un bon écrivain, en plus du talent qui est indispensable, il faut être bien cultivé et avoir un œil de photographe associé à l'œil et à l'oreille poétiques.