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1 Utilisateur(s) anonymes
Efficcité de la rime chez les slameurs |
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Chevalier d'Oniris
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12/11/2020 16:09 Groupe :
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Ma participation récente à un festival de poésie où intervenaient de nombreux slameurs (parmi d’autres poètes non-slameurs) m’a incité à une réflexion sur l’efficacité de la rime.
Je me suis posé la question suivante: pourquoi la rime crée-t-elle un effet positif si puissant chez les slameurs alors que généralement, chez nous, les classiques, elle est très peu perceptible et ne crée quasiment aucun effet positif. Bien sûr, c’est une constatation personnelle sur laquelle on n’est pas obligé de s’accorder. Avant cette réflexion, j’en étais arrivé à l’idée que, seule la rime occasionnelle, pouvait créer un effet en tant qu’homophonie parmi d’autres. La solution était de l’utiliser avec parcimonie, de casser son emploi systématique, responsable de son inefficience. Mais alors, pourquoi les slameurs, malgré le caractère assez systématique qu’ils font de la rime, parviennent-ils à lui conférer une telle efficacité? Je laisse dans un premier temps chacun s’interroger, quoique on n’est pas obligé de s’accorder sur la constatation que je fais dans la comparaison entre slam et poésie classique. Je tenterai ensuite de répondre à ma propre question.
Contribution du : 30/08/2022 23:42
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Re : Efficcité de la rime chez les slameurs |
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Visiteur
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J'ai une réponse toute bête : Quand vous écoutez et voyez les rappeurs et les slameurs, ils appuient avec ostentation toutes leurs fin de phrases (en rimes) aussi bien par une montée de voix que forces gestes à l'appui. Enfin, c'est ce que j'ai observé, je ne suis ni connaisseuse ni amatrice du genre.
Contribution du : 31/08/2022 06:11
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Re : Efficcité de la rime chez les slameurs |
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Maître des vers sereins
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11/02/2008 03:55 Groupe :
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Je pense que la différence vient de l'oralité : le slam n'est pas conçu pour être reçu par des lecteurs mais par des auditeurs.
La rime est un outil mnémotechnique d'une part, la répétition rend la mémorisation plus aisée, d'autre part, la rime appuie le rythme, avec le mètre, la césure, c'est un outil de musicalité. Je pense aussi que cette musicalité est très liée au rythme de vie, à l'entourage sonore du public, bruits du quotidien, travail, logement, transport, et l'harmonie doit venir de là, de ce lien entre un brouhaha changé en une sorte de rengaine. Si Beethoven avait coupé deux, trois cannes à sucre, qu'aurait-il composé ?
Contribution du : 31/08/2022 09:58
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Un Fleuve |
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Re : Efficcité de la rime chez les slameurs |
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Maître Onirien
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02/10/2012 20:34 De Là-bas
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Dans le slam, ce ne sont pas des rimes mais des sonorités.
Contribution du : 31/08/2022 10:20
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Re : Efficcité de la rime chez les slameurs |
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Visiteur
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Comme un lecteur de poésie, fort d'avoir déjà lu d'autres poésies, apprécie mieux la poésie qui lui est présentée, l'auditeur de slam apprécie peut être mieux le slam qui lui est présenté en le comparant à son 'encyclopédie' personnelle de slams ?
Vous parliez de l'effet que les rimes des slameurs avait sur le public, ou de l'effet de celles ci que vous aviez ressenti vous même Ferrandeix ? (Peut-être que je réponds à côté ) Edit : Cristale a raison, il s'agit d'assonances, qui, par analogie culturelle du slam avec la poésie, peuvent prendre la forme de rimes.
Contribution du : 31/08/2022 10:23
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Re : Efficcité de la rime chez les slameurs |
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Maître des vers sereins
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11/02/2008 03:55 Groupe :
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Il faut se garder de croire que le classique est le sens commun, la rime est simplement une homophonie, et en classique on restreint ce sens avec des critères orthographiques, inaudibles.
C'est ça, en gras, le sens commun de "rime", qui peut servir de base de dialogue : Le chat et le soleil Le chat ouvrit les yeux Le soleil y entra Le chat ferma les yeux Le soleil y resta Le chat ouvrit les yeux Le soleil y entra Le chat ferma les yeux Le soleil y resta Voilà pourquoi, le soir Quand le chat se réveille J'aperçois dans le noir Deux morceaux de soleil (bis) Paroles : Maurice Carême (1899-1978)
Contribution du : 31/08/2022 10:48
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Un Fleuve |
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Re : Efficcité de la rime chez les slameurs |
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Chevalier d'Oniris
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12/11/2020 16:09 Groupe :
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1437
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Je réponds à l'ensemble des messages reçus. Tout d'abord, la réponse à la question a été fournie par Anna: les slameurs, du moins ceux qui pratiquent le slam rimé (ou ce qui est plus juste rimé et assonné comme le remarque Cristale) appuient sur la syllabe rimique (ou assonancé) et souvent montent une quinte plus haut. On peut y ajouter souvent une intonation plus ou moins exclamative. À partir cette remarque, on peut se poser la question: pourquoi le font-ils alors qu'un poète classique qui lit par exemple un sonnet ne le fera jamais. En classique, je l'ai entendu faire uniquement au théâtre rimé dans la tragédie ou la comédie, et à mon avis ça rendait un bel effet. Si on essaie de lire comme un slameur le poème de Maurice Carême proposé par David, on s'aperçoit (me semble-t-il) que c'est inapproprié. Ça ne fonctionne pas. Pourquoi? Cela montre que d'autres caractéristiques du texte interviennent. À mon avis, une des caractéristiques du texte qui intervient pour rendre un texte "slamable" en ce sens (parmi d'autres probablement), c'est la régularité rythmique, le rythme de balancement, celui qui existait originellement pour la poésie épique. Aujourd'hui, personne ne lit les alexandrins en suivant le balancement régulier, sauf les scolaires et on considère qu'ils lisent mal, de manière routinière. En réalité, ce sont eux qui ont raison. Un autre facteur intervient dans la mise en évidence de la "rime" dans le slam, c'est la longueur des vers. En poésie épique, il s'agissait originellement d'hexasyllabes et de décasyllabes). Pour des mètres courts, en poésie classique, la rime devient perceptible malgré l'absence de balancement et même de marquage phonique. Avec l'alexandrin, même avec le balancement, la perception devient à mon avis déjà bien amoindrie.
Contribution du : 31/08/2022 17:44
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