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Elision et césure.
Visiteur 
Bonjour !

J'aimerais avoir une précision concernant l'élision à la fin du premier hémistiche dans un sonnet.
(à ma connaissance, la rencontre d'un E muet avec une "voyelle" ou un H "muet")


Est-ce que la césure tombe Après "salle" ?
(s'il y a élision du E avec la voyelle U de un)

"Dans- la- pe-ti-te- sall(e) | un- rai- s'in-fil-tra"

La césure dans le vers suivant est-elle correcte ? Comment ?

"Dans la petite sa / lle, un rai s'infiltra"

Merci de m'éclairer.

Contribution du : 30/10/2010 13:17
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Re : Elision et césure.
Organiris
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L'élision "élimine" le "e" final de "salle", qui devient muet puisque suivi par une voyelle. La césure tombe donc après "salle" qui n'a plus qu'une seule syllabe du fait de l'élision :

Dans/ la/ pe/ti/te/ sall(e)// un/ rai/ s'in/fil/tra// (11 syllabes).

"Rayon" à la place de "rai" donnerait un alexandrin (qui souffrirait d'un rythme bancal et inesthétique, en 2/3/1 pour le premier hémistiche, mais c'est un autre problème).

Contribution du : 30/10/2010 13:29
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Re : Elision et césure.
Maître Onirien
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28/04/2010 15:29
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Ce vers compte 11 syllabes, on ne peut donc pas parler d'hémistiche, mais de césure. Par contre le e ici ne sera pas sonore puisqu'il est suivi d'une voyelle. La césure tombe après sall(e), donc à la sixième syllabe. La suite du vers compte 5 syllabes.
Les autres vers de ce sonnet devraient également être construits en 11 syllabes.

Contribution du : 30/10/2010 13:36
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Dans une poignée de sable de la route, j'ai mis un rayon de soleil qui brille, un murmure du vent qui se lève, une goutte du ruisseau qui passe et un frisson de mon âme, pour pétrir les choses dont on fait les histoires.
Jean Ray - Les derniers contes...
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Re : Elision et césure.
Maître Pat de Velours
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De Quelque part entre ma tête et mes pieds
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J'ai déplacé le sujet dans le bon forum.

Pat, modératrice.

Contribution du : 30/10/2010 14:09
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Re : Elision et césure.
Visiteur 
Bonsoir !

Merci pour vos réponses.
C'est bien ce que je pensais, en effet !
Cependant, la réponse de Léo me laisse un peu pantois...
Que veut dire 2/3/1 dans le premier hémistiche ?
Bancal, c'est vrai avec ses 11 pieds !

Et si c'était un alexandrin, le 2/3/1 se serait-il posé ou aurait-il posé problème ?

Merci.

Contribution du : 30/10/2010 15:43
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Re : Elision et césure.
Organiris
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Citation :

goutdemiel a écrit :
Bonsoir !

Merci pour vos réponses.
C'est bien ce que je pensais, en effet !
Cependant, la réponse de Léo me laisse un peu pantois...

Je fais souvent cet effet-là, en effet...

Citation :
Que veut dire 2/3/1 dans le premier hémistiche ?

Que le rythme de l'hémistiche se décompose en trois "morceaux" : "Dans/ la// pe/ti/te// sall(e)//", soit en deux, plus trois, plus une syllabe.


Citation :
Bancal, c'est vrai avec ses 11 pieds !

Et si c'était un alexandrin, le 2/3/1 se serait-il posé ou aurait-il posé problème ?

Merci.

Oui, le problème se serait posé, et aurait plus que probablement entraîné un avis négatif du CE. Si le seul reproche sur le poème aurait été celui-là, il y aurait eu au minimum retour à l'auteur avec demande de rectification. S'il s'agit d'une forme récurrente, le poème aurait été presque à coup sûr refusé.

Ce ne sont que des hypothèses, bien entendu, il faudrait considérer l'ensemble de la pièce, par un seul hémistiche isolé.

L'alexandrin est une forme très structurée, particulièrement exigeante sur le rythme de lecture en raison de sa composition même : le nombre "12" est un nombre magique, très harmonieux, qui ne supporte pas les ruptures de rythme. Ce rythme de l'alexandrin n'est pas un gadget, c'est lui qui fait la musicalité du vers, qui lui donne le souffle. Il suit les accents toniques, en fait, et permet au vers de "couler" naturellement des lèvres, sans accrocher.

Un alexandrin se construit par conséquent en deux hémistiches de 6 syllabes (forme minimale obligatoire en classique sauf une exception) et chaque hémistiche est lui-même décomposé selon un rythme précis : 6 (rare), 3/3 (la plus courante), 2/2/2, 4/2 ou 2/4 (trois formes plus difficiles à manier, mais très efficaces selon le contexte). La seule exception a été créée récemment (par rapport à l'âge des règles classiques). C'est le rythme dit "ternaire", sans hémistiche en fait, (4/4/4), imaginé par Victor Hugo himself. Et encore, ce rythme a été longtemps considéré comme sacrilège par les puristes (certains le pensent encore).

On peut certes inventer d'autres rythmes, mais pour atteindre la musicalité d'un alexandrin bien construit, ça n'est pas évident, et c'est de toute manière destructeur de VPA. Même des vers "atypiques" respectent ces rythmes fondamentaux. Le très célèbre "Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon cœur" (Racine - Phèdre), qui passe aux yeux de beaucoup pour la plus belle phrase de la langue française, est construit en 2/4/3/3. Le rythme syncopé, comme hésitant dans la première partie et fortement accentué dans la deuxième, renforce encore l'impression de pureté et d'innocence que donnent les monosyllabes.

Toujours dans "Phèdre", il y a deux autres vers célèbres par leur métrique :

"La fille de Minos et de Pasiphaé" (3/3//6)

"Ariane, ma sœur, de quel amour blessée (3/3//4/2)
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée !"
(4/2//4/2)

A chaque fois, le rythme est porteur de sens.

Le vers que vous proposez, un peu modifié, passerait bien mieux. Par exemple (en remplaçant "rai" par "rayon" ce qui donne un second hémistiche à 6 syllabes en 3/3) :

"Dans la salle obscurcie un rayon s'infiltra" (3/3)
"Dans la salle éclairée..." (3/3)
"Dans la petite entrée..." (2/2/2)
"Illuminant la salle..." (4/2)

Attention, ce ne sont que des exemples imaginés rapidement, pas des conseils d'écriture. Je pense que ce vers doit être encore travaillé, parce que sur le fond il manque de force. Mais on entre là dans le jugement sur la valeur poétique même du texte, pas sur sa construction.

Contribution du : 31/10/2010 09:35
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Re : Elision et césure.
Maître Onirien
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De du côté de Brocéliande
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Merci Leo pour ce travail passionnant sur le rythme de l'alexandrin.
Je me pose juste une question au sujet de ce vers que vous citez :

"Ariane, ma sœur, de quel amour blessée (3/3//4/2)

que je découperais plus volontiers ainsi :
"A/ri/a/ne/ ma/soeur//... soit 4/2//4/2 mais je peux fort bien me tromper !

Contribution du : 31/10/2010 11:30
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Re : Elision et césure.
Visiteur 
c'est vrai que c'est passionnant, Léo. Tu devrais faire des petites fiches techniques pour les léophytes. Si, si, je me moque pas, promis.

Contribution du : 31/10/2010 11:36
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Re : Elision et césure.
Visiteur 
Citation :


"Les autres vers de ce sonnet devraient également être construits en 11 syllabes."


@framato
A mon humble connaissance, en métrique un sonnet classique qui se respecte, peut avoir le rythme d'un alexandrin (12 pieds), d'un décasyllabe (10 pieds), d'un octosyllabe (08 pieds) ou d'un heptasyllabe. (07 pieds)


@Arielle

Citation :


"Ariane, ma sœur, de quel amour blessée (3/3//4/2)

que je découperais plus volontiers ainsi :
"A/ri/a/ne/ ma/soeur//... soit 4/2//4/2 mais je peux fort bien me tromper !



Il y a ici dans le mot "Ariane" deux interrogations qui m'interpellent.

- Peut-on parler de diérèse si on le découpe ainsi :

"A/ri/a/ne" ?

- Ou de synérèse : "A/ria/ne" ?

Laquelle est la plus correcte en prosodie ?

Où se situe donc ici le "hiatus" ? "Ar/ (ia) /ne ?


@Leo

Merci pour toutes ces explications !
Vous êtes vraiment très gentil ! Droit au cœur...
Ma reconnaissance éternelle et mon indéfectible amitié qui va avec...


Amicales pensées.

Contribution du : 31/10/2010 15:30
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Re : Elision et césure.
Organiris
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Citation :

Arielle a écrit :

"Ariane, ma sœur, de quel amour blessée (3/3//4/2)

que je découperais plus volontiers ainsi :
"A/ri/a/ne/ ma/soeur//... soit 4/2//4/2 mais je peux fort bien me tromper !

Enfer et damnation, honte sur moi : j'ai tapé trop vite, j'avais des moufles chaussettes aux mains (cherchez pas, il n'y en a qu'un qui peut comprendre...).

Bien évidemment, c'est un rythme en 4/2//4/2, repris bien évidemment à l'identique dans le vers suivant. Et c'est précisément cette symétrie qui donne aux deux vers toute leur force dramatique, les

Citation :

goutdumiel demande :

Il y a ici dans le mot "Ariane" deux interrogations qui m'interpellent.

- Peut-on parler de diérèse si on le découpe ainsi :

"A/ri/a/ne" ?

- Ou de synérèse : "A/ria/ne" ?

Laquelle est la plus correcte en prosodie ?

En classique, il y a diérèse, incontestable, confirmée par Littré... et que j'ai allégrement sauté ce matin, un peu trop pressé d'aller chercher le pain dominical.

Pour faire une synérèse, il faut user de la licence poétique. C'est d'ailleurs la seule chose qu'autorise ladite licence : elle laisse à l'auteur le choix de la diérèse ou de la synérèse. Mais selon les règles de classification de la poésie en vigueur sur Oniris, nous considérons que l'usage de la licence poétique est une des caractéristique de la poésie néoclassique. Le poème serait donc orienté vers cette catégorie, sous réserve que le choix de l'auteur soit cohérent sur la totalité de la pièce.

Citation :
Où se situe donc ici le "hiatus" ? "Ar/ (ia) /ne ?

Il n'y a jamais hiatus à l'intérieur d'un mot. L'hiatus n'existe qu'entre deux mots, lorsque l'un se termine par une voyelle non élidée et l'autre commence par une voyelle.

Contribution du : 31/10/2010 18:19
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