Bonjour,

Voilà, il m'est arrivé de lire sur ce site des poèmes et textes absents de toutes ponctuations. Pour moi la ponctuation và de paire avec les mots, c'est indissociable!
La ponctuation exprime les non-dits, les soupirs, les émotions fortes, le ton, le rythme...y a pas idée de l'ignorer, de la supprimer. Personnellement un poème sans ponctuation perds de sa force et manque de caractère.
Certains me diront que c'est au lecteur de faire son propre rythme, de faire travailler son imagination, de lire comme il l'entends. Mais moi quand je lis un poème sans ponctuation, ma lecture est neutre, le ton est monocorde. S'agissant de mot je suis tout à fait d'accord que c'est au lecteur de faire sa propre interpétation quand il lit un poème ou un texte, mais la ponctuation en moins...l'écho du narrateur est absent.
En tant que lectrice je ne veux pas créer mon propre rythme, imaginer l'intensité du ton, je veux ressentir le souffle de l'auteur, c'est ça qui est intéressant.
Alors je pose la question, et surtout à ceux qui choisissent d'écrire sans ponctuation, pourquoi ignorez-vous les ponctuations? que représentent-elles à vos yeux?

Il m'arrive assez fréquemment de me passer de la ponctuation parce qu'elle me parait trop contraignante justement. (attention je ne prétends pas à une science infuse ...je parle de ma petite toute petite expérience).
La ponctuation est un carcan, rassurant parfois, contraignant d'autres fois.
Pour ma part je n'imagine pas "Le Pont Mirabeau" d’Apollinaire ponctué par exemple, parce que l'absence de ponctuation va avec le sujet: la Seine qui coule/s'écoule. La ponctuation dans ce texte serait un frein, une sorte d'obstacle justement à l'écoulement de l'eau et donc de la tristesse du poète.
Donc partant de là je ne ponctue pas toujours pour que mon texte garde l'esprit de mon propos.
Je ne crois pas que la lectrice que vous êtes aura à créer son rythme de manière artificielle, ça se fera tout seul, ne serait-ce que par le moment où il y a un retour à la ligne.
Donc pour me résumer moins de ponctuation c'est plus de fluidité, mais il est des textes où l'absence de ponctuation me gêne, en poésie dite "classique" par exemple.

Bonjour diva-luna... N'écrivant que pratiquement en classique ou néo-classique je suis contraint de ponctuer mes textes, un exercice pas toujours très simple mais, à mon avis, indispensable dans les catégories précitées.
Cela dit je pense qu'en poésie libre certains textes se passent avec bonheur du point ou de la virgule en fonction du sujet traité. Dans ce cas je crois que c'est au lecteur d'imaginer les pauses ou respirations nécessaires à une lecture personnalisée.
C'est un vaste débat fort intéressant et je pense que d'autres auteurs ou lecteurs peuvent avoir un avis différent avec des arguments tout aussi justifiés...
Bon dimanche. Amicalement, Alexandre

Bonjour Diva-Luna,

en poésie, il m'arrive de remplacer la ponctuation symbolique (celle qui se marque par les signes de ponctuation) par un autre type de ponctuation : la ponctuation spatiale. Il faut savoir qu'effectivement aucun texte ne peut vivre sans respiration. Mais un retour à la ligne, un saut de ligne, un vide sur la même ligne, des décalages,... peuvent remplacer ou compenser la ponctuation. Il arrive même que l'absence de ponctuation ou une mise en page particulière serve et renforce le sens du texte. Sur Oniris, les textes qui sont classé en classique ou néo classique ne peuvent pas se passer de la ponctuation symbolique, les autres textes le peuvent. C'est un choix "de ligne éditoriale" (et il est vrai que la poésie classique le serait moins sans la ponctuation).

En ce qui concerne les nouvelles, il m'arrive de renoncer à certains signes de ponctuation de façon tout à fait temporaire, la plupart du temps pour marquer une accélération du rythme de lecture, mais il m'arrive également d'utiliser l'espace (avec des retours à la ligne peu habituels) pour marquer au contraire un ralentissement du rythme, voire un éclatement de la phrase.

Ces effets sont plus que modérément appréciés par les lecteurs lambdas, puisqu'ils nous sortent d'un certain confort de lecture, mais j'y tiens effectivement beaucoup. Ils donnent parfois une autre grille de lecture aux mêmes mots quand ils sont ponctués de façon plus conventionnelle.

Voilà, j'espère vous avoir éclairé sur le pourquoi de mes choix en matière de ponctuation / non ponctuation.

Lepireàlireenmatièredetextenonponctuéseraituntexteécritsansaucuneponctuationnipassageàlalignevoireendernièreextrémitésansaucuneséparationentrelesmots

Citation :

Même écrit de la sorte, c'est encore lisible, mon cher Framato !

Je pense que ponctuer ou non un texte peut se justifier lorsqu'on explique le pourquoi de notre démarche. Cela dépend toujours de notre éducation épistolaire... si on n'essaie pas de sortir de sa zone de confort, alors un texte pas ponctué, ou ponctué peut nous poser un problème.

Quant à moi, ponctué ou pas, s'il se dégage du texte assez d'émotion pour me captiver, je fais fi du point ou de la virgule qui a été omis.

Pour moi, la ponctuation est une béquille qui aide les textes bancales à se tenir debout(oh là là ) Lorsque je lis un texte captivant de soixante mille caractères, il arrive qu'après un certain temps je ne vois plus de ponctuation, le rythme induit par le suspense, le thème, la narration, prend le dessus sur la considération technique du texte.

Euh... la ponctuation, ça sert à donner un sens à un texte, aussi, quand même.

Entre :

Bob a tué cet enfoiré !

et

Bob a tué, cet enfoiré !

Le sens n'est plus le même du tout, la virgule n'est juste là pour faire joli ou servir de béquille, elle crée du sens.

gloups, j'ai encore oublié un "pas" dans la dernière phrase. ça aussi, ça crée du sens !


lire : la virgule n'est pas juste là pour faire joli.

Moi qui ne comprend rien à la ponctuation, merci de m'expliquer la différence de sens entre ces deux phrases justement.

W

Dans la première phrase Bob tue un enfoiré, dans la seconde phrase Bob est un assassin ET un enfoiré...

En somme, grâce à la virgule, il cumule...

ah oui, c'est vrai.

Merci Framato

W