Me promenant hier à travers champs, j’ai découvert une grosse chenille verte se prélassant au cœur épanoui d’un tournesol … Ce bouleversement climatique qui nous offre ce genre de rencontre en plein hiver m’a autorisée à vous proposer cette libellule plutôt hors saison.
Vous l’avez accueillie avec bienveillance et je vous en remercie même si ses éternuements ont troublé de nombreuses oreilles (la pauvre s’était enrhumée en quittant son cocon !) Je vais suivre les conseils de Leni et changer ce vers en celui-ci plus harmonieux et faisant l’économie d’un hiatus :

et la nymphe s’étonne, elle frissonne, étire

Par ailleurs chacun a bien saisi, et je m’en réjouis, que la demoiselle, sous ses airs éthérés, n’était que la métaphore de l’écriture qui peine bien souvent (sauf pour quelques génies) à acquérir la forme rêvée de son idéal.
Hélas, n’ayant de l’entomologiste éclairé qu’une formation très approximative, je n’ai pu donner à ma petite zygoptère qu’un vague air de schaltinienne coupée en deux et pourvue d’un sexe mal défini. Ce qui n’a pas échappé à l’œil acéré de Cristale dont j’apprécie la lecture soigneuse et attentive qui va me permettre de repartir du côté des étangs. J'espère y trouver la paire d’ailes et la rime virile qui font défaut à ma bestiole.

Mon dilettantisme concernant les formes fixes me pousserait à vous suggérer que l’effet du dérèglement climatique n’est pas étranger à cette anomalie de la faune onirienne … mais je n’insisterai pas et me contenterai de remercier avec chaleur tous ceux qui ont permis la naissance de cet insecte génétiquement modifié, ainsi que ceux qui ont pris le temps d’ouvrir son cocon.

Vincendix, Marie-Ange, Hananké, leni, Alexandre, papipoète, cervantès, widjet, Francis, Pussicat, Wall-E, Cristale et Coline recevez chacun une boîte de ces délicieux chocolats de Noël dont je suis sûre que vous ferez bon usage

Mon Narielle

Je savais pas pour les chocolats?
J'ai raté le coche

Je les aime les libellules tu sais...

PImpouille la Fripouille

Allez Pimpette, je vais me montrer généreuse : tu l'auras ta libellule en chocolat

Merci pour les chocolats, ils sont excellents, nous les avons vite mangés avant qu'ils deviennent papillons.
Bonne fin d'année !

Merci Curwwod pour cette vision de fable que tu donnes à mon petit texte. Je n'y avais pas du tout pensé en l'écrivant.

Même si tous les vilains petits canards ne deviennent pas de jolis cygnes, ils en rêvent tous plus ou moins, il n'y a qu'à les voir se dévisser le cou pour compter leurs plumes !

Citation :

Vous avez peut-être eu tort, Vincendix, Je ne connais pas de plus délectable friandise que l'aile de papillon confite dans le nectar d'une rose de Noël si ce n'est la cuisse de nymphe de libellule accommodée de la même manière dans son sirop d'hellébore (une recette de notre amie Coline De)

Attention à ne pas faire le sirop avec des ellébores montées à graines ! (conseil de Monsieur de LaFontaine !)
J'ai une variante avec les exuvies, qui présente l'intérêt de ne pas mutiler les libellules.

Moi, je ne suis pas contre les 4 grains d'hellébore qui mettent un peu de piment dans la recette et lui donnent les joues roses mais les exuvies me débectent un peu ... Je préfère éplucher mes crevettes en général mais tous les goûts sont dans la confiture n'est-ce-pas !

Miam, merci Arielle pour ces bons chocolats...

Wall-E

Merci pour cet ultime commentaire si solidement argumenté, Nemo, il m'a donné envie de revoir cette libellule honteusement bâtarde et de lui redessiner le portrait en m'appuyant sur vos conseils éclairés :

À force de nouer ses doutes affligés
Avec le fil des jours le cocon se déchire
Et la nymphe frissonne, étonnée elle étire
Ses membres engourdis qu'elle croyait figés.

Voilà qu'en mon sommeil me sont poussées des ailes,
Quelque divinité passant par ce verger
A dû m'ensorceler, songe la demoiselle.

Larve rampant sous l’eau en attendant sa mue
Au rang de schaltinienne elle se voit promue.

Parfois d'un noir brouillon jaillit une étincelle…

Mais il est fort courant qu’un asticot ne soit
Malgré tout son labeur pour s’extirper du nombre
Qu’une triste bestiole aigrie, grouillant dans l’ombre,
À son réveil pas plus ailée que vous et moi.

Voyez sauter ce pou, la pauvre créature
Ne sera pas payée des efforts qu’elle déploie,
Le ciel n’est pas pour lui, ô marâtre nature !

Quel caprice a offert tant de légèreté,
Tant de grâce innocente à l’insecte bleuté ?

Et si la poésie naissait d’une imposture ?

Je suis sûre qu'on peut trouver encore quelques pattes à casser à ce bestiau récalcitrant et je vous y invite avec grand plaisir.