Salut à vous,


Je voulais relayer une curieuse poésie de forme fixe que j'ai découverte en parcourant le site de l'Oulipo. Elle porte le joli nom de "Aigre-doux" et se définit aussi par des rimes dites "babébines". Comment, pourquoi, le mieux est de commencer par un poème :

"À l’heure où…


À l’heure où dorment les imbéciles
les oies du Capitole
comme des libellules
volent à tire-d’aile
loin des vestales

pendant ce temps les Gaulois
n’en ratent pas une"

De Raymond Queneau dans l'instant fatal


Est-ce que j'ai besoin d'en dire plus ? Sur le point commun entre "aigre-doux", "À l'heure où", et "les gaulois" (qui n'en ratent pas une) ? Sur ce que sont des rimes babébines d'après l'exemple du poème ?

C'est sans métrique mais ce n'est pas interdit non plus, forte contrainte et grande liberté, c'est une nouvelle recette pour les gourmets !

Si le cœur ou le ventre vous en dit, je serai curieux d'en lire quelques uns, d'Aigre-doux.

Si je n'avais pas été chercher sur internet, je n'aurais rien compris à ces aigre-doux...
Bon, allez, j'en tente un. Je pense avoir un peu triché sur la conclusion mais pas sûr... Vous me direz David ce que vous en pensez.

Filet de sole
Sauce aigre-douce


Le réveil sonne six heures et, ça, ça me soûle
Velu, vilain, mais j'ouvre quand-même les cils.
Je me lève. Je me lave. Je me sens sale.
Le jour qui s'annonce à déjà le goût du sel :
Le ciré, mes bottes, mes gants, le pont... la sole.
Pêcheur ! Moi qui me voulait poète
Comme ces gars de l'Oulipo.

"à l'heure où" et "aigre-doux" comptent une seul fois chacune des voyelles de l'alphabet, ainsi que "les gaulois" et dans ton poème, on peut les trouver dans "voudraient".

En tout cas pour les rimes c'est bien ça, il manquerait un titre et une chute avec seulement les cinq voyelles, en sachant que Queneau place son finale au milieu d'une phrase, dans une espèce de jeu de mots "les gaulois n'en ratent pas une" de voyelles de l'alphabet.

Oui, c'est encore plus complexe. Il manque un peu de boulot.
Je pensais mettre toutes les voyelles dans "gars de l'Oulipo", à la fin. Je n'avais pas capté qu'il les fallait dans le titre aussi!
D'ailleurs dans "A l'heure où", il n'y a pas de "i"...

Je dirais que mon erreur est dans "gars de l'Oulipo", car il y deux "o". Donc c'est faux. Mince.

Ah oui, c'est vrai, le titre de Queneau ne correspond pas à ce que j'en disais...

Je partais de ce lien :

http://oulipo.net/fr/contraintes/aigre-doux-0

Le "polar cryptique" est un exercice particulier, plus complexe, mais sinon, la forme semble être une suite de rimes babébines, sur cinq vers donc comme autant de voyelles, avec au final un mot ou une expression comprenant les cinq voyelles une seule fois chacune, qui peut être mise en scène dans une petite phrase.

C'est un cauchemar
Survenu en mer
Sous la station Mir
près des côtes d'Armor
Il s'est pris un mur...

En passant
Par Édimbourg.

J'ai pris une consonne d'appui (le M) pour la rime comme toi (le S) mais c'est juste pour faire sonner, y'a pas de rigueur là-dessus.

Le "polar cryptique" n'utilise pas les rimes babébines, c'est une liste à la Prévert façon Cluedo où chaque vers n'utilise qu'une seule fois les cinq voyelles. C'est donc un cas particulier. Je me suis basé sur les exemples de leur pièce jointe plutôt.

Oui, j'avais vu pour la consonne d'appui qu'elle n'était pas obligatoire.
L'exemple de polar cryptique en suivant ton lien est excellent, mais l'exercice est difficile ! Trop même.
Allez, un dernier aigre-doux pour la route.

Au péage de la route du château de Lilliput
Un planton poireautait, piétinait attendant dans ses bottes
Quand une rumeur, au loin, le fît sortir de sa guérite.
Un pied aussi volumineux qu'un bateau, puis, une tête
Apparut, énorme, gigantesque, grotesque et écarlate.

De sang-froid le petit homme n'en perdît point son latin
Mieux! Il s'en souvînt même et lui murmura ce : "Quo vadis ?"

(Je triche en mettant toutes les voyelles dans "ce quo vadis" ??)

Pas plus que Queneau avec "les gaulois" :)

Ah la douceur angevine!
Le Poitou, ses ânes!
viens encore que l'on s'y promène
De l'été jusqu'à l'automne,
Sous le soleil ou sous la lune.

Aoûtien en Touraine
C'est doublement bon!

Géographiquement très approximatif, mais babélinement correct.
J'avais d'abord cherché du côté de notre chère Marguerite, pour déterrer l'"y" qui se morfond dans son coin:

"Yourcenar", ça marche - l'"Oeuvre au noir", aussi, bien que doublonnant.
Pour caser les 6 voyelles, je n'ai trouvé que: "Vive Bayrou!", mais c'est contraire à mes idées politiques.

Bonjour Rosebud, votre chute est excellente, doublement.