J'aimerais faire part de ma façon de voir la poésie contemporaine, incluant une méchante critique et le rêve d'un changement. J'ai aimé le poème de Gil, classé premier actuellement ; c'est homogène et travaillé. Mais je ne comprends pas pourquoi à peu près tous les poèmes parlent de la même chose. Le minéral, les cieux... et moi et moi et moi qui ai la tête en bas. N'est-ce pas très commun ?

Pourquoi pas un sonnet sur des fils électriques, sur le décor urbain qui nous entoure pour de vrai, sur les objets de la société de consommation dans laquelle nous baignons, plutôt que de recommencer sans cesse et sans arrêt les thèmes romantiques, qui ont deux cents ans d'âge ? On peut se mettre d'accord, je pense, sur ce que tout a été dit sur le Ciel et la Terre et que l'imitation de Hugo, Baudelaire, Verlaine avec une petite note personnelle ne mène pas à une véritable recherche.

La poésie, à mon avis, sert à donner des lunettes différentes sur la réalité. C'est un filtre d'interprétation, comme les nouvelles réussies. Mais quelles réalités ? Pas les falaises, les fleurs et les nuages, qu'on voit en vacances. Où avez-vous vu des fleurs près de chez vous ? Chez le fleuriste, dans le jardin ? **Je ne vous crois pas**, vous les poètes d'Oniris. Je ne crois pas que vous ayez l'âme romantique et que vous aimiez réellement la météo, les minéraux et les végétaux. Je crois que vous écrivez et que vous jugez selon des critères qui ne sont pas les vôtres. Vous avez une vision de la sincérité qui n'est pas la vôtre.

Les enjeux de la modernité sont bien plus évidents, si près que vous omettez de les voir. Fi du XIXe siècle ; il a tout donné et il a trépassé.

Où sont les virelais sur les voitures garées, les immeubles en béton, les touches de l'ascenseur, sur la douce hypocrisie des temps modernes ? Combien de ballades sur le premier jour de votre nouvel emploi ? Là se trouve le vivier des thèmes du XIXe siècle.

Bon j'espère que ce petit message déclenchera une discussion constructive, pas seulement d'humeur.

Bad Arsinor ?

Bonjour Arsinor, intéressant sujet !

Il est vrai que l'on trouve beaucoup de romantisme sur Oniris et que l'on se croit parfois au XIXe siècle... la communion avec la Nature, le poète maudit...

Pourtant ce que vous proposez à la place, les voitures garées, les touches d'ascenseur, cela a aussi été traité et rabattu... au XXème siècle.
Le nouvel emploi, cela me parle davantage.


La poésie selon vous sert à donner une vision nouvelle ou différente de la réalité. C'est votre conception de la poésie.
Il me semble que pour beaucoup, il s'agit plutôt d'exprimer et de partager des émotions, c'est-à-dire ce qui fait de nous des humains. En cela, chacun partage ce qui le touche, le fait vibrer... si pour beaucoup c'est la Nature, c'est peut-être qu'il y a une bonne raison pour cela... Un besoin de se sentir appartenir à cette Nature, de se sentir vivant et humain dans un monde de plus en plus dévitalisé ?

Il y a beaucoup de thèmes éternels aussi : l'amour, la mort, la vieillesse, la souffrance, l'amitié... doit-on ne plus les évoquer, alors que ce sont les thèmes qui nous interrogent en tant que ce que nous sommes, parce que "tout a déjà été dit" ?

EDIT : En fait, vous voyez la poésie comme un mode de recherche, il me semble. Selon moi, une majorité d'Oniriens la vivent comme un mode d'expression. C'est-à-dire une recherche également, mais intérieure. Pas étonnant que les thèmes soient ceux que l'on retrouve depuis longtemps, soit depuis le début du XIXème siècle, et les profonds changements que l'humain a vécu à cette époque.

Arsinor, les thèmes des Oniriens sont censés être des sujets que tout le monde partage, pas des modes d'expressions personnels...

Je suis pour une part d'expérimental dans la poésie, mais sera t'elle plébiscitée sur le site ? Mystère...

Bonjour Arsinor,
Le thème du décor urbain est traité sur le site : voir les poèmes de Stephane.

Bonjour à tous !

Ce ne sont pas les thèmes qui me gênent le plus dans les poèmes sur Oniris, car oui, ils sont éternels, le" toi et moi" (que vous n'avez pas évoqué) assure la poursuite de l'humanité, le minéral est la base de toute construction et les cieux portent une lumière sur le tout. Le "moi, moi, moi", j'avoue me dérange un peu plus mais il est très, très actuel.
Ce serait plutôt la forme que revêtent ces évocations, avec un peu trop souvent un vocabulaire et une forme dédiés.
Rares sont ceux (et le dernier poème de Gil est de ceux là) qui se démarquent justement de cette approche.
Globalement, nous sommes des animaux, avec un plus (pas forcément en terme de qualités). La "vie moderne" nous éloigne tant de ces racines, que nous avons besoin de les évoquer, de nous y ressourcer pour notre équilibre et pour nous envisager un avenir, à mon avis.

Poète du présent "industriel" : Meaban, par excellence (qui ne vient pratiquement plus). Socque aussi aborde des thèmes improbables, dans des formes classiques. (pour ne citer qu'eux deux).
(et je n'ai pas envie d'évoquer les classements, mais n'en pense pas moins).

Arsinor,
Je lis souvent des commentateurs dire qu’ils n’ont pas vraiment compris le poème mais que ça ne les gênait pas du tout tellement c’était beau. Pourquoi dans ces conditions se préoccuper des thèmes ? Et si la poésie n’était qu’une vaste fumisterie ?

Bellini
poète du néant (voilà un joli thème)

Bonjour Arsinor,

L'industrie et le monde moderne ont toujours inspiré les artistes, quelle que soit l'époque. A chacune d'ailleurs son modernisme... La révolution industrielle fin XIXème fut une grande source d'inspiration. Strindberg, par exemple, écrivit sur les trains en Suède: ils deviennent le symbole du nomadisme et transforment le regard de l'homme sur la nature, le temps et l'espace.
Si le sujet vous intéresse, je vous conseille cet article de Sylvain Briens:
Le poète prend le train

Ecrivez sur les frémissements de l'époque si vous en ressentez l'envie: les poètes sont souvent décrits comme les sismographes d'une société, ceux qui ressentent les frémissements avant les autres. Je pense que la poésie dépasse le sujet même: c'est une histoire d'expression et d'émotion, et à chacun son sujet vecteur...

Citation :

J'ai l'âme romantique et je tiens à la préserver, je juge selon mes propres critères et ma vision de la sincérité est bien la mienne.
Romantique je suis, romantique je reste, ma pathologie est chronique, résistante à toute tentative de reconversion ^-^
De plus, j'avoue, avec convicton, aimer le beau langage du XIXème siècle.
Mais rien ne vous empêche de mettre vos dires en application. Personnellement, je suis ouverte à toutes formes et thèmes en poésie, quand l'écriture est de qualité.
Mais à lire votre fiche, je me dis que la représentation de votre pseudo par l'image d'un blason (le blason a été crée au XIIIème siècle) n'est pas très moderne, (pourquoi pas des tags sur un mur ?) pas plus qu'en signature des citations parues dans la bible, ouvrage qui commence à dater, (pourquoi pas des extraits des chansons de Renaud?)...Alors j'en déduits que vous n'appliquez pas pour vous ce que vous préconisez pour les autres. Bad Arsinor

Petit cadeau musical

Avec sourire et bonne humeur comme toujours.

Le monde du 21e siècle, dans toute sa désolation ou sa superficialité, mérite en effet d'envahir la poésie (mais il le fait déjà en réalité, il suffit de chercher : voyez Houellebecq par exemple).

Je suis pour ma part trop occupé à écrire ce que je veux ; si vous voulez que je compose un poème sur les touches d'ascenseur, j'accepte, mais il va falloir me payer très fort.

Je peux faire ça à la rigueur, inutile de payer même en bitcoins, ça vaut pas un sou, pourtant c'est un poème inspiré de ma vraie vie au XXIème siècle, je garde quand même mon tic des rimes et du rythme (je peux ?):

Le siphon de la douche
Pas de chance est bouché,
Me voici sur la touche
Le plombier est couché
Le Covid pour excuse;
Avec mon tournevis
Il faut que je m’amuse
À déboucher gratis
Pour un proprio riche
Comme Crésus, mais qui
Était Crésus ? Ah ! Chiche !
Consultons Wikiki !


P.S. Je précise que ce poème ne fera pas l'objet d'une demande de publication par les voies habituelles.

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Soyons sérieux, mais pas trop.