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1 Utilisateur(s) anonymes
La mort peut bien frapper |
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Maître Onirien
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Merci infiniment aux lecteurs, et aux généreux commentateurs de ce texte : poldutor, Cyrill, Donaldo75, papipoete, LylianR, Damy, emilia, GIL, Crisale et Sympa. C'est un plaisir de se savoir lu par vous. votre sensibilité perçoit toujours l'essentiel.
Pour répondre à Cyrill, je dois dire que je ne sais pas en quoi la modernité apporterait plus d'humain : la modernité, c'est toujours le temps présent, et l'humain est de tous les temps. Ensuite, c'est vrai, il y a des expressions très classiques : c'est pour cela que je présentais le poème dans cette section. En classique, on est classique : sur un terrain de basket on ne joue pas au rugby. Et je pense aussi que le classique ne doit pas s'en tenir à la prosodie, à la pure technique d'écriture, c'est aussi une question (à mon sens) d'esprit, de style. Les deux, fond et forme, doivent s'accorder. J'espère avoir éclairé Cyrill sur mon fonctionnement, et je le remercie de son commentaire élogieux. Crisale, j'ai lu et relu vos remarques, et je ne les comprends pas très bien car il me semble que mon quintil est conforme aux règles que vous évoquez : la dernière rime doit n'être apparue qu'une fois, et ainsi être attendue : mais elle n'apparaît qu'une fois, au premier vers, et elle me semble d'autant plus attendue que trois vers, au lieu d'un ou deux, les séparent. Deux séries de rimes féminines différentes doivent être séparées par une rime masculine (ou inversement). Mais ici tout va bien : il n'y a pas deux séries de rimes féminines différentes, c'est la même : "belle-d'elle-fidèle". Le poème "Les Djinns", de Victor Hugo, est composé de huitains qui présentent, dans leur deuxième moitié, une suite de trois rimes, et je n'ai pas présentement en tête d'exemple précis chez les purs classiques, mais je crois pouvoir en trouver (dans les poèmes religieux de Corneille ou de Racine, je pense). Merci Crisale, car outre ce point technique vous parlez d'un très beau poème. Au plaisir de vous lire tous, en poésie ou en commentaires, et encore merci.
Contribution du : 16/06/2021 15:58
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Re : La mort peut bien frapper |
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Maître Onirien
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Bonjour Miguel,
Merci pour ce retour sur commentaires. Effectivement la dernière rime ne doit être apparue qu'une fois oui, mais celle à laquelle elle s'apparente ne se place pas n'importe où, de même pour les trois autres rimes. Le traité de Sorgel précise page 48 : - La strophe de cinq vers. Il semble que la meilleure combinaison de cette strophe qui comporte obligatoirement trois rimes pareilles, consiste en ce que la rime du dernier vers ne soit apparue qu'une fois. Elle est alors attendue. Si la rime est déjà venue deux fois, l'oreille ne l'attend plus car elle a déjà entendu un quatrain complet. Or "la chute", à la fin d'une strophe, a une importance capitale. On obtient donc : abaab ou aabab. Cette strophe est généralement isomètre mais un vers plus court, à la fin, est d'un excellent effet. "Nous ne passons qu'un instant sur la terre, a Et tout n'y passe avec nous qu'un seul jour. b Tâchons au moins, du fond de ce mystère, a Par œuvre vive et franche et salutaire, a De laisser trace en cet humain séjour. b" Ste Beuve "Pensées d'août" Cela correspond aux règles de la versification régulière dit classique. Ici nous parlons du quintil et non du huitain , que vous évoquer à propos de l'oeuvre de Hugo "Les djinns", et qui doit respecter le schéma suivant : abab cccb ou aaab cccb Où oui, trois rimes identiques se suivent, mais c'est la règle pour le huitain, différente de celle du quintil. Que j'aime à voir, dans les vesprées a Empourprées a Asile a Jaillir en veines diaprées a Les rosaces d'or des couvents ! b Oh ! que j'aime aux voûtes gothiques c Des portiques, c Les vieux saints de pierres athlétiques c Priant tout bas pour les vivants. b Musset "stances" Et oui, votre poème est très beau, mais pourquoi diable l'avoir terminé avec ce quintil mal fichu ? Avec toute ma sympathie Miguel, Cristale têtue mais avec pour excuse ses origines bretonnes et auvergnates
Contribution du : 16/06/2021 17:07
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Re : La mort peut bien frapper |
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Maître Onirien
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En fait le huitain est un poème d'une seule strophe composée de huit vers sur trois rimes. Son agencement est :
ababbcbc ou abbaacac Dans ce qui précède, je pense qu'il est préférable de dire "strophe de huit vers" puisqu'elle peut apparaître avec d'autres strophes dans un seul poème, et donc composée ainsi : abab cccb ou aaab cccb Le quintain ou quintil admet la même disposition de rimes que la strophe de cinq vers. Je sais, je suis pénible...
Contribution du : 16/06/2021 17:34
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Re : La mort peut bien frapper |
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Maître Onirien
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Vous n'êtes pas pénible Cristale, nous sommes passionnés. Il y a des gens qui passent des heures à discuter de la valeur d'un but, de la réalité d'un pénalty, etc. À chacun ses centres d'intérêt. J'entends bien ce que dit le Sorgel, mais je ne comprends pas pourquoi il s'en tient aux dispositions abaab et aabab, sans évoquer abbba, qui à mon sens ne contredit pas son affirmation. Quant à savoir pourquoi j'ai terminé sur un quintil : j'ai bien essayé de le réduire mais je ne suis pas parvenu à concentrer son contenu dans quatre vers. Et puis pour me donner des raisons de le justifier, j'ai pensé que cette longueur, qu'il apportait, exprimait quelque chose de la pérennité du sentiment exprimé.
Et, c'est drôle, je me suis reporté au poème "Le deuil du bonheur", qui m'a été publié le premier juin 2020 (comme le temps passe), et vous l'avez aimé "passionnément" alors qu'il présentait des quintils ababa. Je n'ai pas réussi, cette fois, la prouesse de vous faire oublier une faiblesse technique ; je tâcherai da faire mieux la prochaine fois : par la rigueur prosodique ou par la qualité du contenu ? Je ne sais pas encore, j'espère que ce sera les deux !
Contribution du : 16/06/2021 18:25
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Re : La mort peut bien frapper |
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Expert Onirien
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Bonsoir Cristale et Miguel,
Je viens mêler mon grain de sel à votre débat de puristes pour signaler qu’il existe quand même des quintils en abbba ! En fait je n’en n’ai trouvé qu’un exemple et je crains qu’il ne soit le seul de son espèce : il s’agit du poème « Le suaire » dans les « Poèmes tragiques » de Leconte de Lisle (qui compte 20 quintils !). D’accord, Cristale, Leconte de Lisle n’est pas un classique, on pourrait même parfois le qualifier de bricoleur prosodique, mais le fait est là ! J’espère que mon intervention, loin de semer la confusion, aura éclairci le débat. Bien à vous, GiL
Contribution du : 16/06/2021 19:14
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Re : La mort peut bien frapper |
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Maître Onirien
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Effectivement Miguel, votre poème entièrement composé de strophes de cinq vers à rimes alternées m'avait tellement plu que la forme ne m'avait pas choquée.
Cela aurait peut-être encore fonctionné si votre strophe avait été composée avec le même schéma, bien que rédhibitoire pour la catégorie classique. Ces trois rimes féminines qui se suivent comme prises en étau par les deux masculines les encadrant m'ont frappé les yeux. Sorgel n'évoque pas ce jeu de rime pour le quintil, je ne pense pas que les autres traités l'acceptent, mais ce serait intéressant de les consulter. Bon, je vais de ce pas rectifier ma note et mon commentaire sur votre poème du mois de juin 2020, que j'ai aimé passionnément...mais non ! je plaisante Miguel ! Mon enthousiasme était plus que sincère. Quand j'aime, j'aime. Et savez-vous que je ne suis pas la dernière à ne pas toujours respecter la prosodie, et que je fais d'énormes bourdes parfois ? Au plaisir de découvrir votre prochain écrit. Cristale
Contribution du : 16/06/2021 19:18
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Re : La mort peut bien frapper |
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Chers Cristale et Miguel,
Avant qu’il y ait un blessé, je vous offre ci-dessous un lien vers Philippe MARTINON : LES STROPHES : Étude historique et critique sur les formes de la poésie lyrique en France depuis la Renaissance. Vous trouverez p.203/204 de cette remarquable étude, la question du quintil abbba. Je ne prends pas parti car vous avez raison ensemble, les classiques jansénistes de Port-Royal, qui faisaient la loi, ayant interdit, comme le dit Cristale, la suite de trois rimes de même genre. Racine a été leur élève… Mais les modernes ont critiqué cette interdiction, tout en n’y cédant qu’en de très rares occasions, comme Leconte de Lisle dans Le suaire de Mohammed Ben-Amer-al-Mançour, long poème dont Martinon cite deux strophes : Devant ton souffle, Allah, poussière que nous sommes ! Vingt mille cavaliers et vingt mille étalons, Se sont abattus là par épais tourbillons ; La plaine et le coteau, le fleuve et les vallons Ruissellent du sang noir des bêtes et des hommes. Le naphte, à flots huileux, par lugubres éclats, Allume l'horizon des campagnes désertes, Monte, fait tournoyer ses longues flammes vertes Et brûle, face au ciel et paupières ouvertes, Les cadavres couchés sur les hauts bûchers plats. Reste la question du degré de classissisme d'Oniris. Même s’il m’arrive aussi de lire des BD ou de participer à des Speed Dating d’où je suis viré dès qu’on parle de mes loisirs, je conseille aux amoureux de la poésie classique de consulter cette œuvre majeure de 600 pages, qui non seulement référence toutes les strophes et toutes leurs combinaisons de rimes, mais surtout en fait la critique à travers nos grands poètes. Vous imaginez combien c’est un déchirement de confier cette relique aux oniriens, mais je ne pouvais pas vous laisser, Cristale et Miguel dans la brume d’un duel au p’tit matin. Bon, je me dépêche, j’ai un speed à 20H. Aujourd’hui j’ai révisé Banville, je devrais pouvoir tenir trois minutes… Bellini
Contribution du : 16/06/2021 19:35
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Re : La mort peut bien frapper |
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Maître Onirien
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Leconte de Lisle utilisait cette formule abbba dans son poème "Le suaire", Baudelaire a écrit ses quintils ababa dans "Le balcon".
Mais ces poètes adhéraient au mouvement parnassien et ils cassaient volontiers les codes de la vieille école des romantiques et plus encore, des classiques. Tout cela pour dire que, sur Oniris, comme cela est préconisé, je m'en réfère au Traité de Sorgel pour appliquer les règles inhérentes à la catégorie classique. Qu'on me prévienne si l'on change de références. Merci Miguel, GiL et Bellini pour vos partages et votre gentillesse. Je m'en retourne à la plage, vous m'avez épuisée. Cristale
Contribution du : 16/06/2021 19:57
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Re : La mort peut bien frapper |
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Expert Onirien
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Coucou Cristaleueueu !
Contribution du : 16/06/2021 20:18
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"Le secret de la poésie ne consiste pas tant à offrir de la beauté qu'à unir, à faire communiquer intimement l'âme des hommes." Vicente Aleixandre |
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Re : La mort peut bien frapper |
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Maître Onirien
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Merci à tous pour vos interventions. J'apprends des chose sur Oniris ; j'aurais pensé que la disposition des rimes dans un quintil n'était pas réglementée (il y a longtemps que je n'ai pas potassé mon Sorgel,et je l'avais un peu survolé, je dois dire, ayant dans mon dictionnaire de rimes un petit traité concis, compact, qui dit l'essentiel mais n'entre pas dans les détails.)
Le poème cité par Bellini me rappelle "La bataille perdue", des Orientales de Hugo ; il y a la même couleur locale et on y sent le même souffle épique.
Contribution du : 16/06/2021 20:28
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