Dans mon cas, je suis (verbe suivre, SVP) la rime. J'aime la rime riche qui intervient dans le poème, non seulement naturellement, mais qui est la seule JUSTE dans le contexte. Le lecteur ne peut accepter une rime riche si elle ne s'impose pas à lui.
Ensuite, je suis les règles principales de la prosodie. Je dis :principales, parce que respecter toutes les règles, c'est pour Victor Hugo.
Et puis, et surtout, le sujet doit être un sujet qui me touche MAIS qui doit pouvoir toucher autrui. Sinon, je rase le lecteur et je n'aime pas cela par orgueil.

En ce qui concerne les poèmes classiques ou néo-classiques, c'est généralement une phrase qui me vient à l'esprit, s'en va, revient ... Je finis par constater qu'elle a six ou douze syllabes, les mots, les sonorités me plaisent tant que je m'y accroche pour bâtir autour d'autres vers réguliers avec des mots, des rimes. Disons que cette phrase impromptue est le point de départ de l'inspiration qui finit par suivre. Très souvent, une fois le rythme de départ trouvé, les mots surgissent en le respectant. Après, reste bien sûr le travail minutieux sur le rythme, les rimes, la soumission aux règles poétiques etc mais ce sont des détails et quel plaisir lorsque tout est achevé.

Les choses ont évolué au fil du temps.
Au tout début, c'était presque de l'écriture automatique : je laissais filer les idées sans savoir où le prochain mot, la prochaine phrase allait me conduire. De temps en temps, des jolies surprises, plus souvent le nez dans le mur. Maintenant, je construis. Le premier jet est écrit au présent, largement façon scénario et quand ce squelette me plait, je peux le vêtir en ne me souciant plus que de la forme.

Un sujet m'interpelle. Je le laisse mûrir....et soudain, un jour, un mot, une phrase, surgissent.
Et les idées s'enchaînent.
Quel est le rôle de l'inconscient, et quel est celui de la mémoire dans ce troublant processus ?

Il faut se mettre en situation... Par exemple, pour "Amère victoire", sonnet paru aujourd'hui, j'ai loué une armure et tenté de satisfaire un petit besoin naturel ainsi engoncé... J'ai rapidement compris par où était passé ce pauvre Antoine et décidé dans la foulée de le réhabiliter...

Bien souvent, les premiers mots me viennent à l'esprit comme une évidence. Il en fut ainsi, lors des dernières vacances d'avril où j'ai commencé à écrire mon premier petit roman. Il est pour l'instant inachevé, mais je compte bien le reprendre.
Ce à quoi je pensais, en plus des protagonistes et de l'histoire que je racontais, c'était la nécessité d'être crédible. Ce souci ne m'a pas quitté d'un bout à l'autre.

En poésie, le point de départ est le même : bien souvent un ensemble de mots dont je sais que je vais en faire quelque chose. Le thème découle ensuite de l'inspiration du moment, très souvent en relation avec mon humeur.
Lorsque j'écris, je ne pense pas d'abord que j'écris pour être lue, mais cela vient ensuite, lorsque je me relis, à moins que je n'écrive pour quelqu'un de particulier, auquel cas je pense à l'autre qui parcourra mes mots.

J'écris souvent avec de la musique que j'écoute sans écouter, et toujours de façon manuscrite. Je ne supporte pas le bruit que fait mon ordinateur... Je recopie ensuite à l'écran... De fait, lorsque j'écris, je ne suis pas sans penser à l'endroit où je me trouve puisque je peux écrire dans différents endroits. Je ne suis, effectivement, pas toujours chez moi.

Je ne pratique que la poésie libre en général. Des mots commencent par se bousculer dans ma tête. Je suis obligée de les écrire sinon ils jouent leur ritournelle.
Très très rarement une image flash surgit à mon esprit, point de départ du texte.
Quand un sujet m'a longtemps possédée, le texte jaillit (travail souterrain comme l'humus qui se décompose en automne afin de reverdir au printemps la végétation).

A quoi je pense ? Je n'en sais rien. Je sais seulement que je regarde les paysages : ils m'inspirent et les images s'ordonnent d'elles-mêmes.

Je suis sensible à l'euphonie et aime la fluidité. Quand je me relis je travaille sur l'alliance de mots, le rythme et la spatialisation du poème.
A quoi je pense alors ? Aux mots, à leur couleur, à leur musique.

Quant aux règles de grammaire et de syntaxe, elles doivent être assimilées car ce n'est pas ma préoccupation.