Brabant, si le judaïsme est une sorte de conservatoire, de fondement, de lien avec le passé polythéiste, pour la pensée chrétienne, il paraît important que les juifs ne se fondent pas dans la masse au sens où ils renonceraient à porter la tradition. La disparition d’un judaïsme vivant et réduit à des textes constituerait une perte irréparable, je pense.

Micdec, vous avez bien repéré que je parlais dans l’absolu. Mais vous savez, sans absolu, on en est souvent réduit à faire des compromis, et l'entreprise spirituelle ne se gère pas comme une entreprise commerciale. Pour le peu que j’ai compris de votre comparaison avec l’arithmétique, je dirais qu’il est possible d’éradiquer la violence si une masse critique adoptait la conduite de Jésus, en "Occident" comme on dit, de façon à entraîner le reste de l’humanité dans sa chute vers le haut… Bien sûr, ce ne peut être vrai que si on y croit. Il faut y croire pour le voir. Si l’on pose qu’il existe une nature humaine, bonne ou mauvaise, la première occultant une grande partie du diagnostic et la seconde occultant la faisabilité de l’utopie, on ne peut pas "régler" la question. Plutôt que de bon vouloir, qui correspond à l’obéissance à une petite morale de la (presque fausse) charité, je parlerais d’action juste inspirée par la connaissance de la nature mimétique des relations humaines ; ainsi quand vous faites le bien à votre prochain, vous en faites à vous-même (même en l’absence de contre-don). Les jeunes mamans ne le savent-elles pas plus que tous les autres ? Il est possible de sortir de la structure conflictuelle à condition de se débarrasser des vieilles idéologies comme celle de Nietzsche avec sa théorie des "surhommes" et des "ratés".

LeopoldPartisan, merci pour votre avis sur la forme en versets et sa parenté avec le livret d’opéra (à quels opéras pensez-vous ?) ou les paroliers de certains groupes pop. Vous utilisez vous-même des vers libres en poésie.

Fortesque, vous êtes un coquin et faites semblant de confondre amour et sexualité... Il s’agit d’un texte pour le XXIe siècle, une adaptation de ce que j’ai compris du christianisme qui prend en compte l’histoire de notre ère. Les auteurs inspirés par Dieu ne manquent d’éloquence que d’un point de vue modernocentré. J’émets l’hypothèse que l’évolution et la multiplication des langues des pays chrétiens constituent un effort civilisationnel pour maximiser l’inintelligibilité des textes d’origine. D’où l’intérêt de mises à jour des traductions et des interprétations, qui devraient, je pense, toujours commencer par une déconstruction de la rhétorique (cachée) du rejet, le fondamentalisme étant la forme de rejet la plus radicale, mais je pense plutôt à l'hypocrisie, très répandue. C’est le cas par exemple de « tendre l’autre joue » qui est devenu pour les antireligieux la preuve que Jésus recommande le masochisme. Il est évident, pour répondre directement à votre question « estime-t-on que les hommes sont si lents à la comprenette qu'on doive répéter les choses ? » que la réponse est oui, bien sûr. Le message évangélique est trop radical pour être compris tout de suite, il faut deux mille ans d’expérience et encore plusieurs siècles pour espérer pouvoir un jour le comprendre pleinement. C'est pourquoi j'ai sous-titré mon texte "Combat", le bien et le mal se livrant à une partie d'échecs, où les Blancs (la lumière) commencent, sont imités par les Noirs (les ténèbres, du point de vue ésotérique), jouent et gagnent.

Pour finir, je dirais que l'utilisation de la première personne du singulier dans le texte devrait suggérer que cette histoire est transposable en chacun de nous comme individualité, personne singulière, de façon analogique.

Merci à tous pour l'intérêt que vous avez porté à ce poème et à son fil. C'est je trouve ce que j'ai fait de mieux avec "Psychotique Apocalypse".