La carpétasse

Fille de carpe, notre carpette
Se prélasse sur les fonds vaseux
Au bar s'étanche, rigole et tète
Un demi tiède limoneux

Pour aguicher elle se perche,
exhibe ses talons-anguille
Roule des yeux, remue du derche
Coup sur coup, trois rougets s'enquille

Un maquereau – inévitable !
La repêche entre deux eaux
Lui fait des ronds, joue à l'aimable
Et carpette nage sur le dos

Que ces carpettes sont bêtasses !
Tous ces poissons à l'oeil salace
L'entrainent au fond... c'est dans la nasse
Que finissent les carpétasses !

Délicieuse bouillabaisse Coline !
J'adore les talons-anguille et les trois rougets qu'elle s'enquille la petite pétasse.

Pour rester dans le rythme je remplacerais par une virgule le "et " de l'avant dernière strophe et je terminerais par
"l'entraînent au fond dans la nasse
où finissent les carpétasses"

mais c'est toi la cuisinière, hein !

Les viperruches

Croisez deux viperruches sur un même trottoir,
vous saurez sans délais les potins du terroir,
les capiteux ragots, les plus juteux cancans,
tous les secrets d’alcôve de nos présidents.

Avec des trémolos dans la voix ces commères
mènent les enrhumés tout droit au cimetière,
poussent les chenapans derrière les verrous
avant même qu’ils n’aient l’idée d’un mauvais coup

Si, las de leur caquet, vous tentez de les fuir
c’est vous qui devenez l’objet de leur délire
votre hâte, le temps, la saison vous accusent !

et vous voilà jugé, condamné sans excuse,
entériné cocu et de surcroît pendu
« Connaissiez-vous, ma chère, ce petit trou du cul ? »

Ce que vous faites Arielle, Coline, Michel64, Axior, Robot et Tizef est magnifique, un régal !

Que voilà un endroit doux à mes zygomatiques !
Si j'ai reconnu tes viperruches, Arielle, et que j'adore le tigrenouille, je rêve de rencontrer le hibourrique, de serrer le tentacule mou du calamarabout, de faire rencontrer à ma carpétasse le pinsontanche -parti fréquentable pour une carpette !-
J'espère que de nouvelles portées vont bientôt naître !!!
Félicitations à tous !

Merci Arielle pour tes suggestions, auxquelles je souscrit absolument

Comme je regrette en vous lisant de ne pas être poète ! Votre bestiaire m'enchante !

Bravo à tous
Cet exercice oulipien est particulièrement stimulant.
Il n'est assorti d'aucune contrainte de forme. Il suffit de laisser libre cours à son imagination.

Ben oui, on peut tout aussi bien sardinoproser que dinorimer, suffit de mettre dans la sauce un grain d'humour et de folie.

Le lapingouin

Lorsqu'il avait sifflé trente ou quarante chopes
le poète adorait parler du lapingouin :
« Un as ! admirait-il en reposant sa clope,
Jean-Auguste Renoir, le grand Jeannot l'a peint ! »

Les oreilles dressées comme deux périscopes,
il glissait à fleur d'eau, champêtre sous-marin,
et, par les nuits sans lune (il était nyctalope)
il bâfrait sans répit d'innocents alevins.

Il n'était pas manchot. Par grèves et garennes,
les belles succombaient à son vif appétit.
Il aimait roucouler, même avec les sirènes,
et l'on ne comptait plus ses multiples petits.

Mais Sappho, sous les traits d'une souris chafouine,
avait ravi le cœur de l'albe lapingouine.

"La pie-tanche est impie et je crois qu'elle boit trop."
Disait le taon

Et bien qu'il l'eût beaucoup tancée,
L'impie pie-tanche pitanchait !